Le ciel était vide de nuage, d’un bleu éclatant, tandis qu’une légère brise obligeait les brins d’herbes à se balancer à son gré. Les rêveurs qui ne cessaient d’arriver semblaient de bonne humeur et les quelques marchands ambulant qui trainaient dans les rues de Village puzzle tentaient d’appâter comme ils le pouvaient les quelques personnes qui possédaient un tant soit peu d'argent. De temps en temps, des pièces se décrochaient des maisons pour vagabonder et se trouver un autre endroit ou se poser. Bref, tout se déroulait bien dans le meilleur des mondes à Dreamland.

Ce ne fut cependant pas le cas de notre personnage que le tragique destin allait emmener en ces lieux. En effet, notre "héro" apparut dans un nuage de fumé, les fesses en premières. Sa surprise se traduisit par une sorte de grognement incompréhensible qui ne sembla pourtant guère déranger les passants.
Il mit quelques secondes avant de s'habituer à la lumière du jour. Quelque chose clochait… il ne voyait ni son lit, ni aucun des murs qui constituaient sa chambre. Devant lui s’étendait une sorte de village, en puzzle. Plusieurs personnes semblaient parler. A droite, un individu avec des cornes et à gauche, quelqu’un avec des ailes… des ailes ?! Dans le dos ?! Oh la vache... qu’est ce que je fou là moi…

- Et bin, tu m’as fait attendre p’tit con !

- Hein ??

- Hé ouais, c’est moi ! Sobek ! Tu te souviens de moi ?! Comment qu’ça va nigga’?!

Le jeune homme se leva immédiatement, ahurit. Un ophidien se tenait en face de lui, debout - si l'on pouvait appeler ça une position levée. Étrangement, il n’avait pas peur du serpent. Par contre, ce qui le gênait, c’était le fait qu’il parle.

- Oh… wait. What is th…

- Attends attends, on va se calmer un peu, tu veux ? Avant tout, laisse-moi t’dire les deux trois trucs qu’on est obligé de dire. Le protocole, tu sais…

Le serpent fit une sorte de bruit qui ressemblait à un raclement de gorge, puis prononça d’une
voix solennelle :

- Bienvenue à Dreamland, jeune voyageur. Tu as vaincu ta peur la nuit dernière et de ce fait,
a gagné le droit de pouvoir voyager à travers le monde onirique ! Tu es à présent un invocateur de serpents, et je suis ton fidèle compagnon.

Thélio était toujours bouche bée. C’était du jamais vu. Du grand n’importe quoi. Il était là, assis entrain de parler à un serpent alors que des personnes aux physiques étonnants les dépassaient sans un regard. Il devait être fou… Ouais, ça doit être ça…

- Ouais bon, j’comprends que ça puisse paraitre carrément dingue pour toi, mais tu vas pas faire ta fiotte pour si peu, hein ?! T’es un « voyageur », mec !

L’invocateur ophidien regarda la créature une fois de plus. Elle avait… changé de couleur. Tout ça lui faisait mal à la tête. Il devait se calmer et essayer de comprendre. P*tain… c’est quoi ce délire… Ma peur… des serpents ? C’est vrai ça, je n’ai pas peur de lui. Le monde onirique ? La nuit dernière ? Il parle du rêve que j’ai fait, avec le serpent étrange ?
Tout commençait à prendre forme dans sa tête. En gros, il était entrain de rêver. C’était pour ça qu’il était passé de sa chambre à cet endroit sans s’en rendre compte. Et ce rêve était… réel ? Ca, c’était un peu plus compliqué déjà. Mais soit. On allait dire que c’était vrai. Parce que très sincèrement, ce rêve donnait une sensation de réalité surprenante…

- Donc, si j’ai bien comprit… je suis à Dreamland, le monde des rêves, c’est ça ?..

- Ouaip mon p’tit gars !

- … et si je suis ici, c’est parce que j’ai surpassé ma peur…

- Affirmatif !

- … et j’ai gagné une sorte de pouvoir par la même occasion, qui est d’invoquer des serpents…

- Et les contrôler ! Tu vois, quand tu veux !

- Waow… impressionnant. Et… ça va m’arriver tout les soirs ??

- Exactement ! Avoue qu’ça en jette, hein ?!

- …





L’homme grogna. Il cherchait depuis le début de la journée déjà. Et ça commencer à l’énerver, nom d’un camembert ! Ou était donc-t-il passé ? Et aucun des passants à qui il avait demandé ne l’avait vu… C’était à en pleurer. Chose qu’il aurait bien fait, s’il n’avait pas été en carton et s’il ne risquait pas de ramollir en s’exécutant. Sur sa gauche, il remarqua un jeune homme, accompagné d’un serpent parlant. Drôle de duo, se dit-il. Ils semblaient être au milieu d’une conversation animée sur la couleur que devait prendre l’animal, sujet crucial pour ce qui était sans l’ombre d’un doute un rêveur et dont il ne comprenait pourtant pas vraiment l’importance. En même temps qu’il discutait, l'ancien rêveur jetait de nombreux coups d’œil un peu partout, tantôt émerveillé tantôt surpris. Une idée germa dans la tête de l’homme. Il se rapprocha finalement pour prendre la parole.

- Hey ! Toi là ! T’aurais pas vu mon cul par hasard?

- Heiiin ?!

- J’te demande si t’aurais pas, par hasard, aperçu mon cul. Je le cherche depuis au moins cinq-six heures, et j’arrive pas à le trouver… Il n’y en a pas un qui est fichu de le retrouver ! Pourtant, c’est pas faute d’avoir demandé…

- Mais… votre… fessier, il est là ou il doit être, je ne comprends pas vraiment ou vous voulez en venir…

L’homme-puzzle soupira. Décidément, les voyageurs semblaient tous être écervelés ces derniers temps. Ou peut être était-ce lui qui était bien plus gâté au niveau de la boite crânienne. Il décida que ce devait être la dernière option, bien qu’il n’en ait pas vraiment. boite crânienne bien entendu, pas de cervelle. Agacé, il finit par montrer le haut de sa tête, ou il semblait manquer une pièce, comme si cela était évident.

- Je te parle de ma pièce de puzzle manquante, nom d’un chien ! Il y avait une lettre Q dessus ! Il faut vraiment tout expliquer pour que vous compreniez, c’pas croyable… on croirait avoir affaire à une de ces créatures canines sans cervelles, c’est malheureux…

Il secoua la tête d’un air désappointé.

- Enfin bref, c’est pas grave ! Je vois que t’es un p’tit nouveau ici, alors on va passer l’éponge ! Je suis le puzzle alphabet, retiens le bien. Je suis assez connu dans le coin. Je vais te proposer un petit deal. Aide-moi à retrouver ma pièce manquante pour te racheter. J’oublierai tout et t’auras pas de problème. Ça marche ?

- Hein ? Mais att…

- Ça marche ! Content que t’aies accepté gamin ! C’était la meilleure option de toute façon ! Bon écoute, je pars pour le royaume des chats dans deux jours. Le mieux, c’est que tu le retrouve ce soir. Mais bon, comme je sais que vous les voyageurs, vous aimez prendre votre temps… J’te laisse jusqu’à demain. Tu pourras me trouver à la grosse maison alphabet. C’est simple, y’ en a pas deux comme celle là, tu peux pas te perdre !

Sur ces indications claires et précises, l’homme puzzle se retourna et commença à partir en sifflotant. Il se retourna cependant juste avant de tourner à l’angle de la rue, une expression menaçante sur le visage.

- Et souviens-toi petit. Tente pas de te défiler. J’ai des relations. Beaucoup de relations. Je te retrouverais. Ou que t’aille. Quoi que tu fasses. Tu peux pas t’échapper. Souviens-t-en bien !

Puis, content de lui, le grand puzzle mouvant disparu comme il était apparut, sans dire un mot de plus.

Thélio regarda Sobek, complètement perdu. Cette situation était… inattendue. Imprévisible. Complètement surprenante. Qu’importe comment on pouvait l’appeler, le jeune invocateur ne l’avait vraiment pas vu venir. Si jamais on lui avait dit qu'un jour il se ferait aborder par un puzzle géant, et vivant, et que ce dernier lui demanderait de retrouver un bout de sa tête... il l'aurait traité de fou sans la moindre hésitation. Le français tourna la tête vers Sobek qui était à présent enroulé autour de ses épaule. Le serpent, lui, était hilare.

- Qu… qu’est ce qui vient de se passer là ?

- Mon p’tit pote… j’crois bien que tu viens de te faire couiller ! Ah ah ah !

Superbe. Tout simplement, superbe. Cette journée avait commencée magnifiquement, vraiment. Thélio shoota dans ce qui ressemblait à une poubelle. Cette dernière roula sur quelques mètres avant de pousser un petit cri de douleur qui surprit notre footballeur d’un jour.

- Espèce d’enf*iré, regarde ou tu marche, nan mais ho !

- Uh… pardon, c’était pas fait exprès…

- Ouais, c’est ça ! Dégage, pauv’ type !

Le jeune voyageur s’écarta en vitesse tandis que la malheureuse poubelle tentait de se relever comme elle le pouvait. Il secoua la tête. Il venait de se faire insulter par une poubelle vivante et ne s’en étonnait même plus… Après tout, il était bien entrain de chercher un morceau de tête pour un puzzle géant qui l’avait menacé, alors bon…

- Hé… et si on lui poutrait sa tronche à cette face de cul… Mouahaha, t’as vu ce jeu de mot ?! Énorme, nan ?

- Ta gueule … tu vois pas que je cherche là ?..

- Roooh… tu sais, tu peux faire ce que tu veux ici, de toute façon tu disparaitras au matin et apparaitra autre part le soir suivant, aucune chance qu’il te retrouve… et puis c’est pas du carton qui va faire sa loi ici !

- Mouai… j’préfère pas me faire d’ennemi dès mon arrivé quand même… et puis, c’est marrant de chercher, ça m’permet de voir plein de trucs que j’ai jamais vu !

- Pour ça, c’est un peu trop tard tu vois...

Le jeune homme marqua un stop. Non pas à cause de la remarque du serpent, car il ne l’écoutait pas vraiment en réalité - il se rendrait compte bien plus tard de son erreur - , mais plus à cause de ce qui ce présentait à ses yeux. En face de lui s’approchait à grande vitesse une pièce de puzzle version XXXL. Il se jeta au sol au dernier moment, esquivant par la même occasion l’objet. Derrière lui, un petit cri retentit. La poubelle venait de se faire renverser une nouvelle fois. Thélio en aurait presque rit, s’il ne s’était pas rendu compte que la pièce sur laquelle il était venait de se détacher du sol.

- Oh non…

- Oh que si ! Let’s rock !!!

- Shi…

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase que la pièce volait à travers le ciel à la vitesse d’un oiseau. Alors que le serpent commençait à pousser la chansonnette, le garçon, lui, serrait les fesses à s’en faire péter les vaisseaux. C’était… magique.

Pensées de Thélio

En effet, la pièce ralentissait doucement, mais surement. Ils devaient être à une cinquantaine de mètres du sol à présent, il n'en était pas vraiment sur, et des pièces de puzzle continuaient à passer au dessus de leur tête en poussant de petits « cui cui » de plaisirs. En dessous du transport de notre voyageur se trouvait un trou au milieu de la route, pile poile de la taille de la pièce qui les transportait. Thélio respira un grand coup. Il espérait que ce n’était pas ce qu’il pensait sinon, ça allait déménager. Finalement, la pièce s’arrêta.

- Mmmh… Thélio… tu pense à ce que je pense là ?

- … Ouais, j’ai bien peur…

- Ha ha… on est dans la merde là…

- Oua… AAAAAAAAAAAaaaaaaaah !

Sans prévenir, ils entamèrent une descente en chute libre digne des plus grands films d’actions. Thélio sourit. Il en avait déjà fait, de la descente en chute libre. Il aimait bien la sensation qu’on ressentait lorsqu’on était en l’air. C’était… comme si le temps était suspendu. Sauf qu’il ne l’était pas. Le parachute venait le rappeler en ralentissant la descente subitement. Sauf que voilà. Cette fois ci, il n’avait pas de parachute…

Il avait beau réfléchir, il n’arrivait pas à se concentrer. Évidemment, le sol qui n’arrêtait pas de se rapprocher ne l’aidait pas forcement.

Pensées de Thélio

- MEEEEEEEERDE !!

- OOH P*TAIN, TU M’AS FAIT PEUR, AH AH ! ON FAIT QUOI MAINTENANT ?

- J’EN AI AUCUNE IDEE !!

- Quoi que…

- QUOI ??

- ALLONGE-TOI ! CHOPPE UNE PIECE ! N’IMPORTE LAQUELLE ! LA PREMIERE QUI PASSE ! VIIIITE !

- PAS DE PROBLEME PATRON !

Thélio s’accrocha à Sobek puis regarda le sol, désespéré. Ils n’auraient pas le temps. Il allait y passer. Il se surprit à penser que malgré le peu de temps qu’il avait passé à Dreamland, ça n’avait finalement pas été si mal que ça, finalement...

- Ougnf….

Son grognement fut accompagné d’un coup sec, qui faillit lui démettre l’épaule. Il bougeait toujours, mais de façon horizontal cette fois, à à peine 5 mètres de la route. Il ne put s’empêcher de laisser partir un petit rire nerveux. Il préférait ça.
Lorsque le voyageur jeta un regard vers le haut, il put apercevoir que Sobek s’était étiré sur une vingtaine de mètres et avait enserré une pièce volante. Thélio grimaça intérieurement. Ca avait du faire mal…

Petit à petit, il se mit à descendre, pour enfin toucher le sol. Quelques minutes plus tard, son familier le rejoignit. Ce dernier n’avait pas vraiment l’air en forme.

- Et bin… c’était juste. Tu m’en dois une, pas vrai ?! Ah ah…

- Ouais… j’t’en dois une… ça va ?

- Ouaip, pourquoi ça n’irait pas ??

- Bin... ça a du faire un mal de chien, nan ?

- Aaaah ! Meeeuh nan, c’était eeeeasy, t’inquiète !

- Si tu le dis...

Bien qu’il le dise ainsi, Thélio ne le croyait pas vraiment. Au fond de lui, il savait que Sobek devait souffrir. Mais bon, puisqu’il n’osait en parler, il n’allait pas insister. De toute façon, la nuit allait surement bientôt se terminer, et ils pourraient tous deux aller se reposer.
Rapidement, il scruta le lieu ou ils venaient d’arriver. Il était vide. De personne, de bâtiment, de tout. Enfin non, pas exactement. A quelques mètres de lui se trouvait un groupe de deux-trois personnes, composé d’un space cake, un camembert vivant et d’une banane. Les trois compères semblaient bien rire entre eux.

- On a rien à faire. On va leur demander s’ils ont pas vu ce qu’on cherche, au cas ou ?

- Mouai, pourquoi pas.

Doucement, l’humain se rapprocha. On était jamais trop prudent avec ces créatures. Arrivé derrière la banane, il prit la parole.

- Hey, dites moi les mecs… vous auriez pas aperçu un cul passer par là? Euh… enfin, une pièce de puzzle avec un Q dessus ?

Ils se retournèrent tous trois d’un coup, fixant le nouveau venu, des marqueurs ineffaçables dans une main, dans ciseaux dans l’autre. Au milieu du groupe se trouvait une petite pièce de puzzle, gribouillée de petits dessins, coupée à certains endroits.

A ce moment précis, Thélio jura intérieurement. Il était dans la mouise.

01 min après la première question

Les deux groupes se regardent les yeux dans les yeux.

02 min après la première question

Le silence est toujours de mise. L’homme se gratte la jambe, gêné. Les créatures de Dreamland
ne semblent pas vouloir bouger.

05 min après la première question

Le voyageur se racle la gorge. Il réitère sa question. Son serpent insulte le groupe d’en face bruyamment.

06 min après la première question

Les aliments se réunissent en rond pour une réunion. L’homme s’est assit, en attendant.

07 min après la première question

Les aliments finissent leur réunion. Ils prennent la parole pour la première fois dans la rencontre.

- Qu’est-ce ça te fait qu’on pourrait l’avoir vu, hein ?

- Hein ? Ah ! Moi ? Et bien… disons que je la cherche, elle appartient à quelqu’un que je connais… Vous que vous êtes les seuls ici, j'me suis dit que ça me ferait pas de mal de demander...

Le space cake se tourna vers ses amis en ricanant

- Vous avez entendu les mecs ?! Elle lui appartient la pièce ! Bin tu sais quoi gamin ?? Tu peux toujours courir pour l’avoir ! Gahahaha !

- Hey, tronche de cake ! Regarde-moi un peu ! Ah ah ah, tronche de cake, pas mal !..

- …

- …Hum. Bref. Tu vas nous la donner tout de suite ou tu risque de morfler, compris ? Vous êtes pas de taille face à un voyageur les gars !

- Ah ouais ?.. On va voir ça !

Thélio recula un peu afin de ne pas se retrouver au centre des trois gus. La remarque de Sobek avait l’air d’avoir blessé le gâteau dans son estime. Les deux autres individus, qui semblaient être ses subalternes, n’avaient pas apprécié non plus qu’on insulte leur boss. Ils le regardaient presque méchamment, si de la nourriture pouvait agir ainsi. Apparemment, ils le pouvaient. La banane fit tomber une partie de sa peau pour sortir une épée, une lance et un marteau, ainsi qu’une pièce de puzzle, puis la remonta. Ça, se dit Thélio, ça c’était du bon. On nageait en plein délire. Pourtant, il souriait. Il adorait ça.

Le chef du groupe désigna la pièce que la banane venait de sortir.


- Ecoute petit, on va être sympa… on te donne la pièce si jamais tu gagne. Si tu perds… t’y passe ! Gaaaahahaha !

- Mais… c’est celle là la vrai ? C’est quoi celle qui est par terre alors ?


- Oh ça… rien, on s’entrainait juste pour la vrai pièce.

- Ah… ok… on commence ?


- Ca marche !

Thélio respira profondément. C’était sa première baston à Dreamland, et il n’avait envie de savoir qu’une seule chose depuis son arrivée. Comment marchaient ses pouvoirs. Étaient-ils puissants ? Le space cake ici faisait-il faire des trips si on le mangeait ? La banane était-elle comestible ? En fait, il avait des tas de questions. Mais elles patienteraient le temps de ce combat. Sobek siffla. Le camembert s’élança. Ça avait commencé.

Sobek sur ses épaules l’invocateur recula d’un pas, esquivant de justesse la lame du camembert. Malgré son physique, il bougeait vite, le saligaud. Le serpent en profita pour glisser sur le camembert, l’immobilisant. Il commença alors à le serrer, faisant couler du fromage sur les côtés.

- Thélio ! A gauche !

Il tourna la tête, pour se prendre un coup de marteau dans le ventre. Le space cake éclata d’un rire sonore, faisant bouger la feuille de cannabis qui trônait au dessus de sa tête. Thélio avait envie de lui dire qu’elle était mal centrée, mais il ne pouvait pas, le coup précédent lui ayant coupé la respiration. Il cracha de la salive et du sang par terre. Ça faisait un mal de chien ! Ainsi, il était possible de ressentir la douleur ici aussi ? C’était bon à savoir…

Il se releva tant bien que mal pour apercevoir la banane, lui fonçant dessus la lance droit devant elle, tel un cavalier qui charge. Thélio effectua une roulade en avant, passant sous ses jambes. Il eut à peine le temps de se relever que leur chef était déjà sur lui. Sobek était toujours aux prises avec le fromage mouvant cependant il semblait avoir le dessus. En effet, le camembert avait lâché son arme et tournait au rouge. C’était assez comique. Il faudrait qu’il l’étudie après tout ça, pour savoir comment il faisait.

Il revint à lui et esquiva de nouveau le marteau. Si cela continuait, il allait rapidement s’épuiser. Conscient du désavantage qu’il avait, il se décida à invoquer un des serpents dont Sobek lui avait parlé. Un petit nuage de fumée apparut au niveau de sa main et il sentit cinq petit serpents s’enrouler autour de son poignet. Les 5 Vegas étaient là. En tout cas, c'était le nom dont lui avait parlé Sobek... et qui était assez pathétique, d'ailleurs. Mais bon, le but était d'être efficace, pas d'avoir la classe. Et normalement, ils se débrouillaient bien à ce niveau là.


- Pfff… ce n’est pas en invoquant d’autres petits amis que tu vas nous vaincre !

- Mmmmh… j’pense pas vraiment à vous vaincre pour le moment… Huu !

La banane venait de repasser à l’assaut mais l’homme l’avait vu venir. Il esquiva habilement le coup tandis que les serpents s’élançaient sur la banane, lui déchirant la peau à cinq endroits différents. Il en profita pour, d’un coup d’épaule vers l'arrière, la ramener vers lui et lui enfoncer son genou dans le ventre. Ça lui apprendrait.


- Raaaah !

Pensées de Thélio

Le voyageur se tourna rapidement, puis se baissa simplement. Le marteau atterrit sur la tête de
la banane, l’assommant au passage.

Pensées de Thélio

- Bien visé !

Le space cake rougit de rage. Thélio, lui, était à présent à côté de la pièce que le gang avait laissé à terre pour le combat. Il le ramassa rapidement, puis cria à son serpent.

- SOOOOBBEEEEEEK ! ON SE TIRE ! MAAAGNE TOI !!!

- C… compris ! Hey, pal ! On se reverra une prochaine fois ! La j’suis pas trop en forme mais quand on se reverra, j’te mettrais ta misère, promis ! Sur ce, ciao !

Le serpent lâcha son opposant puis se jeta vers son maitre. Rapetissant son corps il se jucha sur ses épaules alors que Thélio commençait à prendre la fuite. Fuir, ça il savait faire. Après tout, il avait fait plus de 6 ans d’athlétisme.

- Hey !

- Hé ! C’pas du jeu !

- Désolé ! J’suis pas trop d’humeur là, on terminera une autre fois ! Disons que… c’est votre victoire ! Et merci de me l’avoir rendue, j’vous revaudrai ça !

Courant aussi vite qu’il le pouvait, Thélio voyait ses adversaires rapetisser à vue d’œil. Quand on était aussi gros que ces derniers, ça ne devait pas être très facile de courir. Thélio s’arrêta, la respiration encore contrôlée, puis explosa de rire. C’était tellement bien ! C’était tellement bon ! Ce monde qui s’ouvrait à lui réservait tellement de mystères, d’aventures, d’action ! Il était aux anges. Il regarda la pièce qu’il tenait sous le bras, puis son serpent. Tout avait commencé avec ça. Il n’avait plus qu’à ramener la pièce et demander quelques explications, puis il partirait pour une autre quête. C’était aussi simple que…

Lundi matin, 8h30, dans la maison de Thélio Chevalier.

Thélio se réveilla sur on lit. Le réveil émettait un bruit strident qui aurait réveillé son grand père. Et dieu savait que lorsque son grand père dormait, il n’était pas facile de le réveiller. Il jura. Il n’avait vraiment pas de bol. Donnant un grand coup sur son réveil pour le faire taire, il se dirigea vers la cuisine pour se faire à manger. Tant pis. De toute façon, il retournerait bien à Dreamland la nuit prochaine !

Au milieu des pièces géantes et des pièces volantes se trouvait un petit bout de puzzle, avec un Q, marqué dessus. Seule, la légère brise la souleva et l'emmena avec elle. Cette pièce, son propriétaire ne la retrouverait surement jamais. Elle serait ramassée par quelques personnes passant par là, peut être. Elle n'était pas grande, et ne pesait pas lourd. Mais elle voyagerait, ça, c'était certain. Et elle n'était qu'au tout début de son long périple.

Car après tout, c'était ainsi, à Dreamland. Tout n'était qu'une question de voyages, et de ses voyageurs...