"Non je n'ai pas le dernier album de Justin... Par contre j'ai du Skindred ou du FFDP et ça déchire sa race alors ECOUTE DE LA BONNE MUSIQUE BORDEL DE FHTAGN !" [Marseille]

Merde… Ouvrant la porte et me prenant le soleil en pleine gueule, j’hésitai une bonne seconde avant de passer le pas et sortir de mon immeuble, bravant la douce brise matinale pour reprendre une existence dite « normale ». Enfilant mes deux écouteurs dans mes oreilles et allumant la musique, je laissai mes pas me conduire sur le chemin plus qu’habituel vers le magasin de musique qui me sert de boulot depuis maintenant quelques mois, mais sans aucune motivation. A vrais dire il n’y a pas que la motivation qui me manque, y’a le sommeil aussi, et la motivation… ah merde ça j’ai déjà du le dire, mais autant dire que ça me fait réellement défaut ce matin. Cette nuit c’était l’horreur : pour une raison inconnue je me suis réveillé à 3h du matin mais du genre bien réveillé sans aucune possibilité de retourner dans Dreamland et là c’était le drame. Bon on va pas dire qu’Alex et moi on était parti en quête badass pour prendre d’assaut un donjon mais le simple fait de me faire déconnecté comme ça m’a d’un seul coup foutu un gros coup de barre dans le ventre, me nouant l’estomac et me laissant seul avec mon ordinateur durant toute la nuit sans aucune envie d’aller jouer à un jeu quelconque. J’me sent vide, j’me sent mort, j’me sens pas à ma place et le simple fait d’en avoir conscience me fait comprendre que je commence à être addict’ à Dreamland et sincèrement je me demande pourquoi je m’en suis pas rendu compte plutôt ! Je me suis jamais sentis réellement à ma place dans notre petit France, ni même dans notre petit monde, je n’y suis qu’un simple gars qui essaye d’exister sans vouloir prendre de risque mais en voulant être différent, vivant marginalement mais pas trop parce que le confort de la vie moderne et bien trop ancré dans mes gènes : j’imagine pas une vie sans mon appartement, sans mon pc ou sans internet ! Alors que dans Dreamland…. Bordel dans Dreamland je peux être qui je veux, je peux m’amuser à vivre une vie radicalement différente en m’affranchissant totalement des règles élémentaires ! Pas de boulot, pas de compte à rendre, pas de monotonie des journées qui s’écoule sans aucun intérêt, pas de…. Le fil de mes pensées s’interrompis en un seul instant lorsque qu’une nouvelle musique commença et qu’un petit sourire se dessina sur mon visage fermé depuis que j’avais quitté mon appartement, mes mains plongeant dans mes poches pour me rouler une nouvelle clope et la porte à mes lèvres, l’allumant d’un coup habile pour harmoniser cette petite pause musicale que je m’imposai pour essayer de ne penser qu’a travers la musique, la meilleure méthode que je connais pour lutter contre le manque de moral


Accoudé contre le mur du magasin, aucune notion du temps ne pouvant m’atteindre et ma clope se consumant lentement, je ne pouvais pas retirer Dreamland de mes pensées.. Et maintenant ? Il y a un temps pour rêver et un temps pour vivre la vie banale qui nous est imposé… Mais pour le moment la chanson est finie, ma clope aussi, il doit surement être temps d’aller bosser maintenant ! Poussant la porte du Magasin vide à cette heure, je trainai des pieds en me dirigeant vers le comptoir pour balancer mon sac messager par-dessus le meuble avant de poser mon cul dessus et de faire passer mes jambes de l’autre coté sans prendre le temps de faire le tour comme toute personne normale. Direction l’arrière boutique, je chope la plaque avec mon nom inscrit dessus et la fou sur mon t-shirt de Rammstein avant de prendre ma place derrière le comptoir en attendant que mon patron sorte de la réserve avec les nouveaux CD à mettre dans les rayons, bref ce qui va être mon boulot pendant presque toute la mâtiné et plus si j’me met à glander. Et en parlant du loup, il ne tarda pas à sortir de la réserve avec les précieux cartons qu’il déposa contre le mur avant de s’approcher de moi et me serrant la main



Pas de réponse, c’est presque toujours comme ça et je ne m’en étonne presque plus maintenant. C’est une formule de politesse, et que tu aille bien ou mal tu te dois de dire que tout va bien et il faut sourire.. Voila à quoi j’en suis réduis, faire l’imbécile en souriant alors que je suis réveillé depuis 3h du mat’ et que je serai bien resté dans mon lit pour dormir encore un peu mais je ne dois surtout pas le dire, et ceux pour une raison simple : qu’est-ce qu’il en a à foutre mon patron ? Il m’engage pour faire un boulot, pas pour être son pote et savoir si je vais bien. Tout ce qui l’importe en tant que patron c’est de savoir si je suis apte à bosser pour mériter ma paye à la fin du mois.. Après je dis pas que tout les patrons et le miens y compris sont des connards qui n’en n’on rien à foutre de leurs employé, l’humain derrière le patron doit surement être sympa mais quand on est en mode boulot je pense sincèrement qu’il n’en a rien a foutre. Et si je lui répond « ça va mal et vous » je suis presque sur qu’il ne va pas tilter et se contenter de sourire comme il le fait d’habitude avant de me donner les directives du jour sans avoir notifié ce que je viens de lui dire… C’est beau le monde de l’entreprise non ? Bon je suis peut être défaitiste et assez mauvais là, faut dire que je suis pas du bon coté de la force depuis mon réveil impromptu mais y’a une petite part de vrais dans tout ça. Mon boss m’indiqua rapidement les nouvelles sorties musicales et me fila la liste des genres pour que je sache où ranger quels CDs et ainsi commença ma journée : ranger des albums composés aux trois quarts de CD de musique super $wAgG et de pop de merde à l’eau de rose comme les ‘ricains ne savent plus en faire mais qui plait toujours autant.

C’est fou comme j’ai l’impression que les rayons de pop, de rap merdique, de folk à deux francs, d’éléctro/house fait pour les boites de nuits pour midinettes et aux musiques que je ne supporte pas ont l’air de vivre comme jamais alors que tout ce qui est Jazz, Métal et tout ses dérivés semblent dépérir dans un coin du magasins, n’attirant que très peu de personnes et dont les trois quarts sont comme moi… Et heureusement dans un sens ! Imaginez une seconde si tout le monde écoutai du métal… ça serait horrible ! Sur qui ont pourrai taper en lui gueulant que ça musique c’est de la merde ? Le métal est une musique marginale pour des gens marginaux. On peut se retrouver dans des festivals et/ou des concerts et refaire le monde ensemble mais le plus grand intérêt c’est de ce dire que c’est nous Versus le reste du monde, c’est de se dire que le métal c’est un gros FUCK adressé au monde musical que les gens « normaux » écoute. Bref, ça c’est le petit discours que je me ressors assez souvent pour me remotiver et pas avoir envi d’essuyer mes rangers sur les albums de Justin ou des One-directions et le pire c’est que ça semble marcher vu que ça ne m’est arrivé qu’une seule fois et que j’ai réussir à faire passer ça pour un accident auprès de mon patron. Souriant comme à mon habitude, je repris mon boulot en refoutant correctement mon Keffieh autour de mon cou, rangeant les boites de CD en essayant de faire le moins attentions possible à ce que j’ai entre les mains pour ne pas avoir envi d’en balancer quelques uns à la poubelle. Une fois ce dure labeur enfin achevé, je repris ma plus grande occupation journalière… Faire de la merde en me renseignant sur le monde musicale moderne histoire de pas rester con devant un client si il vient me demander des conseilles sur un style de musique que je n’écoute pas, et bon dieu de merde ça arrive bien trop souvent ça !

Coots s’était réveillé après une petite nuit d’exploration dans ce monde onirique qui l’avait délicieusement happé et lui avait permis de trouver une belle échappatoire du traintrain quotidien.

Il n’avait pas fait grand chose, vraiment, juste exploré un panoptique, une de ces prisons circulaire avec, au centre, une tour de garde, modèle relativement classique. Il avait, effectivement, trouvé le sommeil avec la sensation qu’il était coincé dans sa routine de recherche d’emploi et de perte de temps à attendre une réponse, mais honnêtement, après avoir visité ce building derelict, avec ses cages ouvertes, ses habitants sympathiques (si un peu louches) et sa grandeur, il n’avais sérieusement pas à se plaindre de son sort.

‘Non, je suis bien chanceux d’être tombé dessus, finalement.’

Coots s’étira et regarda au pied de son lit, espérant voir son chat, Django. Un beau petit sacré de Birmanie (ou, comme ainsi dire, un chat siamois mais sans le look momie), mince, élancé, tout poil, et relativement amical. L’amerloque pensait que c’était sans doute à cause de leur silence mutuel qu’ils s’entendaient si bien. Après tout, ni l’un ni l’autre n’aimaient le bruit ou les engueulades, donc ça pouvait pas ne pas marcher.

Non, il n’était pas là. Il reviendra sans doute quand il aura faim. Coots avait laissé la fenêtre ouverte ce soir, et Django devait sans doute être encore dehors.

‘De toute façon c’est pas comme si j’empêcherais à mon chat les libertés sexuelles dont il a besoin,’ pensa-t’il en regardant le plafond.

Le muet se leva et se dépêcha à s’habiller, chandail à manches longues roulées couleur rouge ocre, pantalons cargo beiges, chaussures-pantoufles en cuir brun, mangeant sommairement un peu de pain baguette (acheté au coin, c’est fou comme c’est bon ici, rien à voir avec l’imitation américaine de merde) et un café, préparant avant tout un bol de nourriture pour Django, avant de sortir de son petit appart situé au port de Marseille. Une aubaine. Pas cher, bien positionné, vue sur la mer… Même en temps gris c’était un beau spectacle. Barrant la porte derrière lui, Coots se dépêcha à descendre les escaliers, puis de tourner en direction de la place Chastellane. Petite journée de shoping s’impose. Besoin de se varier les oreilles. Un des défauts de Coots c’est qu’il avait une addiction dangereuse à la musique, redemandant toujours sa dose. Donc direction le premier magasin de musique qui attirait son œil.

La journée était nuageuse, et quelque peu brumeuse en apparence. Peu de gens se sentaient préparés à affronter la brume humide, mais Coots s’en foutait bien. Avec ce temps, on retrouvait une petite ambiance nostalgique rarement retrouvée. Un besoin de se recroqueviller chez soi avec un bon vinyle, une tasse de chocolat chaud, un chandail de laine trop chaud, et un chat ronronnant sur les genous. Une belle prévision pour la soirée, donc. Mais justement, bon vinyle. Il en fallait un. Nouveau, et assez reposant pour s’endormir dessus. Ça offrirait une belle scène pour le réveil dans cet univers onirique.

Il devait bien avoir un nom, cet univers parallèle, se disait Coots. Mais il avait jamais vraiment réfléchi à en trouver un.

‘Dreamland? Dreamland. Simple, un peu cliché, et efficace. Parfait.’

Il tourna rue Baille, scannant visuellement les environs : fleuriste, friterie, charcuterie, magasin de chaussures, Levy’s, Macdo… Et un minuscule magasin dont la vitrine était recouvert de pochettes de CD. Un petit trou dans le mur. Pas beaucoup de clients.

‘Parfait.’

Coots s’approcha avant de voir que les pochettes étaient, malheureusement, toutes des pochettes de groupes de pop-en-conserve. Justin Bieber, Ke$ha, Miley Sirus, One Direction…

‘Moins parfait.’

Mais n’importe quel magasin de musique a une petite section dédiée à n’importe quel style de musique. Coots entra donc à l’intérieur, se penchant pour éviter de frapper le portique, entendant le son réconfortant de la petite clochette résonnant dans la petite salle de présentoirs.

La lumière, offerte par la vitrine et une petite ampoule à basse intensité, offrait une ambiance chaleureuse au magasin. Un petit tapis garnissait bien le plancher, mais de sa hauteur, Coots pouvait voir que plus loin, après quelques marches pour se diriger vers une autre petite section au fond, ça se transformait en prélarts de bois plus traditionnel, bois usé par les anciens mélomanes ayant visité la pièce. Les murs étaient recouverts d’affiches : les plus anciennes, présentant des groupes comme Nirvana, les Bee Gees, the Doors, Dead Kennedys… Recouverts de groupes modernes, certains aussi bons que leurs prédécesseurs, d’autre honteux : Two Door Cinema Club, Phoenix, Bonobo, Flying Lotus étaient les meilleurs qu’il a pu recenser dans le tas d’affiches.

‘Si il y a ces groupes d’affichés dans le tas, y a de l’espoir.’

Coots regarda rapidement, de l’entrée, les étagères de Cds. Que des Cds plastiques. Pas de vinyles à l’entrée. Dommage. Un petit coup d’œil sur les étiquettes d’allées le décevait aussi – Pop, Pop, Dance, House, Electro, Trap, Dubstep… Ouais, c’est plus comme avant.

Attendez.

Indie.

Ah oui, mieux.

Coots fonca directement vers l’allée indépendante sans faire d’escale nulle-part. Quand tu sais ce que tu veux, tu sautes dessus. Il s’approcha des étagères, souriant à la vue des 33 tours étalés sur le présentoir, avant de sélectionner rapidement quelques disques. Une belle pile de musique indépendante et fantasmagorique. Et reposante. Il s’approcha du comptoir pour payer, avant de lever les yeux de sa pile de disques sur… Oh, un albinos. C’est rare, ça. Il portait un chandail de Rammstein avec une plaquette dessus. Caleb. Si le troisième œil et l’instinct de lynx de Coots étaient en ordre ça devait être son nom.

Peine de pouvoir parler, Coots sortit son portefeuille pour faire signe qu’il voulait acheter la belle tour de disques devant lui. Au moins c’était un symbole universel de transaction monétaire.

22 v’la l’client ! Tentant de prendre l’attitude la plus professionnellement intéressé, je décroisai les bras et laissa mon sourire quitter mon visage avant d’observer le gars en face de moi en silence… et c’était bien ça le problème. Ni lui ni moi n’avions l’air de vouloir communiquer ! Moi j’avais la flemme de sortir l’habituel « Bonjour » qu’on sort au client quand il arrive devant la caisse avant qu’il nous tende ses articles, qu’on passe les codes barres devant le scanner et qu’on encaisse son argent avant de le laisser tranquillement rentrer chez lui pour écouter ses Cd de musique durement gagné à la sueur de son front.. En pensant au passage à essayer de se faire une image mentale de la personne rien qu’en voyant sa démarche, sa manière de parler et surtout les CDs qu’il nous tend : Rap français, complet lacoste et casquette nike vissé sur un visage de poupon basané qui c’est passé un coup de rasoir sur le sourcil pour faire croire à une marque de combat ? C’est le pur produit Marseillais comme on en vois tout les jours et dont on peut être fier… ou pas. Fille avec un t-shirt trois fois trop large, des lunettes de grosse lunettes, une écharpe, des Docs Marteen’s et qui vous prend un CD de musique Pop américaine ? Hipster sans aucune hésitation ! Appareil dentaire, casquette de baseball, maillot d’une équipe de basket-ball et possible tatouage old school qui me tend un CD de Lil Wayne ? $wAgG.. Et je vous en passe des vertes et des pas mures là ! Pourquoi je vois jamais un mec simple avec des Vans, un t-shirt de groupe de métal et un ou deux piercing qui veut se chopper le dernier album de Hellyeah ? Surement parce que je suis dans un petit magasin pas placé au meilleur endroit pour avoir de la clientèle et que j’arrive pas à trouver un autre employeur ! Enfin bref… tout ça pour dire que je suis toujours entrain de fixer le client qui a posé un jolie petite pile de 33 tous sur le comptoir et qui me tend un billet en gardant la même expression fermé que la mienne. Il est temps de tenter une petite analyse du personnage nan ? Gueule relativement banale, coupe de cheveux bien dompté si on oublie les quelques touche de blanc par-ci par-là et des favoris qui sorte d’une autre époque mais qui rendre bien, un bouc tout propre et tenue vestimentaire relativement banale mais pas vraiment dans le style de ce qu’on vois habituellement en France, enfin pas quand ça semble aussi… normal ? Genre la veste rouge, le jean délavé et… nan en faite j’arrive sincèrement pas à décrire objectivement le personnage et son apparence vu que mon regard reste totalement accroché à une cicatrice assez grossière qui fait toute la largeur de son coup et qu’il ne semble avoir aucune gène à exhiber.. Damn c’est quoi ce bordel ? Le mec est le survivant de l’attaque d’un serial Killer sadique qu’a tenté de lui couper la gorge mais le bougre c’est défendu bec et ongle pour reste en vie et viens maintenant lui acheter des 33 tours de musique Indie ? EPIC ! Essayant de sortir de ma contemplation, je pris son billet sans rien dire et posa les grands disques dans un sac en plastique prévu à cet effet avant de déclarer en essayant de le regarder dans les yeux et non pas dans la cicatrice… et wait il a les yeux rouge lui aussi ?


Ouais je sais on a fait mieux dans l’histoire comme phrase d’accroche quand tu veux instaurer un dialogue entre deux personnes mais bon je suis tellement sur le cul que j’ai pas trouvé d’autre manière d’amener la chose… et puis merde aussi, je ne suis pas reconnu mondialement pour mes facilités d’expression et mes punchlines hors normes ! Ah… et je suis pas reconnu mondialement non plus, au moins ça arrange les choses !

L’albinos devant lui semblait être professionnel. Enfin, professionnel était un grand mot. Il avait l’air jeune, avec sa serpillère de cheveux blancs et ses yeux rouges (au moins sur lui c’était logique, sur Coots, ça avait aucune raison d’être) et ses vêtements moulants aux apparences un peu trop chauds pour la saison. Mais au moins il avait la plaquette collé au torse alors ça passait. Et présentement, ça faisait quand même 30 secondes qu’il se faisait dévisager par l’autre bonhomme de l’autre côté du comptoir. Enfin, pas lui. Son cou. Depuis les années il avait arrêté de le recouvrir parce que porter des foulards ça lui allait pas du tout et il préférait assumer sa cicatrice, mais y avait quand même des limites. À un certain point dans le temps, Coots avait considéré secouer la liasse de billets devant les yeux de… Caleb, lui, l’autre, mais il a réagit avant que le muet puisse mettre son plan en action. L’albinos a attrapé les billets, la machine a fait *ding!*, et Coots a reçu sa monnaie, et le sac de 33 tours a échangé de mains. Bonne transaction propre et simple.


« Voila mec, passe une bonne journée... »


Il y a eu une petite pause pendant que le vendeur hésitait à parler soi à la cicatrice, soi à Coots. Il prenait de la vitesse en plus, comme si il essayait de dépasser le record de vitesse de hochement de tête. Peut-être que Coots reviendrait tout simplement pour le voir paniquer ou stresser comme ça, c’était un joli spectacle.


« By the way…. Je sais que ça ne se fait normalement pas mais ça te viens d’où cette cicatrice ? »


Ah, la question à cent dollars. Celle que beaucoup de personnes se posent mais osent même pas poser pour ne pas insulter le gars qui la porte (et qui est accessoirement plus grand que tout le monde ou presque, et qui a l’air de pouvoir te casser en deux), mais que des âmes un peu plus intrépides n’hésitaient pas à poser, avec, tout de même, une petite gène dans la voix. Avec les années elle faisait sourire Coots plus qu’autre chose. Ce qu’il fit, avant de produire un petit calepin de sa poche, un crayon, et de s’appuyer sur le comptoir, écrivant rapidement quelques mots :




Voilà, ça devrait être assez clair. Coots déchira la petite feuille et la glissa sur le comptoir en avant de l’albinos. Au moins, ça lui permettrait de comprendre un peu plus. Avec sa gueule on dirait qu’il pense que Coots s’est battu ou qu’il s’est fait attaquer par un psychopathe. Enfin, dans un sens, c’est effectivement un psychopathe qui avait causé cette cicatrice, mais il ne l’avait pas attaqué.
Juste attaché à une table.

Puis attaqué.

Okay, on va arrêter le développement là. Ça dépasse les limites de confort que Coots aime pas trop traverser. Il prit le sac en main, se dirigea lentement vers la porte de sortir, et, avant de partir du magasin, il se retourna vers Caleb et de lui faire un petit salut de la main par-dessus l’épaule, avant de sortir, la cloche de la porte sonnant son départ.

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Spoiler:

That… Was… Weird ? Le gars à la cicatrice reparti tranquillement comme il était venu et moi je restai là planté comme un con derrière mon comptoir, muet à mon tour mais pas par la faute d’un culte de sérial killer ou je ne sais quoi… juste parce que bordel le mec à du vivre un putain de bordel pour en arriver là ! Moi j’me plains que ma vie est chiante et merdique alors que lui à eu une vie véritable horrible et resultat il ne peux plus s’en plaindre. Ou alors par écris mais ça doit réellement pas être pratique ! Vous vous imaginez devoir marquer votre rage au lieu de pouvoir la laisser s’exprimer ? Genre tu te cogne le petit doigt dans un coin de porte ou tu marche sur un légo et tu doit sortir ton clapin et ton stylo pour écrire « PUTAIN DE BORDEL DE MERDE DE CUL DE POMPE A CHIOTTE DE STUPIDE PIANO A QUEUE DE FAIS CHIER DE BORDEL (again) DE SAMAYR ! » ? Ca doit être horrible… surtout si t’a pas de stylo sous la mains et qu’il te faut attendre de faire le tour de la maison avec ton légo sous le pied pour en trouver un ! Marqué par ce que je venais de voir puis de penser, ma journée ne fut qu’une longue suite de grosse pause pendant lesquelles je ne faisais rien de plus que ce que j’avais l’habitude de faire… Donc rien. Le muet m’avait bien foutu sur le cul, pas dans le sens littéral bien sur, et je ne savais pas trop quoi penser.. quoique, c’est quoi ça phobie ? Bordel Dreamland prend trop de place, si maintenant j’en viens à imaginer toutes les personnes que je connais devenir des voyageurs ça risque d’être le bordel ! Oh bordel.. Si j’y croise mon patron je fais quoi ? Je lui fais vivre son plus beau cauchemar je pense ! Réfléchissant à la meilleure manière de torturer les rêves de mon boss, je ne vis pas le temps passé et termina ma journée par mon rituel habituel : pizza + pc + clope au tabac frisant l’illégalité et dodo.

Quelques jours plus tard, alors que mon patron venait de m’expliquer que les temps sont de plus en plus durs et qu’ils nous faut maintenant tenter de démarcher le client dans l’enceinte même du magasin pour lui vendre des albums de qualité… donc de la merde musicale selon ses critères, la porte s’ouvris pour laisser entrer le muet. Il pénétra dans le magasin l’air de rien, prenant son temps pour venir vagabonder dans les rayons sans pour autant s’attarder sur un étalage particulier, traçant tranquillement ça route vers… Ben vers je ne sais pas quoi vu que mon patron se pointa en travers de ça route pour faire genre le patron qui bosse beaucoup et pouvoir en profiter pour essayer de vendre quelques albums de musiques merdique en en ventant les mérites… Avant de se rendre compte que le mec en face n’est pas du tout réceptif et qu’il ne prononce pas un mot. Mon patron cru au début que le mec refusa de lui parler et je vola à la rescousse de Joseph, car oui je me souvient de son prénom tout de même, en m’approchant


Le visage de mon patron se figea et il ne m’adressa pas un mot, juste un geste signifiant « toi tu va prendre cher pour dénigrer comme ça ce qui fait notre gagne-pain » et moi je répliqua par un geste du genre « Bah pour ce que j’en ai à foutre » ce qui fit enrager silencieusement mon supérieur qui répliqua par un mouvement de « Ne recommence pas ou je te reprend ta plaque et t’aura pas ton chèque à la fin du mois ! » et j’acheva la conversation gestuelle par un « Fait chier…. Je me charge de renseigner le muet et je me remet au boulot pour classer les albums poubelle » avant de me retourner vers le gars, souriant tranquillement tout en me disant qu’il devait surement intérieurement nous prendre pour deux cons. Ah bah oui, vous je vous ai donné la signification des gestes, lui il ne nous vois que faire des gestes étranges à l’autre sans prononcer le moindre son tout en ayant le visage assez expressif…. Bref un beau foutoir ! Mais quitte à faire, autant que pour une fois je fasse mon job

Coots avait décidé qu’il aimait bien le mec albinos. En fait, c’était la raison pourquoi il avait spécifiquement cherché, sur internet, dans l’inventaire de son magasin. Après tout, c’était une petite entreprise qui semblait avoir de la difficulté, et si il trouvait ce qu’il voulait dans leur collection de musique, il essayerait pas de chercher ailleurs. Aider la petite compagnie semblait plus logique qu’acheter à la grosse corporation – surtout que là-bas, il se faisait regarder, même fixer, bizarrement à cause de sa cicatrice. Enfin, Caleb (si il avait une bonne mémoire pour les noms) l’avait regardé bizarrement aussi, mais au moins il avait été honnête envers sa fixation, chose qui avait été preuve de respect.

Respect? Peut-être pas. Mais au moins il le regardait pas comme quelque chose « d’autre », ou de différent.

Et donc, deuxième visite quelques jours plus tard.

Il était entré dans le magasin, happé de force par le son d’un boys band générique balançant, à travers la salle, un autre single drabe et manquant d’originalité, avec les mêmes paroles que « She Loves You » des Beatles, mais une mélodie répétitive sur synthétiseur, un drum machine aplati et drabe, et, seule augmentation, un plus haut volume. Ça, au pire, Coots pouvait l’ignorer. La chose impossible à éviter, par contre, c’était la présence d’un gros bonhomme moustachu et à moitié chauve qui s’est lancé sur lui, le visage forcé dans un rictus ressemblant à un sourire, les dents jaunes, se frottant les mains avec l’intention très claire de faire acheter au muet quelques albums populaires.

« Bonjour bonjour m’sieur, je vois que vous vous promenez dans notre établissement depuis quelques temps, voulez vous une petite recommandation pour vos choix musicaux? Tenez, voici quelques albums qui sont présentement en rabais… »

C’était un véritable tsunami que Coots recevait dans ses mains. Des albums pop se retrouvaient dans ses bras à vitesse grand V, dont le son, il pouvait deviner, était aussi insipide que le respect que l’homme qui se tenait devant lui avait pour la musique. Sans capacité de parler, Coots avait comme option de dévisager l’homme devant lui avec incrédulité, face à ce torrent musical douteux – très clairement, la stratégie de vente du propriétaire (parce que cet homme ne pouvait être que le propriétaire du magasin) était de forcer les gens à acheter ce qui était « hot » présentement. Il y avait meilleur système.

Fidèle envers lui-même, Coots ne répondit pas. Toutefois, une petite goutte de sueur alla se percher sur son front, alors que ses yeux devenaient de plus en plus exorbités à chaque mot que l’homme qui venait littéralement d’apparaitre devant lui disait.

« …Ah, mais si tu veux pas acheter, pourquoi t’es là, hein? Tu viens nous emmerder avec ta cicatrice alors que t’as aucune envie de marchander, c’est ça? »

‘Je voudrais bien te montrer ma liste mais tu te fous de ce que ton client veut et tu lui balance de la merde au visage quand il peut clairement pas répondre, ducon,’ nota mentalement Coots, regardant le bonhomme quasiment sauter à pieds joints. Heureusement, un albinos sympathique arriva à la rescousse du géant muet. Il arriva par en arrière, tapotant l’épaule de son patron, qui se retourna

-Il est muet, pas la peine d’en plus le rendre sourd avec des albums de musique à la qualité douteuse !

Un combat des cerveaux se passa ensuite entre le patron et son employé. C’était beau à voir. Comme quoi le langage n’était qu’une seule façon de communiquer, fait que Coots connaissait bien. Un échange mental avait présentement lieu, un duel psychologique, chaque compétiteur frappant l’autre à coup d’expression et de message mental. C’était digne d’un échange télépathique. Coots était fier de voir qu’il n’était pas le seul utilisateur de cet odieux système appelé le langage corporel. Je ne sais pas si vous connaissez, c’est très efficace.

L’homme partit, apparement furibond, laissant derrière l’employé, gagnant cette intercation, sinon par simple honneur. Clairement, il avait l’air déçu de quelque chose, comme si on lui avait volé sa sucette. Figurative.

-Désolé pour le bordel, mon patron t’aurai pas lâché la grappe tant que t’aurai pas acheté le dernier Lil Wayne ou le single d’Avril Lavigne… So qu’est-ce que ça sera pour monsieur aujourd’hui ? Un album collector des Pink Floyd ? Le dernier RHCP ? Un vinyle de la bande originale de Barry Lyndon peut être ?

Ah, voilà qui était mieux. Coots lui offrit un salut avec la main avant de laisser tomber les Cds sur le sol, faisant un brouhaha coupant à travers la chanson pop répétitive qui avait prit la place de celle du boys band, une voix féminine autotunée sur un beat électrique. Il produisit, de sa poche, le même carnet de papier avec lequel il avait écrit l’ancienne note, déchirant une nouvelle feuille, sur laquelle il avait auparavant écrit une petite liste d’une demi-douzaine de Cds qu’il avait vu dans le catalogue du magasin, ajoutant, au bas de la page :

« Juste ça, si possible. Je vois que toi et ton patron, c’est pas si rose que ça. Qu’est-ce qui se passe pour qu’il essaie de me vendre cette merde? »

Prenant la liste que le muet me tendis, je l’invita à ma suivre pendant que je lui cherchai chacun des albums qu’il voulait, checkant rapidement si mon patron quittai la caisse pour écouter ce que j’était entrain de dire ou non parce que quitte à bitcher sur son dos autant que ce soit réellement sur son dos et qu’il n’en entende pas parler sinon je peux être sur qu’il va me virer. Ouais de base je m’en branle un peu mais si j’arrive pas non plus à garder ce boulot qui pourtant est cool de base ça va pas le faire ! Je sais que je ne vais pas faire long feu ici mais quitte à faire autant essayer de mettre le plus d’argent de coté avant de me barrer pour mieux parce que vu la tête de mon compte pour le moment j’ai plus que besoin de ce boulot. Après trouver un nouveau travail va me demander de retourner dehors déposer des CV et passer des entretiens d’embauche habiller comme un jeune normal alors que je déteste plus qu’autre chose cette tenue dite « normale » qui traine dans un coin de mon armoire à prendre la poussière. L’avantage c’est qu’ici je peux porter librement un t-shirt de groupe étant donné qu’on est quand même un magasin de musique donc ça serai plus que con qu’il me refuse mes fringues bradé de nom de groupe de métal ! Prenant mon temps, je repris donc la parole en essayant d’expliquer le plus simplement du monde le problème


Je vis mon patron jeter des regards insistant vers moi, observant mes moindres fait et gestes depuis son comptoir avec son air de gros bauf de ville. Soufflant un bon coup, je pris les CD qu’il avait commandés et les plaça dans un sac plastique avant de l’accompagner vers la caisse


Je passa les CDs à la machines et pris son argent avant de l’accompagner vers la porte en continuant de parler de style de musique pour tenter de duper mon boss, ouvrant la porte avant de me tourner vers le gérant


Sans lui laisser le temps de répliquer, je passa la porte et sortit dans la rue, retirant la plaque avec mon nom et souriant au muet. Bordel ce qu’il ne faut pas faire pour pas que ce gros lard ne me chie une pendule parce que je parle avec un client ! La dernière fois que j’ai parlé avec un client qui essayé de se décidé entre deux albums il m’a fliqué comme si j’allais dévier du sujet de conversation et parler plus entant que moi et non en tant que vendeur.. Et c’est bien plus vendeur de donner son avis personnel plutôt que de simplement être le bête vendeur qu’il veut que je sois ! Je repris donc la parole histoire de finir ce que j’avais commencé, sortant une clope roulé d’une boite de cigarillo depuis bien trop longtemps vide, la portant à mes lèvres et l’allumant d’un coup de zipoo.. Ben ouais quitte à prendre une pause clope, autant s’allumer une clope



Je tira une dernière fois sur ma clope et la balançai sur la route, crachant la fumée sans vraiment beaucoup de motivation avant de ramener mon regard sur le muet dont le prénom m’échappa encore une fois. Pourquoi est-ce que je lui casse les couilles avec ça ? Bon eukay il m’a posé la question mais pourquoi est-ce que je lui fait une explication chiante de pourquoi les ventes décolle pas ? Ce mec m’intrigue mais en même temps j’ai peur de le faire chier à tout le temps parler… Roh et puis merde, quitte à y aller autant y aller a fond ! Je pris mon petit sourire et tira une seconde clope du paquet avant de lui en tendre une

Il y avait une ambiance de guerre froide dans le magasin. Coots se disait que peut-être, juste peut-être, il aurait pas du se présenter aujourd’hui. On aurait dit que l’albinos et le patron s’échangeaient des frappes nucléaires à chaque coup d’œil dans la direction de l’autre. L’accalmie était à son plus haut niveau, et on aurait même pu dire que s’en était insupportable d’être dans le magasin. Mais Coots avait une mission, et il sortirait seulement quand il aurait ses Cds.

Quelque chose lui disais que le patron passait un mauvais quart d’heure à essayer de ne pas finir dans le rouge (une pensée qui ramenait, dans la tête de Coots, de mauvais souvenirs de panique de début du mois alors qu’il était encore à New-York), alors il était compréhensif que les méthodes deviennent un peu plus agressives. Mais là, le problème, c’était qu’on peut pas vraiment faire ça avec la musique. Les raisons étant assez claires pour ne pas s’attarder sur la situation, mais le fait était que Coots avait absolument pas envie de ramasser la pile de Cds qu’il avait laissé tomber à ses pieds (ayant tout de même assez de respect pour éviter de marcher dessus, il avait pas payé pour les détruire, tout de même).

Et à entendre parler Caleb, effectivement le magasin ne se roulait pas dans l’or. Le positionnement, le changement des technologies, la disparition des mediums musicaux physique et de l’intérêt à avoir la copie matérielle rendait les ventes plus difficiles. Et ça se comprenait – la musique n’était plus aussi culturelle qu’avant, plus aussi importante. Maintenant, c’était un marché, rapide, pas cher, et efficace. Et donc, chut des ventes.

Coots comprenait ça.

Et selon les dires de l’Albinos (mots pleins de sagesse, selon le muet), alors qu’il aurait fallu se spécialiser dans un type de musique plus particulières, appelant aux hipsters et aux métaleux, qu’à la masse. Parce que la masse va voir aux magasins qu’ils connaissent, pas aux magasins où ils savent qu’il va y avoir ce qu’ils veulent.

Et là, Caleb tirait presque Coots pour aller à l’extérieur et finir la conversation, qui prenait un tour particulièrement personnel, à propos du fait qu’il se sentait seul, question musique, et question style. Et oui, le muet connaissait bien ça. Peut-être moins, parce que avec quelques années, tu trouves la foule qui va avec la musique et la culture où tu es le plus à l’aise… Très clairement, Caleb se cherchait une place encore dans le monde.

Ça serait particulièrement comique de le voir dans Dreamland et de voir ce qu’il voulait pour pouvoir l’aider.

Ça c’est seulement si il sait que Dreamland existe en fait.

Et qu’il a une phobie à combattre.

Et qu’il combatte cette phobie.

Enfin, ça va être à voir.

-Tu fumes ? Et non c’est pas du tout pour me foutre de ta gueule ne t’inquiète pas, c’est de la politesse.

Ah, pardon, on lui parlait ? Coots avait un peu perdu le fil. Il semblait que Caleb avait allumé une cigarette et la pointait vers Coots, qui avait fait non de la main, avant de sortir son pad de papier, et d’écrire rapidement quelques mots :

« Je supporte l’odeur, mais je fume pas. Sinon, je vois ce que tu veux dire pour le patron. Je me souviens, durant ma vie à New-York, avec un patron dans un bar qui voulait constamment faire les nouvelles concoctions du moment, sans essayer de fouiller dans les classiques. Sans une bonne table de présentation, et en changeant toujours le menu du restaurant, le bar a pas fait long feu, j’ai du me trouver un autre emploi. Comme je fais maintenant en fait, si ça se trouve, on va finir par chercher ensemble »

Il glissa la note dans la main de Caleb avant de prendre un petit pas pour se distancer de la fumée, s’accotant sur le mur du magasin.

Prenant garde à ne pas lui souffler la fumée dans la gueule, je lu rapidement le petit papier qu’il venait de glisser entre mes mains avant de sourire. Un muet barman ? Bordel ça doit bien rendre ! Avec son caractère en plus, du peux que j’ai pu le voir, ça doit être relativement classe mais en même temps quelque peu problématique suivant le bar ou tu va bosser. Genre si tu tombe sur des gros poivrots cherchant absolument à discuter des résultat des courses de chevaux ou du dernier match de foot avec toi, le pauvre doit pas être dans la merde.. Mais en même temps ça règle tout les problèmes et t’es sur d’être peinard derrière ton comptoir ! Et puis merde, c’est pas un handicap qui va empêcher de faire tel ou tel boulot au final, c’est plus l’entourage dans le job’ qui va te foutre la vie dure.. Surement pour ça qu’il cherche encore un boulot maintenant… Hey mais attend, y’a le Pussy Twister ! Bordel pourquoi est-ce que je n’y ai pas pensé plus tôt ? Ce bar est l’un de mes repaires le soir avec les rares amis IRL que je possède, un bar communautaire à l’ambiance décalé et tout droit sortit d’un film de Tarantino. En même temps le nom lui-même est inspiré du Titty Twister, le bar de vampire du film Une Nuit En Enfer de Robert Rodriguez avec juste Quentin Tarentino et Georges Clooney dans les rôles principaux, ça annonce la couleur tout de même ! Imaginez vous juste un bar paumé sur une place fréquenté de Marseille où tout les fans de métal, de genre alternatifs et juste de cocktails nommé en hommage aux plus grandes créatures Lovecraftienne, avec une bonne ambiance et juste des habitués ou des gens qui vont le devenir. Rien à voir avec le bar où les gens changent tout les jours et où il faut expliquer encore et encore qui on est aux bourré lorsqu’on y travail en tant que serveur… L’endroit presque parfait pour lui ! Jetant ma clope devant moi, je pris une grande inspiration et me grattai le crane, cherchant comme lui proposer ça en me rendant compte que c’est étrange quand même… Le mec je le connais que depuis deux visites dans le magasin et j’ai déjà l’impression que c’est un pote que je connais depuis maintenant quelques mois. Roh et puis merde, autant ne pas y aller par quatre chemins et directement exposer les faits


Ouais quitte à faire autant y aller cash ! Je serais un peu en retard ce soir pour Dreamland mais bon on avait pas prévu grand-chose avec Maze et Alex’ donc ça devrais passer je pense.. Et au pire j’ai bien le droit de me prendre une bière non ? Surtout que si je peux l’aider à se trouver un boulot ici ça serait sympa, et ça me ferait sortir un peu de ma caverne et… et puis merde j’ai vraiment besoin d’une bière perso là ! Ca fait pas longtemps que je suis dans Dreamland mais je commence déjà à me sentir quelque peu fatigué de me rendre compte que le monde réel est réellement chiant par apport à ce que je peut faire dans le monde onirique alors si je peux trouver de l’amusement ici autant que je saisisse l’opportunité le plus vite possible. C’est pas tout les jours qu’on rencontre un muet victime d’un serial killer au sein d’un sorte de secte religieuse qui vient vous acheter deux fois d’affiler des CDs de musique Indi’ dans votre magasin de musique près de faillite quand même ! Ouais dit comme ça on ne dirait pas mais pour moi c’est presque un miracle et je ne compte pas passer à coté. Sortant mon téléphone portable et gribouillant mon numéro sur un coin de la page qu’il m’avait tendu, je la lui rendis en mains propre en sortant mon plus beau sourire

Pendant un gros moment, Coots pensait que Caleb allait fondre. Ça réfléchissait dans ce coco là. Pas qu’il en devenait rouge, mais après trente secondes à contempler la petite note, fallait se demander si l’écriture de Coots était si incompréhensible que ça. Peut-être qu’il pensait que c’était une énigme. Pas à ce que Coots sache, merci beaucoup. Quand t’es muet et que tu parles grâce à des notes, faut essayer d’être concis. Ou peut-être qu’il réfléchissait à comment répondre. Ou à comprendre quelque message caché dans le papier. Y en a pas, albinou, tu cherches un secret là où y en a pas. Peut-être que t’as trop joué aux jeux vidéos, parce qu’une personne normale essaierait pas. Mais bon, Coots se doutait bien que le gars devant lui était pas normal.

Pas qu’il aurait demandé à Caleb d’être normal. Aucun intérêt.

Soudainement il s’est tourné et a regardé le muet avec attention, comme si il venait de trouver la réponse à son énigme. Il manquait juste le cri de « EURÉKA ! » et l’image était complète :

« Mec si tu cherche du boulot je connais un bar communautaire sympa dans Marseille avec une ambiance à la Tarantino et des putains de bons cocktails où ils cherchent un nouveau barman. Si ça te tente je t’y amène ce soir eukay ? »

Attendez… Un bar tendance, dans Marseille, ça existe ? Pourquoi Coots l’avait jamais vu !? Et attendez, recul rapide. Ambiance à la Tarantino ? Ils se cherchent un nouveau barman ? Comment est-ce que cette opportunité n’était pas passée sous le nez de Coots avant, il se le demandait bien. Mais il dirait pas non. Le bar avait l’air d’être un endroit sympathique. Quelque chose qui le ramènerait à ces années à travailler derrière le comptoir d’un restaurant qui avait de l’ambiance. Ça remplirait ses journées au moins.

Caleb lui avait redonné le bout de papier – il avait écrit un numéro de téléphone dessus. Coots a prit la petite feuille de Caleb avant de faire une pause mentale.

Il fallait réévaluer la situation.

Ça fait deux fois qu’ils se rencontrent.

Depuis le début, Coots a démontré son mutisme en ne disant rien et en communiquant avec papier-crayon.

Ils avaient décidé de se tenir ensemble pour plusieurs raisons : terrain commun en terme de musique, intérets, et recherche de compagnie quelconque dans la ville.

Et Caleb, sachant dur comme fer que Coots était muet, venait de lui donner son NUMÉRO DE TÉLÉPHONE.

Ça commencait bien.

Il dévisagea Caleb un moment. Puis la feuille de papier. Puis Caleb une autre fois.

Coots soupira avant d’abdiquer. Très clairement, il manquait des neurones à l’Albinos et ça servirait à rien d’essayer d’expliquer que Coots ne pouvait utiliser que 50% de l’appareil téléphonique, et que malgré son talent au clavier de texto de son portable, c’était pas la méthode qu’il considérait la plus efficace pour communiquer. Malgré tout, au moins, comme ça, il pourrait facilement retracer Caleb dans la ville. Coots prit une feuille de papier de son carnet et écrivit le sien aussi, ainsi qu’une heure de rencontre pour ce soir. Il décida ensuite de lui offrir un hochement de tête avant de se retourner dans la direction de la petite ruelle qui le mènerait vers son appartement. Coots se retourna un moment avant de faire un petit salut de la main, puis de quitter leur coin de rue, le sac de Cds dans la main.

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Le bar était plus petit que Coots ne se l'imaginait. Peut-être était-il habitué à la démesure des bars américains où c'est plus une ambiance de plancher de danse que d'un bar, en fait. New York en avait un de ces bars à chaque coin de rue - deux, si t'étais dans le quartier gay, maintenant qu'il y pensait. Le muet avait jamais vraiment aimé comment ils mélangeaient la danse et l'alcool si facilement - la plupart des jeunes du quartier avaient envie de se sentir saouls et de faire la fête comme si il n'y avait pas de lendemain - alors qu'il était facile d'apprécier la boisson au bar, communiquer...

Peut-être une des raisons pour laquelle il est parti en fait. Tout les bars où il pouvait servir étaient remplis de jeunes hypersexualisés et de néons. Tout les bars où il aurait préféré servir n'acceptaient que les éducations professionnelles que Coots n'avait pas. Et peut-être qu'il n'aurait pas aimé ça non plus. l'uniforme, la présentation, et peut-être le fait que le barman se doive de parler et de communiquer avec le client si celui-ci commence à lui parler ne sont pas vraiment des choses qui intéressaient (ou étaient possibles pour) Coots. Mais ici, ça frappait le juste milieu. Ambiance conviviale. Musique démente, mais clients reposés. Décor sympathique. Ça ressemblait à une maison de jeune, en quelque sorte.

Voilà, il avait frappé le clou sur la tête. C'était des jeunes qui étaient partis et qui avaient voulu recréer l'ambiance de leurs années d'adolescents. Et ils avaient réussi. Ça donnait une gueule sans prétention à l'établissement.

Mais Caleb était, depuis le temps, en retard d'une demi-heure. Ce qui n'était pas inattendu. Coots se doutait bien qu'il serait le genre de gars qui faisait attendre par manque d'organisation - ou d'attention. Mais ce n'était pas comme si il se faisait chier à attendre l'albinos.

Seul inconvénient: Il avait glissé un mot au barman pour un cocktail - mais celui-ci avait répondu qu'il ne savait pas comment le faire. Qu'à cela ne tienne! Coots avait sauté par dessus le comptoir (évitant les verres malgré sa grandeur), et avait prit le shaker d'alcool, secoué une boisson ,lanceant le shaker dans les airs, le faisant tourner dans ses mains autour de son pouce, jonglant avec les bouteilles avant de verser les autres alcools dans le verre, et l'avait offert au barman. Ça a pas prit quelques minutes que le reste des clients en redemandaient et que le propriétaire lui donnait un petit contrat à signer.

Au moins, l'attente de Caleb aurait été productive.

Passant la porte en souriant, saluant mes potes déjà sur place, tapant quelques bises et serrant pas mal de main, je me fis un chemin jusqu’au bar où Coots semblait déjà avoir pris place sans qu’il n’a eu besoin de la moindre aide. Bon eukay j’ai quand même envoyé un sms au patron du bar pour le prévenir que je lui avais trouvé un nouveau barman et j’avais donné sa signalisation rapide mais ça avait du suffire pour qu’il le reconnaisse. En plus les nouvelles têtes son facilement visible ici vu que c’est un bar communautaire et que donc seul les personnes habitué viennent ici, les nouveaux étant assez rare pour qu’on puisse les trouver rapidement. Mais normal si t’a le bon état d’esprit et que l’endroit te plait tu y reviens toujours ! Tout y contribue : la musique, l’alcool, l’ambiance, les gens… que des bonnes raisons pour en faire son repaire pour transformer ses soirées solitaire en moment conviviaux au milieu de personne vraiment epic le tout dans un cadre génial. Quoi ? On dirait que j’en fais la pub ? Ben c’est peut être juste parce que c’est le cas et que ce n’est pas mon bar favoris pour rien ! Bon ça et le fait que c’est le seul endroit que je connaisse à préparer des cocktails Lovecratiens comme le si célèbre « Cthulhu » que je me prend en pinte d’1L à chacun de mes passages ici ! Et d’ailleurs en parlant de pinte je crois qu’il ai l’heure pour moi de commander ! Me tournant vers notre nouveau barman, je lui tendis un billet de 10 euros en lui demandant de s’approcher, commandant une grosse pinte de Cthulhu en souriant. Sur le coup il paru à peine étonné du nom du Cocktail mais je lui expliqua comment le préparer avant de lui tendre la carte des cocktails pour qu’il puisse voir les doses et il s’activa à le faire, montrant toute sa dextérité malgré le fait qu’on utilise aucun shakeur pour celui là et que donc il ne peut pas faire d’acrobatie et… et je retire ce que je viens de dire parce que pour lui ça marche aussi avec les bouteilles de colorant qu’il s’amuse à faire tourner dans les airs comme si de rien n’était alors je pense que je vais juste me taire et apprécier ma pinte moi ! Il voulu me rendis ma monnaie sous la forme d’une petite pièce d’un euros et je lui montrai du doigt où se trouvait la boite à pourboire, lui laissant le temps de lire le petit écritôt avec inscrit : « pour chaque pourboire laisser ici, un fan de Justin Bieber meurt » et je jetai ma pièce vers le bocal…. Que je ratai avec ma grande dextérité. Le muet ramassa la pièce et la jeta à son tour, la mettant en plein dans le bocal ce qui déclencha les rires des cinq personnes accoudé au comptoir