Smog c'est pas un dragon normalement ? [PV Mahes]

Essoufflée, assoiffée et agacée, ma monture qui avait pour habitude de garder un caractère noble et passif exprimait la part bestiale en elle, rugissant subitement alors qu’elle venait de monter sur l’un des plus hauts sommets présents à des kilomètres. Son hurlement résonnait à travers les plaines quasiment désertiques, nos yeux ne pouvant voir que l’immense citée fumante du royaume de la fumée. Posant pieds à terre, je passais ma main sur mon compagnon de route afin d’apaiser sa faim et sa colère, la route ayant été longue depuis notre foyer. C’était en urgence que j’avais décidé de quitter mon royaume afin de partir sur une délicate enquête, en l’absence de mon seigneur qui était partie pour la Célestiafest il y a longtemps de cela. Même si je savais qu’il devait être de retour depuis le temps à présent, je ne pouvais me permettre de revenir sans avoir régler un problème majeur que j’ai rencontré dans le royaume des chats.

Ma terre natale est la plus grande de toute la seconde zone, de par sa riche culture nous avons pu étendre nos commerces et nos richesses afin de nous développer de la meilleure des manières. Malheureusement, avec l’expansion vient les nouveautés, des imprévues qui souvent nous blessent et nous corrompent. Afin de me préparer pour la guerre à venir j’ai dû me rapprocher de l’armée de mon royaume, rencontrer les soldats qui mettront leur vie entre mes mains et qui suivront les ordres que je leur donnerais. C’est ma responsabilité de les guider vers la meilleure des voies, même si pour cela je sois obligé de briser leurs malices. Récemment j’ai découvert l’existence d’une drogue circulant dans les rangs de nos soldats, les envoutant, leur faisant oublier la guerre et leur offrant de faux souvenirs de paix et d’amour. Je ne pouvais pas les juger, rêver d’une paix est ce pourquoi tout soldat s’engage dans une guerre. Certains rêves de statuts, d’autres de popularité… Et certains de tranquillité.

Mais je ne pouvais accepter l’usage de drogue qui n’a pour but que de leur offrir une illusion, une illusion qui finira par les briser une fois qu’ils poseront les pieds sur le champ de bataille. J’ai demandé conseil auprès des conseillers de notre roi, de faire cesser la circulation d’une telle drogue dans nos murs, mais ce fut inutile. Car cette dernière n’était pas contrôlée par des créatures issues de notre royaume, nous pouvions la limiter mais pas l’écarter. Je ne pouvais accepter cette réponse et fit le serment de débarrasser ce fléau de nos rangs avant le retour de notre roi. Mon enquête m’a amené aux portes du royaume de la fumée, grande cité dégageant un nuage de fumée des plus repoussants. Visible depuis la plus haute des montagnes, elle apporte une touche de désespoir à quiconque rêve d’harmonie avec la nature. Je fus attristé de devoir porter un masque pour me protéger des vapeurs de la ville, comme si cette dernière cherchait à empoisonner ses propres habitants.

Cependant je ne perdais pas mon objectif de vue, je vagabondais à travers les rues fumantes du royaume, à la recherche de membres de la famille présente ici. Selon diverses sources un des Tontons est spécialisé dans la fabrique de drogue, et les origines prenaient place dans le royaume de la fumée. Je connaissais très bien les risques que je prenais à aller à la rencontre de telles figures qui sont, par rapport à moi, des personnalités diamétralement opposées. Même si dans un sens je ne prévoyais pas non plus de déclencher un réel conflit avec eux, mais bel et bien de leur recommander de ne plus faire des affaires qui viennent à toucher la sécurité du royaume des chats. C’était dans ma réflexion que je ne vis pas venir une ombre, me bousculant l’épaule avant de s’empresser à vouloir disparaître de mon champ de vision. Fronçant les sourcils je rattrapais à temps son poignet qui tenait l’une de mes bourses, l’homme aux oreilles fumantes et aux yeux rouges affichant une mine décomposée. Ce n’était vraiment pas le moment de perdre du temps avec de telles futilités et je doute qu’un petit malfrat face vraiment partie de la famille, alors j’essayais d’écourter au plus vite la conversation.

▬ Relâche ça, sinon…

Disais-je en forçant sur le poignet de l’homme, ma prise se resserrant de plus en plus alors que je me sentais capable de lui briser le bras d’une simple torsion. Les légers cris de douleur de la créature lui firent lâcher la bourse par terre avant que je ne décide de retirer ma main. Même si au final je fus davantage surpris de le voir sortir une lame usée qui partait droit sur mon abdomen. Je contractais mes muscles au dernier moment alors que la pointe du couteau arriva à peine à percer ma chair, l’homme choqué finissant par reculer et fuir de peur. Agacé je décidais de rapidement le rattraper malgré qu’il tente de me semer en empruntant plusieurs virages serrés. Je finis par le coincer dans une ruelle où de nombreuses personnes étaient présentes, même s’il était fesses contre terre et qu’il tremblait jusqu’à mouiller son propre pantalon.

▬ La f-f-f…. Pitié je n’ai rien vue !

Il se redressa d’un seul bond avant de faire marche arrière, même si son nez percuta de plein fouet mon torse bombé, de quoi le faire tomber à la renverse une seconde fois, le nez rouge. Il se mit à genoux comme pour prier mon pardon, mais je décidais de l’ignorer et de passer à côté de lui afin de faire face aux personnes dans la ruelle. L’une semblait portait de nombreux objets sur lui tandis que les autres divergeaient au niveau de l’apparence, mais je ne connaissais pas leur passif et je dois bien avouer que ce n’était pas la première de mes priorités.

▬ J’aimerais savoir : qui parmi vous fait partie de la famille ?

Le groupe derrière l’homme aux allures aventurières réagit automatiquement à ma question, la plupart commençant à retrousser les manches tandis qu’ils s’avançaient davantage.

▬ Tu dois pas être sain d’esprit pour poser la question, mon gars. Qui t’es toi d’abord ?
▬ Mon nom est Maahes et je n’ai que faire de larbins tels que vous. J’ai des affaires à mener avec vos supérieurs.
▬ Mais c’est qu’il croit qu’il peut la ramener en plus ! Je pense que tu sais pas qui t’as en face de toi l’ami.
▬ Ai-je vraiment besoin de le savoir ? Je suis pressé.

Mon masque cachait un visage neutre, un certain agacement mélangé à de la colère commençant à ressortir du ton de ma voix alors que je pouvais facilement voir les gangsters sortir une ou deux lames. Je n’avais pas pris avec moi mon épée mais je n’en avais pas besoin pour être confiant avec moi-même. Je connaissais les risques, et surtout je n’avais pas peur. Je tournais mon regard sur l’autre homme qui était resté sur le côté, lui annonçant :

▬ Je ne sais pas qui tu es mais sache que je ne m’en prends jamais à ceux qui ne s’attaquent pas à moi.
▬ Mais il la cherche vraiment la merde lui !

Le poing serré, j’étais paré à toute éventualité… L’étaient-ils, eux ?

Spoiler:

HDJ:

Le regard rivé sur les membres de la Famille qui avaient commencés à sortir quelques armes, la tension se faisait de plus en plus palpable autour de nous alors que le pickpocket avait déjà pris ses jambes à son cou pendant que j’avais discuté avec les créatures masquées. Contrairement aux trois autres, l’homme avec de nombreux sacs faisait quelques pas en arrière, comme ne souhaitant pas se mêler plus que ça. Il semblerait que ma mise en garde ait fait effet, malgré le fait que tout de suite après je voyais le poing d’un de mes interlocuteurs foncer droit sur moi. Le coup n’était pas si rapide que je le pensais et était plutôt imprécis, comme si mon adversaire me sous-estimait. Je décidais de rapidement lui faire regretter sa décision en saisissant le bras de la créature, le stoppant net dans son assaut avant que je ne lève tout de suite après ma jambe fléchit. Mon genou alla directement se placer sous le coude déplié de l’homme, faisant pression sur un point très fragile de sorte à ce qu’un sinistre craquement se fasse entendre. Et qu’une fracture se fasse sentir pour le mafieux.

Très rapidement il commença à hurler, se recroquevillant quelques instants sur lui-même alors qu’il posait son autre main sur son bras cassé, bien que je gardais toujours une prise ferme sur son membre brisé. Sous le hurlement, l’un de ses compagnons commença à s’avancer en mettant bien en évidence sa lame qu’il venait de sortir de sa manche, désireux de m’ouvrir les côtes. Je préférais ne pas être planté une seconde fois en une journée, si possible. C’est pour cela qu’une fois ma jambe reposée au sol, je levais la deuxième pour cette fois-ci frapper en plein dans l’abdomen du masqué, mon pied ne rencontrant aucune résistance face à l’estomac quelque peu rempli de mon adversaire. Puisque j’avais lâché son bras à ce moment-là, il plana quelques mètres en arrière tout en emportant son collègue avec un couteau. Les deux créatures tombaient lourdement au sol, l’un ayant du réceptionner l’autre. Mais le troisième se porta volontaire pour prolonger l’assaut et prit entre ses mains, quant à lui, un tuyau en fer qu’il avait détaché du mur de la ruelle. De la fumée s’échappait de la tuyauterie qu’il avait endommagée de par son action, mais c’est sans compter que je me mettais en garde pour essayer de bloquer tant bien que mal l’attaque qui visait à l’origine ma tête.

Mon bras faisant office de mur, je stoppais l’attaque avant de serrer le poing de mon autre bras, accumulant mon aura alors que j’inspirais profondément avant de frapper d’un coup sec et rapide dans le torse de l’homme un peu plus grand que les autres. Tandis que les deux membres de la Famille avaient réussis à se relever, le troisième membre finissait par foncer droit sur eux jusqu’à les percuter de plein fouet, les faisant tomber une nouvelle fois. Le poing légèrement fumant, je bougeais mon poignet de droite à gauche pour détendre ce dernier, quelques légers craquements se faisant sentir. J’inspectais mon autre bras pour y voir une marque rouge, à l’endroit où j’avais bloqué la masse improvisée de mon adversaire. Les trois mafieux se relevaient difficilement, deux d’entre eux supportant le troisième que j’avais frappé avec une version allégée de mon Poing de Némée. Ils me regardaient avec des yeux de vipères, me crachant spirituellement du venin alors qu’ils me maudissaient :

▬ On se retrouvera sale enfoiré ! Et crois-moi on te brisera plus qu’un bras !

Ils sortirent de leur poche une sorte de boule fragile, la laissant rapidement au sol pour laisser un nuage de fumée bloquer ma vision… Le temps que la poussière retombe ils avaient déjà tous filer. Je serrais les crocs alors qu’un léger grognement s’entendait, j’avais laissé s’échapper ma garantie pour rencontrer rapidement la Famille. Dans un soupire, j’en venais à tourner mon regard vers celui qui était resté à l’écart, visiblement redevable envers moi. Peut-être qu’au final il avait été mis sous pression par les trois gangsters, expliquant pourquoi il me remerciait. Il se présentait sous le nom de Carvey avant de tendre sa main dans ma direction. Je réfléchissais une seconde pour essayer de fouiller dans ma mémoire, ce nom aillant une tonalité plus qu’étrange dans mon esprit, mais rien… Je décidais donc de lui serrer amicalement la main sans réellement me mettre en garde. La mine sombre que j’avais pu aborder face à ces créatures retombait, laissant une expression beaucoup plus paisible sur mon visage bien que je sentais une douleur au niveau de mon bras touché. Tout en retirant ma main, je pu entendre la remarque du dénommé Carvey, jugeant ma façon de faire quelque peu… Inadaptée.

▬ Carvey, c’est bien cela ? J’entends bien ce que tu essayes de me dire, mais le fait est que je suis à la fois pressé et non-désireux de m’associer plus que cela avec la Famille. Ce dont j’ai besoin c’est de visibilité afin de les rencontrer au plus vite…

La proposition de mon interlocuteur n’était pas si mauvaise, elle pourrait même m’éviter de m’éterniser dans cette cité fumante. Je ne devais pas oublier qu’au-delà de cette tâche j’avais bien d’autres affaires à mener, comme l’enquête sur le Consortium etc… C’est dans une mine bien pensante que je venais à me saisir le menton, réfléchissant un instant avant de redresser mon regard vers Carvey. Bien qu’il était difficile de concevoir la possibilité de trouver une âme bienveillante dans une ville où dans les premières minutes j’ai faillis me faire voler ma bourse et que j’ai dû me battre contre des malfrats – bien que je les ait en grande partie provoqués – je ne pouvais pas passer à côté d’une telle opportunité.

▬ Je m’en remets à toi alors, avoir un guide ne serait pas de trop.

Sans plus tarder ne reprenions la route en quittant la petite et fumante ruelle, le bruit de la vapeur s’échappant des tuyaux rattachés aux murs étant plus que perturbant. J’avais pris l’habitude d’entendre une certaine cacophonie sur les marchés de mon royaume, mais là il n’y avait rien de social dans ce bruit : ce n’était que la mise en œuvre d’un mécanisme froid et toxique. Alors que nous passions à côté d’une embouchure vers une autre ruelle, je pouvais entendre les gémissements d’une pauvre âme se faisant frapper à plusieurs reprises. Dérangé par l’acte, je soupirais légèrement alors que je marchais côte à côte avec Carvey.

▬ De tous les endroits où j’ai pu voyager, c’est bien le royaume le plus malfamé que je connaisse. Même les banques du Royaume des richesses semblent plus tolérantes. Je me demande bien comment cette cité fonctionne, ou plutôt qui en tire véritablement les rênes…

Bien suspicieux furent les nombreux regards portés à notre attention. Les habits que nous portions étaient très différents du style local, à tel point que nous semblions beaucoup trop « propres » comparé à eux, la saleté des lieux n’ayant pas encore eu le temps de se déposer sur nous. L’aura que dégage ces habitants était sombre, froide et… Triste. Je préférais ne pas y penser et me concentrer sur l’instant présent, tournant mon regard vers Carvey.

▬ As-tu l’habitude de venir ici ? Tu portes de nombreuses affaires sur toi, un peu comme un marchand itinérant... Es-tu sûr que cette personne a un contact avec la Famille ?

Ce n’était pas que je me méfiais de mon compagnon de fortune, mais juste que je souhaitais une certaine garantie, après tout il n’y avait pas de mal à poser la question.

Certains diront que les ruelles fumantes de cette cité étaient un endroit bien étrange pour que deux hommes en profitent pour se connaître. Bien que j’étais essentiellement celui qui posait les questions et Carvey celui qui y répondaient. Néanmoins je ne doutais pas de l’expression qui affirmait que le temps c’était de l’argent, et que si je pouvais apprendre d’intéressantes informations de la part du collègue ici présent je ne voyais pas pourquoi je devrais hésiter. Malgré la possibilité que les murs d’Uzinagaz pouvaient avoir des oreilles assez….indiscrètes. J’appréciais tout de même l’honnêteté de l’homme qui confirmait mes pensées, se présentant comme étant un marchand ambulant voguant sur Dreamland. Tout en déniant sa joie d’être ici, il ajouta avoir été passé par l’un des marchés les plus célèbres de mon royaume natal. Mis à part le puissant royaume marchand, le marché carotte restait l’un des endroits les plus populaires de Dreamland de par la diversité des produits qui se vendent là-bas, et le fait qu’il se situe dans une zone relativement sûre facilitait l’accès aux créatures mais également aux voyageurs. Pour s’affirmer être marchand, j’en venais à me demander si Carvey était originaire du grand Rokhan, célèbre pour sa culture essentiellement tournée sur le marchandage et le troc. Mais poser la question serait trop indiscret, mieux valait ne pas éterniser la conversation avec des questions n’ayant aucun lien avec la situation ici.

Malgré cela, Carvey tournait tout de même la tête dans ma direction et confirmer mes doutes : il n’avait pas l’habitude de traiter avec la Famille, ou toutes sortes de marchés malhonnêtes. Cela me rassurait en un sens, puisque cela ne baissait pas l’estime grandissante que je commençais à avoir pour lui, même si d’un autre côté cela voulait également dire qu’il y a une chance pour qu’il ne me mène pas jusqu’à la Famille grâce à son contact. Mais je n’oubliais les mots que prononça Carvey, les gravant dans ma mémoire : « Je pense que la plupart des marchandises interdites le sont pour une bonne raison. »… Je n’avais jamais réfléchis de cette façon, bien que cela ne faisait que quelques années que j’avais quitté la Tanière des Lions et que rencontrer des artefacts magiques puissants restait quelque chose de rare. Mais rien qu’à écouter Carvey, je pouvais y voir une certaine forme d’expérience, expérience que je commençais à respecter. Je pense qu’indirectement je pourrais beaucoup apprendre à force de côtoyer le marchand aujourd’hui, et l’idée me plaisait bien. Tout en gardant un regard attentif sur les alentours, mon guide s’arrêta un instant pour retrouver son chemin. J’entendais dans notre dos plusieurs bruits de pas qui se stoppèrent dans la même foulée que Carvey, avant que je ne décide de regarder dans leur direction. Plusieurs ombres se cachant derrière la fumée, mais décidant de rapidement rebrousser chemin une fois remarquées.

▬ Je te suis.

Très rapidement nous faisions face à l’un des bâtiments composant les boyaux fumeux de la cité. Carvey n’hésita pas pour y entrer alors que je décidais de le suivre bien que je pense ne pas pouvoir pas la suite retrouver le chemin jusqu’ici, toutes les maisons se ressemblant dans cette ville. L’entrée me parut assez étrange bien que très rapidement le système autour de la décontamination de l’air s’activa, dépressurisant les divers entrées et sorties d’air pour ne laisser qu’un ton assez pur dans l’oxygène, éliminant toute les toxicités que nous avions dû contourner avec un masque jusqu’à maintenant. Le marchand retira rapidement le sien, tandis que moi je me contentais de l’enlever avec un léger soupire, pouvant enfin respirer de manière plus classique. Alors que je laissais pendre le masque à filtres autour de mon cou, Carvey sembla choqué de me reconnaître. Il m’identifia comme étant le maître du temple du chat combattant, et il avait raison. J’acquiesçais légèrement du menton avant de tourner mon regard vers la porte derrière lui, mes yeux rivés sur mon objectif. Je n’allais pas me sentir flatté d’être reconnu par les autres, car en fonction de la personne en face son comportement peut changer du tout au tout, rendant difficile de savoir si on peut faire confiance aux personnes qui portent un masque en s’adressant à soi…

Mais heureusement, Carvey ne semblait pas être de ce genre, du moins pas avec moi. Il gardait une certaine attitude alors qu’il désignait l’entrée du fameux marchand de tabac. Je souriais légèrement à la blague du marchand, l’écoutant attentivement alors qu’il m’assurait que la personne tenant l’endroit avait sûrement un contact avec la Famille. Au point où j’en étais à présent, autant vérifier. En entrant à l’intérieur je sentis mes narines directement agressée par l’odeur et la fumée de tabac, me forçant à grimacer tout en affichant une mine assez irritée. Carvey alla saluait les gérants des lieux. Même si les salutations furent très vites expédiées au profit de ce que recherchait le marchand itinérant, désireux d’obtenir un certain tabac. Je ne vais pas plus étudier la conversation que ça, Carvey m’épargna la réflexion et m’expliqua comment il analysait l’entretient. Néanmoins le petit homme ne souhaitait pas déroger à sa situation, privilégiant un certain silence. Silence qui commença à m’agacer en plus de l’odeur environnante de l’endroit. En réponse au regard du marchand ambulant, je m’avançais davantage pour prendre le pas dans la conversation et poser ma main sur le comptoir en bois.

▬ Malheureusement pour toi l’ami ici présent de Carvey a également de l’influence, à sa manière. Et je ne pense pas qu'il sache se montrer aussi patient que jusqu’à maintenant.

Plantant mes griffes dans le bois, je reculais lentement ma main pour déchirer profondément le bar derrière lequel se trouvait le marchand, ce dernier commençant à déglutiner la salive qu’il a dû rassembler dans sa bouche avant de tourner cinq à six fois la langue pour trouver les mots. Depuis que je m’étais avancé j’avais adressé un regard franc, dur et perçant à l’égard du petit homme, souhaitant le mettre sous une certaine pression utilisant ma haute taille à son avantage. Passant rapidement ma main sur les diverses miettes et poussières occasionnée par mon action, je laissais tout tomber au sol avant de poser mon index sur l’un des livres posés sur le comptoir. Probablement un registre ou autre.

▬ Je n’ai pas encore envie de briser le bras de quelqu’un d’autre ce soir, alors si tu ne veux pas que ce soit le tiens je te conseille de nous donner des noms. Et au plus vite.
▬ Ok ok calmos ! Pas la peine de sortir les couteaux les gars, faut savoir rester civilisé de nos jours !... Les types qui sont venus suivaient les ordres de Smog. Ils sont venus il y a peine un quart d’heure.
▬ Est-ce qu’ils faisaient partie de la Famille ?
▬ Bah ! Pourquoi tu vas pas leur demander en face ? T’as l’air de savoir te monter convainquant ! Maintenant dégagez de mon établissement !

J’étais plutôt surpris de voir à quel point le petit marchand continuait à avoir autant de répondant, bien que ce ne soit qu’après nous avoir donné ce que nous souhaitions. Tournant mon regard vers l’ami Carvey je finissais par tourner les talons vers la sortie.

▬ Nous avons un nom, allons-y.

Je devançais le marchand itinérant tout en enfilant de nouveau mon masque à gaz, préférant respirer à travers les nombreux filtres plutôt que de continuer à polluer mon odorat ainsi que mes poumons à force de rester ici. Ouvrant de nouveau la porte pour pénétrer dans le sas de décontamination, je laissais cette dernière grande ouverte pour laisser Carvey me joindre sur mes pas. Bien que je n’attendais pas pour aller poser ma main sur la porte d’entrée du bâtiment et commencer à l’ouvrir. Cependant, lorsque je pu observer l’extérieur en passant la tête à travers l’ouverture, je pouvais voir une dizaine d’hommes portant des masques qui sortirent des armes à feu. Sans sommation ils tirèrent tous dans ma direction, me forçant à fermer brusquement la porte métallique pour bloquer les balles. On pouvait facilement entre de nombreux impacts se confronter à la paroi métallique alors que je serrais les crocs, serrant fermement la poignée de la porte tandis que je tournais mon regard vers Carvey. Je ne savais pas si ces hommes étaient spécialement là après ce que j’avais fait aux autres gangsters ou si c’était le petit marchand qui les avait appelés, mais le fait est qu’ils étaient au seuil de cette porte et qu’ils n’allaient pas nous laisser sortir sans un combat. D’un regard sérieux je restais collé contre la porte tout en parlant à Carvey :

▬ Ils n’ont pas l’air décider à me laisser partir aussi facilement. Si tu n’as pas d’idées Carvey, je peux toujours arracher la porte et foncer sur eux, qu’en penses-tu ?

Ma question était sincère, j’en étais totalement capable, mais je n’étais pas totalement sûr de l’avis du marchand sur la question.

Maahes abandonna l’idée qu’il avait proposée sans trop de remords, après tout ce n’était qu’une solution comme une autre. Mais la réticence des deux marchands lui firent comprendre qu’il y avait sûrement un autre moyen de sortir d’ici, et indemne si possible. Carvey était décidé à obtenir des informations supplémentaires quant à leur cible commune. Il était clair que le vendeur nomade profitait de la commotion en-dehors du magasin pour mettre la pression sur le petit homme, et cela fonctionna. L’interlocuteur de nos deux créatures leur révéla donc la position de Smog, ce qui permit à Carvey de rapidement enchainer en frappant sèchement le magasinier. Assommé sur le coup, le Lord fronça légèrement les sourcils avant de tourner son regard vers Carvey qui semblait satisfait de son action. Peut-être avait-il un compte à régler avec ce marchand-là, ou bien c’était le fait qu’il n’avait pas pu lui offrir ce qu’il lui avait commandé. C’était une possibilité que n’écartait pas Maahes.

Les deux partenaires s’engouffraient dans le couloir menant au back-office du marchand, là où il entreposait la majeure partie de ses marchandises avant de les revendre. L’entrepôt était plus grand que ne l’aurait pensé le Lord félin mais ce n’était peut-être pas aussi surprenant au vu de la topographie de la cité : de nombreuses cachettes devaient être présentes dans les bâtiments. Même si sur le moment ce qui attirait l’attention de Maahes c’était l’utilisation de la pipe de Carvey, une manipulation plutôt singulière vu qu’une bulle sortait de la bouche du marchand. Plus il passerait de temps avec le nomade et plus il le trouvera imprévisible, ce qui n’était pas forcément un mal en soi. Carvey pourrait se montrer très surprenant. Plus que maintenant en tout cas. Le marchand ambulant se servait de cette bulle comme protection, car l’homme avait oublié son masque dans le magasin. Maahes était plutôt à l’aise d’avoir remis le sien avant qu’il ne l’oublie lui aussi, il l’aurait bien offert à Carvey si ce dernier le lui avait demandé mais le compagnon de fortune du lion semblait être autonome. A sa façon.

Le marchand signala une probable prise en tenaille, ce qui n’était pas un danger à écarter. Maahes se contenta de stopper ses pas pour se retourner et repartir dans l’obscurité de l’entrepôt. Dissimulé au milieu des nombreuses caisses plus ou moins grandes, il patientait la venue des gangsters qui voulaient l’accueillir à l’entrée. Le bruit d’une porte enfoncée de force parvint jusqu’aux oreilles du Lord félin, il savait qu’ils n’allaient pas tarder à le rejoindre. Les hommes armés fusèrent dans la pièce, redressant le canon de leurs fusils de sorte à chercher une cible dans leur ligne de mire. L’un d’entre eux chercha un interrupteur pour allumer les lumières de l’entrepôt, mais au moins où le flash de lumière illumina la pièce, l’ombre d’une crinière se redressait en soulevant une caisse faisant au moins trois fois sa taille. Maahes n’hésita pas à jeter cette caisse contre les trois hommes qui tentèrent de viser le lion, mais trop tard pour eux. La caisse se brisa sur eux tandis qu’ils furent écrasé par la quantité importante de tabac, le choc de recevoir un tel mobilier sur la tête leur faisant passer un sale quart d’heure. Seul l’un d’entre eux n’était pas enseveli, pas entièrement en tout cas. La partie haute de son corps était à « l’air libre » si on pouvait appeler ça comme ça, tentant désespérément de saisir un pistolet à moins d’un mètre de lui.

Mais le pied de Maahes vint faire pression sur la main du gangster qui gémissait de douleur, grognant dans sa barbe alors qu’il adressé un regard rempli de colère à l’attention du Lord. A travers son masque le lion ne laissait rien ressortir, laissant son pied sur la main de l’homme dans le but de l’interroger.

▬ Qui vous envoi ? Est-ce que c’est Smog ?
▬ Qu’est-ce que ça peut te faire de savoir ça ? Tu vas crever de toute façon !
▬ Contrairement à vous je n’oublie pas ma place lorsque je suis sur le point de mourir, et il est clair que là je ne suis pas celui qui est sur le point de mourir.

Maahes leva lentement la main en signe de menace, l’approchant dangereusement du visage du mafieux qui décida de stopper le lion dans son avancée en élevant la voix.

▬ ATTENDS ATTENDS ! J’suis désolé ! Oui c’est Smog qui nous envoi !
▬ Pourquoi ? Il n’a pas apprécié de revoir ses hommes en mauvais état ?
▬ Il en a rien à foutre de nous, tout ce qui l’intéresse c’est ce que ton pote il a avec lui. Tu sais pas tout ce qu’un homme peut faire avec cette pipe par ici, et c’est certainement pas le truc le plus rare qu’il a en stock.
▬ C’est donc lui que vous visez…
▬ Au début on pensait que t’étais un concurrent qui nous a volé l’opportunité, mais t’as pas la tronche à travailler dans ce genre de truc. Mais je te propose un deal : récupère lui sa pipe et on t’amènera à notre boss, je suis sûr qu’il te récompensera comme il se doit.

La proposition était tentante, Maahes avait réussi à gagner le peu de confiance que Carvey lui accordait et le marchand ne verrait sûrement pas une trahison lui pendre au nez à ce moment-là de l’aventure. De plus cela permettrait au lion de circulait plus facilement dans la cité et ce jusqu’à l’antre de Smog, qui allait sûrement pouvoir le guider vers la Famille. On pouvait dire que Maahes serait le grand gagnant de toute cette histoire, mais…

▬ Je ne suis pas intéressé. J’ai appris tout ce qu’il me fallait.

D’un coup sec à la nuque le lion assommait le gangster, ce dernier laissant sa tête retomber contre le sol. Rapidement le lion partit rejoindre Carvey qui semblait avoir également terminé de son côté. Tous deux étaient indemne, c’était déjà ça. Alors que le marchand mettait à profit son nouveau masque, Maahes n’hésita pas un seul instant à partager tout ce qu’il avait appris.

▬ Carvey, je pense que depuis le début tu es la cible de ces mafieux. Apparemment ils en ont après la pipe que tu portes avec toi, et les autres artefacts à ta disposition. Je pense qu’il serait plus sage d’éviter de fuir sur un terrain connu par nos ennemis. Pour les distancer et nous rapprocher de notre but, le mieux ce serait de se rendre dans une zone qui, même pour eux, serait trop dangereuse…

Le Lord félin réfléchissait un instant avant de regarder autour de lui, espérant trouver un quelconque indice. Il remarquait au bout d’une ruelle une plaque d’égout qui dégageait une fumée noire. Les égouts seraient une solution même s’il était impossible de savoir quelle genre d’horreur se cachait là-dessous si tout était déjà assez lugubre à l’extérieur. Puis, une seconde après, Maahes remarquait une échelle qui montait jusqu’au sommet des bâtiments de la cité, qui eux étaient recouverts d’une épaisse fumée blanche. Le Lord se tournait vers Carvey, il fallait faire un choix qui conditionnera la suite de leur aventure :

▬ A nous de décider : soit nous passons par les égouts de la ville au risque de devoir faire face aux déchets nocifs de la cité, soit nous passons par le sommet des toits au risque de difficilement savoir où aller. Dans les deux cas j’espère juste que les filtres de nos masques suffiront…