Une chatte n’y retrouverait pas ses petits... [Pv Mega] @Royaume des Chats

Bon. On va la faire rapide : récemment, un emplumé du Royaume Céleste s’est réfugié quelque part dans la seconde zone afin d’échapper aux lois célestes. A la clé, une forte récompense pour qui parviendrait à la capturer. De quoi résoudre mes problèmes d’argents…

Comment je sais ça ? Vous vous souvenez de mon combat à Kazinopolis, là où j’ai failli y laisser la peau ? Et de l’appel qui a suivi, d’une certaine Tiffany ? Pour tout vous dire, Tiffany est une Voyageuse, tout comme moi. Et c’est la seule personne qui puisse faire le rapprochement entre Henri Hoefgen et le Sphinx. D’ailleurs, elle m’appelait justement pour que je l’aide, me faisant part de toute l’histoire.

Bien entendu, j’ai prétexté une quelconque maladie m’empêchant de la rejoindre à Dreamland. Pour tout vous dire, je préférais que nos vies de Voyageurs ne se mêlent pas. Depuis un an que j’arpentais Dreamland, je n’avais été en sa compagnie qu’une seule fois, une seule. Depuis, j’étais plutôt mal vu au sein de la population de Délirium City. Une histoire d’homme-banane, d’incendie et de LSD, un truc bien trash mais que je vous raconterai une autre fois.

Cette fois-ci, je comptais bien faire cracher à Dreamland toutes les foutues poules aux œufs d’or qui pouvaient s’y cacher. Et le poulet que je recherchais avait des ailes noires et une passion pour la richesse et les joyaux…

Et qui sont les pires ennemis de ce genre de piaf ? Dans quel genre de Royaume de la seconde zone pouvais-je trouver des informateurs prêts à vendre père et mère pour une poignée d’argent (qu’ils n’auraient pas) ? Le Royaume des chats.

Mais pour y aller, il fallait que je pense de toutes mes forces à ces créatures poilues avant de m’endormir… Et malheureusement, le mot « chatte » m’évoquait bien des choses mais pas ça. Il ne fallait pas que je me retrouve à Sboobland par inadvertance, aussi arpentais-je les rues de Paris, à la recherche d’un chaton délaissé, un truc du genre…

Une demi-heure plus tard, un trajet de métro et mon portefeuille moins rempli, je toquais à la porte de mon voisin Jack, qui ouvrit sans attendre.

- Tiens, Henri ! Quel plaisir de te voir ! Tu viens me rendre les sous que je t’avais prêté ?
- T’as un chat, non ?
- Euh… Ouais, pourquoi ?
Cool !

Je poussai sans ménagement le pauvre Jack qui, malgré ses quatre-vingts kilos de muscles, pivota comme une porte et m’engouffrai dans son appartement. Comme je m’y attendais, c’était classe et sobre, d’une propreté exemplaire et aussi vide que le crâne de ce pauvre hère.

Une paire d’yeux jaunâtres et malsains m’observèrent. Je me jetais en avant, il y eut un miaulement strident puis une boule de poil quelque peu hargneuse s’agita au bout de mon bras, qui avait obtenu des cicatrices supplémentaires.

- J’y vais, je t’emprunte ton chat !
Qu… Mais que vas-tu faire avec Pussycat !?
- J’suis désolé, gros. C’est un service que je te demande, et peut-être est-ce dur de te séparer de Pussycat pour cette nuit, mais c’est une affaire urgente ! Il y a une chaudasse qui m’attend chez moi, et je l’ai baratiné en lui racontant que j’avais un chat. Elle adore les chats, d’ailleurs ! Je t’emprunte donc ton chat, je lui fais sa fête et je te le rends ! Enfin, je parle de la meuf, pas du chat… T’avais compris, j’espère !?

Vous avez un poisson rouge chez vous, ou chez un ami ? Ben, lui parler, c’est un peu comme avec Jack… Il a la décence d’écouter vos monologues les plus barbants, mais il ne faut pas présumer de sa réactivité… Il suffit d’aligner plus de deux phrases, sujet verbe complément, pour le perdre.

Enfin, je le laissai là à sa réflexion intérieure. Bien entendu, il n’y avait aucune femme qui m’attendait. Je me couchai donc sur le lit, tentant de conserver le chat avec moi… C’est qu’elle griffait la bestiole ! Et puis, ça faisait mal ! Ma main se resserra sur mon oreiller, mes jointures étaient si contractées qu’elles en étaient devenues blanches. Pris d’une frénésie, j’agressai le pauvre chat à coup d’oreiller…

Malgré ses quelques miaulements, ce fut aussi efficace que d’agresser un Tyrannosaure avec un steak tartare…

La bestiole ne fit que s’enrager encore plus et la guerre commença : retranché dans ma couverture, éloigné le plus possible de l’indicible créature, je guettais avec un courage immense la lueur jaunâtre qui m’avertirai d’une futur attaque.

Ce fut bref mais d’une violence inouïe ! La créature me bondit dessus, feulant, crachant avec fougue…

« TU ME CASSE LES COUILLES, LE CHAT ! »

J’attrapai la boule de poil et l’envoyai contre le mur. Elle laissa échapper un miaulement rageur, toutefois plus faible que les précédents, et se pelotonna dans un coin, se léchant les pattes tout en essayant de m’attendrir.

Ce soudain accès de rage redescendit et je finis par rejoindre le monde des rêves…

Dreamland : Royaume des chats.

Je n’avais pas mangé de carotte, n’avais pas mis un quelconque vêtement de couleur orange, n’avais pas regardé récemment Dragon Ball -d’ailleurs, quelqu’un d’autre que moi s’est-il rendu compte que le nom sayan de Goku, Karot, et la couleur de sa tenue de combat favorite avait un lien ?- et donc mes rêves ne devaient logiquement avoir aucun lien avec ce légume si apprécié des lapins. AUCUN !

Et pourtant, je me retrouvais dans l’un des marchés les plus importants de Dreamland : le marché carotte ! Okay, il y avait des chats, beaucoup de chats, mais ce n’était pas une raison ! Et puis, c’était dangereux pour ma pomme, toute cette agitation : les Voyageurs que j’avais dupé en avait certainement après le volatile, et je ne souhaitais pas devoir mener un autre combat comme celui d’hier…

« Dis, tu veux jouer avec moi ? »

Il y avait beaucoup de marchands, trop de marchands. Tous de petits chats, de la taille d’un… chat… et qui vendaient de tout, vraiment de tout. Cela allait d’Artefacts à bas prix jusqu’à même de la nourriture. Et des Voyageurs ci et là payait avec des particules d’eux-mêmes, de l’Essence de Vie que ça s’appelait.

Moi, payer avec de l’EV ? De mon EV à moi ? Autant vendre mon cul !

« Allez ! Joue avec moi ! »

Non mais, il faut dire ce qui est. Je ne vois pas pourquoi je me séparerais d’une parcelle infime de mon être. C’est déjà un bien grand cadeau que je fais quand je me répands sur ma partenaire après avoir fait l’amour. Voilà les seules particules de mon être dont je ferais don à mes créanciers ! Et aux futurs pigeons, pardon, chats emplumés que je vais truander.

Mais avant cela, il me faut trouver un truc intéressant à marchander. L’idéal, ce serait de trouver un autre Voyageur que je pourrais vendre bout par bout… Hum, l’idée est même très intéressante. Et puis, ça me changerait de la routine. Qui sait, je pourrais peut-être même rembourser mes créanciers avec ça !

« Pourquoi tu m’ignore ? Je veux jouer avec toi ! »

Non loin de moi, un étalage avait l’air prometteur. Son possesseur, un chat siamois à l’air rusé, avait l’air d’un mec, enfin d’un chat, habile et sournois, capable de tirer son épingle du jeu sans y laisser des poils. Le genre de type qui savait tout sur tout et qui moyennait toute information.

Bon, je l’admets, je n’avais pas déduit tout cela à sa gueule… Il y avait une pancarte à côté de son étal qui indiquait « Dupont & Dupont, chat détective à votre service. Vous avez des questions ? Nous vous répondons ! » Je m’approchai donc du chat strié de rayures jaunes et noires, qui avait la particularité d’avoir deux têtes, chacune possédant un chapeau melon.

« Allez quoi ! Jouons à Chat Perché ! » répéta une énième fois le chaton jaune qui me suivait depuis bien trop longtemps.
« J’ai un autre jeu : chat qui vole ! »

Je saisis la boule de poil enfantine d’une main. Pour les observateurs attentifs, la teinte blanchâtre qu’avaient prises mes articulations n’augurait rien de bon. J’avais déjà jeté des containers, des boîtes aux lettres et même un homme-banane sans trop de difficulté. Autant dire que le chaton d’une demi-dizaine de kilos monta haut, très haut dans les airs, suivi par le décrescendo que formait son hurlement strident.

Quand il arriva à une hauteur de près de vingt mètres ou bien trente mètres –on peinait à le voir- il redescendit à toute vitesse entre derrière des étals au loin -j'avais fais un lancer courbe- et ne dut pas tarder à s'écraser au sol comme une pastèque trop mûre.

Étrangement, personne ne me fit de remarque. Ben quoi, un mec couvert de sang dont le visage est recouvert d’un masque à gaz qui lance en l’air un chaton, provoquant son décès prématuré, quoi de plus normal ! (Bon, je pense que le fait qu'il ne l'ait pas vu concrètement mourir explique cela. Et puis, il y a peut-être vraiment des chats volants, non ?)

Je dois avouer que je m’en voulais un peu pour le chaton, maintenant que la colère était passée. Je venais une nouvelle fois d’être victime d’une de mes sautes d’humeur. Je jetais un regard aux alentours et me figeai, prenant une posture défensive presque animale.

Un type attirait mon regard comme la lumière attire les phalènes. Il était à quelques dizaines de mètres de moi, avait des cheveux blancs et j’étais attentif au moindre de ses gestes.

Aucun doute possible, ce type était un Voyageur !

Mega déambulait présentement dans le célèbre marché Carotte du royaume des chats. Il tenait le dernier exemple du Dream-Mag et lisait avec attention un article concernant le royaume céleste. Apparemment, s'il mettait la main sur un certain habitant de ce royaume, il récolterait une grosse récompense et à la fois, une certaine réputation parmi les nombreux voyageurs de ce monde. Voilà une offre que notre homme ne pouvait très certainement pas refuser. Avide de pouvoir, il désirait prendre contrôle de ce monde de rêves. Mais pour y parvenir, il devait avant tout se tailler une réputation et un certain prestige. C'est donc, avec détermination, que notre bel homme commença ses recherches.

Heureusement, il se trouvait présentement dans un endroit idéal pour récolter de l'information. Plusieurs créatures de Dreamland et voyageurs venaient visiter ce marché. Pour sa part, Mega venait visiter cet endroit pour la toute première fois et, il le regretta bien vite. Plusieurs marchands l'énervaient sans cesse pour qu'il achète leurs nombreux produits. Le voyageur aux cheveux blancs se contenait de les ignorer en tournant le regard. La monnaie de ce marché s'avérait plutôt effrayante. On devait donner une propre partie de son corps pour un quelconque objet, ce qu'on appelait de l'essence de vie. Mega ne donnerait rien du tout. Il pouvait toujours utiliser son sceptre si la situation la nécessitait. Mais le plus gros problème n'était pas là.

« Allez monsieur, achetez cette merveilleuse lampe! »

« Et que dites-vous de ce poisson rouge! C'est l'animal idéal pour vous tenir compagnie! »

« Mais non, achetez plutôt ma femme! Elle fait bien à manger, le ménage et elle est bonne au... »

À mesure que ces félins harcelaient notre homme, ses yeux devenaient de plus en plus rouges. Il en vint même à éternuer à plusieurs reprises. Et oui, Mega était allergique aux chats. Ayant vécu seul depuis plusieurs années déjà, il avait complètement oublié ce petit détail. Il ne pouvait déjà plus supporter la présence de ces êtres. Tant pis, notre illusionniste irait récolter de l'information ailleurs. Mais, alors qu'il voulut quitter le marché, un événement plus ou moins étrange se produisit. Un chaton, tout ce qu'il y a de plus mignon, s’écrasa brutalement devant lui et creva sur place. Mega reçut même quelques gouttes de sang. C'était un spectacle affreux à regarder. Il sortit avec colère un petit morceau de chiffon et essuya le sang qui se trouvait sur son habit ainsi que sur son sceptre. Puis, notre voyageur leva la tête et aperçut le coupable pour ce terrible meurtre.

L'individu était encore plus effrayant que le chat mort. Il avait une apparence humaine, mais, son visage était recouvert par un étrange masque à gaz et son corps était recouvert par du sang. Rien de très rassurant. Mega enjamba le cadavre du chat et s'approcha de l'étrange personne en lui tapotant le visage, ou plutôt le masque, avec son sceptre.

« C'est bien beau de faire le pitre, mais nettoyez au moins cette chose qui vient salir la route. »

Puis, l'homme aux cheveux blancs oublia aussitôt le meurtrier. Son regard était porté vers un petit kiosque de détectives. Voilà l'endroit idéal pour récolter des informations concernant le criminel recherché. Il tenterait sa chance à cet endroit et partirait par la suite de ce royaume. Mega s'avança vers le chat à deux têtes en éternuant.

« Alors... Vous avez des informations concernant cet étrange personnage? »

Il leur tendit le Dream-Mag qu'il avait toujours.

« Héhé, peut-être que oui... »

« Hoho, peut-être que non... »

« Mais pour savoir, il faut payer! »

Le chat à deux têtes tendit une petite fiole. Apparemment, il attendait que Mega offre de l'essence de vie, soit une partie de lui-même. Ce dernier, se contenta d'émettre un mince sourire. Il n'avait qu'à leur faire croire qu'il payait. Le voyageur leva son sceptre qui s'illumina quelques instants. Puis, par la suite, sa main s'évapora pour se transformer en essence de vie et venir remplir la fiole du chat. Bien sûr, notre homme avait tout simplement créer une petite illusion. Il possédait toujours sa main. Les fameux détectives semblèrent ravis car, ils émirent de minces sourires.

« Alors, quelles informations avez-vous...? »

Il ne restait plus qu'à attendre leur réponse.

- Pas de soucis, Blanche-Neige. Ce sera tout ou vous prendrez un dessert ?

C’était sorti tout seul et je regrettais mes paroles au moment où elles sortirent de ma bouche. Après tout, il pouvait très bien s’agir d’un Voyageur puissant qui me ferait la peau en quelques secondes, avant de détruire le marché carotte. En même temps, le type se permettait de me comparer à un vulgaire pitre et de me prendre pour le room service…

Mais heureusement pour ma pomme –ou pour la sienne, si ça se trouve c’était une loque- le mec aux cheveux blanc ne me répondit pas, se contentant d’avancer vers les détectives chat-rismatiques. Ce type devait également en avoir après l’emplumé !

Je restais pas trop loin d’eux afin de percevoir leur conversation. Apparemment, j’avais visé juste et il leur fila un  DreamMag dans lequel devait se trouver une photo de l’individu. Une minute, si cela paraissait dans le DreamMag c’est que c’était un évènement très célèbre ! Il serait donc facile de trouver des informations… et d’attirer celle de concurrents potentiels…

J’étais loin d’être bête ou suffisant –enfin, un peu quand même mais pas trop…- et je savais qu’il me fallait un compagnon avec qui je partagerais la récompense. Enfin, à moins que je parvienne à faire autrement. Je résolus donc de faire davantage attention à ce Voyageur, afin de voir s’il pouvait se révéler véritablement utile ou pas.

Il me déçut…

Il accepta de payer avec de l’Essence de Vie. En effet, je le vis tout d’abord lever son sceptre qui brilla d’une lueur malsaine, avant que sa main s’évapore et vienne remplir une fiole tendue par le chat. Chat-perlipopette, mais quel pigeon !

Il leur demanda ensuite quelles informations les chats disposaient, ses derniers affichant un mince sourire. Personnellement, je le sentais pas trop… En effet, une coquette somme (bien plus que la main d’un Voyageur) sera donnée à ceux qui captureront le piaf (enfin l’ange).  Donc, pourquoi des chats disposant d’une information aussi capitale la vendrait pour si peu ? Et puis, quelle coïncidence de tomber dès notre arrivée sur de tels cha-vants !

Ça sentait la merde à plein nez… Et j’espérais que mon confrère Voyageur serait assez intelligent pour s’en rendre compte.

J’attendis toutefois la réponse des chats détectives, qui ne révélèrent pas grand-chose d’utile. Ils parlaient d’un lieu où, d’après leurs informateurs, on séquestrait l’emplumé en vue de le vendre au groupe de Voyageurs le plus offrant. Je ne sais pas combien valait mon poids en EV mais, à mon avis, c’était nous (enfin Blanche-Neige) qui allaient y être capturés et vendus au plus offrant.

Enfin, bref. De toute façon, les chats siamois en avaient finis avec leurs « révélations ». J’avais envie de dire au Voyageur que c’étaient des chat-rlatans, qu’il allait se faire chat-parder, que ç’allait être la chat-os total (à prononcer « Kaos »), le gros bordel, et qu’il allait se faire chat-rcuter…

Mais ce n’était pas mon problème et même si j’avais songé me renseigner auprès de ces chat-cals, ces informations données pour si peu d’EV me laissaient perplexe. Je m’éloignais un peu du groupe, attendant que le Voyageur en ait fini avec eux. De là où j’étais à présent, c’est-à-dire quelques dizaines de mètres plus loin, je vis qu’ils poursuivaient leur discussion mais je ne pouvais plus entendre de quoi il était question.

- Il est frais mon poisson ! Il est frais !

J’ignorais le marchand qui vendait si joliment des créatures écailleuses au regard vide, et je m’approchai du jeune homme à la chevelure blanche dès que sa discussion prit fin. J’essayai d’avoir l’air sympathique et aimable, essaie salué par un échec cuisant puisqu’avoir un masque à gaz sur la tronche n’aide pas.

- Moi, c’est le Sphinx. Apparemment, nous sommes à la recherche du même piaf.  

Contrairement à ce qu’on aurait pu penser, le masque à gaz était loin d’être aussi étanche qu’un vrai et l’on pouvait entendre distinctement ma voix. C’était une entrée en matière plutôt pourrie, mais j’avais cruellement besoin d’allié et je n’avais vu aucun autre Voyageur dans les environs. Puis, fallait avouer que son sceptre avait l’air bien plus utile que mon masque à gaz, en termes d’artefact. Même si je ne connaissais pas ses pouvoirs.


- J’sais pas si t’en vaut la peine, mais j’ai besoin d’un allié. Il y a pas mal de Voyageurs puissants à sa recherche, à ce que j’ai cru comprendre, et on ne serait pas trop de deux pour s’en débarrasser.

J’attendis sa réponse, le regard rivé dans le sien, déterminé à montrer que je ne manquais pas d’assurance. Ce type n’avait pas l’air du genre à sympathiser avec les faibles, vu la condescendance avec laquelle il m’avait adressé précédemment. Et ça tombait bien parce que, faible, j’étais loin de l’être !

- Après, si tu veux rester seul, pas de soucis. J’préfère également être seul que mal accompagné mais tu m’as l’air d’avoir des pouvoirs intéressants.(Je désigne son sceptre d’un vague signe de la main.)Et si tu doutes de ma propre utilité, sache que je n’en suis pas à ma première nuit à Dreamland…

Je laissais ma phrase en suspens, espérant avoir assez éveillé son intérêt pour qu’il accepte ce partenariat.

Spoiler:

Mega écouta avec attention les renseignements que le chat à deux têtes avait à lui fournir. Selon quelques rumeurs, le fameux volatile était présentement déjà capturé par un groupe de mystérieux individus. Ceux-ci étaient prêts à échanger leur prisonnier contre une forte récompense. Voilà une information fort utile, si tout de fois, elle s'avérait véridique.

« Savez-vous où se trouvent présentement ces fameux individus et leur prisonnier?

« Hoho, peut-être bien... Mais pour cela, il faudra payer encore une fois...! »

Notre voyageur n'avait aucune seconde à perdre avec ces bestioles poilues. Il leur lança un regard froid et menaçant, mais éternua en même temps ce qui vint gâcher l'effet voulu. Il se résigna donc une seconde fois à offrir une partie de son corps, ou plutôt, à pimenter son illusion. Cette fois-ci, son bras tout entier se transforma en essence de vie et vint remplir une seconde fiole. Les détectives émirent de petits ricanements.

« Héhé, apparemment, leur repaire se trouverait en bordure de la mer noir sucrée. »

« Hoho, puis, pour encore plus d'essence de vie, on peut t'indiquer la couleur de cheveux de leur chef... »

L'homme aux cheveux blancs venait de leur tourner le dos subitement. Il avait recueilli un bon nombre d'informations et ne souhaitait plus avoir à faire avec ces avares. Certes, Mega ignorait si tout cela était vrai, mais pour l'instant il s'agissait de la seule piste qu'il possédait. Au même moment, l'étrange lanceur de chatons s'avança vers notre maître des illusions. Celui-ci se nommait Sphinx et désirait faire équipe avec Mega pour retrouver l'habitant du royaume céleste. Notre voyageur eut tout d'abord une expression de dégoût en voyant cet homme de près. Mais, il réfléchit quelques instants. Selon les dires de ce voyageur inconnu, ce dernier possédait une certaine expérience dans ce monde de rêves. Cette expérience ne pouvait qu'être utile à Mega qui ne connaissait pas parfaitement la région encore. Il se décida enfin à parler.

« Parfait, j'accepte ton offre. Tu sembles avoir entendu clairement ma conversation avec ce chat détective. Je ne connais pas très bien la région, donc, ça serait fort aimable de ta part de nous conduire jusqu'à la mer noir sucrée mon cher Sphinx. »

Il lui envoya même un mince sourire. Mais, cela servait à cacher ses réelles sentiments. Travailler avec le surnommé Sphinx dégoûtait tout simplement notre homme. Si la situation le réclamait, Mega n'hésiterait pas une seconde à se débarrasser de cet individu grâce aux pouvoirs de son sceptre. Mais, pour l'instant, il avait besoin d'un guide pour lui montrer le chemin. Puis, ce voyageur semblait posséder une certaine force aussi. Une aptitude qui pourrait s'avérer capitale dans les événements à venir.

« C'est lui qui a tué ce pauvre enfant! »

Une habitante du royaume des chats s'était avancée et pointait Sphinx d'un doigt accusateur. Derrière elle se trouvait plusieurs soldats du royaume. Super, voilà à peine quelques secondes que Mega s'était allié avec Sphinx et il causait déjà des problèmes. Mais, ce ne fut pas tout. L'illusion qu'avait créé notre voyageur se dissipa et son bras apparu comme par magie. Voyant leurs fioles complètement vides, les chats détectives appelèrent bien vite d'autres soldats.

« Au voleur, au voleur! »

« Il a pas payé, il a pas payé! »

Plusieurs soldats commencèrent à accourir en direction du marché. Mega se frotta les yeux quelques instants en soupirant. Lui et son nouveau compagnon devaient partir d'ici avant que l'armée entière ne débarque.

« Allez, il faudrait quittez les lieux au plus vite... Je n'ai pas du tout envie de me frotter à ces félins pour de stupides raisons. »

Certes, nos hommes avaient un prisonnier à récupérer. Mais, réussir à fuir avec tous les soldats qui accouraient allait s'avérer plutôt difficile. Puis, Mega commençait à en avoir marre d'éternuer à tout bout de champ...

A ma grande surprise, l’homme aux cheveux blancs accepta mon offre. Il comptait sur moi pour le conduire jusqu’à la mer noire sucrée. Bien entendu, j’évitais de lui dire ce que je pensais quant à la véracité de cette information. Il voulait que nous y allions ? Soit ! Une petite balade me ferait le plus grand bien.

Par ailleurs, il ne m’avait toujours pas donné son nom ou même un surnom quelconque, ce que je trouvais d’une rare impolitesse. Il esquissa un sourire, ce qui ne m’énerva un peu plus : même si ses lèvres esquissaient un sourire sincère, ses yeux ne parvenaient pas à dissimuler le dégoût qu’il me vouait.

Soudain, un cri rompit le flot de mes pensées.

- C’est lui qui a tué ce pauvre enfant !

Une sorte de vieux chat acariâtre, féminine d’après le timbre de sa voix, me pointait du doigt. C’était le comble de l’impolitesse… Un geste d’irrespect total ! Pourquoi me méprisait-on ainsi ? Pourquoi ce chaton était-il venu me casser les couilles alors que mon aspect aurait dû l’effrayer ? Fais chier !

Derrière elle, il y avait des gardes. Déjà, c’était plutôt choquant, vu le nombre peu élevé de gardes présents dans le marché carotte. Ils étaient plutôt attachés à la sécurité du palais, mais c’est vrai qu’avec le grabuge que mettaient certains Voyageurs, la garde avait dû se renforcer.

Bon, ce n’étaient pas non plus les hommes-lions affectés à la garde du palais. C’étaient des chats, de taille humaine donc, qui avaient une armure extrêmement légère. En effet, ils ne possédaient que des jambières, un léger pagne, des épaulières et des bracelets, tous faits dans un alliage de cuir et de fer. Ils étaient toutefois dotés d’une prodigieuse musculature, et avaient une épée, retenue par une ceinture dorsale.

Certains l’avaient déjà tirée, prêts à en découdre. Mon corps se retrouvant submergé d’adrénaline après ce cri soudain, tous ces détails me venaient à l’esprit en un fouillis indigeste. Je pris une profonde inspiration afin de me calmer. Les informations se rangèrent docilement, me permettant de les ordonner. Il y avait trois gardes derrière la mégère. Quelques mètres à droite, les détectives siamois s’égosillaient afin d’alerter d’autres gardes. Il y en avait ainsi quatre autres  qui arrivaient en vociférant, l’épée au clair.

Tant de soldats pour une si frêle créature, une si mince boule de poils…  C’était n’importe quoi ! N’avaient-ils pas d’autres chats à fouetter ?

J’entendis un léger soupir, venant de mon coéquipier. Il me déclara qu’il fallait quitter les lieux tout de suite, qu’il n’avait pas envie de se frotter à ces félins pour de stupides raisons.

- Pars devant, je me charge de les ralentir.

J’avais l’air calme en déclarant ça, mais je bouillais intérieurement : les gardes ne m’avaient même pas demandés de me rendre, ils désiraient me tuer… Juste à cause de mon apparence. La foule, qui avait laissé un espace vide autour de nous, me regardait avec mépris et effroi à cause de mon apparence. Il n’y en avait que pour l’apparence dans ce monde de merde !

J’attrapai mon camarade d’une main blanchie par la rage, et le propulsai en avant, lui donnant l’impulsion nécessaire à une fuite précipitée. N’allez pas non plus croire que je l’ai jeté en l’air ou quoi que ce soit ! Non, je l’ai juste poussé en avant, afin qu’il ne fît pas les frais du temps d’accélération. Et d’ailleurs, vu que je n’ai touché que ses habits, il ne fit pas les frais de mon poison aux effets paralysant.

Un premier garde arriva sur moi. Il s’était mis à quatre pattes afin de prendre plus de vitesse, et il devançait les autres membres de la garde. Je me mis à courir derrière mon allié, ne parvenant toutefois pas à devancer l’homme-chat que je finis par attraper à deux mains alors même qu’il se jetait sur moi, me retournant d’un coup. Je me baissai rapidement et, poussant autant sur mes jambes que sur mes bras, le jetai de toutes mes forces en direction des deux autres gardes amenés par la chatte. Ils furent renversés par le boulet de poils qu’étaient devenus leur camarade et tombèrent sur le sol.

Je me retournai et reprenais ma course effrénée, essayant de rattraper l’homme au sceptre. C’est alors que je me rendis compte de la vive douleur que je ressentais au bras droit : il était entré en contact avec le sceptre magique et la peau en avait été arrachée dans une surface de la taille d’une pièce de monnaie, laissant apparaître une tache de sang qui s’épaississait.

C’était loin d’être grave et ça m’avantageait : quiconque se verrait frappé par mon bras subirait la corrosion occasionnée par mon sang.

Depuis l’épisode du lancer de chat, les gardes évitaient de venir à quatre pattes, préférant s’attaquer à moi avec leur épée. C’était stratégiquement viable, et s’ils parvenaient à me rattraper, j’étais foutu. Mort.

Mais, ils perdaient beaucoup de vitesse à trimballer leur épée et leur armure, et ils ne parvenaient pas à nous attraper. Et puis, afin de les ralentir, je leur jetais tout ce qui tombait sous ma main : un marchand chat trop curieux, un vieil homme trop brave qui s’imaginait pouvoir arrêter ma course, un baril de rhum piqué à un étal… Tout ce qui tombait sous ma main !

Bien entendu, je ne prenais pas le temps de viser : je l’attrapai d’une main et l’envoyai derrière, par-dessus mon épaule. J’entendais alors un cri bref ou un léger gémissement qui m’avertissait de la réussite de mon lancer. Alors que nous passions non loin d’un étal qui vendait des bougies, je sprintai jusqu’à l’étal, envoyait la marchande qui s’en occupait derrière moi et renversai toutes les bougies, toute cette cire brûlante, me cramant les mains par la même occasion. Je jetais les bougies à droite et à gauche, le plus vite possible, puis tentai de reprendre ma course.

J’avais depuis un moment perdu de vue mon récent compagnon, et espérait qu’il se trouvait dans une meilleure posture que moi. J’avais beau avoir les nerfs à fleur de peau et lancer des objets à tout va, les gardes que j’avais au cul me serrait de près. Quelquefois, un kamikaze s’approchait à quatre pattes, dans le but de me ralentir afin de me mettre à portée de ses homologues bipèdes. Je l’attrapai, le jetai sur ses copains, et cela me ralentissait, petit à petit.

Autant dire qu’après l’épisode des bougies, les gardes n’étaient plus qu’à quelques mètres. Mais les bâtiments aux alentours brulaient, causant un joyeux bordel. Ainsi, je rameutais de plus en plus de gardes, attirait l’attention des gardes sur moi-même, permettant ainsi à l’autre de s’échapper tranquillement.

Je courais donc, talonné de près par les deux gardes restants dont le souffle rauque se rapprochait. Je ne savais pas ce qu’il était advenu de mes projectiles vivants mais, si certains devaient être dans le même état que le chaton, d’autres comme les gardes, devaient n’avoir reçu que quelques ecchymoses et n’était juste que paralysés par les propriétés de mes poils urticants.

D’ailleurs… J’eus soudain une idée. Faisant volte-face, je me jetais en avant, fonçant dans les jambes des deux gardes. Je leur ceinturai à chacun une jambe, les faisant tomber et, après une dizaine de secondes, je me relevai prestement et m’éloignai en courant de plus belle. Ces derniers tentèrent de faire de même mais ils titubèrent et peinèrent à me suivre, grâce au poison qui circulait dans leurs jambes. Je continuai à courir pendant de longues minutes, m’éloignant de plus en plus du centre-ville du marché carotte, cherchant à atteindre la végétation qui le bordait.

Je jetai un rapide coup d’œil derrière moi : une fumée noire et épaisse montait dans les airs, captivant certainement toute l’attention. Les gardes devaient y être attirés comme des fourmis par une crème glacée répandue sur le sol. En tout cas, aucune trace des gardes qui me talonnaient auparavant.

Plus je m’éloignais du lieu de mon premier forfait et moins les gens me prêtaient attention. Je résolus finalement de me mettre à marcher, afin de moins attirer l’attention. De toute manière, dans ce secteur, il semblait y avoir d’autres Voyageurs, certains biens plus étranges que moi. J’avançai donc d’un pas serein, marchant au milieu des différents marchands. J’étais si bien entouré par la foule que je vis quelques gardes passer en courant, sans me voir, avant de continuer à courir en direction de la fumée.

Mais j’avais perdu mon allié… Où pouvait-il bien être ?

Spoiler:

Les gardes du royaume des chats s'approchaient de plus en plus de notre tout récent duo. Le Sphinx semblait avoir compris que la fuite était la meilleure option. Ainsi, il poussa l'homme aux cheveux blancs à l'avant et nos deux voyageurs commencèrent à courir à vive allure dans le marché Carotte. Heureusement, le Sphinx s'occupait des nombreux soldats à l'aide de sa force impressionnante. Mega n'avait donc pas besoin de se salir les mains pour ces créatures de bas étage. Mais bientôt, à force de courir et de dépasser de nombreuses personnes, notre homme au sceptre perdit bien vite de vue son coéquipier. Il se dirigea vers une petite ruelle déserte pour se cacher et reprendre son souffle quelques instants.

« Hoho, tu croyais vraiment pouvoir échapper aux meilleurs détectives de la région!? »

« Héhé, tu vas bientôt regretter de nous avoir berner! »

Voilà que le fameux chat à deux têtes refaisait son entrée en scène. Cette fois-ci, il était armé. D'une main, il tenait un petit pistolet et de l'autre un sabre. Les deux têtes laissaient échapper de petits rires. Apparemment, ces détectives étaient persuadés qu'ils allaient en finir bien vite avec notre magicien des illusions. Cela fit bien rire notre homme. Il se tourna dans leur direction et leur lança un sourire.

« Allons allons, je ne voulais pas en arriver là... Mais, je n'ai pas le choix. »

Mega leva son sceptre tandis que celui-ci s'illuminait d'une vive couleur.

Royaume des illusions

Bientôt, le marché Carotte disparut complètement pour être remplacé par l'obscurité totale. Les détectives commencèrent à trembler et à paniquer. Mega savait très bien ce que tous les chats redoutaient plus que tout. Ainsi, on entendit des gros chiens approcher. Ceux-ci s’avancèrent en montrant leurs grosses mâchoires et commencèrent à bondir vers notre chat. Mais, le sol sous ses pieds semblait avoir disparu, car il commença à chuter dans le vide. Il tomba dans une énorme cage. À ses côtés se trouvait un chien terrifiant au visage déformé. Celui-ci s'approchait calmement prêt à dévorer le félin à deux têtes. Le détective tentait de fuir les lieux, mais les barreaux de la cage l'en empêchait.

L'énorme chien se métamorphosa en notre beau voyageur. Ce dernier tenait son sceptre et avançait vers les détectives. On entendait que le bruit de ses pas. L'expression de terreur qui se dessinait sur le visage des félins était sublime. Ils avaient de gros yeux ronds et aucun son ne parvenait à sortir de leur bouche. Mega adorait voir l'expression d'horreur des individus avant de les tuer. D'ailleurs, le visage de notre voyageur n'était plus du tout d'une grande beauté. Au contraire, il affichait un gros sourire et son regard rendait notre homme dément. Il se pencha doucement vers le chat qui était incapable de bouger dû à la peur qui l'envahissait.

« Et bien, au revoir mes chers détectives. »

Heart Shot

Il enfonça brutalement son sceptre dans le cœur de l'ennemi. L'illusion se fissura et ils étaient enfin de retour dans le marché Carotte. Le chat, sans vie, s'effondra subitement au sol. De son côté, Mega sortit à nouveau un chiffon et commença à essuyer le sang qui s'était glissé sur son sceptre. Puis, il sortit calmement de la ruelle en jetant un coup d’œil dans toutes les directions espérant retrouver son partenaire. Mais, le marché débordait d'habitants du royaume et d'autres voyageurs. Heureusement, le Sphinx possédait une apparence assez originale. Donc, le voyageur aux cheveux blancs le retrouva bien vite dans la foule. Il lui posa une main sur l'épaule, mais regretta bien vite son geste. Mega commença à s'essuyer rapidement sa main sur ses pantalons.

« Je pense qu'il est temps de quitter le royaume avant que d'autres gardes arrivent... »

La sortie du marché n'était plus très loin. Mais, une dizaine de soldats montaient la garde. Comme quoi, les chats étaient bien déterminés à ne pas laisser nos deux individus quitter les lieux. Peut-être était-il préférable de trouver une autre porte de sortie pour ne pas se frotter à nouveau à ces félins.

Spoiler:

Je me glissais parmi la masse de personnes présentes sur le marché en essayant d’être le plus discret possible. Un mélange d’appréhension et de colère me remuait l’estomac. J’avais peur de retomber sur des gardes -car ils étaient tout à fait capables de me tuer- mais, d’un autre côté, j’avais envie de tout dévaster.

Enfin, cette peur n’était pas bien grande. Après tout, je ne craignais pas la mort pour la simple et bonne raison que ma vie à Dreamland était bien moins fascinante que celle que j’avais dans le monde réel. Après tout, j’étais un beau jeune homme dans la vie de tous les jours, alors que là-bas, j’étais considéré comme un monstre. Et être considéré comme un monstre n’est pas facile, surtout quand on souffre le martyre de multiples plaies, dont les pires ne sont pas visibles au regard du monde.

Mais, à force de souffrir, j’étais accoutumé à la douleur. On pouvait me bourrer de coups, me taillader, cela était bien loin de ma souffrance coutumière dans l’univers onirique. C’était cette résistance plus que ma simple force physique qui m’avait permis de triompher de tant d’ennemis, et également le fait que je ne ressentais pas de peur face à la mort.

Ainsi, je conservais mon sang-froid tout le temps. Enfin, presque tout le temps, puisque mes crises de rage pouvaient me pousser à commettre des actes inconsidérés.

Mais pourquoi raconter cela ? Afin d’expliquer ce léger mélange, si léger, de peur et de colère qui me tiraillait l’estomac alors que j’avançais d’un pas assuré en direction d’une dizaine de gardes qui filtraient la foule. Ce n’était pas de simples gardes… Non, pas de simples gardes. Je les reconnaissais : c’étaient des gardes royaux, des hommes-lions. Contre un seul de ces gardes, il y a quelques semaines, j’avais failli mourir. Ils possédaient tout autant de force que moi, mais avait une meilleure agilité et fendait la roche de leurs griffes comme s’il s’agissait de beurre.

Un combat contre plus d’une de ces créatures équivaudrait à la mort.

Pourtant, je continuais de marcher, sur le qui-vive, espérant pouvoir passer à travers les mailles du filet. Et me retournai brutalement quand une main se posa sur mon épaule, prêt à tuer l’individu. Il s’agissait de l’homme au sceptre.

- Enfin, te voilà. Comment puis-je t’appeler ?

Il ne répondit pas à cette dernière question, se contentant de dire qu’il pensait qu’il était temps de quitter le royaume avant que les gardes arrivent.

- C’est certain. Mais on va passer devant ces gardes-là, donc si t’as un quelconque pouvoir qui te permettrais de nous dissimuler à leur vue, ce serait cool.

Je désignai les gardes tant redoutés, les hommes-lions, d’une main assurée et ferme. Un sourire sinistre s’épanouit sur mes lèvres même si mon camarade ne pouvait le voir. Mes narines, loin de percevoir l’odeur de cendres apportées par le vent, sentaient l’odeur de la peur et mon sourire s’élargit encore. Peut-être que cette odeur provenait d’un membre de la foule ? Peut-être pas.

- Et sinon… Je pense que c’est une agréable journée pour vaincre… ou mourir ! (Je me mis doucement à rire, d’un air malsain).

Je n’étais pas fou… Enfin, pas totalement. Mais je savais que si jamais nous ne pouvions passer ce barrage par la manière douce, j’allais augmenter la facture des frais de reconstruction du Royaume des Chats. Bien sûr, nous pouvions très bien nous éloigner de cette porte et je me chargerais de créer une brèche dans leur muraille (faite de bois !).

Mais où serait le challenge ? Où serait l’adrénaline ? J’aimais la difficulté.

Spoiler:

Mega avait retrouvé son nouveau coéquipier. Ce dernier désirait passer devant les gardes du royaume grâce au pouvoir de notre voyageur. N'ayant pas vraiment le choix, notre homme aux cheveux blancs allait devoir utiliser son sceptre à nouveau. Ainsi, il s'avança vers les félins et tendit son sceptre. Les soldats reconnurent bien vite les deux personnes recherchées, mais il était déjà trop tard. Le sceptre s'était illuminé et quelques secondes plus tard, Mega et le Sphinx se volatilisèrent comme par magie. L'illusion créée rendait tout simplement nos deux personnages invisibles face aux gardes. Mega commença à avancer sans tourner le moindre regard vers son partenaire.

« Allez, dépêches-toi et suis-moi, on va quitter ce royaume au plus vite... »

Ainsi, nos deux voyageurs franchirent les limites du royaume. De leur côté, les gardes tournaient la tête dans toutes les directions espérant retrouver les fugitifs. Mega souriait. Son arme lui était toujours utile. Par contre, elle possédait certains désavantages. Notre homme avait oublié un détail. Seul ceux ayant eu un contact visuel avec le sceptre pouvait être prisonnier de l'illusion. Puis, l'un des gardes n'avait pas vu l'objet scintiller. Ce même félin fonçait à vive allure vers Mega et lui donna un bon coup de griffe. Notre homme tomba brutalement au sol sous l'effet de surprise et laissa échapper son sceptre qui roula quelques mètres plus loin. Cela venait de briser l'illusion, et donc, tous les gardes aperçurent les fugitifs et fonçaient présentement dans leur direction. Malgré la plaie qui saignait présentement dans son dos, Mega se releva et tenta de s'emparer de son arme. Mais, le lion qui l'avait attaqué, lui donna un second coup de griffe.

« Gragragra! Comme si j'allais te laisser partir aussi facilement... »

Le soldat s'avança vers le sceptre et le prit dans ses mains. Il le fit tourner quelques instants et le bâton s'illumina à nouveau. L'environnement changea complètement pour le lion. Il se trouvait désormais dans une plaine complètement déserte. On pouvait qu'entendre la voix de notre voyageur qui résonnait dans toute la région.

« Malheureusement pour toi, ce sceptre n'obéit qu'à moi... »

Bientôt, le sol commença à trembler et de nombreuses fissures apparurent. Le soldat tentait tant bien que mal de les éviter. Par la suite, le ciel semblait se fissurer à son tour et de nombreux éclairs venaient se percuter contre le sol. Notre pauvre soldat commençait sérieusement à paniquer. Mais, pour la grande finale, ce fut une énorme tornade qui vint fendre la paysage pour foncer directement sur notre minuscule chaton...

Heart Shot

Mega s'était levé et venait de transpercer le cœur de son adversaire à l'aide de son sceptre qu'il avait repris. L'ennemi s'écroula au sol tandis qu'une expression de terreur se lisait sur son visage. Le voyageur avançait avec difficulté. Les deux coups de griffes qu'il avait reçut au dos l'empêchaient de se mouvoir aisément et lui causaient une douleur atroce. Il s'avança vers le sphinx et jeta un coup d’œil au loin. Les autres gardes s'approchaient à une vitesse alarmante.

« Je ne pense pas avoir l'énergie nécessaire pour m'occuper de ceux-ci, allez, quittons les lieux dès maintenant et retrouvons ce foutu piaf. »

Suite à ses paroles, Mega commença à courir du mieux qu'il pouvait malgré ses blessures.

J’avais confiance en mon partenaire, en ses capacités à nous sortir de ce bordel trop rempli de chattes à mon goût. Sans parler des chats… à ce propos, j’avais vu mon coéquipier éternuer à plusieurs reprises, se pourrait-il que… ? Enfin, ces questions attendraient que nous ayons quitté cet endroit infernal ; plus nous nous rapprochions des gardes, plus je sentais le moindre de mes poils frémir, se dresser comme si l’atmosphère était chargée d’électricité. Un présage que j’appréciais à sa juste valeur lugubre et oppressante.

Si combat il y avait, je risquais gros. Surtout que la course-poursuite m’avait laissé épuisé, accablé de fatigue mais également d’une satisfaction empreinte d’un certain sadisme : une odeur agréable de cendres et d’alcool était amenée par le vent, et je pensais que les chats plongés dans les vapeurs d’alcool devaient être très frais… Cette journée marquerait le calendrier de son empreinte brûlante, et je n’y étais pas pour rien.

Mon camarade –ben quoi, je ne savais même pas comment le nommer ! Et puis, Blanche-Neige, c’était pas super recherché…- m’enjoignit de le suivre. D’après ces dires, nous allions quitter le royaume rapidement, aussi marchais-je d’un pas léger, affectant une nonchalance feinte, tandis qu’il dressait son sceptre dans la direction des gardes, une sphère lumineuse enflant si rapidement et si soudainement que je ne pus détourner les yeux avant. Et donc, je ne vis plus mon camarade autour de moi… Il avait disparu !

La colère me submergea alors. Il m’avait trahi ! Il venait de se rendre invisible et de s’enfuir en douce ! Mais je remarquais rapidement qu’il ne m’était plus capable de voir mes mains, mes jambes. J’avançai donc d’un pas leste, ne sachant pas quelles étaient les caractéristiques de cette invisibilité, si elle allait durer longtemps.

Je ne vis pas l’un des gardes se ruer sur un espace creusé au milieu de la foule, pas plus que je ne vis des gouttelettes de sang apparaître soudainement. Par contre, je vis distinctement les gardes nous héler et foncer sur nous. Ma marche se transforma en course, désordonnée au milieu de cette foule dense. Je n’étais malheureusement pas sous l’effet de la colère, de cette adrénaline entomologique (cela voulait peut-être rien dire mais il fallait comprendre que cette adrénaline, renforcée par mes gènes issues des insectes, me donnait cette force formidable que je pouvais quelquefois déployer.

Pas cette fois-ci, hélas.

C’est alors que je remarquai pour la première fois mon camarade, qui venait de transpercer le cœur d’un garde. Moi qui pensait les hommes-lions largement au-delà de la normal… Ce type était vraiment un combattant de valeur. Mais il semblait également blessé et avait de grandes difficultés à courir. Il m’aperçut et me déclara qu’il ne pensait pas avoir l’énergie nécessaire pour s’occuper des autres gardes… En même temps, qui l’aurait eu ? C’était l’élite de ce Royaume plein de sacs à puces, après tout.

Son état plutôt catastrophique me remua assez les nerfs pour que je puisse bondir sur lui et le saisir sans ménagement comme un sac de patate. Je fis exprès de toucher ses plaies avec mon bras : ainsi, le venin paralysant que possédaient mes poils allaient ralentir la circulation du sang, l’utilisation des muscles, et cela allait permettre à la perte de sang d’être minime et d’attendre que l’on puisse s’en occuper plus sérieusement.

J’avais sa vie entre mes mains et je pris cette responsabilité très au sérieux, puisant dans toute ma force, toute ma détermination pour fuir loin des félins qui, même à quatre pattes, ne semblaient pas me rattraper. Il faut dire que j’avais mis toute ma force dans mes jambes et que je progressais par grands bonds, ce qui causait de sévères dommages internes à la longue. Mon partenaire ne serait pas le seul à nécessiter des soins… Nous étions maintenant assez loin du marché et assez profondément sous le couvert des arbres pour nous arrêter et nous reposer.
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Spoiler:

Mega avançait avec difficulté, la plaie dans son dos continuait de le faire souffrir. Derrière lui, les gardes restant continuaient de le pourchasser. Mais, Sphinx agrippa notre voyageur et le déposa sur son épaule. Ensuite, l'homme au masque commença à courir à pleine vitesse. Il courait à un rythme impressionnant. Après plusieurs minutes de course, les chats n'étaient même plus visibles. Le sphinx se contenta de déposer son partenaire au pied d'un arbre.

Notre voyageur aux cheveux blancs lança un regard de dégoût à son compagnon. Il n'appréciait guère le fait d'avoir été secouru. De plus, l'idée d'avoir été faible face à des ennemis l'insultait encore plus. Il croyait posséder tous les pouvoirs dans ce monde de rêves. Son arme n'avait aucune faille. Avec un air bête, Mega se releva en s'appuyant sur son sceptre. Le temps pressait. Il désirait à tout prix récupérer le volatile. Notre homme devrait donc endurer la douleur tout au long de la nuit. Il irait guérir cette blessure après avoir mis la main sur la récompense.

« Alors, tu vas nous conduire vers cette mer noir sucrée? »

Il commençait à en avoir marre de cette petite aventure. Au moins, où ils iraient, aucun chat ne viendrait embêter nos voyageurs.

Spoiler:

Courir, courir, encore courir, enfin, finalement se reposer…

Nous nous étions arrêtés afin de nous reposer et de reprendre des forces, mais cela n’avait pas suffi à nous remettre d’aplomb. En tout cas, le Voyageur aux cheveux gris semblait s’être suffisamment remis pour pouvoir marcher et je le laissais donc faire, m’ajustant à son rythme afin de ne plus malmener mes jambes qui commençaient déjà à gonfler. Il avançait à une allure plutôt lente. Il nous faudrait trois bonnes heures pour rejoindre la mer noire sucrée.

Nous étions en pleine zone forestière du Royaume des Chats, dans une zone désertée par ces derniers, mais malheureusement pas par les créatures sauvages. J’adressais donc une discrète prière à mon Karma afin que nous ne fassions pas de mauvaise rencontre. Après-tout, je n’avais rien fait d’autre que de tuer quelques chats, je ne pouvais pas avoir un mauvais Karma, non ?

Le paysage défilait petit à petit, offrant à notre vue toute la flore que peut offrir une forêt dans un climat tempéré : c’était une sorte de maquis, où la végétation était luxuriante et semblait se refermer sur nous comme autant de tentacules passant par toutes les couleurs, allant du vert foncé d’un buisson au marron terne d’une vieille souche.

- Bien sûr que nous allons vers cette mer, on a un piaf à capturer, non ?

J’avançais donc en silence, persuadé que mon compagnon me suivait, et durant les deux premières heures, il n’y eut aucun problème. J’envisageais de profiter de cette calme traversée pour parler avec lui, en apprendre plus sur lui, mais je restais finalement enfermé dans un profond mutisme : nous étions tous les deux plutôt solitaires et ça servait à rien de tenter de se rapprocher.

Ce n’est qu’alors que nous touchions au but, que nous apercevions au loin les plages encerclant une mer aussi sombre et noire que le pétrole, qu’un léger problème fit surface : les arbres étaient tous collés et formaient une barrière végétale infranchissable.

Je tentais de donner un coup de poing dedans mais rien à faire : l’écorce des arbres se craquela et se recouvrit d’une sève noirâtre qui émit une soudaine fumée noirâtre et suffoquante. Je tentais de me boucher les narines, mais le mal était déjà fait : le sol autour de moi se mouvait en cercles discontinues, évoquant des montagnes russes vivantes. Je tombais finalement sur le sol, ma tête heurtant l’humus humide avec un bruit étouffé.

Je ne vis bientôt plus rien, mais étais tout de même conscient. Etant moi-même un émetteur de substances plutôt dangereuses, je devais moins en subir les effets qu’un autre Voyageur. Je résolus pourtant de feindre l’inconscience afin de juger de ce qui allait se passer ensuite. La fumée emplit bientôt tout l’espace, ce qui me fit penser que mon acolyte avait également été touché.

Il ne me restait plus qu’à attendre. Cette attente, dans ce genre de situation, est assez désagréable. C’est comme si chaque seconde se transformait en aiguille de glace et venait vous transpercer l’estomac. Peu à peu, la peur, l’attente vous gèle les tripes, vous empêche même de réagir quand l’objet indicible de cette attente apparaît.

Ainsi, quand je me sentis soulevé, je fus pris d’une peur plutôt déraisonnée. A mon grand étonnement –et en ouvrant à demi les yeux- je remarquais qu’on m’amenait vers la plage, et que les arbres s’écartaient sur notre passage. Des individus me tenaient -un par les pieds et un autre par les mains- et j’avais heureusement la tête tournée vers le sol, ce qui me permettait d’observer à loisir la suite des évènements.

Après quelques minutes de marche, j’arrivai finalement à la mer noire sucrée… entre les mains de curieux personnages, ceci-dit…

A suivre : en Mer Noire Sucrée

[HJ]Fin de ce RP pour ma part. Je te propose donc de créer le nouveau RP @Mer noire sucrée ^^  et d’y mettre la réponse à ce RP and co o/[/HJ]