A la source de nos pouvoirs [PV: Joy]

Nous retrouvons Chupah sur une petite colline qui surplombait le royaume de Mathématica. Le dandy se tenait élégamment sur sa canne-invocation représentant un 1. Vêtu d'un chapeau haut de forme et d'un costume queue de pie agrémenté d'un nœud de papillon, il arborait un sourire satisfait. Il ne perdait rien à venir ici cette nuit.

Le voyageur commença donc à descendre la pente qui le conduirait à l'entrée du royaume. Doucement. Autant prendre son temps, il n'était pas pressé après tout. Discutons un peu dans ce temps. Pourquoi désirait-il se rendre dans ce royaume ? Et bien en premier lieu parce qu'il s'agit de son royaume d'origine. Et depuis qu'il est voyageur il n'y a jamais mis les pieds ! Cela peut notamment s'expliquer par la présence du Chupah un peu trop hormoné qui avait cédé sa place il y a peu de temps suite à la disparition d'un certain service trois pièces. Ahem. De plus, il était curieux de connaître la situation géopolitique de son royaume natal. Peut-être pouvait-il réaliser une quelconque bénéfice en venant ici ?

Enfin bref, notre invocateur était arrivé à la périphérie de la ville. Ici, tout semblait être question de probabilités. Les habitants ressemblaient tous à des symboles mathématiques. Chupah n'en était pas surpris : il se trouvait bien à Mathématica après tout !

Par contre, les habitants semblaient un peu plus surpris par la présence du voyageur. En effet, même si les rêveurs n'étaient point rares ici, la présence d'un voyageur était beaucoup plus anecdotique ce qui les faisait se retourner sur son passage, le regard étonné.

Soudainement, le dandy tourna la tête. Du grabuge se faisait entendre dans cet endroit jusqu'alors si calme. Un enfant accourait vers lui, paniqué. Il était poursuivi par... un dé possédant deux jambes et deux bras. Ce dernier semblait dire des choses terrifiantes au pauvre rêveur. Et en tendant l'oreille on pouvait aisément l'entendre.

« Sachant que je suis un dé de six faces non pipées quelle est la probabilité que je fasse trois si je tombe ? HEIN ? HEIN ? TU PEUX RESOUDRE CA ? Sachant que je suis un dé de six faces non pipées quelle est la probabilité que je fasse cinq si je tombe ? HEIN ? HEIN ? ALORS J'ATTENDS !! »

« KYAAAA LAISSEZ MOIIIII !! »

Le dandy eut un fin sourire. Il ne lui en fallait pas plus pour comprendre. L'enfant paniqué s'était mis à rêvé d'un problème de mathématique, sans doute parce qu'il avait un test demain.

Toujours est-il que le dé avait acculé sa victime contre le mur d'une maison et se rapprochait peu à peu d'elle. Chupah s'interposa alors.

« Voilà qui n'est pas très sympathique cher ami. Causer du chagrin à un pauvre enfant sans défense ! »

« Qu'est-ce que ça peut t'faire, toi ? Attends, t'es un voyageur ? Si tu veux sauver ce rêveur alors résout son problème pwahahaha ! »

Encore une fois notre héros sourit. Ce problème était tellement simple qu'il ne pouvait même pas être qualifié par ce nom. Bien sûr qu'il allait y répondre. À moins que quelqu'un intervienne avant lui...

Promenade par temps équationnel. Habillé d'un sarouel blanc, d'un sweat à capuche noir et blanc montrant sur le devant la formule "E=mc2" et Einstein habillé en gangster des années 1920, Joy arrivait dans son royaume natal, Mathematica, Terre des chiffres et du calcul, terreur des rêveurs écoliers. Sur une petite colline, il voyait les campagnes environnantes, calmes et raisonnées, la muraille des polygones, et la folie de la ville du calcul derrière, animée, menant sa vie d'un rythme arithmétique. Il enleva ses tongues et dévala la pente en skate, pressé de découvrir ce que son royaume lui réserverait pour cette nuit. Il s'était rendu compte que les voyageurs devaient au moins savoir se battre pour défendre leurs vies, et quoi de mieux, pour se battre, qu'aller se renseigner directement dans son lieu de naissance ? Il avait déjà son sac de billes et sa première double-pyramide, l'idée était venue rapidement, en discussion avec son frère Pete, qui lui avait conseillé d'utiliser des objets simples et basiques, de la vie de tous les jours, pour parfaire l'utilisation de son pouvoir. Surtout un pouvoir aussi gourmand en énergie !

Il arriva dans la périphérie, livrée aux probabilités. Il vit les créatures statisticiennes travailler patiemment et partir vers le centre-ville. Tout le monde avait l'apparence de signes mathématiques, si bien que Joy se demanda s'il y avait des logiques de pro-création, quel symbole dominait tel autre dans le patrimoine génétique, s'il y avait des exceptions. Il nota ces questions dans un coin de sa tête et prit la direction de la Muraille. Soudain, il entendit du bruit à sa droite, et remarqua quelques symboles autour de ce qui ressemblait de loin à un humain. Un rêveur ou un voyageur ? Joy ne le savait pas, mais il s'approcha, rendu curieux par les éclats de voix.

Marchant vers eux, il vit un dé, un enfant, et l'humain. Habillé pour la noce, manifestement, il portait un costume complet pour sortir à l'Opéra, au milieu du XIXè siècle. Drôle de costume, mais s'il s'agissait d'un mathématicien, on pouvait s'attendre à tout. Ces gens-là n'étaient pas comme le commun des mortels, il l'avait lu dans l'histoire des mathématiques, les métamorphoses du calcul. Le dé posait un problème à l'enfant, manifestement, qui avait beaucoup de mal à lui répondre. Forcément, des probabilités sur un dé à six faces, voilà qui était hors de sa portée, sans nul doute.

Il entendit l'humain lui répondre, et la réplique fit comprendre à Joy qu'il s'agissait - en toute probabilité ! - d'un voyageur. Très calme, à peine effrayé, le type avait une maîtrise de lui-même et de la situation qui portait la signature d'une peur vaincue.

« Qu'est-ce que ça peut t'faire, toi ? Attends, t'es un voyageur ? Si tu veux sauver ce rêveur alors résout son problème pwahahaha ! »

Le dé semblait très content de lui. Martyriser un gamin, Joy n'appréciait guère l'esprit, c'est pourquoi il regarda d'abord l'humain, attendit quelques instants, et se décida à intervenir. Il chuchota la réponse à l'oreille du gamin qui était encore contre le mur.

- Si c'est un dé à six faces, il suffit de te dire que tu as à chaque fois une chance sur 6 de tomber soit sur un trois, soit sur un cinq. Ne te laisse pas faire par les mathématiques, concentre-toi, fais le vide autour de toi, et utilise la logique pour donner la bonne réponse. Tu vois, six faces, et une valeur qui tombe aléatoirement. En pensant à la réponse, tu la trouves. Il ne te reste que la mise en forme. 1/6, et tu résous avec brio ce problème.

Il sourit au garçon, leva le pouce, et défia du regard le dé qui hurlait. Le garçon se calma et dit, d'une voix claire, l'air vainqueur, le bras levé, l'index pointé vers le dé.

- 1/6 pour le trois ! 1/6 pour le cinq !

Le dé fit une mine déconfite et se mit à pester contre les deux voyageurs qui avait pourri son moment mathématique avec une proie facile. Joy regarda l'homme très distingué, cherchant dans son regard des calculs similaires quant à la suite de l'opération.

Le pauvre petit semblait complètement paniqué. Une chose est sûr il n'était pas capable de réfléchir correctement au problème avec une telle pression. Il allait devoir l'aider... Oh peut être pas en fait. Du coin de l’œil, notre héros avait perçut un mouvement. En effet, un autre type avait discrètement rejoint le « combat ». Selon toute vraisemblance il s'agissait d'un voyageur. Chupah n'entendait pas clairement ce qu'il disait mais il s'en doutait : le jeune homme devait aider l'enfant à résoudre le problème. Voilà qui n'était pas idiot comme façon de faire. Il aurait dû y penser.

L'enfant prit alors une grande respiration puis pointa du doigt le dé. Il semblait s'être calmé.

« 1/6 pour le trois ! 1/6 pour le cinq ! »

Le dandy eut un fin sourire. Parfait. Ce petit passerait donc une bonne nuit. Quand à lui il...

« Qu'est-ce que ?! »

La surprise se lisait sur le visage de notre invocateur tout comme sur celui du dé (en admettant qu'un dé ait un visage). Une aura blanche entourait le rêveur. Ce dernier semblait encore plus surpris que notre héros et un peu paniqué. C'était relativement compréhensible, pour le coup. Se tenant le menton entre le pouce et l'index, notre héros réfléchissait. Il avait peut-être une théorie quand à ce mystérieux événement.

« Hum... Ce serait étonnant mais je crois que... Oui c'est bien ça... »

L'aura s'estompa alors d'un coup. Chupah s'avança tranquillement vers l'enfant qui paraissait secoué et étrangement plus vif que tout à l'heure, plus... conscient.

« Dis moi jeune homme... tu ne serais pas phobique des problèmes de mathématiques ? »

« J...Je sais pas mais ils m-me font t-très peur ! Mais je suis où là ! Et qui vous êtes, vous ?! »

Notre invocateur eut alors un petit rire fin. Il leva alors les bras vers le ciel. Puis enleva son chapeau et se courba comme pour saluer l'enfant.

« Bienvenu mon garçon, bienvenu à Dream Land, le pays des songes éveillés ! J'ai le plaisir de t'annoncer que tu es désormais un voyageur ! Cela signifie entre autre que tu as vaincu ta phobie, félicitation ! »

Le dé était encore plus surpris. À n'en pas douter, s'il avait un cul il serait assis dessus à l'heure qu'il est.

« Un nouveau voyageur ?! Voilà qui est rare ! Je dois le présenter au roi. »

« Au roi ? Voilà qui tombe bien. J'aurais voulu savoir s'il était possible de vous accompagner. En tant que voyageur originaire de ce royaume bien sûr. »

Chupah agrandit alors la taille de son 1 qui lui servait de canne avant de le faire revenir à la normal. Une façon de prouver qu'il ne mentait pas. La créature eut un regard encore plus surpris. Deux voyageur de Mathématica réunis en une seule nuit. Ça tenait presque lieu de record historique tellement il y avait peu de voyageurs originaires d'ici.

« B-bien sûr monsieur ! Si j'avais su que vous étiez d'ici je ne me serais pas permis d'être aussi désagréable tout à l'heure ! »

Chupah eut un sourire amusé et ne répondit pas. Il se tourna plutôt vers l'autre voyageur qui avait aidé le garçon un peu plus tôt et, de nouveau, leva son chapeau et se courba pour le saluer.

« Enchanté cher ami, mon nom est Chupah, voyageur originaire de ce royaume comme vous venez de l'entendre. De ce que j'ai pu apercevoir tout à l'heure vous êtes plutôt en phase avec les mathématiques. Désirez-vous nous accompagner ? »

Le gamin commençait à devenir bizarre...une aura blanche, un semblant de vent émanant de lui, un air de surprise bien connu. Okay, le gosse devenait voyageur. Joy éclata de rire, s'assit sur une pierre qui comptait des pierres plus petites qu'elle, quand les petites comptaient les encore plus petites qu'elles. Une façon comme une autre de s'occuper...Le gamin devenait un voyageur mathématiques, et Joy se mit à penser que les plus grands pouvoirs sont parfois les plus accessibles, les plus utilisés. Il voulait aider absolument ce rêveur, sans penser à mal, et le voilà maintenant arrivé en pleine conscience dans le monde des rêves. Si jeune, en plus...

Joy s'approcha du gamin et lui tapota la tête. Il lui faudrait du temps pour tout assimiler, surtout à son âge. Quand ce sera fait, une vie nocturne extraordinaire s'ouvrira à lui, comme ça l'a fait pour tout le monde.

- Dreamland, c'est le monde des rêves, mon gars. Tu rêvais comme tout le monde, en pensant que ce n'était que ton inconscient, un fruit de ton cerveau, de ta fantaisie. Mais que dalle ! Ici, dans notre monde des rêves, l'autre réalité humaine, tu as vaincu ta peur des mathématiques, et tu pourras, à vie, te promener dans le monde des rêves, à ta guise, sans restriction ! Tu es un voyageur !

Il ouvrait les bras et parlant d'une voix forte, comme si c'était la meilleure nouvelle de l'année. D'accord, il répétait ce qu'avait dit juste avant le dandy, mais après tout, autant y aller à fond des les explications, parce qu'on ne pige pas tout de suite comment ça se passe. Un monde dans notre monde, une nouvelle réalité à appréhender...ça ne faisait pas longtemps qu'il était devenu voyageur, il pouvait encore se souvenir des sueurs froides et de la curiosité qui l'avaient saisi immédiatement, et cette volonté farouche, de vivre ses propres aventures et de parcourir tout Dreamland, pour tout connaître, pour qu'il se connaisse entièrement lui-même. Il regardait, fier comme un père regardant son bébé, sans s'en rendre compte. Il se sentit immédiatement responsable du gamin. Pendant que le dandy discutait avec le dé qui avait joué de malchance, Joy prit soin du gamin.

- Çà va aller ?
- Le monde des rêves...juste par les mathématiques...quand j'vais raconter ça à mes potos !
- Tu penses qu'ils vont te croire ?
- Pas faux...
- Et tu t'appelles ?
- Carlo, j'habite à Florence, et j'ai un contrôle de maths demain.
- Y'a des chances que ça se passe mieux maintenant...quand tu auras développé ton pouvoir.
- Ça se passe comment ?
- Je ne sais pas trop...essaie de faire quelque chose, claquer des doigts ou pousser fort...

Le gamin s'exécuta bon gré mal gré, ne sachant pas vraiment quoi faire. Soudain, un dé apparut à côté de sa tête, roula dans les airs et s'arrêta sur le 4. Le dé qui parlait avec le dandy, à côté, fit trois saltos et retomba sur la face du 2. Le dé du gamin se mit à tourner de nouveau, sans s'arrêter.

- Hum, un voyageur des probabilités...intéressant !
- C'est bien ?? Je vois comment faire fonctionner ce dé, c'est fou... Et je l'arrête quand je veux !
- Faudra peut-être revenir t'entraîner dans la périphérie, les statisticiens seront sans doute plus calés que nous...en tout cas tu es bien tombé, je crois !

Il se tourna vers le dandy qui se penchait pour le saluer. Alors c'était bien un voyageur de Mathematica lui aussi, et il semblait être un sacré phénomène. Il l'écouta bien parler, assez surpris, et bredouilla une réponse en se frottant l'arrière du crâne, souriant, gêné.

- Le...le roi ? Je ne sais pas, je n'ai pas été invité par lui...Et euh...je suis Joy, voyageur des mathématiques ! Juste Joy ! Désolé d'avoir interrompu ta session de combat avec ce dé sans aucune manière, mais je n'aime pas voir les jeunes harcelés, par qui que ce soit !

Il fit un temps de silence, pour réfléchir, comme à son habitude, à ce qu'on lui proposait, le doigt sur sa bouche faisait le signe du silence. Méditatif. Gêné toujours.

- Je voulais surtout voir la ville, un peu au hasard...mais on peut aller voir le Roi ensemble, si tu veux, et je visiterai la ville avec Carlo, ici présent ! Deal ?

Il montrait le jeune voyageur du doigt, tout en partant au moment où il finissait sa phrase. Pas de temps à perdre, il voyait déjà des polygones s'ouvrir pour laisser passer des symboles vivants de la périphérie, et il sentait que les problèmes géométriques n'allaient pas tarder à se poser à eux. Une occasion d'entraîner son pouvoir, bien sûr. Et de voir comment le dénommé Chupah allait se débrouiller. Un invocateur ou un modeleur, à en juger. Il souriait, l'aventure était au rendez-vous cette nuit, encore plus quand il vit les polygones changer de place pour empêcher les symboles mathématiques de passer leur Muraille. Il regarda les deux voyageurs.

- Ces polygones vont nous mener la vie dure, je sens. Il est temps de montrer à Mathematica que leurs trois voyageurs méritent d'entrer comme il se doit !

Activant son pouvoir, il accéléra sa vitesse en ligne droite. Calcul basique, efficacité directement visible. Démonstration parfaite, pour un résultat qui restait encore à déterminer. Surtout quand les symboles essayant de passer le mur se prenaient des polygones farceurs les bloquant. Jouant les bloqueurs en furie, les polygones laissaient des trous pour en bloquer d'autres...premier challenge du Royaume, il faudra être à la hauteur !

Afin de mieux faire comprendre au gamin le monde de Dream Land, le voyageur inconnu avait, comme Chupah, tenté de lui expliquer à sa manière. Et il avait raison. Après tout, n'y a t-il pas autant de façons de comprendre et d’interpréter ce monde qu'il y a de voyageurs ? Chacun doit en posséder sa propre conception et ce gamin un jour aura la sienne bien à lui. En y repensant notre héros ne pu s'empêcher de se sentir nostalgique.

Selon toute vraisemblance, l'enfant – ou plutôt Carlos comme il l'avait entendu du coin de l'oreille pendant qu'il discutait avec le dé – s'avérait être un voyageur des probabilités. Dé-kun en avait fait les frais. Voilà qui était toujours intéressant à savoir.

Il semblerait également que le voyageur nommé Joy soit gêné de la proposition de notre héros. Cela en fit déduire au dandy que son arrivée dans Dreamland était assez récente. Bien sûr, il ne s'agissait que d'une supposition. Finalement, ce dernier acceptait de rendre visite au roi et d'aller ensuite parcourir la ville avec le jeune Carlos.

« Aucun souci, je pense même à vous accompagner, enfin si ma présence ne vous importune pas. Et ne vous en faites pas pour vôtre intervention, la façon dont vous avez tourné les événement a permis à un voyageur de s'éveiller, je n'aurais pas fais mieux ! Vous avez de la suite dans les idées jeune homme, félicitation ! »

Ce jeune homme modeste plaisait de plus en plus à notre invocateur. Une qualité plus qu’appréciable.

C'est ainsi que le groupe se mit en marche et atteignit rapidement la muraille de la ville qui laissait automatiquement passer les créatures originaires du royaume. Cela risquait cependant d'être moins évident pour les voyageurs... Le dénommé Joy semblait partager sa pensée au vu de ce qu'il indiqua.

Ce dernier s'élança alors avec une vitesse peu commune. Son but était clairement de prendre la muraille de court avec sa rapidité. Chupah haussa un sourcil. À première vue il s'agissait d'un contrôleur. Mais il n'y avait pas eu de manifestation visuelle quant à son pouvoir. Étrange.

Contrairement à son homologue notre héros ne se pressa pas. Il ne pensait en effet pas pouvoir franchir cette muraille avec sa vitesse. Une fois arrivé au pied de l'édifice, il posa sa main sur polygone. Plutôt solide. Il fallait au moins ça pour protéger un royaume de toute façon.

Chupah se mit à réfléchir. Ce royaume suivait une logique mathématique presque sans faille. Tenter de ruser pour passer n'était probablement pas la meilleure idée. La subtilité... Il devait s'avouer qu'il ne parviendrait sans doute pas à l'être plus que ce royaume. Dans ce cas, une solution illogique devrait marcher. Une solution pour laquelle n'opterait aucun voyageur appartenant au royaume. Une solution dépourvue de subtilité. Il eut un fin sourire.

« Je m'excuse d'avance pour cette entrée peu discrète. »

Il traça alors dans les airs le chiffre 13 et se retrouva ainsi avec son marteau explosif dans les mains. Il s'était bien sûr auparavant assuré d'être assez éloigné du groupe pour éviter d'en blesser les membres. Ainsi, il brandit son arme qu'il fracassa contre la muraille de polygones.

BAOUM. Explosion.

Une grosse explosion, même. La fumée qui s'en échappa fut proportionnelle à cette dernière. Lorsqu'elle fut dissipée, notre héros pu constater les dégâts. Un trou s'était formé et donnait accès à l'autre côté. Ce qui surpris Chupah, c'est que le trou qu'il avait causé était beaucoup plus petit que ce qu'il s'attendait.

« Je vois. Lorsque mon invocation est apparue les polygones ont recalculé les possibilités et ont entrepris d’accroître la résistance de la muraille sur une partie plus précise. Quelques secondes de plus et je n'aurais probablement même pas fissuré un polygone. Impressionnant. »

Il fit signe au reste du groupe de la suivre. Peut-être que Joy avait réussi à passer « l'épreuve » par ses propres moyens également.

« Waaaaaouw ! Est-ce que moi aussi je saurais faire ça ?! »

« Si tu y es déterminé alors il n'y a pas de raison que tu n'y arrives pas. »

Le dandy sourit au gamin puis jeta un coup d’œil à l'intérieur de la ville. Il fut accueillit par quelques soupirs venant des créatures ayant vu l'explosion. Il leur adressa un sourire navré. Néanmoins, personne ne semblait alarmé par ce qu'il venait de faire, ce qui était plutôt étonnant. Peut-être que le roi savait qu'ils allaient leur rendre visite tout comme il savait qu'ils ne venaient pas avec des intentions hostiles ? Un roi omniscient au sein de son propre royaume n'était gère quelque chose de rare.

Toujours est-il que l'intérieur de la cité semblait encore plus animé que la périphérie. Les bâtiments eux même semblaient en train de compter. Et au vu des équations et formules c'était à n'en point douter : l'algèbre était maître ici. De plus, les panneaux eux-même indiquaient des formules mathématiques tout comme les affiches qui en étaient exclusivement recouvertes. Hum... Ce royaume posséderait-il un langage propre ? Chupah se tourna vers la créature qui les accompagnait depuis le début.

« Très cher dé, auriez-vous l'amabilité de nous indiquer le chemin jusqu'au palais ? Et si vous voulez bien nous en dire plus sur ce royaume. Des informations pratiques et utiles, des us et coutumes, vous voyez ? »

La Muraille se présentait de plus en plus rapidement. Joy, concentré par le précédent calcul, réfléchissait déjà au suivant. Il bondit, et augmenta la vitesse de propulsion, en sentant ses muscles gémir sous le coup de pied puissant. Arrrrgh, il lui faudrait s'entraîner physiquement, à ce rythme son corps ne tiendrait pas tous les calculs qu'il envisageait pour le futur. Modifier les choses étaient plaisantes, mais il était difficile de les supporter directement, à l'instant précis où la modification tendait tout le corps de Joy. Il arriva sur la Muraille, préoccupé par l'obstacle, laissant Chupah et le gamin. Le dandy avait l'air plutôt à l'aise, encore un signe d'un vieux de la vieille selon Joy, qui était pour sa part excité d'absolument tout, et montrait des traces de fébrilité chaque nuit, quand ce n'était pas de l'excitation pure.

Agrippé à la Muraille, il vit les polygones changer de place pour l'empêcher de passer. Il sentit le coup venir et se jeta sur un autre bord, laissé ouvert, qui se ferma bien rapidement devant lui par un rectangle qui le défia ouvertement.

- Tu ne passeras pas, voyageur ! Nous sommes les défenseurs de Mathematica !
- Espèce de...., j'en fais partie, de Mathematica !
- Alors PROUVE-LE !

Des polygones bouchèrent l'entrée, tandis que le rectangle exultait. Joy remarqua alors une chose. Ce n'est pas seulement les faces visibles de la muraille qui bougeaient, tout l'intérieur, où il se trouvait, remuaient pour boucher les entrées, en créer de nouvelles, dans un mouvement constant de polygones furieux. Il commença à se jeter dans les interstices, les couloirs formés par les calculs des polygones. Il avait parfois juste la taille pour passer - pour une fois que sa petitesse servait à quelque chose ! Les déplacements devinrent presque une sorte de jeu de réflexe, à esquiver des polygones, au dernier moment, en pousser d'autres, en activant quelquefois son pouvoir pour s'en sortir de justesse. Soudain, un petit toboggan en demi-cercle le fit arriver dans un cul de sac, bien vite rempli par tout un troupeau de rectangles, dont celui qu'il avait croisé au début.

- Tu ne sortiras pas de nos défenses, voyageur !
- Je m'appelle Joy, et je vais te briser en deux mon pote !

Mais les rectangles ne l'entendaient pas de cette oreille. Il se mirent à l'emprisonner purement et simplement, le bloquer de toutes parts, en pouffant et en lui lançant des vannes. Joy regarda la scène, comprit qu'il n'avait plus le choix...Il activa son pouvoir, et vit tous les calculs géométriques possibles dans la zone qu'il observait. Les rectangles n'étaient plus que des chiffres, des symboles mathématiques, des formules reliées entre elles, que Joy pouvait désormais modifier. Il se sentait faiblir à chaque seconde, mais il se concentra, comme il avait l'habitude de le faire à chaque utilisation d'une attaque. C'était la deuxième qu'il utilisait, la première, le premier théorème, l'arithmancien, avait été utilisé pour booster sa vitesse de déplacement, un de ses plus grands rêves.

- Théorème géomancien !

Il utilisa toute sa puissance pour bouger non pas les rectangles, qui étaient des êtres vivants impossibles à modifier, mais le skate qui lui servait de moyen de déplacement, encore plus rapide qu'un être vivant. Il le fit grossir, largeur et longueur, en gardant le profilage, augmenta son poids et l'utilisa comme un bouclier qu'il posa sur le rectangle qui l'avait menacé.. Il donna un coup de pied en augmentant encore une fois la taille et le poids du skate. Le rectangle fut écrasé, et les polygones au-dessous de lui firent de la place pour l'accueillir. Joy augmenta sa vitesse, calcula une trajectoire parfaite et sauta sur son skate en hurlant. De peur, les polygones commencèrent à lui faire place nette dans la Muraille, qu'il dévalait à pleine bourre. Joy hurlait, mi-souriant, mi-inquiet, son pouvoir commençant à l'épuiser.

- OKAY !!! QUEL EST L'ENFOIRÉ QUI VA ME LÂCHER DANS...

Soudain, le vide. Pendant un instant, Joy vit la ville de Mathematica, les symboles en bas. Le terme important, c'est en bas. Il tombait avec son skate, vraiment pas loin de Chupah qu'il eut le temps de repérer dans sa chute, ainsi que le gamin. Heureusement, la chute n'était pas haute, il avait descendu une bonne partie de la muraille en skatant, mais tout de même. Un dernier calcul pour amortir sa chute, en réduisant son poids. Son skate heurta donc le sol le premier, et se brisa en plusieurs morceaux. Joy arriva quelques secondes plus tard, bien plus léger, mais le choc au sol fut tout de même rude. Tête contre le sol, il se sentit couvert de poussière.

- Ça...ça valait totalement le coup...

Il se retourna. Selon les couleurs teintant sa manche, il avait dû saigner à un moment. Il ajusta son bandana glacé, le colla sur le front, et regarda vers Chupah en rigolant comme un gamin qui vient de faire une connerie.

- J'suis vidé pour une partie de la nuit, tu peux me porter s'teup ?

Et ils allaient rencontrer le Roi...Joy rigola nerveusement en tentant péniblement de se relever dans le quartier algébrique.

Un hurlement puis un bruit de bois qui se brise suivit de près par le son caractéristique d'un corps tombant plus ou moins lourdement sur le sol. Chupah sourit. Il s'en était bien tiré pour un novice.

« Ça...ça valait totalement le coup... »

Notre héros explosa d'un grand rire franc. Voilà qui n'était pas commun avec lui. Un rire qui voulait dire « Ah, la jeunesse ! ». Même s'il est clair qu'il n'était pas énormément plus âgé que le skateur, son expérience dans Dream Land lui donnait tout l'air d'être un « sensei » alors qu'il ne savait pourtant réellement depuis combien de temps Joy était voyageur.

Quoiqu'il en soit, ce dernier paraissait épuisé au vu de ce qu'il expliqua à notre héros. Voyant qu'il avait du mal à se relever, notre invocateur lui tendit la main droite en souriant afin de l'aider à se relever. Il méritait bien ça, le pauvre.

Puis, comme mentionné plus tôt, le dandy demanda au dé de les guider. Ce dernier ronchonna dans sa barbe mais passa en tête du groupe, les traînant dans les rues de la ville algébrique.

« Mathématica possède une langue spécifique. Une langue faite d'équations et de formule mathématiques. Que ce soit à l'écrit ou à l'oral c'est la langue officielle du royaume. Il existe cependant des dérivées propres à chaque partie de la ville. »

Des sortes de patois, donc. Intéressant.

« La ville est construite en respectant les branches principales des mathématiques : les probas à la périphérie, la géométrie compose la muraille et l'algèbre remplit la ville. Y a un nouveau quartier en expansion aussi, vous aurez qu'à aller l'voir après votre visite chez le roi. »

Jusque ici la construction de la ville était logique. Ils étaient dans le royaume des mathématiques après tout. La logique était de mise. En regardant autour de lui, Chupah pu se rendre compte à quel point ce royaume était incroyable. Toutes les créatures étaient affairées à compter tout et n'importe quoi. Chaque quartier et chaque immeuble semblait avoir sa spécialité. Ainsi au sein du quartier des fonctions se trouvait l'immeuble du second degré par exemple.

« Impressionnant... »

« Ah oui aussi... Les règles de savoir vivre changent tous les jours. Ou plutôt toutes les nuits comme vous dites les voyageurs. Tout est soumis au calcul et tout le monde change ses habitudes et ses mentalités en fonction de ces derniers. Il y a deux nuits par exemple le port du chapeau signifiait la volonté de renverser le gouvernement. »

Ah oui... Effectivement. Sourire contrit. Notre héros avait bien fait de ne pas venir deux nuits plus tôt. Il devrait se méfier de ça à l'avenir. Bien qu'il ne puisse pas savoir à l'avance quelles règles vont être amenées à changer ou à apparaître.

« Vous voilà arrivés. Le roi aime rencontrer ses voyageurs car ils sont peu nombreux. Vous ne devriez donc pas avoir trop de mal à avoir une audience. »

Ils s'étaient tous arrêtés devant le château. Il était grand mais pas plus que de raison. De toute évidence il se trouvait au centre de la cité. Logique. Oui, logique mathématique. Le dé ne semblait pas vouloir les accompagner à l'intérieur. Chupah regarda alors ses deux homologues voyageurs.

« Et bien messieurs, il est temps de rencontrer le roi du royaume dont nous tirons nos facultés. Espérons qu'il s'agisse d'un agréable moment ! »

Avait-il dit, son léger sourire habituel toujours peint sur son visage. Paraissant sa crainte, il se mit à marcher vers l'entrée gardée.

Aidé par le dandy, Joy se releva péniblement et prit appui sur son épaule. L'autre semblait amusé par les déboires du jeune voyageur, qui ne lâchait pas un sourire vainqueur. Il adorait définitivement utiliser son pouvoir dans ce monde, un peu trop même, jusqu'à l'épuisement. Il écouta le dé jouer les guides touristiques, tout en ménageant ses muscles. Une langue, des patois, comme autant de branches des mathématiques...il faudrait donc connaître tous les quartiers pour approcher tous les langages mathématiques, et, à partir de là, développer de nouvelles techniques ! Comme à son habitude quand il tenait un succès, Joy serra fortement son poing, satisfait.

Il suivait d'un air impressionné la ville des maths. Elle était fantastique, des quartiers aussi spécialisés, et si accueillants ! On ne pouvait que l'aimer, même si on n'aimait pas les mathématiques ! Fascinante et toujours affairée à calculer des choses, le fourmillement frénétique était contagieux, si bien que Joy, voulant correspondre à sa ville natale, lâcha l'épaule de Chupah et prit sur lui pour marcher tout seul, qu'importe la douleur. Il s'approcha des bâtiments, des gens, se penchait sur les calculs, s'attardait entre deux discussions pour comprendre les langages parlés. Il attrapait quelques bribes à sa portée ici et là, et allait voir des symboles qui buvaient un verre sur une terrasse parfaitement quadrillée.

Il écouta longuement les changements de signification des choses. Voilà une ville qui promettait de sérieux ennuis aux étrangers, sans nul doute. Joy espèra qu'avoir un skate - ou plutôt l'avoir cassé - ne signifiait pas quelque chose de grave, si jamais...Avant que l’inquiétude ne le gagne réellement, ils étaient arrivés devant le château du Roi, parfaitement construit, parfaitement mesuré, d'une logique sourde, brutale, et donc fascinante, d'une beauté raisonnée. Il accompagna le pas de Chupah, qui était donc bien d'ici. Joy s'étonna que ce dernier soit quand lui, avait-il semblé...excité et curieux, frêle devant la puissance de la logique, mais puissant car voyageur de retour chez lui. Il emboîta le pas et prit la parole devant les gardes.

- Salut les gars, on souhaite voir le Seigneur du Royaume. Nous sommes des voyageurs.

Un instant de silence abasourdi, les gardes les regardaient, se regardaient, les regardaient, se regardaient de nouveau. Ils commencèrent à parler entre eux dans un langage sans doute lié à la logique armée, ou militaire. Joy, haussant un sourcil, se tourna vers les deux autres voyageurs.

- J'espère que cette nuit, voyageur ne veut pas dire assassin.

Un signe de multiplication, intrigué, s'était approché près d'eux et commença à rigoler et à parler comme le faisaient les gardes. Il fit plusieurs pirouettes en rigolant et en multipliant ses branches, jusqu'à ressembler à un gros flocon. Il parla enfin d'une voix que les voyageurs purent comprendre, le ton juste assez moqueur mais jovial pour qu'ils ne le prennent pas mal.

- Voyageur depuis hier, ça veut dire clafoutis raté ! Je leur ai dit que vous étiez des combattants aux oreilles rondes - des voyageurs si vous préférez - mais je ne le répéterai pas, ça me donne faim, et je finis par multiplier la nourriture.
- Ok, merci Jésus !
- Que quoi...

Joy entra dans le château, l'entrée étant ouverte par les gardes. Il salua du bras le brave signe qui avait traduit exactement ce qu'il fallait dire. Les gardes étaient maintenant impressionnés et les regardaient avec un respect touchant, presque trop présent pour le jeune voyageur, qui se mit à se coiffer machinalement et à s’épousseter pour avoir un air présentable face au Roi.
Le château était rempli de symboles qui couraient partout, qui les conduisaient comme des diplomates d'importance dans une énorme salle uniquement meublée par des tableaux remplis de signes mathématiques. Joy les regarda, impressionné, ne sachant absolument pas ce que ça voulait dire. Les tableaux formaient un labyrinthe, et au centre se trouvait le plus énorme des tableaux, aux bords dorés, devant lequel deux personnes se tenaient. Des petits chiffres annoncèrent ces deux personnes aux voyageurs.

- Le Seigneur Euclide et sa femme Xylo, Notre bon roi est gourmand des nouveaux personnages aux oreilles rondes pas comme nous, et sa femme le conseille tout le temps pour diriger notre bon sommier !

Okay, gourmand, cette nuit, devait signifier intéressé, ou intrigué, et sommier le royaume. Du coup, personne ne pourrait aller dormir dans son lit sans déranger tous les autres; Pensant à sa blague propre à Mathematica, Joy ricana tout seul, ce qui fit lever les deux têtes royales hors du tableau. Les deux s'avancèrent, intrigués ; le Roi enleva ses lunettes triple foyer, et se présenta en chemise, short de plage et en tongues, un cure-dent dans la bouche qui tournait parfois de lui-même et se calait symétriquement de l'autre côté de la lèvre. Il observa longuement le trio, avec une lumière dans ses yeux qui rappelait à Joy l'utilisation de son pouvoir. C'était bien son Seigneur, qui par le calcul était en train de les analyser. Sa femme fit apparaître une série de zéros, qui formèrent des loupes de différentes tailles, et elle les passa devant ses yeux en les regardant. Les deux s'arrêtèrent, discutèrent entre eux, pendant quelques minutes. Euclide s'avança d'un coup, comme s'il s'était téléporté, et leur posa à chacun une main parfaitement calibrée sur l'épaule.

- Excusez-moi, mes amis voyageurs...

Il mit la main devant sa bouche, regarda sa femme qui fit un geste des épaules en secouant la tête.

- Oh, j'ai toujours du mal à suivre mes propres règles, ce qui est un comble pour le Roi des Démonstrations ! Euh, c'est moi, hein...Bon, alors comme ça vous venez d'arriver ? Je sens une puissance mathématique en chacun d'entre vous, mais surtout chez celui habillé comme ma dernière Calculatrice ! C'est une fonction, chez moi, comme un Ministre si vous voulez, vous voyez ? Bon, si et seulement si vous êtes bien des...humains aux oreilles au diamètre moins anguleux que moi, alors je vais devoir au moins vous donner quelques bases, et vous aidez sur le chemin fabuleux des chiffres et de l'abstraction de notre intelligence ! Oui, vous êtes partant ? Boooon ! Heu ma douce Démonstration, que doit-on faire déjà dans le quartier des secteurs vectoriels imparfaits ?

La Reine se leva, fit apparaître un robe faite avec des bandes de soie parfaitement parallèles, et collées les unes aux autres. D'une robe blanche et dorée, qui faisait resplendir ses cheveux sous la lumière neutre du tableau royal.

- Voyons...oui, mon Beau Résultat, il faudrait déplacer des statues de mathématiciens de notre joli sommier, pour les mettre dans le quartier des identités remarquables. Bien sûr, ça demanderait des calculs de transport, pour que les statues ne subissent aucun dommage. Ah, et j'oubliais, je crois que l'une des statues du mathématicien Pirangi a été dérobée, c'est pour ça qu'on doit les déplacer. Mais quand j'ai eu vent de la nouvelle, parler de statue revenait à parler du galbe de ses jambes, alors j'ai mis l'affaire en suspens. Il faudrait un jour réglementer ces lois trop logiques, mon Addition !

Le roi commença à écrire et signa l'ordre de mission. Pendant ce temps, Joy écarquillait les yeux en souriant. Ce qui se passait devant lui était complètement dingue, et il adorait ça ! S'il avait bien compris, il bosserait cette nuit pour le Roi des lieux. Il regarda Chupah et Carlos, des étoiles dans les yeux, hochant la tête. Il manquait de tomber par terre pour dormir, mais l'intensité que dégageait le Roi et la Reine le maintenait, sans qu'il sache vraiment comment. Il commençait à comprendre ce que sa famille disait au sujet des Rois de Dreamland, il s'agissait vraiment d'êtres extraordinaires, sortant du commun. Il pensait cela en toute vitesse tandis qu'Euclide cherchait ses lunettes sur tous les tableaux - alors qu'elles étaient sur son crâne. Il voyait la Reine sourire en le voyant chercher, si bien qu'il ne fît rien. Le Roi fit apparaître des zéros en jumelles pour les trouver, quand Joy éclata d'un rire franc.

Y a pas à dire, le palais en imposait. Néanmoins, peut-être était-ce dû à son affinité avec les maths mais il le trouvait particulièrement attirant. Il ne s'y attarda cependant pas plus et se dirigea avec le groupe droit vers l'entrée. Et donc vers les gardes.

Ils réussirent à passer grâce au soutien d'une créature qui les avait gentiment aidé. Ils en apprirent également plus sur cette coutume consistant à changer les règles pour une nuit et qui avait bien faillit les empêcher d'entrer.

Ainsi les combattants aux oreilles rondes parvinrent à rentrer dans le palais où on les regardait avec beaucoup de respect. Même s'ils étaient des voyageurs rares dans ce royaume, Chupah avait quand même du mal avec cela. Il trouvait ça un peu trop.

Au sol, le château était constitué de carrelage et de mosaïques parfaitement symétriques et aménagés de façon complexe. Au mur se trouvaient énormément de tableaux remplis de symboles et formules mathématique. Le tout était très large, donnant un sentiment de grandeur impressionnant et intimidant. Notre héros était même sûr que cet effet avait été calculé.

Ils arrivèrent alors après avoir parcouru un espèce de labyrinthe entre ces murs immenses dans ce qui semblait être la salle du trône. Ils se firent ensuite annoncer. L'occasion pour eux d'apprendre encore de nouveaux mots propres à cette nuit.

Et ils les virent. Le roi mais aussi la reine. Le premier portait une tenue tout sauf royale : celle du touriste. Le short de plage. Le cure dents. Les tongs. La chemise hawaïenne. La totale. Mais notre invocateur savait masquer sa surprise, si bien qu'elle ne se lut pas sur son visage. La reine possédait une tenue beaucoup plus représentative de son royaume avec sa robe.

Les deux parlèrent. Ils semblaient très sympathiques. Surtout le roi qui n'arrivaient lui même pas trop à maîtriser les coutumes de son propre pays. Cocasse. Les deux dirigeants parlèrent alors d'une histoire de statues. Le but était de mettre à l'épreuve les voyageurs pour voir de quoi ils étaient capable mais aussi de les guider sur la voix des chiffres. Intéressant.

Ils allaient donc avoir une mission. Joy avait des étoiles dans les yeux. Il paraissait surexcité tandis que Carlos avait l'air plus anxieux. Chupah eut à nouveau un fin sourire. Entre les voyageurs et les dirigeants, la situation était fort amusante, il fallait l'avouer.

« Et bien allons-y. »

Ils suivirent alors une racine carrée qui les guida jusqu'au quartier des secteurs vectoriels imparfaits. Le groupe arriva donc sur une petite place. Six statues se trouvaient disposées en cercle. Chacune avait une sa propre position... parfois très originale. Ainsi les plus grands mathématiciens de ce royaumes devaient (ou doivent) être de sacrés personnages. À l'exemple celui qui était représenté en train de faire le poirier d'une main et écrire des formules sur un parchemin de l'autre. On pouvait également voir, à la place d'une des statues un endroit vide où se trouvait un piédestal. Il n'y en avait donc que cinq sur la place.

« Voilà donc l'emplacement de la statue volée. »

Le trio de voyageurs était censé déplacer les statues jusqu'au quartier des identités remarquables. Il demanda à la créature qui les avait guidé où se trouvait le quartier en question. Elle lui indiqua qu'il n'était pas excessivement loin.

« Joy pouvez-vous m'en dire plus sur votre pouvoir ? J'aimerais savoir comment il fonctionne et en quoi il pourrait nous aider à transporter les statues. Mes invocations pourraient faire l'affaire mais cela ne serait pas un travail très précis et sans risque pour les statues. Carlos, utiliser ton pouvoir sur les statues serait risqué étant donné que tu ne le maîtrise pas. N'hésite pas à t'entraîner pour le découvrir dès cette nuit. Et qui sait, il nous sera peut-être d'une grande aide ! »

En attendant notre Dandy se contentait d'observer les statues de plus prêt. Cette histoire de voleur ne lui disait rien qui vaille...

Il suivit les autres voyageurs ainsi que la créature sur le lieu du larcin, où les statues des mathématiciens célèbres se tenaient, fièrement, dignement. Représentés dans les études, dans les travaux, dans l'action cognitive, les gloires des mathématiques imposaient un certain respect à Joy. Il comprenait aisément qu'un tel vol ne pouvait rester sans enquête, pour restituer une partie de l'âme du Royaume à ses habitants.

Il fit le tour des statues, curieux, pensant qu'il y aurait éventuellement un reste de preuves sur le piédestal vide. Naturellement, il activa son pouvoir et fit un quadrillage et observa la surface du piédestal. Aucune trace de frottements, ni d'entailles, ni d'éraflures. Il y avait la marque nette qu'occupait la statue avant de disparaître, ce qui donnait une piste possible. Il se tourna vers Chupah, préoccupé.

- La statue n'a pas été poussée pour être enlevée. De ce que je peux voir, aucun dégât n'a été fait au socle, ce qui est plutôt remarquable...ces statues doivent peser un poids conséquent, difficile à soulever pour une créature de ce royaume je suppose. Ma théorie est donc la suivante : on l'a soulevée de son piédestal...comment ? je l'ignore encore.

Chupah venait de se renseigner sur le quartier de destination. Le fait qu'il n'était pas loin allait aider les autres déplacements. Les statues allaient enfin trouver une place qui leur conviendrait, espérons-le, avec la sécurité due à leur mémoire...cette pensée fit naître une interrogation chez Joy, qui observa chacune des statues, en répondant à Chupah. S'il fallait pousser plus loin l'investigation, il serait bien d'en savoir plus sur son coéquipier...

- Je suis une sorte de contrôleur des mathématiques...à dire vrai, je ne sais pas comment nommer mon pouvoir. Je...vois...ce monde - uniquement quand j'active mon pouvoir - de manière mathématique, avec des calculs, des formules, des chiffres partout, des tracés, des figures géométriques, et un nombre d'équations considérables. Tout ce qui m'entoure est modifiable, comme le poids des choses, la vitesse de mon skate, ou le nombre de roues qu'il pourrait avoir...mais c'est très gourmand en énergie, je me vide si rapidement qu'il m'est difficile de tenir une nuit complète. C'est comme si...mon pouvoir demandait une énergie qui me dépasserait, comme si je ne serai jamais à sa hauteur...alors j'essaie de faire de mon mieux, et d'explorer tout Dreamland en l'utilisant chaque nuit, pour un jour l'utiliser continuellement, et devenir ce que ce monde a voulu que je devienne : un grand mathématicien.

Le jeune garçon avait arrêté de chercher des indices. Il se tenait sur un piédestal, les yeux rivés sur le sol, le visage pincé par le sérieux. Après un instant de flottement, il se retourna vers Chupah et lui adressa un sourire chaleureux, qui fit s'envoler son discours idéaliste.

- Alors toi tu fais des invocations ? C'est intéressant, ça ! Comment ça fonctionne, concrètement ? Tu invoques des symboles, des chiffres, des formules ? Tu crois qu'on pourrait s'entraîner ensemble pour devenir plus rapidement plus fort ?

Il nota dans le coin de sa tête l'intuition pour l'enquête, le temps d'en apprendre plus sur son coéquipier. Il jeta un coup d'oeil à Carlos, qui parlait avec la racine carrée servant de guide. Oui, il ne serait peut-être pas le seul à vouloir comprendre entièrement son pouvoir, c'était une certitude qui le rendait assez mystérieusement rempli de joie et d'espoir.

Ils étaient donc sur les lieux du crimes. Avec ce qui semblait être son pouvoir Joy était parvenu à tirer certaines conclusions quant au vol. Voilà qui pourrait faire avancer leur enquête. C'est ensuite que notre héros interrogea le voyageur à propos de ses pouvoirs. Et la moindre des choses que l'on peut dire c'est qu'ils étaient plus que surprenants. En effet, voir le monde à travers les yeux d'un génie des mathématiques, voilà un pouvoir qui en ferait saliver plus d'un. Néanmoins, la contrepartie exigée était bien évidemment proportionnelle à la puissance : c'était un pouvoir qui fatiguait très vite son utilisateur apparemment.

Chupah souriait. Le visage de Joy était devenu sérieux. C'était bon signe. Cela signifiait qu'il avait conscience de la puissance de son propre pouvoir ainsi que de sa dangerosité. Autant pour les autres que pour lui même.

Le contrôleur des chiffres souhaitait également avoir quelques renseignements sur le pouvoir du dandy. C'était légitime étant donné qu'il s'était livré juste avant.

« Mon pouvoir est beaucoup plus simple d'utilisation que le tien. Et bien moins impressionnant, il faut le dire. Je peux invoquer des chiffres de 1 à 9 possédants différents effets. Je peux également combiner des chiffres pour avoir des effets différents. Un pouvoir, même modeste, s'il est bien travaillé peut devenir très puissant. Enfin ce n'est que mon avis. Et bien sûr j'ai encore beaucoup de choses à découvrir par rapport au mien. Pour ce qui est de s'entraîner, aucun souci. C'est toujours un plaisir de faire progresser les gens autour de moi, d'autant plus si c'est un voyageur du même royaume. »

Il avait terminé sa phrase en souriant.

« Je pense que si tu travailles ton endurance et ton pouvoir tu pourras devenir quelqu'un d'important pour ce royaume. Et, qui sait, peut-être pour Dream Land lui-même. »

L'invocateur s'approcha ensuite à nouveau des statues et plongea dans ces réflexions. Ils allaient avoir une nuit chargée s'ils voulaient tout faire. Cela allait demander une bonne organisation.

« Voilà ce que je te propose quant au programme de cette nuit : en premier lieu nous allons d'abord déplacer les statues pour les mettre en sécurité. C'est notre priorité. Dans un second temps, une fois qu'elles auront toutes été déplacées, nous nous consacrerons à l'enquête. Ce n'est cependant pas dit que nous démasquions le coupable c'est pour cela que je préfère les mettre en lieu sûr avant tout. Tout cela va te permettre d'entraîner ton pouvoir. C'est avant tout l'expérience qui nous forge en tant que voyageur, je peux te l'assurer. »

Oui, il prenait clairement le contrôle des opérations. Le but était d'être efficace cette nuit et il se sentait capable de tout organiser. Si Joy avait des objections il ne serait bien entendu pas contre le fait de l'écouter.

« Avec ton pouvoir tu pourrais calculer le meilleur angle pour faire basculer les statues sans les abîmer. Ensuite moi je les emmènerai une par une vers le quartier des identités remarquables. J'irais seul car il est possible que le voleur revienne voler d'autres statues si on s'absente. Je ne veux pas non plus te rendre paranoïaque mais il est également possible qu'il soit en train de nous observer en ce moment même. Ainsi, en transportant seul une de ces statues je pourrais faire l'appât. Il serait donc susceptible de m'attaquer. Et entre nous, cela nous épargnerait bien des peines. »

Le plan de bataille était construit. Il ne restait qu'à le mettre en œuvre.

Joy écouta attentivement les explications de Chupah. Il savait qu'il y avait plusieurs applications à un même pouvoir, Carlos en était une autre preuve. Un invocateur de chiffres, voilà qui pouvait être intéressant. Multiplier les invocations, les mêler ensemble pouvait effectivement être très utile en combat, une sorte de couteau-suisse qui pouvait faire face à tous les types de situation, n'utilisant son énergie que dans une valeur sûre...Joy médita la répartition des pouvoirs, se sentant un peu lésé par le sien. Cela étant, il y avait plus de possibilités dans la vision et la modification des mathématiques, ce qui changeait la donne...mais tout de même, l'invocateur devait avoir un niveau de puissance des plus intéressants, et l'entraînement serait sans doute très profitable aux deux voyageurs. Joy émit une idée.

- Je ne sais pas si je pourrais un jour modifier les capacités de tes invocations, pour l'heure je ne peux pas modifier les êtes vivants, trop complexes pour mes calculs...mais ce serait à travailler, pour qu'on soit nettement plus forts lorsqu'on est ensemble...c'est une idée à creuser !

Il sourit chaleureusement à ce que disait son homologue mathématicien. Oui, entraîner le pouvoir sur l'endurance, et penser à de nouvelles techniques, chaque nuit, était dans ses objectifs.

- J'aimerais être en phase avec ce Royaume, et me promener comme bon me semble dans Dreamland. J'ai compris depuis ma naissance ici que j'avais besoin d'endurance, mais aussi de techniques de combat, de réflexes, et d'objets qui me permettraient d'utiliser pour l'instant mon pouvoir rapidement, sans effusions d'énergie...j'ai pensé à des billes, pour commencer. En attendant une pleine possession de mes moyens pour une nuit, bien sûr...

Ils vinrent de nouveau vers les statues. Joy était d'accord avec les points soulevés par Chupah, il faudrait mettre les statues en sécurité le temps de faire l'enquête, mais un point méritait d'être soulevé...Joy se consacra pour l'heure à l'activation de son pouvoir, vit le meilleur point de bascule possible et l'indiqua aux créatures mathématiques présentes autour d'eux. La première statue était maintenant allongée sur le sol. Joy demanda une feuille et un stylo, et nota son nom. Bilius Jerpan, maître algébrien. Pendant que Chupah partait avec la statue, il nota le nom des quatre autres. Et demanda enfin le nom de la statue volée à un symbole de la division, dont les deux points formaient les deux yeux. Elle lui donna un nom : Ecalastin Promifure, inventeur des droites parallèlement remarquables, aux propriétés ayant donné leurs spécificités à des rues du Royaume. Ok, une sorte d'architecte-géomètre dé génie, qui avait aidé à la mise en place de la ville. Pourquoi serait-il volé par quelqu'un ? Le jeune homme réfléchissait, adossé aux autres statues, un peu essoufflé par l'utilisation de son pouvoir. Il y avait un mobile, évidemment...il faudrait peut-être demander à des créatures plus vieilles, voire au Roi, peut-être.

Il fit le tour et essaya de voir comment la statue avait pu être enlevé. Par calculs, ça semblait fortement possible. Une grue ? Quelque chose d'imposant ? Une disparition mystérieuse ou calculée ? Impossible de déterminer la façon dont elle avait disparu, ce qui restait le problème majeur.

De dos, il ne voyait pas une f, d'une fonction affine, s'approcher de lui et faire le tour des statues, à la fois intriguée et apeurée. Jusqu'à ce qu'un petit x utilise l'une de ses branches pour la désigner du doigt. Joy jeta un regard au f tremblotant, qui dit, d'une voix claire et cristalline, quoique chevrotante, qu'elle s'excusait du dérangement.

- Pas de souci, madame, mais nous sommes sur un lieu interdit au public
- Je...je pense pouvoir vous aider...
- Oh, mais je vous écoute, alors !
- Je suis l'une des descendantes d'Ecalastin Promifure, et...je...je sais qu'une partie de ma famille voulait récupérer sa statue...
- D'accord...et pourquoi vous venez me voir maintenant ?
- Ma famille tient beaucoup à la mémoire d'Ecalastin, j'ai peur qu'elle ne fasse des bêtises pour vous empêcher de continuer votre enquête...
- Des bêtises ? Quel genre ?
- Ils ont appelé des mathématiciens spécialistes des vecteurs et du déménagement symétrique pour déplacer la statue, un soir où les rues étaient désertes...et ils l'ont cachée dans un nos entrepôts d'additions bénéficiaires...ils ont aussi...ils ont...
- Oui, poursuivez...
- Ils ont engagé des symboles mercenaires ! Oh s'il vous plaît, aidez-moi pour arrêter cette folie !

Joy regardait la rue par laquelle Chupah était parti. Il y aurait du sport ce soir.

Il était donc temps de se bouger les fesses. Les deux voyageurs avaient pas mal bavardé tout en enquêtant. Ils avaient ainsi pu faire plus amples connaissance. Chupah appréciait bien ce nouveau voyageur – il l'était, à n'en plus douter – à la fois modeste mais déterminé et lucide. Bref, le plan de notre héros devait convenir à Joy puisqu'il n'y apporta aucune objection. Très rapidement, il put déterminer le point de bascule idéal pour déplacer les statues. Le dandy quand à lui se trouvait à la tête d'un chariot où était chargée chaque statue. Accompagné d'une créature du pays il escortait donc les monuments de valeur jusqu'au quartier prévu et un par un.

C'est ainsi que notre héros se trouvait sur le trajet pour livrer la seconde statue à bon port, ayant déjà pu faire un tour. Il semblait toujours aussi calme mais était bien sûr aux aguets. Soudain, le chariot s'arrêta. Deux créatures se trouvaient devant la route et lui barrait le passage. Chupah ne pouvait pas voir de quels symboles mathématiques il s'agissait puisqu'ils étaient masqués et portaient des vêtements sur tout leur corps.

L'invocateur sourit. Ils étaient dans une rue assez étroite avec très peu de passage. Si les voleurs voulaient récupérer le reste des statues ce serait ici qu'ils devraient s'y prendre pour être le plus discret possible. Néanmoins, quelque chose était étrange : pourquoi avoir attendu qu'il livre la première ? Ils allaient avoir du mal à la récupérer là où elle était.

« C'est toi le voyageur qui fourre son nez dans les affaires du royaume ? »

« Vous voulez dire celui qui cherche le voleur de statue ? Oui c'est bien moi, enchanté. Et, laissez moi deviner, vous êtes les voleurs en question ? Je dois vous remercier d'apparaître devant moi, ça m'évite de vous chercher, c'est fort aimable. »

Sa réplique avait apparemment énervé la créature qui poussa une injure et sortie ce qui semblait être un fusil d’assaut pour tirer sur notre héros. Chupah, qui l'avait vu dégainer, s'était mis à couvert derrière un muret. Là dessus, il traça dans les airs un trois de taille assez considérable qu'il lança sur la position supposée de ses adversaires. Un explosion retentit accompagnée par des grognements de douleur. Il passa alors par dessus le muret. Son chiffre avait crée un nuage de poussière en explosant, il en profita ainsi pour changer de place tout en plaçant à proximité de ses adversaires.

Ainsi, lorsque le nuage se dissipa il se rua sur son ennemi possédant l'arme à feu tout en invoquant son 1 de la taille d'une batte de base-ball et s'en servit comme tel pour lui assener un violent coup sur le crâne. Ce dernier s'effondra sur le coup.

Le dandy se recula et s’épousseta. Son dernier adversaire était armé d'un unique couteau plutôt long qu'il avait dégainé un peu plus tôt. La créature se précipita alors sur notre héros en tentant de lui assener différents coups que paraît tant bien que mal Chupah, n'étant pas un expert en ce domaine. Il gagna donc quelques égratignures légères. Rien de bien méchant mais le fait de pourrir son costume n'était pas trop au goût du dandy qui décida de mettre un terme au combat. Il décocha un coup de pied à la créature ce qui eut juste pour effet de la surprendre avant d'abattre son arme sur ce qui semblait être ses jambes, la faisant tomber au sol. Il finit ensuite par l'assommer brièvement. Pour la forme. Finalement, notre héros se décida à invoquer son 8 de la séquestration et lui passa donc les menottes au poignets. Il le fourra ensuite dans le chariot et retourna sur le lieu initial sans être allé mettre la statue qu'il avait en sécurité.

En effet, c'était inutile. Sur le chemin du retour, l'invocateur réfléchissait. Si ces deux créatures en avaient après les statues, elles auraient tentée de voler celle qui était dans le chariot en détournant ce dernier quand le dandy s'était mis à couvert par exemple. Le fait qu'elles n'aient pas attaqué le premier convoi renforçait également cette hypothèse. Ainsi, la statue volée avait dû l'être pour des raison plus personnelles que du terrorisme à l'échelle du sommier. Euh, du royaume pardon.

Accompagné de son otage qui reprenait peu à peu conscience, il arriva sur la place et vînt à la rencontre de Joy qui semblait discuter avec une autre créature.

« J'ai compris que le ou plutôt les voleurs n'en avaient pas après le symbole que représente les statue mais plus à la statue en elle-même. Il faudrait donc chercher des informations sur la statue volée. Qui elle représente ainsi que ses adorateurs par exemples. Ils pourraient avoir tout intérêt à la conserver près d'eux. Qu'en pensez-vous ? »

Et bien mon cher dandy, t'arrives un peu tard puisque Joy est déjà au courant ! Il montra alors son otage qui paraissait bien embêté.

« M'étant fait agressé j'ai pu récupérer un otage pour qu'il nous aide à chercher où se trouve la statue. Il ne reste plus qu'à le faire parler. »

Et encore une fois tu arrives trop tard. Un peu inutile ce bonhomme pour le coup, non ?

Tandis qu'il discutait avec la femme de la famille Promifure, Chupah arriva avec une créature attachée. Des membres de la famille, également, à en changer par la tête de la femme.

- Damicole, je t'avais dit que c'était de la folie !
- Salut Honorine...

Joy expliqua la situation au dandy, de la mémoire de la famille jusqu'à la femme qui voulait les sauver, et arranger toute la situation. Il remarqua que le dandy allait plutôt bien, malgré un probable combat de la part des vengeurs de la famille Promifure. Maintenant qu'il avait fait le boulot pour assurer le transport, les autres membres de la famille devraient sans doute être au courant...agir vite, ou jouer la carte de l'honnêteté ?

- On laisse les statues ici, Chupah, il ne leur arrivera clairement rien...le temps d'en finir avec notre ami.

Joy s'approcha du dénommé Damicole, l'air pas content. Bien que sa jeunesse soit un obstacle pour paraître vraiment sérieux et déterminé, le jeune voyageur prit sur lui pour impressionner le voleur d'un jour. Il ramassa une pierre ronde, même parfaitement ronde ! et activa son pouvoir pour la faire tourner en cercles concentriques autour de la tête du Promifure. Joy s'approcha de lui, regarda la pierre pour bien lui faire comprendre que c'est lui qui contrôlait sa trajectoire. Ses yeux verts étaient lumineux, comme d'habitude, ce qui pouvait toujours impressionner d'autant plus Damicole.

- Écoute, vieux, nous on bosse en privé pour Euclide et Xylo. Du coup, on n'est pas du genre à laisser traîner les affaires royales.
- Royales ? Cette nuit ça veut dire culinaire, petit.

Fail. Foutues règles...

- Tu cherches à faire le malin ? Un claquement de doigt, et je raye ta famille de Mathematica, elle n'aura jamais existé, et vous trouverez le repos dans Relouland, avec la honte d'avoir été banni. C'est ça que tu veux ? Tu continues à faire le malin ou tu te mets à table.
- Je disais juste que...enfin c'est pas grave. Et je n'ai pas très faim.
- Tu ne comprends pas les métaphores ou quoi ?
- Oh pardon, c'est un peu différent dans mon patois !

Un interrogatoire à Mathematica, de quoi comprendre pourquoi peu de voyageurs venaient dans ce royaume...Le pouce et l'index prenant le coin des yeux, Joy commençait à trépigner d'impatience. Il souffla un coup, et prit la créature par l'épaule, désactivant son pouvoir.

- Bon, deux choix, vieux. Le premier : ta famille ne coopère pas, et il va falloir qu'on intervienne. Tu vois mon collègue, qui t'a chopé ? Il peut faire la même chose avec tout le reste de la bande. Et j'aime à croire que j'suis pas inutile au combat, tu vois ? Deuxième choix : on te relâche, tu vas gentiment prévenir tes cousins qu'on sait que vous êtes les coupables, on a le mobile, vous rendez la statue, on vous file une amende gentille, et tout le monde rentre chez soi en paix. T'en dis quoi ?

Honorine montrait le chiffre deux avec ses doigts, pendant que l'autre réfléchissait. Il avait sûrement des ordres de ses parents, sûrement plus âgés. Soudain, une sorte de bombe roula jusqu'à eux, avec un compteur annonçant trois secondes. En un instant, Joy activa de nouveau son pouvoir, et créa une suite à la trajectoire de la bombe qui roulait encore un peu vers eux, droit vers le ciel, en boostant la vitesse de l'objet. Elle explosa à quatre mètres de hauteur, assez pour ne pas être mortelle, pas assez haut pour éviter le souffle, qui colla tout le monde au sol. Les statues ne bougèrent pas, comme mystérieusement protégées. Joy vit, le temps d'un instant, une protection faite d'équations les recouvrir...une protection contre les chocs...une protection contre les chocs...

- Heu, j'aurais voulu choisir la deuxième solution, mais maintenant c'est trop tard je suppose.
- Tu vas nous être utile, à ta manière. Honorine, tu es prête à sauver ta famille ? Malgré qu'ils aient manifestement essayé de vous tuer ?
- Nos parents travaillent à la protection contre les chocs, nous sommes toujours soumis à notre magie...une sorte d'héritage d'Ecalastin..
- Ça explique beaucoup de choses...vous avez utilisé un sort mathématique anti-choc pour déplacer la statue ?
- Un calcul de protection parfaite, l'auréole vectorielle, oui...
- Je vois...

Il regarda Chupah en souriant. Il avait un plan, qu'il confia au voyageur et aux deux créatures. Pour Honorine, la mettre en confiance, lui montrer qu'en coopérant, elle aurait tout à gagner. Pour Damicole, le rassurer. Le jeune voyageur désactiva son pouvoir, s'assit comme il faisait après une journée de surf, en tailleur façon yoga, position qui le détendait fortement, sans qu'il puisse dire pourquoi.

- Honorine, tu vas voir ta famille. Tu vas leur montrer une annonce royal qui annonce l'emprisonnement de Damicole, qui sera bientôt exilé, sauf si on retrouve la statue dans un entrepôt précis, où nous nous donnerons rendez-vous...
- Entrepôt veut dire sauce tartare cette nuit...
- Dans un hangar alors, tu improviseras. Tu leur dis que s'ils ne viennent pas avec la statue, Damicole est banni, ainsi que son nom, ils devront partir. S'ils refusent, tu reviens nous voir à la même adresse.
- Avoir une adresse, cette nuit, ça veut dire avoir des maladies vénériennes.
- Alors nous serons tous malades, Damicole. Si votre famille ne coopère pas, nous interviendrons. Suis-je assez clair ?

Honorine hocha la tête et partit à toute vitesse une fois le papier obtenu et le mot écrit, laissant son cousin tout seul avec les deux voyageurs. Joy regarda Chupah. Il était temps d'affronter les Promifures face à face, et d'en finir avec cette histoire. Ou pas. Il ramassa quelques pierres parfois rondes ou carrées en chemin, au hasard des pas, qu'il glissa dans sa poche.

- Ils ont tenté de nous buter, on peut s'attendre au pire...j'essaierai d'être utile si ça tourne mal, Chupah, mais je ne promets rien. En tout cas, Honorine mérite qu'on se batte pour elle, ils n'ont pas intérêt à déconner avec elle !

Subir sa famille, il connaissait bien. Il était parfaitement disposé à refaire les calculs familiaux si le besoin s'en faisait sentir.

Oh. Alors c'était comme ça ? Oui, Joy était déjà au courant de la situation. Et il semblerait même qu'il en savait plus que lui. Et en plus, le jeune contrôleur n'a pas manqué de se faire poignarder et fusiller, lui.

Au moins, notre héros était au courant de la situation plus en détail. Restait à élaborer un plan d'attaque. Et cette fois-ci c'était à Joy de s'y coller. Son idée était vraisemblablement de faire parler le malfrat qui semblait être de la même famille que la dénommée Honorine. Chupah s'éloigna à côté des statues pour ne pas déranger et observa la scène.

Bon, au début ça partait bien. La pierre. Les yeux. Le ton. Tous les ingrédients étaient réunis. Le problème venait surtout du royaume. Ces foutus changements de règles... Et cela ne s'améliora pas par la suite, la créature ne parvenant apparemment pas à comprendre les métaphores du combattant aux oreilles rondes.

Hum... Peut-être allait-il devoir intervenir. Il devait rendre l'homme un peu plus coopératif. Mais... Ah non fait. Joy, que l'impatience rendait peu affable, repris les choses en main. Bien. Néanmoins, avant que la créature ne puisse choisir entre les deux options du voyageur une bombe roula jusqu'à eux. À toute vitesse, notre héros courut sur Carlos et la créature qui l'accompagnait et les plaqua au sol. Il devait au moins protéger le jeune voyageur. Mais heureusement pour eux, la bombe explosa dans le ciel. Le dandy en conclut en se relevant péniblement à cause du souffle que c'était sans doute grâce à Joy.

Après s'être assuré que Carlos n'avait rien, il s'épousseta. Et bien, ils ne rigolaient pas par ici. Ils avaient quand même manqué de tuer deux membres de leur famille... Ou pas. En effet, ils semblaient passivement protégés contre les chocs. Tout comme les statues. Le mystère de la disparition fut ainsi résolu. Il n'y a pas à dire, ce jeune voyageur était très doué.

D'ailleurs ce dernier venait d'élaborer un nouveau plan. Plutôt vif. Hum... Son plan était valable, néanmoins il comportait un risque. Cependant Chupah ne dit rien car sur le coup il n'en avait pas de meilleur.

Honorine s'en alla donc remplir sa mission tandis que Damicole se fit emmener par des hommes du roi. Les deux voyageurs prirent ensuite la route pour organiser la suite des événements. Au vu de ce que lui indiqua Joy, ce dernier semblait prendre la position d'Honorine très à cœur.

« Hum... Avez-vous cependant pensé à ce qui pourrait arriver à Honorine ? Je veux dire, ceux qui ont lancé la bombe se sont sans doute rendu compte qu'elle collaborait avec nous. De plus, nous l'avons envoyé avec une missive royale pour obliger sa famille à se rendre. S'ils la considère comme une traîtresse... »

Le dandy laissa sa phrase en suspens. Le contrôleur des chiffres avait sans doute très bien compris sa pensée. Il est possible qu'il arrive malheur à la créature. Mais c'était peut-être un paramètre qu'il avait pris en compte. Un risque qui valait le coup d'être pris selon lui. Chupah ne s'y était pas opposé alors il aurait une part de responsabilité si ce malheur arrivait.

« Enfin, il est trop tard à présent pour s'en soucier. Occupons nous plutôt des préparatifs. Il nous faut revenir au château. »

Une fois arrivés il convinrent avec la calculette du roi – habillé presque comme notre héros, le dirigeant avait dit vrai – d'un hangar à l'est de la ville et un peu plus isolé pour effectuer la restitution. De cette sorte, ils ne seraient pas gênés. Ils passèrent ainsi le message à Damicole qu'ils relâchèrent.

« Le rendez-vous est fixé dans 30 minutes, allons-y. Dans ce genre de cas il vaut mieux être plutôt en avance qu'en retard. »

C'est ainsi que le duo prit la direction du hangar. Il risquait d'y avoir plus d'action qu'il ne le pensait, cette nuit.

Joy, sur le chemin, méditait longuement à son plan. Il se tenait, mais le facteur "humain" (pouvait-on parler d'humanité dans le cadre des créatures oniriques ? une question qu'il aborderait avec sa mère un de ces jours tiens) était vraiment trop instable. Il en savait trop peu sur la famille vengeresse pour être certain à 100% de ses réflexions, mais une famille qui tient à ses membres n'en sacrifie pas juste pour le plaisir...ou alors il y avait un sérieux problème à l'intérieur. Il se concentra sur cette idée, en cherchant des moyens de vaincre efficacement un groupe venant en nombre, en colère...avec son pouvoir, bien sûr, il ne pourrait pas faire grand-chose, mais une idée lui traversait l'esprit. Il s'arrêta chez un antiquaire vendant des bouliers pour les calculs à l'ancienne. L'antiquaire, un certain Belmond, se plaignit que les calculatrices avaient tué le calcul mental, mais se montra incapable de chiffrer une somme totale pour deux bouliers, ce qui fit rire Joy. Vivotant entre les meubles, les étalages, les premières machines à calculer (machines de Pascal), et tous les objets des mathématiciens et physiciens du passé, il prit le temps de répondre aux inquiétudes de Chupah, qu'il partageait.

- C'est là toute la manœuvre, évidemment risquée. Honorine a vu que nous étions des voyageurs avec qui on pouvait causer. Nous n'avons rien fait à son cousin. Nous leur laissons, en la libérant, une porte de sortie. S'ils s'avèrent qu'ils lui ont fait du mal, alors je ferai intervenir le Roi. S'ils veulent venir se battre, c'est que Honorine a parlé, mais qu'ils sont impossibles à convaincre, alors nous serons fixés. Sur qui commande cette famille de barges, qui a demandé de nous bomber la face, qui a volé la statue. Je mise sur un vieux, qui prendra soin de ne pas se mouiller dans l'affaire.

Il acheta les deux bouliers à Belmond, lui promit de revenir pour s'intéresser de plus près aux autres objets, lui donnant déjà des idées de techniques. A peine sorti du magasin d'antiquités, il les cassa et récupéra les boules servant au calcul, et les mit dans sa poche.

- S'ils ont fait du mal à Honorine, je ne leur pardonnerai pas...

Le jeune voyageur sentait la colère qui commençait à monter en lui, et se concentra sur le plan de l'échange. Ils se dirigèrent, avec l'invocateur de chiffres - Carlos était rentré au palais pour informer le Roi de la situation - vers un entrepôt...un hangar ! à l'est de la ville, un peu isolé, ce qui pouvait être une bonne comme une mauvaise chose. Si les choses tournaient mal, il vaudrait mieux qu'il soit éloigné, mais être isolé signifiait que la situation ne devait pas tourner à leur désavantage...Joy faisait tourner les billes de bois entre ses doigts en réfléchissant, songeant que le silence pesant devait sans douter ennuyer un voyageur plus expérimenté comme Chupah.

- Désolé, vieux, si ça se passe mal, ce sera quasiment mon premier combat ici...Je sais quoi faire, mais j'appréhende un peu...

Arrivé à l'entrepôt, Joy fit le tour de l'endroit, et plaça méticuleusement ses billes de bois à des endroits précis, un peu cachés. De chaque côté de l'entrée, à l'extérieur et à l'intérieur, de manière concentrique, du centre du hangar jusqu'aux extrémités, aux coins et dans les angles morts. Passant mentalement toutes ses billes, il vérifia que l'endroit en était bien littéralement tapissé. Il lui faudrait simplement activer son pouvoir pour les lancer à pleine puissance. Comme des balles de pistolet pouvant partir de n'importe où. Il appela ce piège l'Abaque Automatique, fier de lui.

La famille Promifure fit son entrée d'une manière plutôt remarquable. Une espèce de chariot avec un grappin imposant tenait la statue de leur ancêtre tellement réclamé. La statue brillait de signes de protection, et Joy, par réflexe, activa son pouvoir pour vérifier ce qu'il pressentait : la magie de protection, sous le coup du grappin, commençait à s'estomper, et la pierre allait rompre sous peu. Les crétins. Le reste de la famille de l'ancêtre suivit, une quinzaine de symboles mathématiques apparurent devant les deux voyageurs. Au centre, un vieux symbole y (pour l'ordonnée), et une vieille x (pour l’abscisse), étaient encadrés par les symboles plus jeunes. Sur le côté, Honorine, les yeux violacés et noirâtres se tenait le visage en sanglotant, silencieuse. Okay, ils l'avaient joué comme ça. Le sang de Joy ne fit qu'un tour.

- C'est une bonne chose que d'avoir ramené la statue, les gens. Maintenant, dites-moi qui a frappé Honorine...

La vieille prit la parole.

- La statue appartient au clan Promifure, nous n'avons fait que récupérer notre propriété ! Et ce n'est pas un jeune freluquet jeune de quelques nuits qui ira contre la volonté séculaire des Promifure ! Non mais alors !
- Gnah gnah gnah !

Le vieux avait pris la parole après l'autre cinglée. Éloquent lui aussi. Alors c'était elle qui commandait le clan, manifestement...Joy faisait tourner les deux billes de bois qui restaient dans sa poche, regarda Chupah et se calma...on pouvait encore s'en sortir avec la diplomatie.

- La statue appartient au Royaume, quoi que vous en dîtes ! Je suis peut-être jeune, mais j'ai compris que votre clan méritait sa place dans Mathematica, votre ancêtre est un héros des mathématiques, et vous souillez sa mémoire en agissant ainsi...regardez-vous, membres des Promifure ! Vous, la gloire de ce Royaume, dans un...hangar pour défendre un trésor...oui, c'est votre ancêtre, et je comprends tout à fait votre volonté de le récupérer, mais prenez conscience que votre parent n'est pas seulement un Promifure, c'est aussi un parent, un modèle, un espoir pour tout Mathematica ! Voulez-vous agir égoïstement, ou voulez-vous partager votre savoir avec tous vos semblables ?
- Gnah gnah gnah !

Les plus jeunes symboles se téléportèrent directement sur lui, lames aux poings. Okay, ça voulait dire à l'attaque. Joy activa son pouvoir au dernier moment, sans comprendre ce qu'il se passait. Esquivant les deux premières lames des Promifures, il vit leurs déplacements comme s'ils étaient instantanés...parallèles et droits, principes vectoriels...mais bien sûr, c'est comme ça qu'ils se battaient. Dans l'instant, Joy arriva à trouver une parade, et activa ses premières billes de bois. Visant ce qui leur servait de jambes. Le jeune voyageur s'était juré de ne jamais tuer, sauf cas exceptionnel. Pris par la concentration demandée par son pouvoir, et par la vitesse des Promifures qui le chargeaient, il en oublia totalement Chupah. Un instant, il le vit se débrouiller comme un chef...de quoi booster le jeune matheux, qui ne voulait pas décevoir son frère de pouvoir !

Joy semblait avoir conscient du point faible que possédait son plan. Il paraissait néanmoins plus optimiste que Chupah quant au sort d'Honorine. Peut-être que son expérience dans le monde onirique l'a rendu trop pessimiste. C'était une possibilité. De toute façon ils auraient sans doute la réponse sous peu.

Le jeune voyageur semblait vouloir se préparer le mieux possible avant de passer à l'action. Une idée pour le moins sage que ne pouvait qu'approuver notre héros. Une fois cela fait ils prirent la direction du hangar. Ils étaient bien sûr arrivés en avance. L'idée de Joy était de préparer son terrain au mieux. Une bonne initiative. La réflexion du jeune contrôleur avait arraché un sourire à notre héros. Ce dernier s'excusait d'avance dans le cas où ils perdaient le combat.

« Il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Je suis là pour m'assurer que tout se passe bien. Vôtre anxiété est normale, surtout avec l'expérience que vous avez. Et sachez qu'elle ne disparaît jamais, elle se contente juste de s'atténuer. Il faut apprendre à composer avec. »

Notre héros quant à lui inspecta le hangar. Il cherchait des traces de produits chimiques et/ou explosifs. Heureusement il n'y en avait pas. Cela aurait pu l'empêcher d'utiliser certaines invocations et ce serait avéré gênant.

Les deux voyageurs de Mathématica n'eurent alors pas à attendre bien longtemps. La famille Promifure qui semblait au grand complet était arrivée et avait même prit le soin d'emmener la statue. D'un coup d'oeil Chupah repéra les leaders. Comme il l'avait craint, Honorine semblait amochée mais rien de grave. Il jeta un coup d’œil à son camarade... Ce dernier était clairement énervé à la vue de la créature blessée. Néanmoins, il ne s'emportait pas. Garder la tête froide lorsqu'on commençait à s'impliquer personnellement était quelque chose de très compliqué. Le garçon semblait néanmoins maîtriser cela. Preuve en fut faite lorsqu'il ignora les provocation de la grand-mère de la famille pour proposer, une dernière fois, de régler le problème dans la diplomatie.

Mais la famille n'était pas venue dans cette optique.

Aussitôt, deux membres se téléportèrent pour attaquer Joy. Presque dans le même temps Chupah subit la même chose. Il sauta alors pour esquiver les coups de dague de ses adversaires tout en laissant tomber un trois explosif de bonne taille qui les souffla.

« Vos désirs égoïstes vous mèneront droit dans vos geôles. »

Ne perdant pas de temps, il invoqua son 1 de la taille d'une batte et se mit à courir droit vers ses adversaires. Droit vers la statue.

« Ne le laissez pas approcher de notre illustre aïeule ! TUEZ-LE !!! »

La vieille avait encore une fois parlé. Un groupe de trois créatures lui barrait à présent la route. Le dandy ne pouvait pas se permettre d'utiliser de techniques explosives, il pourrait abîmer la statue, quand bien même elle possédait une protection. Il se força donc à reculer pour emmener ses adversaires vers lui. Ces derniers, semblant y voir un geste de faiblesse perdirent toute méfiance ce qui permit à nôtre héros d'en faucher un à la tête et un autre aux niveau des jambes. Les deux s'écroulèrent. Il lança son arme en l'air devant son dernier adversaire ce qui eut pour effet de le distraire. Ayant les mains libre, il en profita pour décocher un coup de pied dans ce qui semblait être son torse. La créature tituba puis trébucha sur les corps inconscients de ses complices, se frappa la tête sur le sol et s'évanouit.

Joy aussi semblait bien se débrouiller pour sa part. Il ne restait plus grand monde chez leurs adversaires.

« Voyez : vôtre tentative est vaine. Rendez-vous. Vous pouvez encore limiter les dégâts. »

Dans un cris de rage, les trois derniers membres se jetaient sur lui. Il restait encore le grand-père et la grand-mère qui patientaient toujours prêt de la statue, l'air beaucoup moins sûr qu'avant.

Chupah lui arrivait à esquiver et parer assez aisément les coups de lame de ses adversaires. Seul son costume semblait en souffrir. Avec toutes les aventures qu'ils avaient vécus, ces créatures n'étaient clairement pas de son niveau. Il en élimina une en l'assommant contre une des colonnes du hangar, il para ensuite les coups d'épée des deux dernières. Il tourna la tête et vit qu'une des créatures allait attaquer Joy par derrière. Ce dernier ne semblait pas l'avoir remarqué. Ayant une main de libre, notre héros invoqua son 7 de la chance. Armé de celui-ci, il tira vers la créature embusquée qui se jetait sur le contrôleur. Coup de chance, ce fut une grosse valise qui sortit du canon de l'arme et qui fonça droit sur sa cible, l'assommant sur le coup. Mais il avait lui aussi ses propres adversaires dont la colère augmentait peu à peu face à leur sentiment d'impuissance. Il fallait songer à en finir. L'invocateur recula puis révoqua son 1 pour faire apparaître son 6 et son 9 de la tonfa. Les deux armes tranchantes en main, il fonça à nouveau sur ses adversaires, esquiva leurs armes et porta un coup sur le flanc de chacune. Il ne fallut que ça et les deux créatures s'écroulèrent.

Il fit disparaître à nouveau ses armes et marcha calmement vers les deux vieux.

« Souhaitez-vous toujours vous battre ? Vous avez envoyé votre famille se rompre les os. Ne pensez vous pas que c'est suffisant ? Rendez-nous cette statue. »

Son regard était dur. Allaient-ils pouvoir en rester là ?

Esquivant les attaques qui étaient de plus en plus faciles à mesure que le combat s'éternisait, Joy prenait conscience que son pouvoir était bien plus puissant qu'il ne le pensait. Il commençait à deviner les déplacements vectoriels et les arcs des symboles pour le frapper. Aucune surprise ou presque, tout devenait clair et limpide, dans un ensemble mathématique cohérent qu'il habitait.
Il amenait même certains symboles plus près de ses billes, pour faciliter les trajectoires, et visait ce qui leur servait de jambes pour les mettre au tapis. Pas de morts, mais beaucoup de blessés. Il commençait cependant à ressentir l'utilisation prolongée de son pouvoir, et décida d'en finir rapidement. Visualisant rapidement le nombre de billes restantes par rapport à ceux couchés au sol en se tenant les jambes de douleur, il pouvait finir le reste des attaquants sur une seule attaque, si sa formule de déplacement marchait correctement ! Il sauta dans les airs, arriva au centre de l'Abaque Automatique, suivi rapidement par tous les attaquants. Il vit au passage Chupah se débrouiller comme un chef, ses invocations étaient clairement d'un niveau supérieur à qui que ce soit dans ce hangar...Joy prit appui sur le sol, à quatre pattes, plié sur lui-même, leva la tête et vit les Promifures arriver sur lui en sautant. Il activa les dernières billes, en tentant de gérer toutes les trajectoires en même temps. Poussant un cri de rage en voyant et décodant immédiatement toutes les formules, il vit les attaquants fauchés en pleine course, et tomber en se tenant les jambes. Un seul ne bougea pas, et Joy comprit immédiatement que ses calculs n'étaient pas tous parfaits. Une seule avait touché le ventre...

Le jeune voyageur avait toujours du mal avec la mort dans Dreamland, surtout concernant une créature. Il resta impassible mais paralysé par ses pensées, sans voir un des membres de la famille se relever pour lui asséner un coup fatal, par derrière. Fort heureusement, Chupah veillait au grain, sauva in extremis le jeune voyageur et repartit au combat, qu'il termina rapidement...Joy, se reprenant un peu, mit de côté le carnage du hangar, avec tous les corps couchés, et alla directement vers Honorine, qu'il prit dans ses bras alors qu'elle pleurait à chaudes larmes. Chupah, de son côté, voulait en finir avec les vieux, mais ceux-ci ne semblaient pas avoir en tête l'idée de se rendre.

En effet, la vieille sortit une sorte de petites faux où étaient inscrits des runes mathématiques. La faux se mit à émettre des chiffres de fumée et elle la fit tournoyer en hurlant de colère. Le vieux sortit deux dagues, et la garde en forme de symbole d'addition pouvait se tourner pour sortir plusieurs lames à partir de sa base. La vieille chargea Chupah, le vieux alla directement sur Joy et Honorine, en gueulant "gnahgnahgnah" d'un air diabolique. Joy activa son pouvoir, prit Honorine sous le bras et se déplaça instantanément, mais le vieux le suivait de près. Posant Honorine bien derrière lui, il commença à s'attaquer aux deux armes pour réduire la taille des lames, et commença à détruire l'opération magique qui donnait autant de lames aux dagues. Il s'épuisait à vue d’œil, mais il devait tenter le tout pour le tout.

- Vous...je ne vous pardonnerai pas ! Vous avez mis en danger votre famille, vous avez frappé votre propre nièce, vous avez laissé votre clan se faire détruire, et tout ça pour une mémoire familiale que vous avez sali de vous-même ! Je ne vous pardonnerai pas, et vous ne sortirez pas d'ici avec l'honneur de m'avoir battu !

Joy se déplaça à une vitesse folle, alors que son corps hurlait de douleur. Dans sa course, il avait lâché les deux dernières billes qui restaient dans sa poche. Arrivé devant le vieux, il se prit un coup de dague dans l'épaule. Fort heureusement, la réduction des lames réduisait l'impact dans la chair, mais cela le fit grimacer. Il leva la tête, prit le cou du vieux et sentit son corps gagner en force, sans qu'il sache pourquoi ni comment. Instantanément, les deux billes vinrent comme des balles de pistolet dans les coudes du vieux, et Joy le relâcha, avec un air de colère et de dégoût, le regardant avec un mépris que le jeune voyageur n'avait jamais ressenti.

- C'était pour Honorine, et pour la mémoire d'Ecalastin. Pauvres nazes.

Il tomba, épuisé, éreinté, courbaturé, tandis que la femme survivante de la famille Promifure se jetait à ses côtés. Il fit un geste du pouce pour dire que tout allait bien, au milieu du champ de blessés.

Il ne restait donc plus que les deux leaders de la famille Promifure. Tel les deux boss à la fin du donjon ceux-ci toisaient nos deux voyageurs avec un sourire arrogant. Ils ne semblaient pas déstabilisés par le fait d'avoir vu leur famille entière se faire massacrer sous leurs yeux. La vieille répondit alors à Chupah avant de sortir une étrange faux.

« JAMAIS TU M'ENTENDS ! Misérable avorton ! Ne te crois pas supérieur parce que tu as vaincus ces idiots bons qu'à exécuter des ordres ! JE suis l'héritière de la famille Promifure ! Cette statue ME revient de droit ! »

Là dessus, elle se jeta sur notre héros qui exécuta un bon sur le côté pour l'éviter avant d'invoquer ses deux tonfas circulaires. Il commençait à attaquer la vieille créature mais cette dernière s'avérait plus puissante que prévu. Elle parvenait à parer les attaques de Chupah et gagnait de plus en plus de terrain pendant leurs échanges. Il essuyait en effet de plus en plus de coupures. Certes pas profondes mais qui devenaient de plus en plus gênantes au vu de leur nombre croissant. Mais heureusement, notre héros avait plus d'un tour dans son sac.

Il avait anticipé la présence d'une colonne derrière lui et se baissa au dernier moment, laissant la faux de son adversaire glisser contre cette dernière dans un coup horizontal. Là dessus, il faucha les jambes de la créature avec un coup de pied avant de lâcher un petit trois explosif qui, en plus de faire quelques dégâts, créa une fumée suffisante pour qu'il puisse se dissimuler.

Là dessus, il invoqua son 13 du marteau explosif et attendit le moment fatidique. La créature se releva et jeta un coup d’œil devant elle. Personne. Et pour cause, Chupah se trouvait juste derrière elle et lui décocha un violent coup de marteau qui produit une bonne explosion tout en envoyant voler l'adversaire contre un des murs du hangar, faisant un trou dedans. Le dandy s'approcha et constata que la vieille était inconsciente. Il lui passa donc une paire de menotte grâce à une de ses invocations.

Retournant dans le hangar, il se dirigea vers Joy qui était avec Honorine. L'invocateur regarda la statue vers l'entrée qui heureusement n'avait pas été endommagée.

« Voilà une bonne chose de faite cher ami. Honorine, vous m'en voyez navré de constater que votre propre famille vous a ainsi portée atteinte. Mais si cela peut vous consoler sachez que vous êtes l'héritière la plus digne de tous les Promifure. Vous avez fait preuve de beaucoup de courage. »

Il lui adressa un doux sourire compatissant puis se tourna vers Joy. Ce n'était pas encore fini.

« Il faut que nous retournions au château pour rendre des comptes au roi. Après ça, je pense que l'on pourra conclure notre mission. Venez avec nous Honorine, nous vous y feront soigner également. »

Avant de partir, le Dandy n'oublia bien sûr pas de menotter chaque membre de la famille présent dans le hangar afin qu'ils puissent être récupérés par les représentants de la loi qui commençaient d'ailleurs à affluer.

Les combats étaient terminés. Celui de Joy ayant fini un peu avant, il put profiter du talent de Chupah au combat pour apprendre beaucoup de choses sur les timings, les coups utiles, les coups décisifs, et celui lui avait aussi donné quelques idées de techniques intéressantes. Lui comme la famille Promifure, dont les déplacements quasiment instantanés par voie vectorielle avaient inspiré le jeune voyageur qui essaierait sans doute d'imiter la technique. Allant vers Honorine, il songea que ce ne serait pas la première nuit où il viendrait la voir, et lui en fit part discrètement, pour ne pas que les autres membres de la famille n'aient encore un grief contre elle. Après cet événement, il est probable qu'elle deviendra le membre de la famille référent auprès du Royaume, aussi.

Chupah avait fini son combat et menottait la famille rebelle dans son ensemble. Les soldats mathématiques arrivaient à leur tour, et toute la famille fut emmenée vers le château...une mission de terminée, et pas des moindres pour Joy ! Il marcha dans les pas de Chupah, un peu pensif.

- Je ne sais pas pour toi, mais je pense venir régulièrement ici pour m'entraîner...de ce que j'ai compris, certaines familles ont des spécialités, des particularités mathématiques, comme les Promifures et les vecteurs. Ça m'intéresse beaucoup, j'aimerais connaître tout le royaume et devenir ainsi un voyageur très complet, comme toi ! Si ça te dit, j'aimerais faire des matchs d'entraînements contre toi pour pousser mon pouvoir au maximum, et voir comment je pourrais réagir. On pourrait commencer la nuit prochaine, juste un petit match pour que je mesure la distance qui nous sépare. Si tu le veux bien.

Chupah était clairement d'un autre niveau, raison pour laquelle Joy lui proposait cela. Il fallait qu'il visualise les efforts à fournir, et les moyens de tenir la distance en combat. Il laisserait ses billes de côté, et se présenterait uniquement avec son corps, son esprit et son pouvoir, et rien d'autres. Si le dandy était d'accord avec ça, il lui proposerait souvent un match de temps en temps, pour quantifier et voir les efforts réalisés. De quoi se remettre toujours en question, et avancer pour voyager sur toutes les zones de Dreamland, même, à terme, les plus dangereuses et inhospitalières.

Arrivés au palais, la petite troupe fut cette fois immédiatement amenée devant le Roi, qui signait des équations législatives tout en calculant la circonférence de sa nouvelle couronne de chiffres (qui est là pour la décoration plus que pour le faste). Ses soldats se rangèrent sur deux lignes, se faisant face, laissant les Promifures et les trois voyageurs - puisque Carlos était déjà présent, devant lui.

- Hé bien hé bien, je vois que mes nouveaux voyageurs sont parfaitement capables d'aider mon sommier...je vous remercie ô combien, mes braves amis, j'espère que la famille rebelle, étalée devant mes yeux, n'a pas donné trop de fil à retordre, ou d'équations à n inconnues à résoudre (où n est un nombre aléatoirement choisi) comme on dit plutôt chez nous. On m'a rapporté la façon dont l'enquête fut menée, et je suis flatté d'avoir des jeunes et d'efficaces personnages au sein de mon Royaume. Vous êtes donc entièrement et pleinement les bienvenus, tous les trois, tant que vous ferez régner mes théorèmes et mes lois mathématiques, bien sûr. En récompense, puisque ce royaume connaît maintenant ses premiers et rares voyageurs, j'ai décidé d'ouvrir une petite maison rien que pour vous, avec trois pièces, de quoi ranger vos affaires, et une salle de séjour si vous souhaitez vous retrouver certaines nuits. En échange, je vous demanderai des missions particulières de temps en temps. Cela vous convient-il, mes amis ?

Joy hocha la tête, émerveillé par le don d'Euclide. Il pourrait s'installer là de manière plus pérenne, et faire de vrais programmes d'entraînements. Un endroit uniquement fait pour que les voyageurs soient disposés à y revenir, c'était aussi plutôt malin de la part du Roi, qui formait un contrat tacite avec eux. Si les autres acceptaient, bien sûr.

- Nous allons maintenant nous charger des interrogatoires de la famille Promifure, et j'ai cru comprendre que la dénommée Honorine avait montré une loyauté sans faille à la fois pour son sommier, et à la fois pour sa famille. Un tel comportement doit être honoré, c'est pourquoi je la nomme responsable de la famille, et surveillante du quartier vectorielle en formation, ce qui devrait la tenir à l'écart des tentatives de vengeance de ses proches...la peine, dans le cas d'une atteinte à une surveillante de quartier, est nettement plus lourde, et ma bien-aimée, l'Inconnue Parfaite, y veille. Vous avez d'autres questions ? J'ai des fractions pour y répondre.

Joy leva la main, comme à l'école.

- Désolé de vous en demander plus mon Roi, mais auriez-vous une sorte de maître d'entraînements mathématiques, un professeur, j'sais pas...Je veux bien défendre le Royau...le Sommier, bien sûr, et vous aider, mais les combats de cette nuit m'ont montré que j'étais encore loin d'être tout le temps opérationnel...ce qui me gêne.

- Dans chaque quartier, chaque surveillant possède un savoir mathématique particulier. Je suis le meilleur professeur de mon sommier, mais il n'y a pas de grand mathématicien possiblement enseignant. Et attention, en ce moment un professeur désigne un dessert très gras à la crème de chamallow cuit. Ou alors c'était la semaine dernière, je ne sais plus...dans tous les cas, attention...

Joy éclata de rire, et promit au Roi de faire attention aux mots qu'il emploierait à l'avenir. Il restait maintenant les statues à déménager dans le calme et la tranquillité, avant de se préparer et de se mettre d'accord avec Chupah sur le duel.

Spoiler:

Enfin terminé. Ils avaient bien mérité leur nuit ces deux là. Le duo de la nuit se remit alors en route pour le château. À bonne distance se trouvaient les gardes du royaume qui les escortaient plus ou moins discrètement. Dans tous les cas ils n'étaient pas gênants. Joy en profita alors pour parler de ses projets à notre héros. Et apparemment il y était mêlé. Du moins, en parti. Chupah s'arrêta alors et mit une main sur l'épaule de son homologue, le visage sérieux.

« Voilà une bonne initiative cher ami. Des projets, il en faut. Cela permet toujours d'aller de l'avant. Néanmoins je ne pourrais pas vous aider à vous entraîner, Joy. Je dois en effet dès la nuit prochaine entamer un périple pour retrouver ce qui... euh... m'a été volé il y a quelques temps. Je ne sais pas combien de temps cela durera et je ne veux pas vous mêler à ça, cela pourrait s'avérer trop dangereux. Mais dans tous les cas, ce n'est pas un adieu : nous nous retrouverons un jour ou l'autre. Et j'espère bien que ce jour là vous serez devenu plus fort ! »

Le dandy eut un rire franc. Il appréciait sincèrement le jeune homme et sera heureux de le retrouver à Mathématica – ou autre part – un jour où l'autre... Si toutefois son état futur lui permettra de le reconnaître.

« Allons-y, ne faisons pas attendre le Roi. »

Les deux reprirent leur route tranquillement. Arrivés au palais, ils eurent droit à un discours en bonne et due forme avec remerciement, cadeaux et tout le tralala. Ce roi semblait bon. Mais son discours était très bien tourné. En leur offrant une maison par exemple, il s'offrait en retour les services de voyageurs. Sous ces airs de touriste il était extrêmement intelligent pour gouverner, en réalité.

Enfin bref, le roi expliquait les derniers détails. L'affaire Promifure semblait donc réglée. Le contrôleur de chiffre posa alors une question sur un possible apprentissage ce à quoi le Roi répondit. Même l'humour était parfaitement dosée dans les répliques de ce derniers. S'il n'était pas si méfiant, il le croirait naturel... Peut-être Chupah était-il simplement trop sceptique ?

Le voyageur fit alors un pas en avant.

« Pour ma part, je décline votre proposition. Je ne souhaite en effet pas être rattaché à un royaume particulier, fut-il celui d'origine de mes pouvoirs. Néanmoins c'est avec plaisir que je reviendrais ici votre Majesté. »

Au moins c'était dit. Lui aussi avait joué de politesse. Ainsi, il expliquait bien qu'il était un électron libre et n'était en aucun cas lié à Mathématica mais qu'il comptait entretenir de bons termes avec. Le roi l'avait sans doute compris comme ça. Du moins, s'il était aussi intelligent que le soupçonnait notre héros. Le dirigeant acquiesça chaleureusement sans se départir de son sourire. Il salua donc le roi puis se tourna vers Joy à qui il serra tout aussi chaleureusement la main avec un sourire.

« Tous mes encouragements pour vos progrès. Je ne doute pas que l'on se reverra. Au revoir, Joy. »

Et l'invocateur quitta le palais, puis la ville, puis la périphérie avant de se réveiller dans le monde réel. Encore une belle aventure se terminait.

Spoiler:

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