-Mais qu'est c'que j'fous là ?"
On devine très bien le visage enflé de stupéfaction qu'empruntait Auguste à son arrivée à Dreamland. Le Royaume des Doutes. Il ne s'était plus intéressé à ce monde depuis la fois où il en était sortit, c'est à dire la première fois qu'il est venu à Dreamland.
C'est dire à quel point ce monde est important. Et pourtant...
Beau temps, une vue dégagée. Il manquerait plus que la mer à vrai dire pour qu'Auguste se décide à rester ici et profiter de ses rêves pour prendre de vrais vacances. Vous voyez, il s'en est fallu de peu pour que cette histoire ne dure qu'une page.
Au lieu de ça, la bouche bée qui offrait un curieux métissage entre le déception et le bâillement, il s’emplit d'une tâche qui consistait à se barrer illico presto de cette oppression totale.
Faut avouer que ce lieu est un gros bad. Des pierres, des nuages, des animaux qui pensent ce que toi-même tu penses. Non merci.
Marcher, encore et toujours en suivant le soleil. Soleil qui essaye de te parler mais Auguste ne veut pas communiquer. Il suit le soleil qui se couche, derrière les Montagnes Rivales. C'est un symbole puissant. C'est la quête du futur, vouloir aller là où le soleil va. Mais on est à Dreamland, et le soleil... bah il fait ce qu'il veut.
Et oui, il tournait en rond, mais ça il ne s'en rendra pas compte. Absolument jamais. A vrai dire, cela n'y changera rien puisque ce rêve est prévu d'avance. Pour une fois il est bloqué, il ne veut pas d'un élément déclencheur. Etre peinard, c'est bien aussi, parfois se dit-il. Grosse erreur mon ami.
-Eh toi là-bas ! entend-il au loin.
Ça y est, ça commence.
-Ouais ?
-Cache pas ta joie de croiser quelqu'un ici ! la voix se fait plus dure.
-J'ai rien demandé, casse-toi.
-Désolé mais tu es réquisitionné pour une question importante !
-Va bien niquer ta mère.
Coup à la tête, chassé et retournée. Auguste vient tout juste de se prendre une mandale par derrière mais c'était trop rapide pour qu'on le voit. Y avait un autre gus qui a attaqué en traître.
-Parle pas mal ! Lui lâcha son adversaire.
-OH OH OH ! Calme les popins ! hurla la première voix. On est pas là pour se battre mais pour réfléchir !
-Réfléchir à quoi ? maugréa Auguste, puis pointant du doigt son attaquant, lui assène un "tout se paye en ce bas monde gras-du-cul".
-Réfléchir à ce qui est bon et juste. Et mon nom est Dotas, pas gras-du-cul, lui répondit sèchement celui-ci avant d'aller pleurer.
La tension était à son paroxysme. Mais cette demande, réfléchir à ce qui est bon et juste, interpella notre voyageur. Il se ravisa alors en abandonnant sa posture de combat et, tout en fixant la première voix qui se trouvait être un petit bonhomme douteux, lui demanda:
-Comment ?
-Et Pourquoi, compléta le p'tit bonhomme qu'on appellera Jack parce qu'il a pas donné son nom à ce moment là, va savoir il devait être parano...
-Comment ça pourquoi ?
-D'où vient ce "ça" ? C'est pourquoi OU comment.
-Hein ? Mais qu'est-ce tu baves ?
-Comment ?
-Non ! Quoi ? Qu'est ce que tu racontes je comprend rien !
-Mais je te demande de choisir entre pourquoi et comment ?
-Pourquoi ?
-Ah comme ça, sans réfléchir ?
-NON !!! Pourquoi tu me demandes ça ? Tu m'fais encore le coup de rainman ou laurel et hardy et j'te jure que j'te sers une salade de phalange, promis.
-Ce serait peut-être plus judicieux de commencer par le début, avoua Jack.
-Ah oui il parait ouais ! S'agaça Auguste.
Dotas revint, les yeux rouges et la lèvre inférieure retroussée, un vrai p'tit bébé. Du haut de son 1m le petit bonhomme douteux s'assied à côté du voyageur. Il devait faire un peu moins de 50cm du coup. Jack s'assied à côté de lui et invita le jeune homme à en faire autant.
-Viens, on va parler.