Bienvenue chez les arnaqueurs [PV Joy]

Alors que le bdeon Joy se baladait je ne sais trop où à Dreamland, il vit un oiseau s'approcher de lui et venir se poser sur son épaule et toquer gentiment sur sa tête comme à une porte pour signaler sa présence. Après qu'il fut bien assuré d'avoir l'attention du voyageur lui servant de perchoir, il se déplaça en sautillant jusqu'à son poignet, sortit une trousse de maquillage et se maquilla rapidement en ce qui ressembla à une vague caricature d'une créature que connaissait Joy. Puis il ouvrit le bec pour se mettre à parler en imitant à la perfection la dite créature, que ce soit dans les intonation ou dans la gestuelle ou la voix.

- Salut Joy ! C'est Carvey ! J'ai un petit voyage à te proposer. Un voyage duquel tu me diras des nouvelles ! Comme je sais que t'aimes voyager et découvrir toujours de nouvelles choses, je me suis dis que ce voyage que j'entreprends pourrait t'intéresser. Je te propose du coup de me rejoindre la nuit suivante. Pour en savoir plus... Penses fort à moi avant de t'endormir plutôt qu'à ta douce Lili-Anne. héhéhé

Le piaf se tut et saisit une linguette démaquillante afin de se débarbouiller. puit prit ce qui semblaiut être sa vrais voix.

- Ceci était un service offert par Imitacorp. le service de pigeons messagers le plus performant de Dreamland ! Bon... aboule la monnaie !

Ouais, cet enfoiré de marchand avait dit au piaf que ce serait Joy qui paierai le service comme un bon connard. Il tendait une aile quémandeuse à Joy en le toisant mauvais air de dire qu'il n'avait pas intérêt à ne pas lui filer son fric sinon il lui collait des huissiers de justicity au cul.

La nuit suivante, oui on passe directement à la nuit suivante car la vie de Joy quand il est sans moi n'est pas très intéressante. Et puis narrer à la 3° personne c'est tellement pas moi ! Le jeune voyageur des math répondit à mon invitation et apparut comme ça, d'un coup, sur le dos de Bob juste derrière moi. on se serait cru dans un film de gladiateur putain. Tout collés serrés sur la selle de ma monture. Le pire, c'est surtout qu'il m'a fait une peur de malade. je m'attendais tellement pas à ce qu'il débarque de cet endroit là. je saute de la selle et m'éclate le nez par terre avant de me tourner vers lui. bob vient me léchouiller le visage pour m'aider, je le repousse par ce que bon, la bavouille de lapin ça va bien deux secondes.

- Putain mais ça va pas de débarquer comme ça d'un coup ?! Oui bob c'est bon ça va j'ai rien.

Des fois il est collant ce lapin s'en devient presque invivable. Je l'éloigne de moi alors que Joy est toujours sur son dos. Nous sommes à peu près au milieu de nulle part actuellement. Dans la 4° zone dans un coin perdu. Le voyageur me demanda où nous étions. Je le regarde en souriant et en lui répondant.

- Là... On est sur ce qui était autrefois la plus grande route commerciale de Dreamland... La route des inconnues. Elle partait de Saharia pour aller jusqu'aux confins de Dreamland. Certains disent que cette route n'a pas de fin. Un appel vers l'aventure et l'inconnu en somme. Malheureusement, plus personne ne l'emprunte et beaucoup de royaumes autrefois riches ont disparu. Mais pas tous...

Il me demande alors où on va précisément par ce que bon, faut dire que là, c'est un peu vague. Mon sourire s'agrandit alors que je lui réponds.

- Tu verras. l'aventure est toujours plus belle quand on ne sait pas où elle nous mène.

Je décide de laisser le voyageur sur le dos de Bob et guide ce dernier à pied. Oui je suis capable de marcher bande de mauvaises langues qui pensez que sans Bob je suis incapable de me déplacer ! Je vous emmerde bien profondément d'abord ! Parfois, je décrivais l'histoire des lieux à Joy, je lui dis pourquoi cette route s'appelle comme ça, je lui montre du bout des doigt les ruines d'un ancien royaume qui vivait du commerce et qui n'a laissé que de magnifiques ruines antiques venant compléter avec grandeur majesté le désert de rocaille qui s'étendait à perte de vue devant nous. Notre marche dura, dura et dura encore. Au bout d'un moment, Joy se surprit de ne pas s'être réveillé encore. Je ne lui disais pas que ce désert est assez particulier. Le désert qui entours Rokhan a une particularité assez amusante... Le temps s'y dilate. En effet, le temps qu'on y passe semble plus long. Il ne l'est pas vraiment, ce n'est qu'une sensation en fait. Allez savoir pourquoi. Apparemment, c'est comme ça depuis toujours. Depuis que ce royaume existe, il est long d'y accéder, il faut parcourir le désert durant une longue période, ou du moins le vécu d'une longue période. Pourquoi ? Je crois que c'est pour augmenter la satisfaction de découvrir après ce désert la première et dernière vrais trace de civilisation avant les terres ultra-sauvages de la 5° zone : Rokhan. J'en suis même persuadé car sortir du désert est assez rapide. Entrer à Rokhan est une épreuve mais la quitter est facile. Un royaume qui invite à l'aventure quoi ! En tous cas, je me prive bien de dire ça à joy afin de faire mon mystérieux et d'augmenter l'appréhension de son côté. Après tout, j'ai envie de recréer artificiellement pour lui la sensation unique que j'ai ressenti lorsque j'ai découverts pour la première fois ce royaume de légende.

On avait l'impression que ça faisait 3 jours que ça faisait 3 jours qu'on était dans le désert. Il faisait grand soif ! Je dis à Joy que s'il a soif, il y a toujours la gourde accrochée à la selle de Bob. Pour ma part, j'en ai une dans le paquetage que je porte à mon dos. Je bois tranquillement. Je vois Joy en faire de même avant de s'effondrer de la selle. Je le regarde avec un grand sourire alors qu'il sent ses forces le quitter. Je me penche sur lui tant qu'il lui reste un peu de conscience.

- Mince, j'ai oublié qu'il y avait un puissant calmant dans cette gourde. Bon bah fais un bon p'tit somme. Ça te dérange pas si je prends de l'avance j'espère. T'es dégourdi comme voyageur. J'suis persuadé que tu trouveras ton chemin comme un grand ! Haha ! À toutes Joy !

Je laisse le voyageur s'endormir et lui laisse quelques objets. Comme une gourde avec cette fois de la vrais eau dedans, un peu de bouffe, un chapeau pour se protéger du soleil et une toile de tissu pour s’abriter de ses terribles rayons. Après quoi je le laisse là au beau milieu de nulle part. Direction Rokhan. Pourquoi je fais un coup de pute comme ça à Joy ? La raison est simple. Très simple même. Le voyage et la découverte de Rokhan est une chose que j'estime qu'il doit vivre par lui même. Seul. Je pense vraiment que c'est le genre de royaume qui perd toute sa saveur si on t'y amène. Si tu veux y aller, tu dois le découvrir vraiment, tu dois y aller par tes propres moyens. Voilà pourquoi je lui ai fais ce coup de pute. Je me dirige donc à présent seul vers Rokhan, sur le dos de Bob qui préfère décidément me porter moi que Joy. Je pige pas trop pourquoi vu qu'il est beaucoup plus léger que moi le voyageur mais bon. Allez piger la logique de cet animal !

Au bout de ce que je crus être près de 2 jours de voyage mais qui n'en étaient en réalité qu'une heure pour le reste de Dreamland, alors que la chaleur était horrible, le soleil tapait sur nos têtes, je pouvais le voir apparaître sous mes yeux fatigués mais pleins de contentement... Je vois des habitations éparses apparaître tel un mirage à l'horizon. Je pouvais voir quelques traces de vies humaines dans les ondulations de l'atmosphère sur la ligne d'horizon sous l'effet de la chaleur. A mesure que j'approchais, la joie de découvrir enfin un havre de paix et de civilisation augmentait. A mesure que j'avançais les habitations se dessinent et se révèlent n'être pour la plupart que des bivouaques, des tantes aux styles tous différents. Il se dégage de tout ça une atmosphère... indescriptible. vraiment j'ai du mal à mettre des mots dessus. Quelques troupeaux de créatures ressemblant à des vaches sont en train de paître non loin. Il se dégage une atmosphère d'exotisme et de bout du monde. Personnellement j'ai la banane rien qu'à voir ce spectacle. Je flatte le flan de Bob de quelques tapes pour le féliciter de m'avoir porté tout ce temps sous ce soleil de plomb. Je le détache et le laisse gambader un peu et se rafraîchir à un abreuvoir. Pour ma part, je commence moi aussi à installer une tente dans un coin que je trouve pas trop mauvais, un peu à l'écart. Je croise quelques personnes que je connais à qui je cause un peu. C'est un petit royaume. Tout le monde se connaît ici, j'échange avec eux alors que j'ai invité plusieurs d'entre eux, tous aventuriers, sauf un qui est pasteur, les espèces de vaches là, elles sont à lui. On est tous sous ma tente qui est équipée d'une sorte de salon et juste d'une chambre un peu isolée par une toile qui forme une sorte de mur. On est dans cet espèce de Salon, très conviviale. Posés sur des coussins en guise d'assise en train de partager des récits, des nouvelles les uns des autres. C'est ça aussi qui est bien ici. Globalement, tous les habitants de Rokhan se voient peu les uns les autres. Du coup, dès qu'on se voit, on a plein de choses à se dire. On partage des histoires autour d'un verre et en partageant la fumée de ma pipe. On se marre bien. Je restais près de la sortie de mon habitation temporaire afin de voir débarquer le voyageur qui arriverait incessamment sous peu. Et ça manque pas, je le vois arriver en marchant doucement, je laisse mes invités un instant , je me présente devant le voyageur, bras ouverts avant de lui annoncer, sourire s'étirant d'une oreiller à l'autre :

- Bienvenue à Rokhan, le royaume des caravaniers, et des voyages commerciaux !

- Safarianisme, c’est encore loin ?
- Hola mon bon jeune homme, vous êtes pas arrivé ! Une fois arrivé du côté des serres tropicales du temps jadis d’hier lointain, il faudra prendre à gauche derrière la vallée des glaires des titans malades de la grippe, et vous suivrez le chemin des pterodactylo-Bus qui amènent les touristes dans le coin !
- Merci mon brave, bonne nuit à vous !

-

sur les chemins de la bohème
j'ai croisé le bout du monde
des p'tits matins
au café crème
je taxais ma première blonde

Il reprit sa marche vers le Royaume des dinosaures. Il n’en avait encore jamais vus rassemblés dans Dreamland, et il voulait connaître l’impression qu’il y avait à se retrouver à ces mastodontes. Se dire une nuit qu’on va croiser des dinosaures, ça n’avait pas de prix, réellement, oniriquement plutôt. Il souriait béatement en savourant le paysage, jusqu’à ce qu’un piaf vienne se poser sur lui, pour prendre la gueule et la voix de Carvey. D’abord pris d’un fou rire, le jeune voyageur écouta attentivement la voix du marchand. Puis il régla la note en soupirant des petites habitudes foireuses de son ami Carvey. Gonflé le bonhomme, de le sonner et de lui faire payer la course...mais enfin, une aventure avec lui signifiait une véritable aventure où tout pourrait arriver. Il décida d’arrêter sa marche et de passer un peu de temps dans cette zone plus hospitalière que le reste de la 4eme zone, ce qui se révéla intéressant, puisque le champ de la créature qui lui avait indiqué le chemin s’était avéré être un ancien temple inca utilisé par les créatures il y avait des siècles, un ancien chef de clan inca avait ressuscité dans ledit bâtiment, dans les sous-sols, et avait menacé de détruire Dreamland...mais ceci était une autre histoire que vous ne saurez jamais. La faute à Carvey d’abord !

Bref, la nuit suivante, Joy non sans difficultés s’éveilla dans Dreamland en pensant à Carvey, ce qui pouvait s’apparenter à un cauchemar, c’était selon. Du coup, un cauchemar vaincu pourrait donner un pouvoir lié à Carvey ? Ce serait à la fois assez cool et assez malsain comme pouvoir de voyageur, non ? Bref. Il arriva assis en mode cow-boy brodeback mountain sur le dos de Bobby Lapinou, ce qui créa un instant de malaise et de gêne. Avant que Carvey ne chute de sa monture. Le matheux le montra du doigt en riant et étala ses jambes sur le lapin qui consolait son maître.

- Ça t’apprendra à pas régler tes coursiers, espèce d’escroc !

Carvey, après un instant de calme, lui présenta les lieux. La plus longue route de Dreamland, promesses d’aventures...il n’en fallait pas plus pour que Joy ait des petites étoiles dans les yeux, et une énergie débordante pour aller de l’avant. Il sauta du lapin et commença à s’entraîner à sa technique céleste des bottes volantes. Depuis la Celestia, il s’entraînait toutes les nuits, même pour rien, surtout pour rien, pour s’habituer à drainer sa puissance et son énergie. Repousser ses limites. Aller se défier. Évoluer, en somme. Je fais des tours autour de lui et je me stabilise.

- On va où du coup ? Au bout du chemin de la bohème ?

Le marchand répondit mystérieusement. Encore une chanson possible pour le trajet, du même groupe. « Je ne sais pas où je vais, ah ça je ne l’ai jamais bien suuuu ». Joy voletait doucement dans le ciel et vint marcher aux côtés de Bob pour la route, en chantonnant. Un peu crevé par la technique, il se posa sur le dos du lapin, Carvey ayant laissé la place vacante. Il expliqua à l’adolescent l’histoire du pays et tout, et il eut l’impression que la nuit passait, passait dans la marche. Mais comme sur la Mer Infinie rencontrée avant la nuit sur le Hollandais Volant, le temps ici s’étendait pour que les lieux habitent réellement les voyageurs. Joy eut l’impression de marcher – enfin, de laisser marcher Bobby – pendant des jours et des jours, de ne jamais voir le bout de ce Royaume. Il se desséchait à vue d’oeil et commençait à voir des mirages dans sa tête, sans pour autant prévenir Carvey. Il voulait atteindre Rokhan comme un vrai marchand, un véritable aventurier. A un moment, alors qu’il se rendit compte que ça faisait des jours entiers qu’il n’avait pas bu une seule goutte d’eau, il but la gourde présente sur le dos du lapin, puis se sentit engourdi, lourd, somnolant. Il tomba, la face de Carvey le regardant, pas du tout inquiet...mais il s’en fichait, ce qu’il voulait à cet instant, c’était dormir. Dormir au frais.

- Ah que quoi ! Où j’suis ?

Réveil dans la douleur pour le voyageur des maths. La gueule cramée, il regarda autour de lui et se vit tout seul au milieu du désert, abandonné sans mot d’excuse ou de prévention venant de Carvey. Abandonné, y’avait pas d’autres mots, et rien pour le sécuriser. Rien sinon un peu d’eau, de nourriture, un chapeau et une toile pour se protéger de que dalle...Aucune trace du marchand, ni aucune trace de vie. Joy était le seul être vivant à des kilomètres à la ronde, et peut-être pas pour longtemps s’il restait sur place à essayer de distinguer quelque chose dans le jaune du sable et la puissance du soleil. Comprenant qu’il s’était fait niquer par Carvey, il gueula le nom de la créature dans le désert, et ne trouva qu’un écho terrible et continu, qui ajoutait à l’impression d’abandon. Il avait encore un peu de force, alors il se décida à marcher, droit devant, en suivant les pas du marchand qui étaient encore visibles dans le sable.

Y’a des nuits où Joy avait glandé sévère, mais cette nuit là, il s’en souviendrait pendant longtemps. Il ressassait dans sa tête toute la Celestiafest, tous les gens qu’il connaissait, tout ce qu’il avait à dire à Lili-Anna, tout ce qu’il avait à faire pour développer son pouvoir, et rien n’y faisait, il avait cette impression à la fois énervante et super méga flippante qu’il n’avançait pas...Il hurlait régulièrement, se mettait à parler tout seul ou à parler à l’horizon, à faire comme si Carvey ou Bob étaient là...et rien ne faisait avancer la route qui devait le mener à Rokhan. Nada. Le soleil tapait sa peau et le silence le rendait dingue. Il passa ses formules en revue, fit des pauses pour casser la croûte en surveillant ses réserves de nourriture, et reprit sa marche, à chaque fois, inlassablement. Il dormit dans un trou qu’il avait formé dans le sable, et essayait de se planquer du mieux possible pour ne pas se faire choper dans son sommeil. Sa peau commençait à gercer, à s’assécher, et après la deuxième étape de sommeil, il n’avait plus d’eau. Une tempête de sable vint le trouver à ce moment, et emmitouflé dans le sable, protégé par la toile, Joy eut l’impression que des meubles de vent lui tomber dessus, pendant des heures. Il se sentit immensément faible, devant la nature du monde des rêves, la puissance et la violence. Dreamland lui montrait qui était le patron, comme les créatures monarques, les Seigneurs chez Deus, montraient et matraquaient sans vergogne leurs puissances démesurées. Il prenait chaque coup de vent et de sable comme un uppercut, mais tint bon durant toute la tempête. Il reprit sa marche, le corps éraflé, amaigri, cherchant de l’eau où il pouvait, marchant toujours, parfois frôlant l’inconscience.

Il traversa, en prenant tout de même le temps de s’arrêter dans des endroits uniques, des ruines de villes décharnées, ouvertes en deux. Des temples effondrés, des palais défoncés par les intempéries, les pillages, les feux et le temps. Il longea des murailles ouvertes, laissées en proie à des réfugies, des caravanes, des prédateurs. La civilisation avait disparu de ces endroits, et le temps figé semblait tout dévorer, paradoxalement. L’adolescent reprit sa marche, et réfléchit intensément sur Dreamland, la vie des gens, des Seigneurs, des voyageurs, des voyageurs enchaînés ou libres, les uns voyant les autres de la pire des façons, sûrs de leurs droits. Il pensa aux gens rencontrés, à leurs espoirs, à leurs attentes. Leurs visages passaient dans sa tête, et il formait des formules géométriques pour les dessiner parfaitement. Il médita longuement, alors qu’il était au fond d’un lac géant asséché, sur Silva, Ania, Kael, Joel, Vladimir, les derniers gens rencontrés. Il insulta, dans une grotte immense, Carvey et savoura l’écho des insultes qui se répercutaient sur la roche. Peu à peu, il s’habituait à la chaleur, au soleil, et il découvrit qu’une formule pouvait monter son taux d’hydratation corporelle. Oui, durant le trajet, Joy aperçut les premières formules qui pouvaient être utilisées sur son corps, dans un cas ici présent d’extrême urgence, presque un cas de vie ou de mort, un cas d’urgence vitale. Comme quoi, l’abandon de Carvey n’était pas forcément une mauvaise idée en soi, juste un homicide volontaire qui ne disait pas son nom. Il était certain que le voyageur voyait du pays, mais à quel prix ? Il ne sentait plus ses jambes, ses jambes étaient décharnés, il respirait difficilement, son ventre était vide et il retrouvait tout juste une hydratation normale mais pas du tout naturelle. Il pensait y rester, mais il avait décidé, depuis cette fameuse tempête de sable, que le pire n’était jamais là, toujours à venir, et qu’il fallait aller à sa rencontre, pour le vaincre, et avancer encore. Comme dans DBZ, tu sauves le monde comme un dieu, mais y’a un connard qui arrive deux semaines plus tard, encore plus fort que toi et Sega. C’était pareil pour le matheux, toujours vaincre l’impossible, pour avancer vers l’impensable et le vaincre lui aussi. Non pas pour se sentir mieux, ni pour se confronter aux limites, ni pour se sentir exister ou se libérer de ses complexes, mais parce que c’était ainsi, la vie, des soucis à régler, de grande importance ou alors complètement insignifiants...régler des soucis, aller le plus loin possible sans perdre la foi, sans renoncer, croire en soi pour dépasser toutes les frontières connues, se trouver vers l’ailleurs, dans des paysages que personne n’avait jamais encore vus, ou juste passer du temps avec des gens, profiter de la vie une fois les soucis réglés. C’était ça qu’il voulait pour Dreamland, et qu’il avait été incapable de dire à l’assemblée de Seigneurs.

avant d'partir le pouce en l'air
à l'autre bout du bout du monde

sur les chemins de la bohème
j'ai croisé la neige et le soleil
une fille qui m'a dit je t'aime
un soir ou elle n'avait pas sommeil

Pris dans les dunes, il passa une énorme porte creusée à même le désert. Il entendait du bruit venant de l’immense porte, mais à l’intérieur, dans la fraîcheur du tunnel, rien. Il y entendait le rire de Lili-Anna, le rire simple et franc, malicieux, entendu de la Princesse qui l’aimait et le lui disait à messes basses, d’une voix de murmures, quand tout Dreamland rêvait ailleurs qu’à leurs côtés, quand tout disparaissait, les mondes et les fonctions, les différences et les difficultés, et qu’il y avait simplement deux âmes en fusion. Il entendit le chant des guerres, les voix des gens rencontrés, et tout disparaissait, tout se diluait dans les ombres, passait et repassait pour mieux s’éteindre dans le noir et le silence, revenir soudainement. Il s’arrêta là un moment, guettant des bruits concrets de pas, mais rien. Il écoutait les bruits venir à lui, et finalement, dans le fracas des armes qui l’entourait, il n’eut plus peur, il récupéra une énergie dernière, il était à bout, mais il reprit sa marche. Quand il sortit, le soleil l’aveugla et il chancela. Il posa le poing tendu au sol pour se tenir, et commença à marcher à quatre pattes pendant des heures. Selon ses calculs, ça faisait une semaine qu’il marchait. Une semaine sans se réveiller donc ? Il ne comprenait pas, mais après avoir connu la Mer Figée, il s’attendait à trouver un désert figé. Tout était possible, et tant qu’il ne se réveillait pas, il avançait.

Après une journée passée à quatre pattes, il se mit à ramper, sans se laisser faire par une nouvelle tempête. Il vit la grande figure d’Euclide se déployer en nuage et se faire fracasser par une tornade. Oui, une tornade. La bonne vieille tornade de sable qui fracassait les visions de Joy. Puis le désert s’ouvrit, dans un début d’hallucination du matheux, et des roches prirent les formes de titans immenses, de Seigneurs, de voyageurs, et toute la nature commençait à se battre. La terre contre les nuages, le sable devenu du feu, et le feu du soleil fondait en eau brûlante, métallique, de toutes les armes en fusion, sur le corps de Joy qui accueillait les pointes de milliers de sabres, d’épées, tous les impacts de balles sur son corps. Il poussa des cris d’écorchés et manqua de défaillir, quand il sentit quelque chose dans sa main. Une racine. Il la regarda et sut qu’il fallait la garder sous la langue. Emporté par la tornade, il perdit connaissance.

- Allez, réveille-toi gamin, on arrive !
- Hum...encore cinq minutes, je pars en skate pour le lycée…
- Qu’est-ce que tu marmonnes ?
- Hein ? Mais vous êtes qui vous ?
- Irène, responsable de la caravane qui fait la liaison Rokhan-Félinia. Je t’ai trouvé inconscient au bas d’une dune, t’avais plus de peaux à certains endroits, je t’ai soigné et mis sur mon loir de compagnie.
- C’est le gros truc qui pue sur lequel je suis allongé ?
- Il s’appelle Rodrigue, parle mieux de Rodrigue.
- Enchanté Rodrigue. Et on est où là ? Et pourquoi je suis momifié dans des bandages ?
- On arrive vers Rokhan, je t’ai trouvé inconscient à 20 kilomètres de là. Écorché vif, en sang, en pleurs et inconscient. Parlant de ça, avec les soins, l’eau, le voyage et la sciatique de Rodrigue, tu me dois 4,000 essences de vie. 4,500 avec les bandages.
- Okay je paye…
- Je dois te déposer quelque part ? Tu connais des gens peut-être ?
- Comme dirait Sasuke Uchiwa, je ne cherche rien. Mais il y a un certain homme que je dois tuer.
- Sasuke Uchiwa ? J’ai des figurines de ce gars à vendre. Seulement 700 essences de vie.
- Non merci.
- 600.
- Sans façon.
- J’ai un bureau en bois de hêtre, sans tiroirs, mais livré avec une paire de mocassins si tu veux. Il manque un des mocassins, mais ça reste une affaire.
- Bon, c’est fini la bohème là, ça va ! Merci Irène et à la prochaine !

Tu as intérêt à te planquer, mon bon Carvey...

Oulah... Je crois que ça commence mal... Très mal même ! Non mais vous autres les lecteurs vous êtes d'accords avec moi non ?! Comment ça vous voyez pas de problème ?! Mais vous avez de la merde dans les yeux ou vous êtes juste cons ? Moi je dis que lui me trouve et lui il dit que c'est pas le cas. Vraiment y a des coups d'pieds dans l'cul qui se perdent. Ouais je sais je peux pas par ce qu'il est modérateur et pas moi. Moi de toute façon je dis « à bas la hiérarchie ! » Du coup cet enfoiré, il me fait passer pour un gros couillon par ce que du coup je suis obligé de revenir sur ce que je disais. Tu m'étonnes qu'on me traite d'arnaqueur et de menteur si je suis obligé de changer mes versions des faits sans arrêt à cause de Monsieur Joy ! Ah ces voyageurs ! Moi j'vous le dis, c'est d'la racaille, du genre qu'on passe au karcher.

Du coup, comme je vous le disais, je causais avec les potos. On parlait affaire, aventure, certains essayaient de se vendre les trucs les uns aux autres. L'un d'eux voulait m'acheter la pipe du sage. Je reffuse catégoriquement par ce que j'y attache une valeur sentimentale et puis bon, je m'en sers beaucoup trop pour m'en séparer. En fait, ce que j'aime avec ce royaume, c'est que j'ai l'impression d'être compris, d'être réellement avec des semblables. C'est un sentiment que je n'ai nulle part ailleurs. Certes ça blesse un peu mon ego par ce que du coup, je me sens moins unique en mon genre mais bon... Et puis le truc, c'est que même en ces lieux, les gens reconnaissent volontiers que je suis plutôt das le haut du panier. Ouais je me la pète et alors ! Je commence à m'inquiéter un peu par ce que Joy ne parait toujours pas. Je sais que quelques minutes ici c'est des heures dans ce désert. Et vu le temps depuis lequel je bavarde, le pauvre bonhomme doit passer juste des heures, que dis-je des jours là dedans. Du moins, c'est ce que son esprit doit ressentir. Je commence à m'inquiéter un peu. Je me dis que bon, il est bien classé mais il reste un voyageur inexpérimenté et le lâcher là au beau milieu du désert de la 4° zone c'est peut être trop pour lui. Une de mes collègues venue du royaume des chats débarque alors dans la ente après être passé devant puis avoir fait demi-tour en reconnaissant ma trogne.

- Abah ! Ça par exemple ! Carvey ! Ça fait combien de temps que t'es pas venu ?!
- Quelques années oui !
- Comment ça va ?! Ça faisait longtemps qu'on s'était pas vu !
- Bah quelques années aussi et toi Irène ça va ?!
- ça va ça va ! Je peux ?
- Bien sûr ! Ça te coûtera 100 EV pour entrer par contre.
- Hahahaha ! Que t'es drôle !

S'ils savaient que cette vanne je la faisais dans l'espoir qu'un jour quelqu’un accepte tout simplement sans broncher, je pense qu'ils trouveraient ça moins drôle. Je laisse entrer ma collègue dans ma tente elle aussi et elle vient s'ajouter à va conversation à raconter elle aussi ses histoires jusqu'à ce qu'elle nous balance un :

- Vous devinerez jamais ce que j'ai récupéré sur la route y a pas plus de 20 minutes !
- Un chaton ?
- ahah ! Très drôle !
- Un caillou ?
- Pourquoi je vous raconterait l'histoire de moi qui trouve un caillou ? Ce serait sans intérêt !
- Tu sais, ça pourrait être un très beau caillou.
- Nan c'est pas un caillou.
- Un trésors !
- Nan !
- Un monstre !
- Une sauterelle !
- Nan ? Mais pourquoi vous dites que des conneries ?
- Bah on essaie d’introduire une touche d'humour et de rallonger ce RP tu vois.
- Hmouais... Bref, c'est pas ça ! Allez bande de nuls ! Z'êtes pas drôle !
- C'est une fusée !
- Un oiseau !
- Un avion ?!
- mais nan c'est superman !
- Sérieux ?!
- Nann roh mais vous m'embrouillez avec vos conneries
- Un caillou ?
- Nan ! T'es con ou quoi ?!
- Allez balances ! On donne notre langue au chat. héhé
- … Hmouais ! On repassera sur l'humour. Bon, du coup, je suis tombé sur un voyageur !
- Un quoi ?!
- Un voyageur ! Un gamin, à moitié crevé, il a dû passer l'équivalent de jours et de jours dans le désert !
- Tu l'as laissé où ?
- Bah, à l'entrée de la ville pourquoi ?
- Ce voyageur il était avec moi ! Il va bien ?!
- Tu fais équipe avec des voyageurs toi maintenant.
- Aaaaaaaaaaah putain ! D'où tu sors ?!

La personne qui venait de parler n'était autre que Materia, la gérante et régente du royaume en l'absence de son seigneur, soit presque tout le temps. Elle était posée juste à côtée de moi, à genoux, en train de boir un thé en mode posey. Mais d'où elle sort putain de merde ?! Bordel que j'ai horreur quand elle fait ça ! C'est une sorte de don qu'elle a ! Elle est capable d'apparaitre et disparaître un peu n'importe quand et n'importe où. Pas vraiment de l'invisibilité, pas vraiment de la téléportation, une sorte de pouvoir de discrétion. Disons qu'on ne la perçoit pas. Bref, elle venait d'apparaitre sous mon nes d'un coup d'un seul.

- Depuis quand t'es là?!
- Depuis le début pourquoi ?
- Attends ! Le début ?
- Bah depuis que tu a invité tout le monde à entrer ?!
- Tu vas me dire que je t'ai pas remarqué ?
- Si. Même que tu m'as salué.
- Quoi ?! Je m'en souviendrais !

Cette garce ! Je la hais ! Elle aime encore plus me faire tourner en bourrique que Maghior et allez savoir pourquoi mais elle m'aime pas... mais alors elle m'aime pas du tout ! Je crois que c'est par ce que Maghior dit à qui veut l'entendre que je suis celui qu'il pressent à devenir son successeur et que par fidélité pour son maître, elle aime pas trop l'idée d'un éventuel successeur et préférerait servir le même maître pour toujours. Enfin, ça c'est ma théorie personnelle. En vrais, je crois que c'est juste une garce qui aime faire chier son monde pour se venger du fait que Maghior la prend encore plus pour une débile qui qui que ce soit ici. Elle me regarde, une tasse de thé à la main, posée tranquillement alors que je la regarde avec une grimace.

- Salut Materia.
- Tu sais que tu me l'as déjà dit ?
- Oh ça va !
- Tu réponds pas à ma question... Tu fais équipe avec des voyageurs maintenant ?
- Nan. Juste que je pense qu'il faut partager notre beau royaume avec qui saura l'apprécier et celui-là je pense qu'il saura l'apprécier.
- Euh attends Carvey, tu m'arrête si je me plante... Tu... T'as laissé ce pauvre voyageur en plan au milieu du désert ?
- euh... Ouais ! C'est certain que dit comme ça, ça sonne pas très sympa. Mais je savais qu'il s'en sortirait !
- Hahahahaha quel enfoiré tu fais ! Des fois je me demande si vaut pas mieux être ton ennemi que ton ami !
- Hey j'ai fais ça pour son bien !
- T'aurais vu sa tronche quand je l'ai trouvé. Si c'est comme ça que tu fais du bien aux gens... comment c'est quand tu leur fait du mal ?!
- Oh mais ça va à la fin ?! Allez tirez-vous !

Je les regarde se lever et se casser alors que je confisque ma pipe des mains d'un des aventuriers qui semble déçu que je lui reprenne, convaincu que je verrais rien. Il m'a pris pour un couillon je crois. J'observe par contre que Materia elle n'a pas bougé d'un pouce. Elle reste là, assise à genoux à me regarder d'un air par forcément très sympa.

- T'es au courant que je m'adressais aussi à toi ?
- Oui.
- Bah qu'est ce que t'attends alors ?
- Tu viens ici pour relever le défi ?
- Décidément ça vous travaille autant toi que Maghior ce truc ! J'ai le droit de venir ici non ?!
- Juste que tu arrive comme par hasard 2 nuits après lui.
- Normal on s'est donné rendez-vous.
- Pour quoi faire ?
- ça te regarde pas.
- Tout ce qui regarde de près ou de loin Rokhan me concerne.
- Sauf que ça regarde personne ici sauf moi même et ton chère et tendre amoureux.
- pfeuh ! Va te faire foutre Carvey !

Je la laisse sortir de ma tente alors qu'elle m'adresse une grimace. Quelle maturité putain ! Je me prive pas de la lui rendre. Ouais je sais j'suis pas toujours très mature moi même. Je la regarde s'éloigner de sa démarche très canine, très très typique des créatures du royaume canin avec sa queue de renard qui bat à rythme régulier dans l'air à chacun de ses pas. Je la vois commencer à engueuler quelqu'un avant de disparaître de ma vue. Je souris un peu avant de tirer une bouffée de ma pipe. Décidément, j'aime bien être ici. Bon, faut que je trouve Joy moi.Du coup je laisse ma tente ouverte. Ici règne un climat de confiance. On m'a jamais rien volé quand j'étais ici. On m'a déjà escroqué et arnaqué mais pas volé. Du coup, je me mets à chercher Joy dans la petite ville qui ressemble plus à un énorme camp de gitans en criant de temps en temps le nom du voyageur.

- Joy ! Joooooooy ! T'es où ?!

Et de temps en temps je demande à des collègues un truc du genre « z'auriez pas vu un voyageur ? Pas bien grand, pas bien vieux, pas bien en bon état dans le coin ?! »

Sérieusement, ce lapsus de message valait totalement le coup. Vous avez un pote à qui vous filerait votre vie s’il le fallait...bon, concernant Carvey pas la vie forcément, mais une chemise au moins...bon okay, un bout de chemise...bon, okay, un bouton de chemise...bon okay, un pote à qui vous ne fileriez rien du tout mais vous l’appréciez bien alors bon, parfois, vous vous surprendrez vous-même à lui faire confiance. Voilà ce pote. Appelons-le au hasard Carvey, c’est lui ça aurait pu être un autre mais il se trouve que y’a que lui qui répond aux critères qu’on recherche. Voilà. Ce pote donc, à qui vous pourriez – j’insiste sur le conditionnel – vous pourriez faire confiance, et ce pote vous drogue dans de l’eau que forcément vous allez boire puisque vous êtes partis ensemble DANS LE DÉSERT...Il vous drogue avec un somnifère DANS LE DÉSERT et il décide de vous abandonner dans une zone spatio-temporelle qui oscille entre l’arrêt du temps et la mort assurée. DANS LE DÉSERT le temps passe plus lentement. DANS LE DÉSERT, y’a juste rien ni personne. DANS LE DÉSERT, vous manquez de mourir à la moindre tempête de sable et vous ne comptez uniquement que sur vous-même DANS LE DÉSERT. Et, une fois sorti de cet enfer, quand vous n’êtes plus DANS LE DÉSERT, donc, car une âme charitable mais trop non plus, il faudrait retrouver fissa presto sans discuter ce même pote qui vous a drogué et abandonné dans le désert ? Quoi ? Ah oui pardon : DANS LE DÉSERT. Non, je dis non, alors vous faites ce lapsus, vous ignorez la fin de sa réponse et vous laissez mijoter votre colère pour répondre ensuite.

C’était un message intérieur dans la tête de Joy, qui passait en boucle tandis qu’il arrivait du DÉSERT qui avait manqué de le tuer. Une chose cependant : même si le désert était mortellement stoppé dans l’axe du temps logique, il lui avait permis de faire le point sur sa vie réelle et sa vie de voyageur. Il lui avait permis de réellement tourner la page de la Celestiafest et d’aller de l’avant, de ne pas reculer, toujours avancer tout droit, vers un but même impossible à atteindre. Il avait voulu renoncer tout au long du trajet, mais il avait continué, il avait lutté contre les éléments, contre le climat, contre la terre, les hauts et les bas, les avalanches de sable, il avait lutté contre sa propre fatigue et contre sa démotivation. Il avait lutté contre la faim et la soif, la douleur et la peine. La souffrance physique, il l’avait connue et il l’avait domptée. C’était finalement une expérience étrange et bénéfique, ce voyage vers Rokhan. Comme une initiation, et Carvey devait le savoir, il l’avait fait exprès. Peut-être était-ce dans les règles de son Royaume, peut-être juste que ça l’amusait, mais après une petite collation achetée à prix d’or devant une tente, accompagnée d’une thé chaud puis d’une eau gelée servit dans une gourde gelée, il remit ses idées en place et se dit que son pote marchand ne faisait jamais vraiment les choses au hasard. Il l’avait laissé sur place pour qu’il atteigne cet esprit revanchard et aigri, à la fois compréhensif et plus...mature. Un coup de pute qui lui apprenait la dureté de la vie dans Dreamland, la difficulté que représentait la marche, le voyage, le commerce. En somme, il avait compris dans sa chair la profonde douleur qu’acceptait Carvey depuis sa naissance – lui comme les autres marchands. Ces idées calmèrent lentement mais sûrement le voyageur qui prit un temps de repos sous une tente, jusqu’à se faire virer par le proprio.

Il erra un petit peu et remarqua que Rokhan, c’était minuscule mais riche. Pas financièrement, mais déjà sur les populations présentes. Il y avait de tout, en hommes, femmes, enfants, animaux et marchandises. Il y avait tout Dreamland rassemblé comme pour faire une photographie anti-racisme ou anti-spécisme pour Dreamland. Tous des marchands qui échangeaient, parlaient, zieutaient et surveillaient la marchandise des voisins. Il espérait trouver Carvey dans le tas, mais il ne le voyait pas encore. Il était peut-être reparti, ou alors il avait des affaires plus urgentes à traiter. Le matheux, quant à lui, s’octroya un instant de tourisme, parce que s’il y avait quelque chose à acheter, c’était peut-être à Rokhan qu’il fallait le faire ! Il fit le tour des stands, des tentes, des étalages, et regardait tout ce qui était proposé avec curiosité. Ça sentait le voyage et l'aventure ! Il prit déjà des vêtements plus locaux, un turban, un foulard, un pantalon ample comme un sarouel, et des sandalettes pour marcher tranquillement sur le sable. Un vrai petit roots de festoche qui joue du tam-tam en prenant des nourritures illicites. Il planqua son sac sous une longue cape bleue pétante et commença à acheter un peu de nourritures, des babioles pour transporter plus de choses, et surtout, il vit une enseigne de ses grands potes avec qui il avait pour l’instant que des échanges par correspondances. En effet, le voyageur des maths avait déposé un nom d’entreprise, la Killa Corporation, qui créait des t-shirts personnalisés selon ses propres inspirations, nuit après nuit, et les tisserands du Royaume de la Route de la Soie lui créaient et gardaient ses créations en stock. Pour l’heure il était son passionné et unique client solitaire, mais il ne désespérait pas. Il s’approcha de la tente qui portait le signe des tisserands, et une créature avec un sourire d’arnaqueur et l’œil torve l’avisa.

- Kesse lui faut, à la ptite dame ?
- Euh, je suis un mec, pour commencer, et je cherche un tisserand du Royaume de la Route de la Soie.
- Un TRRS ? Bah ils ont tous été remplacés ce matin au pied levé. Par moi, ouais ! Kesse qui faudrait au ptit bonhomme ?
- Des informations sur les tisserands...vous ne sauriez pas où je pourrais les trouver ?
- Vous me dites votre nom et puis j’enverrai une réclamation à un bureau dudit Royaume, mais ce ne sera pas gratuit.
- Je pense bien. Laissez tomber.
- Dis donc elle est pas commode la demoiselle...ça va finir dans la tente des femmes ça !
- Alors déjà vous allez commencer par me parler correctement, monsieur ! On n’a pas gardé les morpions ensemble...Les scorpions pardon !
- Hé, Alric, j’ai un gosse pas jouasse sur la paillasse, tu t’en occupes et tu envoies à Merco ?
- Alric !

Une sorte de géant à la peau de pierre sortit de la tente, et il se mit à grandir une fois la tête dehors. Il dépassait la tente d’au moins un mètre, et il abattit son poing sur Joy, à une vitesse telle qu’il surprit le matheux. Ce dernier essaya une esquive au dernier moment, mais le poing du géant dénommé Alric était si gros et imposant qu’il frappa Joy du revers et l’assomma sur le coup.

***

La première chose qu’il sentit à son réveil, c’est ses oreilles en train de saigner. Métaphoriquement – quoique. Il se trouvait dans un coin qu’il n’avait pas encore vu, un coin assez fréquenté, mais personne ne faisait attention à lui. Cela s’expliquait par l’énergumène en train de chanter sur une petite place juste en face de la cage qui enfermait Joy. Une cage, oui, vous avez bien entendu. Il zieuta un panneau qui désignait la marchandise présente dans la cage. Esclaves à vendre, prix négociables. Putain, prix négociables quoi ! Et pendant ce temps, tandis que Joy hallucinait, le chanteur fou continuait de remplir l’étui de sa guitare d’argents, pièces plus ou moins vraies, petites culottes et autres objets moins glamours mais plus propres.

Spoiler:

- Il peut pas se taire putain, et qu’est-ce que je fous là !?
- Tu as été vendu par Alric. Une modique somme !
- Et t’es qui ?
- Samos. Je viens de Muzikland. Le chanteur, il est à moi. Ça attire la clientèle !
- Une clientèle pour des esclaves ? Tu parles d’une ambiance…
- Alors, souris un peu...faut que tu partes dans l’heure, avant les contrôles des marchandises !
- Je me disais aussi que le marchandage d’êtres vivants ne devait pas forcément être bien vu dans le coin. Ça marche les affaires ?
- On va voir ! Tiens, regarde, un client ! Alors mon frère, tu veux t’offrir un voyageur ?
- Le dernier a tenu une semaine après mon départ de Rokhan. Puis elle n’arrêtait pas se plaindre pour récupérer son pouvoir, une vraie chieuse ! Je l’ai laissée dans un convoi qui a pris un bon prix pour elle ! Celui-là que vaut-il ?
- Une véritable occasion, comme tu peux le voir, c’est une fraîche fille, sans doute encore pure et…
- Heu, les connards, d’une je suis un mec, de deux j’ai déjà servi à quelqu’un…
- Bon, ça ira pour cette semaine Samos, il m’intéresse pas. Trop vulgaire.
- C’est ça casse-toi. Si je te retrouve quand je sors, t’as intérêt à courir vite !
- Mais t’es un malade toi, je vais te faire passer l’envie de l’ouvrir devant les clients !

Samos le marchand sortit une épée qui ressemblait à du sable et leva l’arme pour frapper le matheux, qui activa immédiatement son pouvoir pour le contrer. Du coin de l’œil, il vit Carvey marcher dans l’allée, pas loin d’eux. Il alourdit l’arme pour que Samos tombe vers le sol en la tenant, ou en la relâchant d’un coup, et augmenta le volume sonore de sa voix en utilisant sa technique de l’Opéra Joule.

- CARVEYYYYYYYYYYYY ! Sors-moi de là putain ! Ce marchand est cinglé, et sûrement en infraction ! CARVEYYYYYY ! Enculey.

Alors dans le genre j'ai une vie de merde et appelez moi victime-sempai, sur le coup mon bon ami Joy il fait fort. Par ce que ce con là... vous devinerez jamais où je le trouve ce débile... Da,ns une cage, aux mains de Samos, ce taré de marchand d'esclave. Oui, ici on se connaît tous. On se dit tous « tu ». Moi Je le cherchais un peu partout ce débile de voyageur en me disant qu'il devait flâner dans le campement à observer tout et rien comme un gros touriste et se faire raconter une belle histoire avant de raconter ses anecdotes sexuelles avec une princesse pro du camping. Le genre d'histoire desquelles ont est assez friand dans le coin. Mais nan ! Ce con là, il trouve moyen de se faire esclavagiser. Y a vraiment que des voyageurs pour se retrouver dans des embrouilles comme ça. Je me frotte les mirettes en le découvrant à l'autre bout de la « rue » si on peu appeler cette allée de camping une rue quoi. J'en crois pas les yeux ! Moi comme je vous dis, je le cherchais le nez dans les épices mais ce con il a plus le nez dans la merde. Je m'approche en me massant les yeux, sentant que ça allait être compliqué cette affaire. Techniquement parlant, on a pas ve droit de vendre de voyageurs ici. Mais bon, Maghior est ce qu'on pourrait appeler un libérale. Lui il part du principe que si un mec veut vendre une partie de son corps, ça le regarde. Et siu le mec vendu est pas consentant ? Il a qu'à être donner son consentement pour pas se laisser faire. Personnellement, j'aime bien sa logique. Je le rejoins un peu. A force de trop aider quelqu'un, tu l'aide pas. Des fois, vaut mieux que les gens apprennent par eux même. Mais sur le coup, je suis forcé de reconnaître que ça sent pas bon pour Joy et qu'un coup de main s'impose. Je vois Samos ronchonner alors qu'il me voit approcher. On est pas vraiment en super entente cordiale. Pourquoi ça ? Il se pourrait que je lui ai joué un sale coup et que je lui au volé sa copine en plus de le plumer à un jeu de carte, le tout en trichant, tout ça en une nuit. Depusi, il m'aime pas trop je me demande pouquoi. Je veux jouer franc jeu avec lui et être direct.

- Salut Samos ! Combien pour ton voyageur là ?!
- ça fera 10 000 EV !
- Quoi ?!
- Je te fais le prix d'ennemi !
- C'est tout ?!
- Hm ?!
- Nan mais sérieux ! Tu choppe un N°2 de la ligue Baby et tu le vend pour seulement 10 000 EV ?! A ta place Joy je me sentirais insulté.

Je vois Joy me faire signe de la fermer. Il doit avoir peur que je fasse monter les enchères au point que je puisse plus le racheter. Mais je gère, faut pas qu'il s'en fasse. Samos se sent un peu con de pas avoir reconnu le voyageur. Il fouille dans son merdier pour trouver un exemplaire du dream-mag pas trop vieux et voir ainsi les tronches de tops de chaque ligue. Et là... Je commence à parler plus fort pour que tout le monde autour m'entende.

- Nan mais séreux Samos ! T'arrive même pas à estimer une marchandise pareille Hahaha ! Hey Potoma ! Salut ! Devines combien Samos demande pour un voyageur avec un pouvoir rare et classé second de la ligue Baby !
- Euh j'sais pas moi... 120 000... ça peut monter à 150 000 si les enchères sont hautes et qu'il fournit le matériel de contrôle.
- Hahahaha ! T'es donc d'accord avec moi, c'est ce que ça vaut un voyageur pareil au marché des esclaves !
- Bah ouais. Pourquoi il le vend combien ? 175 K ?!
- hahahaha ! T'y es pas du tout !
- Nan ! 200 K ?! l'arnaque !
- Pfouahahahahaha ! Pas du tout ! Il le vend pour 10 000 !

là, sidération de mon collègue que j'avais hélé pour venir servir mon petit jeux. Sa face est comme figée dans le marbre pendant que Samos compare Joy en photo et le vrais qu'a l'air tout mon dieu mon dieu. Et puis Potoma finit par exploser de rire genre en se foutant de sa gueule complet mais alors complet en se retenant sur moi pour pas tomber à la renverse avant de de gueule à un autre passant de venir écoute va bonne blague que je me fais un plaisir de raconter. Elle cause hilarité de mes collègues qui commencent à dire à Samos qu'il est décidément une tanche à pas être capable d'estimer la valeur de sa marchandise de prédilection en plus ! Après quelques minutes, le trio de moqueurs devient quatuor puis quintet, ainsi de suite jusqu'à ce que Samos me fasse signe de m'approcher avant d'enrouler ses mains par dessus mon épaule de m'éloigner pour me rpendre à partie.

- Je sais pas à quoi tu joue Carvey mais tu nique ma réputation ! Tu veux crever ou pas ?!
- Pffff ! Dès qu'on a pas de moyen de pression on menace pas les gens Samos !

Lui dis-je en lui soufflant ma fumée de pipe à va tronche, mon sourire d'enculé accroché au visage. Il me regard d'un air meurtrier. Je l'asticote mauvais exprès.

- Tu veux quoi Carvey ?!
- Ce voyageur ! C'est mon pote. Tu le libère et je rétablie la « vérité ».
- Tsss ! Vendu !
- Vendu !

Je lui serre va main avec mon sourire d'enfoiré pendant que lui a l'air répugné par ce geste. Je retourne vers va bande d'oiseaux moqueurs qui accueillent Samos avec une blague de marchands. Vous savez, les médecins ils ont veur humours sale à base d'herpès et de sodomie... Bah nous, c'est à base de TVA et d'anecdotes de marchandage. Oui c'est pas l'humour le plus fun qui soit je vous le concède mais c'est poilant quand vous en saisissez les subtilités... Ses lois du marchés en gros.

- Hey Samos ! ça coûte combien un croissant ? 10 centimes d'EV ? Hahahaha !
- désolé les gars ! J'avais mal entendu. Il disait 100 000, pas 10 000 ! J'suis un peu dure de la feuille dernièrement.
- C'est la branlette qui te rend sourd ? Ah non ! J'oubliais que t'as ton lapin pour ces choses là...
- N'en profites pas non plus !
- …
- et comme 'est un très bon prix ! Je l'achète bien entendu ! Allez mon bon Samos en bon marchand que tu es donnes moi mon dû !

Samos rechigne un peu avant d 'ouvrir la cage de Joy. Et là, tout les lecteurs se disent que décidément tout est trop simple pour moi. Et je vous dirais que vous avez pas tout à fait tors mais c'est grâce au pouvoir du talent. Je connais un peu Samos et je sais que ce type tient à sa réputation plus que tout et salir sa réputation avant de négocier pour la lui laver, c'était le meilleur moyen d'avoir Joy pour quedale ! Bah ouais ! J'vais pas payer pour mon pote ! Par ce qu'un pote, ça n'a pas de prix ! C'est beau ce que je dis ! Plus que si je disais que j'allais quand même pas mettre du fric pour ça ! Je suis pas radin ! Disons juste que j'aime me lancer des défis. Et puis quoi ? Bah je regarde Joy qui est tout mon dieu mon dieu avec un sourire.

- Alors ! Tu penses quoi de Rokhan ?! C'est pas cool comme royaume ?!

En même temps je lui fais signe de me suivre vers ce qui semble être le seul bâtiment en dure du royaume et en être le centre aussi. Après tout, c'est la cour du roi des lieux. Comme ça en plus je vais pouvoir lui montrer des échoppes au passage et des gens. Autant joindre l’utile à l'agréable. L'agréable, c'est que je gagne du temps car je perds pas de vue que la raison de ma venue ici, c'est de voir Maghior. Et l'utile, c'est faire le guide touristique de Joy. Oui c'est l'utile par ce que c'est pas franchement le truc le plus agréable qu'il m'ait été donné de faire. Alors qu'on avance entre deux étales de nourritures venu de pays où il ne pleut pas. Je le taquine un peu le bébé goujon.

- Et sinon, toi et va princesse des mots... ça se passe bien ?!

Je préfère éviter d'aborder avec lui le sujet épineux de la célestiafest pour le moment. J'étais arrivé à l'éviter. J'avais un peu peur de sa position très affirmée qu'il avait pris au 7° ciel. Et j'avais peur qu'il me reproche une non prise d'action. Du coup, je préférais détourner va conversation vers des sujets plus légers. Et au passage, je détournais aussi son attention de l'envie de me reprocher cette balade en solitaire dans le désert gratuite. Je sais pas pourquoi, j'ai le sentiment que cette super opportunité que je lui avais offert pourrait être mal prise par certains.

Se sentir comme une marchandise, ça avait le don de calmer le voyageur. Après le désert, le voilà réduit en esclavage, ne devant sa survie qu'à ce gros arnaqueur de Carvey, qu'il éviterait d'insulter alors que le marchand était dans sa ville d'origine, et le seul capable de le sortir de là...ce qui en disait long sur le niveau de misère dans laquelle était arrivé le voyageur. Il boudait la créature marchande en le toisant avec colère, en recollant ses bandages à sa peau, ceux qui servaient à apaiser sa peau brûlée par le soleil, et asséchée par le temps infini passé dans ce four grandeur nature. En voyant la gueule enfarinée du marchand, le trajet lui revint entièrement en mémoire, et la rancœur reprit le dessus, malgré la prison, malgré l'esclavagiste qui tentait de marchander.

Joy réagit à peine en entendant le prix de sa vie. Dix mille, après tout, si on en jugeait à l'apparence, c'était raisonnable. Comme quoi, le pouvoir faisait absolument tout et pesait énormément dans la balance. Le pouvoir et la réputation, le classement et les faits de guerre, ou de pré-guerre. Le dénommé Samos semblait ignorer les méfaits, actions, positions politiques et amoureuses du mathématicien, ce qui n'était pas, malgré lui, sans le faire sourire. Il connaissait Carvey depuis quelques temps, et il avait eu le temps de s'apercevoir qu'un marchand sans savoir était un marchand qui avait déjà perdu ses affaires, ou le sens des affaires. Le savoir, dans leur métier, était en fait la meilleure monnaie, la finance inépuisable qui allait les rendre riches ou pauvres, arnaqués ou arnaqués, clairvoyants ou aveuglés. Samos, dans la joute commerciale, avait déjà perdu devant l'ami marchand, en ne sachant pas estimer le voyageur qui venait de se faire connaître en devenant le numéro 2 de la Baby. Devant les remarques de Carvey qui enfonçaient le marchand, Joy faisait des mines moqueuses, pour décrédibiliser encore plus l'esclavagiste et se foutre littéralement de sa gueule devant tous ses compatriotes, c'est-à-dire tous ses rivaux dans la vente et l'achat de produits particuliers. Cela étant, le dos tourné je dis à Carvey de pas l'ouvrir de trop, sans quoi le marchand va faire monter les enchères...sauf que le matheux ne connaissait pas les habitudes et les délires de Rokhan. Ni réellement Carvey lui-même, qui avait plus d'un tour dans son sac.

La vérité sur la transaction ou sur le prix réel de Joy, voilà qui était plutôt malin pour récupérer gratuitement le voyageur. Détruire une réputation, pour un marchand, voilà qui était dangereux...Joy observait la scène d'un air impassible et calme, comprenant un peu mieux le caractère et la mentalité, les façons de penser, de réagir de son ami marchand. La vie était dure et il fallait survivre parmi tous ces gens qui ne connaissaient que l'art de la vente, la nécessité de gagner sa vie grâce à ses propres moyens à ses propres talents, à sa débrouillardise, sa roublardise, son intelligence ainsi que sa malice. En fait, il comprenait maintenant, de par cette scène équivoque, totalement Carvey, sa raison d'être, et les raisons de son comportement, de sa mentalité, et même pourquoi il l'avait laissé tout seul dans le désert. Rokhan et ses habitants étaient une ville et des gens pour qui la force et l'intelligence, les capacités d'un homme lui permettaient d'avancer pour gagner sa vie. La nature et la société étaient terriblement durs et difficiles à supporter, mais en étant plus fort, en étant solide, en prenant les choses avec humour et un cynisme qui cachait en fait des raisonnements pour la survie, on pouvait s'en sortir et ne plus subir, mais surfer sur la vague commerciale, pour ensuite tirer son épingle du jeu. Toute la vie de Carvey résumée ici, en somme. Joy contempla son ami, et le mot cette fois prenait tout son sens, car il lui semblait qu'il le voyait là pour la première fois. C'est-à-dire dénudé, c'est-à-dire dans sa ville natale, c'est-à-dire dans ce qu'il l'a rendu ce qu'il était là, aujourd'hui, cette nuit de transactions à propos d'un jeune adolescent. Il ne regrettait plus son périple à travers le désert, et souriait maintenant devant la scène qui se déroulait sous ses yeux.

Bref, Samos finit par ouvrir la cage, et le matheux sortit avec des étoiles dans les yeux, un peu choqué, et franchement admiratif même s'il le cacha du mieux qu'il put. Carvey aurait eu du mal à supporter de vrais compliments, dans sa ville, les félicitations, la sincérité n'étaient pas forcément mis en avant, et il lui fit juste un signe de remerciements, le fixant des yeux comme s'il le voyait réellement pour la première fois. Il lui sourit, manière de lui dire que tout était pardonné, et ils reprirent tous les deux une activité normale. Joy n'alla pas chercher des noises au marchand d'esclaves, après tout, Samos était comme Carvey, et la nuit promettait d'être riche et longue.

- Rokhan est la ville la plus merdique que j'ai pu croiser de toutes mes nuits ! Le désert, c'est pas pour dire, mais c'est totalement peanuts, je me suis baladé dedans en mode chill, grosse promenade...comme mes bandages cachant ma peau brûlée peuvent te l'indiquer...Non, je ne t'en tiens pas rigueur, j'ai appris sur moi et j'ai pu réfléchir sur Dreamland...mais la prochaine fois, tu sais, tu peux juste me prévenir plutôt que de me droguer...A vrai dire, concernant ta ville, je pensais voir un sorte de smala, tu sais. Dans notre monde, c'était la capitale des chefs de guerre arabo-musulmans, une sorte de grande ville nomade, une capitale de tentes qui servait à tenir une population chassée par des envahisseurs, en temps de guerre. Je ne m'attendais pas à un si petit village planqué dans le désert, mais je dois avouer que ça a son charme.

Le matheux contempla plus attentivement les étalages, et fit d'un tour d’œil le tour de la ville. Effectivement, c'était plutôt minuscule, mais il était convaincu que les marchandises qui se trouvaient là ne pouvaient, pour certaines, ne pas se trouver ailleurs dans Dreamland. Le marchand lui faisait pour ainsi dire le tour du propriétaire, et Joy se prit à dépenser quelques essences de vie pour pouvoir déguster des spécialités locales, du moins des choses qu'il ne connaissait pas, ou bien qu'il n'avait jamais vu dans Dreamland.

- C'est quoi ces petits rouleaux ?
- Des rouleaux de réglisse qui te donnent immédiatement du succès dans les études !
- Ah tiens...ça marche comment ?
- Tu croques dedans selon un rythme scolaire bien précis, le dosage de chaque rouleau te donne un succès immédiat ou différé. Satisfait dans les 24h ou alors non-remboursable.
- Attendez, Rokhan est loin de tout, du coup dans les 24h…
- Sinon j'ai de magnifiques dattes revenues au miel d'orgipane. Il paraît que les anciens marchands de Rokhan, nos ancêtres, mes aïeux...je te dis ça car mon propre grand-père en mangeait tous les jours...les vieux, donc, en prenaient pour garder une coiffure impeccable !
- Ça marche comment ?
- Tu prends la datte, et tu la passes dans tes cheveux...il faut plusieurs heures parfois pour que ça fasse effet, mais le résultat est toujours convaincant !
- Du coup ça ne se mange pas ?
- Oh, ça peut accompagner un bon cahouah, des cornes de gazelles ou encore un Mac Flurry Speculos.
- Ahin...bon je vais réfléchir, je repasse tout à l'heure ?
- C'est ça, c'est ça.

Le voyageur s'éloigna de l'étalage en faisant des gros yeux flippés à Carvey. Ce dernier lança la discussion sur Lili-Anna, la Princesse des Mots qui faisaient battre les chiffres sanguins du mathématicien. Il baissa les yeux, s'arrêta, comme pris par des visions. Il se voyait à Babel, la capitale du Royaume des Mots, jugé pour souillure de Princesse et trahison, jugé parce que voyageur par Data, le Prince lui-même. Il se voyait dans la douceur des draps royaux, à Ilyria, et son départ devant toute la population...il se voyait à la Celestiafest, chez Deus, soutenant l'horreur, la mort de Dialeg et la ré-apparition de la Reine Pretoria...le regard de la Princesse, ceux de sa famille, la haine, la rancœur, l'humiliation...et simplement Lili et lui voulant vivre un peu leur histoire personnelle, loin de toute géo-politique compliquée...Et pourtant, pourtant il le savait, il était en partie responsable de cette situation, du fait d'avoir ouvert sa gueule chez Deus, d'avoir dénoncé les actions des Seigneurs, d'avoir participé au bordel ambiant, de s'être fait un nom malgré lui, malgré ce qu'il voulait, et peut-être, finalement, d'avoir condamné sa relation avec Lili…Il reprit sa marche, l'air plus calme, plus apaisé.

- Dreamland est un monde cruel et impitoyable, tu dois le savoir mieux que moi, Carvey. Il est difficile pour un voyageur et pour une créature de ce monde de s'aimer, mais je crois que, jusqu'à la fin de notre histoire, nous essaierons de le faire. Lili-Anna et moi, quand nous sommes ensemble...c'est comme si Dreamland disparaissait, nous parlons l'âme à l'âme, et rien ne peut venir entacher nos discussions, nos échanges et nos sentiments...Sa famille a bien essayé d'en finir avec ça, mais personne n'y arrivera, pas même Deus...pas même Silva. Pas même Pretoria ni même le Seigneur Obscur.

Joy posa un temps de silence tandis qu'ils arrivaient sur le perron du seul bâtiment en dur de la ville, qui devait sans doute être un bâtiment officiel ou quelque chose de prestigieux. Il prit l'épaule de Carvey et le regarda droit dans les yeux, avec un regard un peu inquiet, mais déterminé.

- Je sais ce que j'ai dit et ce que j'ai fait à la Celestiafest, mais tu es mon ami. Je ne fais pas de distinction entre les voyageurs et les créatures, car les salauds sont dans tous les camps. Je sais aussi que certains, parmi vous, doivent se taire pour survivre. Justement ! Moi, j'ai la chance de m'en foutre, de ne pas prendre de pincettes, alors j'ouvre ma gueule, je mets les gens face à leurs actions, leurs convictions, quitte à mettre ma vie en danger...je sais que tu fais partie de ceux qui n'ont pas réagi, mais je veux que tu saches, Carvey, que j'ai compris...je vous comprends, tous...Je sais quelles sont tes obligations, je connais tes calculs...mais...mais je suis là pour être la grande gueule, je suis là pour qu'on ne perde pas de vue l'humanité et la bienveillance...Je lutterai toujours pour la paix et la cohésion, pour les créatures ET pour les voyageurs…

Le voyageur avait des larmes dans les yeux en se remémorant les discours et la guerre qui s'était déroulée chez Deus. Il avait fait le tour de la question, et tout était très net désormais dans son esprit, surtout après le passage dans le désert.

- Le désert de Rokhan m'a permis de comprendre une chose. Je suis une fourmi chez les géants, mais je dois devenir toujours plus fort, pour devenir moi-même un géant. Je peux résister à tout, il suffit que je croie en moi et en mes capacités...tu devrais faire pareil, car tu es quelqu'un d'exceptionnel, et qui m'est très cher...Alors même si tu n'es pas d'accord avec moi, sur ce que j'ai pu dire ou faire, je te demande de me pardonner, et de me laisser du temps, pour te convaincre.

Il regarda le bâtiment et comprit pourquoi Carvey, finalement, l'avait amené ici.

- Tu es mon ami. Je veux que tu aies confiance en moi. Alors fais-moi rentrer, puisqu'on est là pour ça. Je commence à te connaître, mon pote...

Dites, ça vous branche qu'on passe la partie résumé du poste précédent ? Non ?! Putain vous êtes des chiants dans votre genre. J'ai connu des marchands d'esclaves avec qui c'est plus facile de négocier. Je vais essayer d'être synthétique du coup. Alors t'as joy qui a mis de l'eau dans son vin et décide de pas prêter rigueur au fait que je soit resté passif lors de la célestiafest par contre zéro news par rapport à sa meuf. Du coup je comprends que c'est peut être pas le sujet à aborder. Puis il me fait part de ses ambitions. Ça me fait sourire ce qu'il dit, cette volonté de peser lourd dans va balance pour changer les choses par ce que ça résonne un peu avec mes propres plans, pas tout à faire de va même façon mais je me rends compte que fondamentalement, bien qu'on soit très différents par ce que c’est un voyageur et moi une créature, on a un peu va même façon de fonctionner. Je lui tape sur l'épaule en signe de franche camaraderie pour conclure tout ce qu'il venait de dire.

- Moi aussi je te fais confiance ! Bien que tu sois un voyageur. Et puis j'suis content que t'ai apprécié le voyage à sa juste valeur par ce que c'est ça qui est le plus important. Et puis... T'en fais pas pour Deus, je vais m'occuper de son cas ! Je crois que je vais l'entuber comme personne l'a jamais entubé !
- C'est qui ?
- Aaaaaaaaaaah putain tu m'as fait peur ! Putain mais comment tu fais pour apparaître comme ça ?!
- Et toi comment tu fais pour être si chiant ? C'est qui ?
- Bah... Un copain voyageur.

Comme vous pouvez le comprendre, Materia m'a encore fait le coup d’apparaître sous mon nez alors que je tourne la tête. Je crois que je m'y ferai jamais à cette manie qu'elle a d’apparaître et disparaître. J'ai vraiment jamais pigé comment elle fait la renarde pour faire ce truc. À chaque fois je manque de faire une crise cardiaque. Je me reprends un peu avant de présenter le voyageur à Materia.

- Joy, j'te présente Materia. C'est l'intendante de Rokhan. Elle gère le royaume quand Maghiore est pas là. Soit presque tout le temps. Une sorte de lord. Materia, voilà Joy Killamanjiro, contrôleur de chiffres.

Elle se met à tourner autour de Joy en le reniflant un peu. Sa nature canine qui ressort avant de reprendre la parole. Elle a un air un peu fouine très typique des goupiles qui amuse mais en meêm temps cause une grande méfiance vis à vis d'elle.

- C'est lui le gamin qui s'est pris la tête avec Deus ?
- Oui.
- Bon... Je suppose que t'es là pour voir Maghiore.
- Bah... Ouais !
- Il est pas là.
- Il est déjà parti ?!
- Pas du royaume. Mais tu le connais, il tient pas en place. Il doit se balader quelque part. Il m'énerve putain ! Pour une fois qu'il est là il pourrait assumer un peu ses responsabilités mais nan putain ! Il préfère flaner et me laisser tout faire !
- Si tu veux on te le ramène.
- Je dis pas nan... mais j'te dois rien si tu le fais.
- Tu m'as pris pour quoi ? Un marchand verreux ?
- Je te rpends pour un habitant de Rokhan... bref, un enfoiré qui perd jamais une occasion de faire quelque chose de profitable.
- Moi j'appelle ça du bon sens mais comme tu veux. Tu viens Hoy ? A part Maghiore y a rien d'intéressant ici en général.
- Va te faire foutre !

Je lui fais une grimace moqueuse à Materia avant qu'un type débarque dans le forum attirant l'attention de toutes les autres personnes présentes !

- Vites ! Venez tous un gars a défié le roi !
- Sérieux ?!

Je fais signe à Joy de me suivre alors que je suis moi même le mec qui vient de faire son annonce et nous mène vers le lieu du duel. Le tout formant une file indienne et allez ! Tous avec moi ! A a a la que-lele ! A a a la queue le-le nan j'déconne ! Vous avez cru quoi ?! On est pas dans une comédie musicale. On est capable de se retenir de danser à la moindre occasion. D'autant que c'est le genre de trucs qui heurtent ma suspension d'incrédulité. Donc on va jusqu'au lieu où se déroule le duel. J'explique alors à Joy en route pourquoi tout le monde semble vouloir assister à ça.

- je t'explique... Ici, n'importe qui peut prendre la place du roi. On est une méritocratie. Il y a deux façon. Se montrer assez valable pour que le roi te désigne comme héritier après sa disparition, soit arriver à le battre en duel.

On arrive donc au niveau de l'affrontement. Une large foule s'est formé.. On arrive à se faufiler pour arriver à voir. Perso je suis grand donc j'arrive à dominer des gens mais Joy, je suppose qu'il a dû bousculer un peu pour aller au premier rang. Juste à côté de moi, Materia sort de nulle part et manque de me filer une nouvelle crise cardiaque.

- C'est qui le mec qui lui déclare un duel ?
- Je sais pas... Un nouveau. Je l'ai jamais vu.

Nous sommes à la terrasse d'une taverne improvisée qui est sous une énorme tente. Nous sommes donc devant cette tente. Des tables et chaises servent pour les clients qui voudraient ester à l'air libre. Plus personne sur la terrasse entourée par la foule si ce n'est Maghiore et son adversaire. Le roi des lieux arbore un léger sourire amusé en voyant la créature de genre 2m30 avec des jambons à la place des bras ! Nan mais matez-moi cette musculature ! Il est marchand de protéine ou quoi ? Maghiore est en mode grosse pose, je te sous-estime grave, les pieds sur la table à se balancer sur sa chaise en observant un peu tout autour de lui avant de se redresser un peu.

- C'est bon ! Je crois qu'on a assez de témoins pour ce duel mon chère... C'estb quoi ton nom déjà ?
- Tibo ! Tibo onchape !
- Bien Tibo ! Comme c'st quoi qui m'a provoqué en duel... Je te laisse le choix des armes !
- Je veux que notre duel soit un bras de fer !
- ooooh ! Malin ! T'as toutes tes chances de gagner vu ces gros bras ! Hahaha !

Maghiore a l'air toujours aussi confiant. Il se redresse et pose son coude sur la table devant lui, en position pour commencer un bras de fer. Ouais... On peut provoquer le roi en duel sur absolument n'importe quoi ! Il suffit donc de le prendre sur une de ses faiblesse vu que celui qui provoque le duel a le choix du duel et des modalités... Mais vous allez vite comprendre pourquoi Maghiore est roi depuis des siècles malgré les nombreux duels pas toujours à sa faveur avec tous les habitants de Rokhan bien trop confiants. Tibo s'approche de la table et se pose lui aussi en position, l'air sérieux.

- t'es prêt à perdre ta place de roi ?
- Bof pas encore. Pas contre toi ne tous cas. T'as rien d'autre à dire avant de commencer ? T'en es certain ?!
- Ouais !
- Je donne le top ?
- Ah Materia t'es là ? Toujours aussi transparente ! hahaha

Je me marre alors que Materia tire la tronche, je la vois esquisser un geste d'une baffe sur la tête de Maghiore qu'elle n'effectue pas vraiment. Elle lève le bras et lance le duel. Maghiore est plus fort qu'il en a l'air et tient très difficilement. On sent que ce duel va être très vite torché par Tibo. « non mais me dis pas que Maghiore va perdre sa couronne comme ça contre un tas de testostérone en boite ?! » vous devez vous dire. Moi j'observe en souriant par ce que j'ai déjà vu un duel de Maghiore et beaucoup plus désespéré. Maghiore malgré l'effort monstrueux est tout sourire alors qu'il est sur le point de perdre.

- Je donne 1 million d'essence de vie à quiconque m'aide à gagner ce duel !
- Hey mais... t'as pas le droit !
- Si j'ai le droit ! Et toutes les personnes ici sont témoins. Tu as dis « un bras de fer » mais tu n'as pas précisé qu'on ne pouvait pas faire appel à un pouvoir. Personnellement ! Je fais appel au pouvoir de l'argent ! Tu pense pouvoir faire mieux que ça Tibo ?! Hahahaha

ça c'est du grand Maghiore ! Le type arrive à se srotir de toutes les situation avec une pirouette, e l'argent, deux objets magiques, du bagou et beaucoup de talent et le tout avec la banane et en se marrant. Il m'énerve par ce qu'il est ce que 'j’aimerais être. Je voudrais être comme lui ! Je voudrais arriver avec autant d'assurance et de facilité à avancer dans la vie. Je regarde Joy qui est juste à côté de moi alors que le coup de poker de Maghiore a un peu déstabilisé Tibo et a permit au roi e caravanes de reprendre un moment le dessus dans le duel.

- Tu aimerais devenir un géant Joy... Moi j'aimerais devenir comme lui.

On pouvait voir dans mon regard de l'admiration mais aussi un fond d'ambition. On comprenait rien qu'avec ce regard que je convoitais le trône de Maghiore. En fait, je convoite pas tellement son trône. E soit, il n'a que peu de valeur je trouve. Mais je sais que le jour où j'arriverai à le vaincre dans un duel, c'est que je serai arrivé à son niveau. Et en attendant, je me demandais qui aiderait Maghiore. Pas moi en tous cas. J'veux pas d'emmerdes avec le tas de muscles plus tard.

A peine libéré, à peine le temps de souffler que Carvey présentait quelqu’un d’autre au matheux. Materia, jamais entendu parler pour le jeune voyageur, mais la créature aux allures de félin, renard, renarde, quelque chose, une invocation, une championne, une enfant du Kitsune, et bien plus encore comme dirait le générique de Denver qui vit à Safarianisme, mais passons, la créature semblait plutôt amicale et sympathique, quoique flippante par ses apparitions soudaines. Fallait avouer que les marchands, après, c’étaient surtout des gens enfermés dans leurs boutiques, coincés dans leurs étalages, leurs stocks, leurs comptabilité. On pouvait facilement les effrayer...ou pas, ceux de Rokhan semblaient être identiques à leur désert : arides et difficiles. L’ado se présenta en lui tendant la main, ne sachant trop quelle marque de respect adresser à la créature, qui le fixait de son regard rond et félidé.

- Enchanté, Materia. Appelez-moi Joy. Je suis un ami...et un client, je sais pas trop, de Carvey. Un sacré marchand que vous avez pour votre Royaume ! Je l’ai vu échanger un de mes proches amis contre un phallus érigé en totem qu’il devait amener au Capitaine Jones, du Hollandais Volant ! Ah ah !

Et là c’était le malaise. Joy ne manquait jamais de mettre quelques taquets gentils au marchand, surtout quand ce dernier l’abandonnait dans le désert du temps infini. La vengeance était un plat qui se mangeait froid, et gratuit en plus. Il lui fit d’ailleurs un clin d’oeil tandis que l’intendante du Royaume souriait d’un sourire un peu interrogateur, les yeux dans le vague sans doute essayant de s’imaginer la transaction, puis elle hocha la tête comme si elle approuvait l’échange. Royaume de barges.

Materia renifla le voyageur, réflexe canin sûrement, de quoi le gêner un peu tout de même, malgré un léger sourire traversant son visage. L’intendante gardait des réflexes de son ancien Royaume, et il aurait été intéressant d’en savoir un peu plus sur son histoire, comment on passait de Canin-ville à Rokhan. Joy se souvenait que dans l’esprit des gens, on se méfiait des renards, mais pour l’instant, ceux de Dreamland étaient du genre attachant. Surtout Materia, éloignée de son Royaume natal et s’occupant de Rokhan comme si elle en était la reine. Il était amusant de voir que, même pour les créatures, les parcours de vie n’étaient pas définis à l’avance, et une certaine liberté pouvait être prise concernant la direction des royaumes. Juste ça rendit Materia sympathique aux yeux du voyageur, malgré son reniflement persistant. Cette impression finit avec la discussion entre les deux créatures, durant laquelle Joy fit office de vitre transparentes. Les deux parlaient comme s’il n’existait pas, et cela lui fit comprendre que l’intendante l’avait reniflé pour en savoir plus, niveau sécurité, commerce, odeur, et autres joyeusetés, et elle ne faisait après tout que son job. La vie était un long commerce pour ces créatures, après tout. Finalement, Carvey embarqua le matheux pour aller voir le Roi, qui relevait de l’attraction unique du Royaume. C’était vrai...si on occultait le commerce des marchands, il restait pas grand-chose si on s’en foutait quoi. Il suivit donc le poto marchand tout en zieutant encore les étalages, se gardant bien d’acheter quoi que ce soit. Surtout qu’on venait les voir car un événement était en train de se passer autour de la personne royale.

Les habitants se rendaient en ligne vers le lieu de l’événement, que Carvey expliqua en chemin. Drôle de coutume, que de laisser potentiellement le trône à n’importe qui. Ça voulait dire surtout que le Roi du coin était épique, malin, rusé, et sûrement donc plus friqué que les autres.

- Un héritier chez les marchands...ça ne m’inspire tellement pas confiance. Un duel okay, une méritocratie okay, mais ça ne risque pas de donner une instabilité du trône ? J’veux dire, si un mec pose ses fesses tous les quatre matins sur le pouvoir…

Manifestement, c’était clairement pas le cas. Comment pouvait-on en juger ? Par le monde présent, pardi ! Autant de gens pour assister à un duel, c’est qu’une d’une part c’était un véritable événement pour le Royaume, pour en savoir plus sur le Roi, et aussi, quelque part, ça créait du lien social et une autorité naturelle pour le vainqueur, le Roi. Joy reconnaissait que le système d’élection pouvait tenir debout, à l’unique condition que le gars en place soit un killer.

Sur les lieux, pas facile pour le matheux de voir quelque chose avec son mètre soixante. Il se mit à léviter juste assez pour rester au niveau de Carvey, ses pieds pouvant presque toucher les épaules du marchand. Les créatures gueulèrent un petit peu, du coup Joy lévita un peu moins haut et se fit passer pour un mec juste très grand, ce qui était, fallait le reconnaître, plus intimidant pour ceux de derrière, forcément. Là, sur une terrasse improvisée le roi attendait le duel sur une table, face à une armoire à glace qui semblait pouvoir le casser en deux. Le Roi semblait avoir une bonne grande gueule typique du Royaume, et Joy vit certains traits, des rictus que Carvey employait aussi, dans le ton, la gestuelle ou les réactions dignes de joueurs de poker de haut niveau. Des comédiens. Materia donna le top. Elle était apparue d’un coup, à la surprise de Carvey et de Joy, qui la scrutait de plus en plus au fur et à mesure qu’il la côtoyait. Puis les deux duellistes se mirent en place et le combat de gros bras commença. Joy s’attendait à un truc épique, finalement Maghior fit appel à la thune et donc à des mercenaires, assez rapidement. Il jouait sur les mots, les règles et les situations, comme tout bon marchand, ce qui fit esquisser un sourire espiègle à Joy. Ouais, il comprenait mieux le comportement de sans-gêne et de bluffeur de son pote marchand...le Roi donnait l’exemple d’un mec qui n’avait peur de rien, car il avait toujours un atout dans sa manche. Impressionnant, mais selon ses règles à lui, on pouvait bien aussi jouer à son jeu, non ?

Joy plaça des algorithmes tandis que Carvey lui parlait de son modèle dans la vie. Le matheux s’arrêta un instant, les yeux écarquillés, dans la surprise. Il ne s’attendait pas à ce que le marchand se livre comme ça, à ce moment, mais il comprenait. Il sourit plus largement et lui répondit, en claquant des doigts.

- Un mec qui a besoin d’inventer ses règles au fur et à mesure n’est pas forcément un modèle. Te connaissant, Carvey, toi tu iras plus loin que lui. Largement plus loin.

La table bougea de trois mètres et les deux duellistes se retrouvèrent avec les coudes dans le vide. Un regard d’incompréhension circula, et Joy pointa Materia du doigt en criant « houuuuuu ! ». Celle-ci avait commencé par rigoler de surprise, à moitié contente pour ce qui arrivait à Maghior, mais bientôt les accusations se firent plus menaçantes. Le matheux comprit qu’il y avait eu des paris de lancés, et on déconnait jamais avec l’argent des paris…

- Il faut recommencer le match ! Materia a déplacé la table !
- Quoi ? Mais pas du tout !
- Ouais, un minimum de sérieux quoi ! Des pouvoirs ok, mais le bras de fer c’est un truc sérieux ! Faut pas déconner avec les règles !
- Bon bon bon ! Je ne vois pas de souci, on peut recommencer le match. Mais je tiens à dire que j’aurais pu annuler ce duel, vous me devez tous quelque chose en échange !
- On mise sur toi Maghior, tu prends 40 % !
- 49 % et 10 % de vos produits en étalage actuellement !
- Marché conclu ! Allez, on veut voir un combat digne de Rokhan !

Joy sourit. Le Roi était très fort, très couillu, assez pour effectivement expliquer l'admiration et la volonté de Carvey de le dépasser un jour...pour récupérer des richesses alors qu’il avait été placé en difficulté, il y avait du talent. Joy décida de prendre la parole, alors que le Roi l’avait déjà observé en souriant. Cramé, il l’était. C’était une certitude. Mais il fallait montrer qu’on pouvait jouer dans sa cour. Ou du moins, tenter.

- Hé Tibo, réfléchis un peu, avant le duel, demande qu’aucun mot ne soit énoncé !
- Pourquoi ?
- Sinon tu vas perdre, mon vieux. Le Roi possède des mots que tu n’as pas, donc il pourra les utiliser contre toi ! Et franchement là je reste poli !
- Ah ok. Bah on fait comme a dit le géant à la petite tête là ! Aucun mot pendant le duel !
- Marché conclu.

Maghior souriait toujours, en scrutant Carvey et le jeune voyageur. Un éclair de compréhension, de lucidité, presque de l’inquiétude était passé, mais bien vite disparu dans les méandres de la confiance qu’il avait en lui et en ses capacités. Joy sourit encore davantage, et activa ses algorithmes et ses racines carrées. Au moment où les deux duellistes reprirent leurs mains pour un deuxième lutte, Joy activa les poids et les mouvements des bracelets et des bijoux et des vêtements au niveau des manches. Puis il pencha la tête et écarta ses bras en regardant le Roi qui eut un mouvement de surprise, l’air de dire, en silence « hé quoi ? y’a un souci ? Tu veux qu’on le règle ? »...quoique, comme gestuelle ça pouvait aussi dire « mec elle est où ma caisse ? ». Mais aucun doute que Maghior saurait départager la question intéressante de celle dont on se fichait.

Joy s'interrogeait plus tôt sur la stabilité du trône. Je lui répondais avec un grand sourire.

- C'est là où tu te plante par ce que ce système est assez malin. Contrairement à vous voyageurs on a pas une espérance de vie limité, ce qui fait que le roi reste roi jusqu'à ce qu'il trouve plis fort et plus malin que lui. ce qui fait que le roi suivant doit être encore plus performant. en fait, en un sens, plus ça va, plus c'est compliqué de devenir roi. ça fait des centaines d'années que Maghior tient sont statut par exemple.

Et en fait, en un sens dire ça répondait aux propos que je dis plus tard à Joy comme quoi j'admirais Maghior. en fait je l'admire autant lui que son statut. Car son statut, c'est ni plus ni moins que le statut de "plus grand marchand de Dreamland" selon moi. En fait, en un sens, j'avais le même but que celui qu'il m'avouait plus tôt. la grandeur. On dirait pas trop mais je suis habité par une ambition dévorante. On dirait pas mais tout ces petits coups à la cons, toutes ces aventures que je vis ne sont tournés que vers un seul et unique but : Devenir comme Maghior. Mieux ! Le surpasser ! Joy se montra assez dubitatif quant au fait que j'ai choisis Maghior comme modèle disant que ce type semble plus être un rigolo qui fait juste de va manipulation bas de gamme. mais justement mon brave ! c'est ça qui est énorme ! le mec il fait ça en étant le plus détendu du monde, no stress !

- je pense que tu saisis pas d quoi il est capable. dis toi que ça fait des siècles qu'il est provoqué en duels en tous genres, que ce soit des fléchettes, duel à l'épée, duel de rhétorique, jeux de stratégie etc. et qu'il ne s'est jamais fait battre. Et à l'observer je crois que je sais pourquoi il gagne toujours depuis tout ce temps. Par ce qu'il a pigé qu'il n'y a pas de règles et qu'il faut toujours de façon inattendue. Mais j'ai saisis son truc et à partir de ça... en effet j'irai plus loin que lui.

Ces propos étaient une façon de dire que je visais la place du roi à terme. Puis le combat tourna court quand la table se déplaça rendant caduc le combat, soulageant Materia qui préférait que ce soit l'homme e sa vie qui gagne. Mais le public finit par demander un autre duel. Maghior accepta de refaire le duel en échange d'une juteuse part des paris. perso je m'abaisse pas à ça. d'autant que la quotte de Tibo doit pas être super haute. je vois pas l'intérêt de parier alors que tout le monde sait que ce pauvre Tibo a aucune putain de chance. Je regarde alors Joy qui se permet de faire de l’ingérence en conseillant Tibo. il en a bien besoin le pauvre. iv pensait niquer Maghior en jouant sur son ring, la force. mais il oubliait que Maghior était assez fourbe pour arriver à faire usage de son crâne et de sa langue même dans un duel de force, là où il ne rivalise pourtant pas. les deux partis consentirent à ce qu'aucun mot ne soit échangé de la part des participants au cours du duel et il fut à nouveau lancé avec un grand sourire de Maghior qui observa Joy puis moi.

Mais son sourire disparut quand Tibo prit très rapidement la dominance du duel. Il envoya un regard vers Joy qui esquissa un geste qui prouvait qu'il était pour quelque chose à voir dans tout ça. Je regarde Joy d'un air presque outré puis Maghior qui se remet à sourire. je le regarde droit dans les yeux. Je comprends instantanément cette mine de renoncement. cette mine qui dit "dommage, j'ai joué j'ai perdu" Je regarde alors Joy d'un air qu'il ne dut jamais me voir porter. un air courroucé. Comme si on essayait de me voler la chose va plus précieuse que j'avais. joy faisait ça juste par volonté de contrarier ou de tester Maghior. ça me foutait les nerfs en pelote de me dire qu'il faisait ça juste pour s'amuser ou pour contrarier Maghior, voir s'il mérite vraiment son titre de roi ou même pour le fun alors que moi ça fait plusieurs années que je me prépare à l'affronter, j'attends de me sentir prêt et lui il veut me voler ma victoire avant même que j'ai la chance de me battre ?! nah mais ça va pas s'passer comme ça mon pote !

Je saisis immédiatement ma lame des esprits et d'un geste rapide je l’abats sur la tronche de Joy. Normalement, s'il n'esquive pas, la lame passe comme dans du beurre au travers de sa tête. Ou plutôt comme un spectre. En effet, la lame ne touche pas tout ce qui est physique mais peut toucher tout ce qui est intangible. Elle ne cause donc aucun dégât à Joy mais dès qu'elle touche un voyageur, elle coupe son pouvoir temporairement dans la zone où le voyageur a été frappé. Or, je sais que le pouvoir de Joy passe par sa tête. Je fais ça afin de l'empêcher de jouer contre Maghior.

Et là je vais faire une zone de flou pour pas abuser. Bah ouais, soyons bons joueurs. Si je touche forcément Joy qui vu son classement a certainement des réflexes aiguisés comme des lames de rasoir, ce serait un peu abusé. Laissons lui la possibilité d'éviter mon assaut. En tous cas, suite à ma frappe, le voyageur se met à me regarder. Je le regarde tout autant d'un air un peu mauvais. Je devais ressembler à un chien défendant sa gamelle en fait.

- Joy ! C'est à moi de vaincre Maghior, pas au premier péquenaud bourré aux anabolisants qui pense que c'ets une bonne idée de faire un simple bras de fer avec Maghior !

D'autant plus que pas pour dire mais si tu veux un peu niquer l'équilibre d'un royaume, tu fais pas autre chose. Par ce qu'avec un bolos comme ça comme seigneur, c'est obligé qu'on change de roi 30 fois d'affilé en pas 10 heures. Et pas pour dire mais Maghior est un roi qui a un certain soft power. Un roi mineur quia cependant une influence non négligeable sur la diplomatie de dreamland, bien qu'il en joue assez peu en fait. Pendant qu'on s'observe. Pas plus de quelques secondes en fait. On entend le bruit d'un bras qui claque contre va table puis Materia donne son verdict.

- Je déclare Maghior gagnant et il conserve son statut de roi.

Je me retourne et vois Tibo, le bras brisé et Maghior un air triomphant. En fait quoi que fasse joy, j'ai décidé que Maghior il gagne. Voilà ! C'est tyrannique ? Attendez de me voir en Game Master ! Je suis une horreur ! Et vous savez quoi j'm'en fous que ce soit pas fair play ! J'ai même pas pu voir ce qu'a fait Maghior pour gagner. Ce dernier se congratule un peu, ramasse son pognon et tape dans le dos de Tibo en lui disant que c'est dommage de gâcher sa chance comme ça mais en lui disant qu'il a de la poigne avant de se rapprocher de moi et de Joy.

- haha ! Merci Carvey ! J'avais pas besoin de toi mais c'est le geste qui compte. Quant à toi...

Il regarde Joy d'un air neutre, presque mauvais. Puis explose de rire.

- Merci t'as mis un peu de tension dans ce duel. C'était un peu trop chiant sinon ! Grâce à toi j'ai pu confirmer une de mes théories en plus. Celle comme quoi Carvey serait prêt à sauver mon cul juste pour pouvoir avoir le plaisir de m'voler ma place ! Hein p'tit coquinou ! Haaaaaaa j'aime cet esprit !

L'attitude de grand enfant de Maghior a de quoi dérouter un peu. Et puis je commence à m'en vouloir en me disant que je suis entré dans son jeu comme un putain de débile ! Genre le mec, même quand un putain de voyageur est en train de l'entuber, il a une longueur d'avance en sachant que vu que je suis là, je ferai tout pour l'empêcher de perdre. Il lui a suffit d'un regard pour que je m'exécute comme un putain de pion. Y a pas à dire ! Cet enculé est bon ! J'ai pas encore le niveau pour prendre sa place je pense. Maghior vient passer son bras par dessus mes épaules pour me faire chier en ceinturant ma tête avec son bras comme s'il me prenait pour un enfant. Sur le coup je me sens tellement infantilisé et manipulé... Puis iv regarde Joy comme si de rien n'était, apparemment pas du tout aussi énervé que moi par sa tentative de m'entuber.

- T'es l'un des marmot d'Athénaïde et Andrew ? Tu ressemble pas mal à ton père.

Il se tourne vers moi et m'adresse un sourire qui sous-entend qu'en fait pas du tout, il dit juste ça histoire d'engager une conversation. Quel fumier ce type ! Je l'admire mais je le déteste tellement à la fois !

Il souriait encore, le Roi de Rokhan, comme s’il n’y aurait aucun problème. Mais cette fois avec un air de renoncement, il annonçait sa défaite visuellement, son visage faisant une moue significative. Le matheux eut un bond de surprise en voyant cet air. C’était donc si facile ? Le Roi de Carvey était-il aussi faible, pour ne pas pouvoir contrer le pouvoir d’un simple voyageur ? Étonnant, et en même temps d’une logique imparable : il n’était qu’un Roi du commerce, pas forcément un combattant. Pas un guerrier, ni une brute. Un malin qui savait jouer sur tous les points, et jamais ceux qui étaient attendus. A force d’attendre la réaction du Roi et sa défaite, Joy ne vit pas le coup de Carvey passer. Il ne le sentit qu’au dernier moment, mais par un moment d’hésitation réelle, il ne voulut rien tenter pour parer le coup. Comme une confiance aveugle, surprise mais aveugle donnée à jamais dans le marchand. Mais il l’avait frappé, et Joy sentit les chiffres l’abandonner. Il tomba aussi au sol, sur ses appuis qui lui firent tirer un rictus de douleur. Il se massa les chevilles en regardant Carvey d’un œil étrange. C’était quoi ça ? Un objet magique qui enlevait les pouvoirs ? C’était trop cheaté !! Le matheux regarda le marchand, qui semblait pour une fois réellement en colère, sans jeu ni faux-semblant, sans intérêt. Carvey en saut à l’élastique, sans élastique, celui qu’il s’était décidé à montrer au matheux en l’invitant dans son royaume, peut-être. Joy, assis par terre, écouta son camarade, les yeux grands ouverts, comme s’il le découvrait, une nouvelle fois.

Il baissa la tête, appuya son poing au sol pour se relever et fit quelques étirements. Sans son pouvoir, il se sentait un peu dénudé, démuni, légèrement à poil et un peu gêné, au final, d’avoir contrarié Carvey. Le voyageur, au-delà de la blague, comprenait que Carvey avait du sérieux, finalement, des convictions, des rêves dont il n’avait jamais fait part. L’humour ou la dérision, le cynisme et le commerce avaient donc un point final, quand commençait sa vie plus privée, dans son royaume natal. Quelque part, il était content d’avoir forcé son ami, sans toutefois lui dire. Tandis que le combat se terminait par une poussée du bras incroyable de Maghior, Joy prit le marchand par l’épaule et lui dit, tout simplement :

- Excuse-moi, mon ami. Je ne savais pas que c’était aussi important pour toi. Je ne le ferai plus, et je compte t’aider dans ton but, s’il le faut.

Pendant ce temps, Maghior se fit applaudir et les parieurs étaient rassurés. Le Roi de Rokhan resterait le Roi des lieux, après un duel remporté haut la main (humour). Il félicite le dénommé Tibo qui se masse la main, les yeux écarquillés et révulsés. N’ayant plus ses pouvoirs, aucune formule n’aiderait Joy à comprendre comment le Roi avait pu gagner d’un coup aussi facilement, mais il se doutait qu’un objet magique avait fortement aider...ou alors cachait-il une force démesurée en lui ? L’hypothèse n’était pas forcément à écarter, il se devait d’avoir des ressources, cachées évidemment, mais bien présentes et utiles le moment opportun.

Le Roi vint vers eux et rigola en parlant de la réaction de Carvey. Coup prévu ? Encore un. Il toisa le voyageur puis explosa de rire. Drôle de bonhomme, jouant sur les émotions ou bien les ressentant réellement. Ce gars était un mystère, et semblait jouer avec toutes les cartes qu’il fallait pour gagner. Il prenait Carvey comme si c’était un disciple, un sous-fifre. Avec respect cependant.

- Je m’appelle Joy. Joy Killamanjiro. Étant donné qu’Andrew est mon père, je suppose que je lui ressemble, en effet.

En vrai, c’était plutôt rire qu’on dise de Joy qu’il ressemblait à son paternel. Il avait ses traits, mais il fallait vraiment se pencher pour retrouver un air de famille. Il avait surtout pris des grands-parents, et de sa mère quand elle était plus jeune, ce qui lui donnait un air androgyne qui trompait certaines personnes dans Dreamland, selon ses vêtements, sa coiffure, son bandeau servant à tenir ses cheveux tranquilles. Il sourit poliment puis reprit en voyant Maghior arrêter d’embêter Carvey pour retourner à des activités normales.

- Si j’ai accepté de suivre Carvey, qui est devenu au fil de nos aventures et du commerce un ami, et un frère de route, c’est que l’exotisme de votre bled n’est pas la seule raison qui pousse à venir vous voir. Le désert m’a ouvert les yeux, comme la Celestiafest, et comme les récentes nuits...si je suis venu aussi promptement, c’est pour aider un ami, et pour venir vous voir.

Joy fit un temps de silence. Il commençait à connaître Carvey et si Maghior était meilleur que lui, peut-être plus fin et plus arnaqueur au final, il faudrait s’en méfier. Mais enfin, le jeune matheux n’avait pas vraiment le choix. La piste qu’il avait étudiée menait jusqu’à Rokhan, et elle s’est dévoilé à son regard au moment où Carvey l’avait contacté. Les chiffres ne viennent jamais au hasard, disait Euclide, et pour un voyageur de Mathematica, c’était une devise essentielle qu’il ne fallait jamais oublier.

- Je suis à la recherche d’un objet qu’on appelle la Boussole d’Or. Une boussole qui indiquerait à la place du nord toujours ce qu’on cherche et qu’on désire obtenir. On dit que les aventuriers se sont damnés et sont morts pour elle, et que des Rois ont bradé leurs royaumes pour la posséder. Poussés par l’appât du gain, ses utilisateurs souffraient mille maux avant de s’en débarrasser. Aux dernières nouvelles, d’après mon enquête, elle est apparue la dernière fois à Rokhan, et vous étiez dans l’un des deux côtés de la transaction.
- La Boussole d’Or ? Je vois tellement d’objets passer que ça ne me dit rien…Pourquoi la veux-tu, après tout ce que tu m’as dit, voyageur ! Tu veux mourir ah ah ah !?
- Non, je ne compte pas me laisser emporter pour la Boussole. Mon Seigneur a créé un labyrinthe mathématique qui regroupe tout son savoir, et avec cette boussole, je serai en mesure de récupérer toutes les formules qu’il a cachées à l’intérieur des murs-formules de cet endroit. Rapidement et efficacement, comme j’aime.
- Si jamais il s’avère que cet objet fut un jour entre mes mains...un objet aussi précieux que rare que dangereux est forcément coûteux ! Je demande donc quelque chose de cher en échange.
- Bien sûr, j’avais prévu ce passage. Je me propose à tes services comme voyageur volant. En échange d’informations ou de l’objet si tu le possèdes, je sers tes intérêts, je suis ton garde du corps ou je rejoins ton camp, et je te rembourserai selon l’importance de ce que tu demanderas. Nous en jugerons tous les deux, de cette importance, je ne me laisserai pas avoir bien sûr.
- Voilà qui est couillu, Joy Killamanjiro. Je suis d’accord, mais cet accord est valable pour chaque habitant de Rokhan qui en fera la demande. Cela t’apprendra un peu mieux la vie des créatures, que tu as semblé ignorer lors de la Celestiafest !
- Bien. J’espère que vous pouvez honorer votre partie du contrat immédiatement.
- Pas ici, et pas de suite. Le moment viendra ! Pour l’heure, je savoure de ma victoire et j’attends que ce brave Carvey me dise la raison de sa venue !

Joy sembla désolé de ce qu'il avait fait. Comme je le supposais, il n'avait juste pas réfléchit deux secondes aux conséquences réelles de ses actes. Rien de bien choquant pour un voyageur en fait. C'est pas de leur faute s'ils arrivent pas à voir plus loin que le bout de leur nez. Alors qu'il prend cet air désolé, pas du tout énervé que je le frappe par surprise, je m’apaise un peu. En fait, je prends du coup moi même en me calmant la mesure de mon acte. Même s'il y avait zéro chances que je blesse Joy, je me rends compte que le frapper ainsi, c'était peut être pas réglo. D'autant que le fait qu'il le prenne si bien me fait presque me sentir coupable. Bon, pas trop non plus faut pas déconner ! Mais n'empêche que je me fais un peu va réflexion comme quoi suis pas toujours sympa avec mes amis. Oui j'aime les euphémismes. Et je me rends compte que j'ai fais au moins autant de sales coups à Joy que je l'ai aidé. De plus, ma réaction instinctive est à mettre au même plan que ses actions sans réfléchir que je vous critique là. Mais bon, ça sert à rien de s'autoflageller. d'autant que je me connais, cette introspection que je fais avec vous là ça va pas tenir longtemps et dans pas un seul poste j'aurais repris mes habitudes comme si de rien n'était. Je rengaine mon épée et regarde Maghior qui amasse ses gains avec un sourire avant de se rapprocher de nous.

- C'est... c'est rien. Désolé de t'avoir frappé. Et t'en fais pas. Tu m'as déjà aidé pas mal. Tu t'en rends peut être pas encore compte mais tu m'as déjà aidé plusieurs fois dans ce sens.

Puis Maghior arrive et je pige qu'il m'a utilisé encore une fois. En fait, Joy doit pas le voir mais il marque un peu son territoire. Cette attitude, c'est une façon dissimulée de dire "t'es pas encore prêt à me battre". ça m'agace pas mal. Ça m'emmerde pas ce que c'est vrais en fait. Cette façon de m'infantiliser et de me montrer assez souvent qu'il vaut mieux que moi. Je sais que c'est vrais. il est plus fort que moi dans pas mal de domaines. Il a plus d'expérience et bon, il faut dire que son statut de roi et sa richesse acquise au cours des années l'aident pas mal à ça. Mais n'empêche, que je sais qu'il est plus malin. à chaque fois que je le vois, il arrive à me doubler d'une façon ou d'une autre. Ce mec a le talent de, même quand il perd, il trouve moyen d'être gagnant. Il est bon ! Putain ça m'énerve qu'il soit aussi bon ! J'vais le défoncer un d'ces jour je vous le jure !

Du coup, Joy et Maghior se mettent à causer et le roi des lieux me lâche un peu la grappe. Alors que tout le monde retourne vaquer à ses occupations. Je vois Materia en train de tendre ses oreilles de renarde vers notre direction pour écouter notre conversation. Sale curieuse va ! Joy lui confia alors être à la recherche d'un objet magique particulier. chose que je ne savais même pas à vrais dire. Un objet très recherché. S'en suit une rapide négociation qui n'en est pas vraiment une vu que chacun arrive à mettre facilement un prix pour ce qu'il veut. J'hésite à mettre Joy en garde pour deux choses. Maghior et va boussole. D'une Maghior a l'air de lui mentir, je connais cet air. Il sait pertinemment où se trouve la boussole. Juste qu'il ne compte pas donner ses informations à Joy. Du moins, c'est ce que je devine. Peut être fait il cela pour protéger Joy de la Boussole qui est un objet très destructeur pour son possesseur. Je pense que Joy n'a pas va mesure d'à quel point cet objet peut lui nuire plus qu'il ne peu l'aider. C'est typiquement l'objet qui ne m'a jamais attiré. Tu sais le genre d'objet trop pété que tu équipe dans ton inventaire par ce qu'il est puissant et qu'un jour tu veux virer de ton inventaire et le MJ te dit que c'est pas possible par ce que c'est un objet maudit qui en plus te fout de gros malus. Mais bon, en un sens, je me dis que si Maghior en effet lui ment pour le protéger, autant ne rien dire. Et puis comme je l'expliquais dans de précédents postes, je suis assez partisan de l'auto-éducation. Je pense que les enfants doivent se brûler avec du feu pour comprends que c'est dangereux de jouer avec. Puis Joy est pas bête, peut être qu'il se rendra compte que cet objet de malheur ne lui apportera rien de bon. Même pas cette puissance qu'il cherche à obtenir. Trop vite je trouve. mais je conçois cette impatience par ce qu'en fait, si on juge l’espérance de vie d'un voyageur en comparaison de celle d'une créature, les voyageurs sont vraiment éphémères. Il n'a donc pas de temps à perdre. Alors que moi, s'il le faut, je sais que j'ai encore des années devant moi pour parvenir à doubler Maghior. et je suis du genre à penser que si une épreuve est compliquée, c'est qu'il y a une bonne raison. User d'un cheatcode pour réussir son labyrinthe là, je pense pas que ce soit une bonne idée. M'enfin encore une fois, ce n'est qu'un avis personnel. Puis une fois cette rapide négociation faite, Maghior me demande alors pourquoi je suis venu ici. Je le regarde air de dire "you kiddin' me bro' ?"

- C'est toi qui m'a dit de venir tu te souviens ?
- Ah ouais c'est vrais ! à Saharia ! Quand t'étais en taule ! Au passage sympa les prisons de Raas' ?
- ça va. Je suis pas resté longtemps au pire.
- J'en attendais pas moi de toi.
- Du coup toi tu me veux quoi ?

Maghior qui comme souvent a cet espèce de demi sourire fait signe à Materia et m'indique à Moi et Joy de nous assoir à la table à laquelle il était plus tôt pour faire son bras de faire. Il me fait signe de m'installer en face de lui. Je comprends à l'expression de Maghior et Materia que là, l'affaire est sérieuse. Le roi me regarde en silence puis finit par reprendre la parole.

- Je suppose que t'es conscient que si tu prête allégeance à Deus tu perds tout droit à Rokhan.
- Oui. C'est pour ça que tu voulais que je vienne ?
- C'est quelque chose de sérieux Carvey.
- T'es l'un des marchands les plus reconnus du royaume. T'es donc un des représentants du royaume que ça te plaise ou non.
- Vous voulez donc savoir si je compte sérieusement prêter allégeance à Deus ?

Je regarde Materia et Maghior qui ont l'air sérieux. Je regarde alors Joy et découvre sur son visage que la réponse à cette question posée semble également l’intéresser beaucoup. ça m'étonne pas forcément de lui. Je soupire un grand coup.

- Évidemment que je compte pas me soumettre à lui. J'aime trop ce royaume pour ça. Et tout comme Joy et toi je suppose, j’exècre ce que Deus a fait durant va célestiafest.
- Je suppose que tu vas renoncer au marché.
- Oh que non ! loin de là ! J'vais entuber cet enfoiré pour lui apprendre à déclenches guerres comme ça ! Il se prend pour qui ? Sento Mayor ?!
- Et tu compte faire comment pour arnaquer Deus ?
- Haha ! J'avoue que l'idée m'amuse mais je vois pas bien comment tu vas faire. Même moi j'ai pas les moyens de l'arnaquer.
- Je vais utiliser mon plan B.
- Qui est ?
- J'sais pas encore mais ce qui est sûr c'est qu'il va l'avoir bien dans le cul.

Gros blanc, ils semblent tous surpris de ce que j'annonce, j'avais l'air si sûr de mon coup que le fait que j'ai en fait rien prévu les surprend puis Maghior explose une nouvelle fois de rire.

- Hahahahahaha ! Ah qu'il est con ce carvey ! Hahahaha ! Bah j'ai hâte de voir ça alors ! Hey bibi ! sers-nous à boire ! Hahaha! qu'il est con ! hahaha un plan B !

Le barman vient alors nous servir. Apparemment, ça a bien fait marrer Maghior le fait que j'ai pas encore de plan pour entuber Deus mais le fait que je semble convaincu que j'arriverai à mes fins. Je me fais servir tout en restant silencieux avant de venir briser ce silence alors que Maghior ne cessait de balancer des piques à Materia qui l'engueulait. On dirait vraiment un p'tit couple. Bien que Maghior n'ai strictement aucun intérêt pour Materia. Je finis par l'ouvrir à nouveau.

- Sinon je suis bien venu pour une raison maghior.
- Ah ?
- J'aimerais t'acheter un objet.
- Oh ! lequel ?!
- Ton sceau royal. Celui grâce auquel t'es venu à Saharia.
- Ce truc ?!
- Ouais ! Mais je veux les deux ! je veux le sceau de départ et celui de réception.
- C'est au dessus de tes moyens !

Il sort alors d'une de ses poches son sceau royal qui est en fait piégé avec un objet qui permet de se téléporter.

- Personne n'a de limite de moyen s'il sait bien négocier !

Je regarde alors Maghior droit dans ves yeux d'un air de défi. Lui qui était à moitié à affalé sur sa chaise se redresse alors comme intéressé par mon défi. On se fixait droit dans les yeux comme pour se jauger. il devait tenter de savoir si je bluffais et je cherchais pour ma part à dessiner quel prix il allait mettre là dessus. une sorte de tesion s'était imposée entre nous. d'autant que je l'avais en quelque sorte provoqué en lui insinuant que j'étais meilleur négociant que lui. Ce dont je suis persuadé en réalité. Autant il est le roi des p'tits coups de pute, encore pire que moi dans le genre mais en terme de commerce d'objets, je suis meilleur que lui et ça je le sais. Maghior est plus aventurier que marchand. j'ai toutes mes chances dans ce duel de négociation. en attendant, Materia et Joy sont un peu relégué au rang de spectateurs. wesh rebellez vous quoi ! montrez que vous êtes importants vous aussi !

Après avoir conclu une affaire rondement menée, un peu trop sans doute, le matheux prit place, invité par le Roi marchand, Materia son adjointe-quelque chose d’indéfini, et Carvey. Okay, ça allait causer sérieusement, et le voyageur était content d’être mis dans la confidence des trois créatures. C’était un peu comme s’il était accepté, malgré le petit coup malin qu’il avait fait à Maghior. Il sentait qu’il pouvait dépasser le Roi, et quand cette impression pouvait se sentir véritablement, il se sentait complètement à sa merci. Il comprenait mieux le sentiment de Carvey, et les raisons qui le poussaient à agir pour défaire son propre Roi. Maghior avait quelque chose de stimulant : tu étais à l’affût, il faisait semblant d’être au calme. Et si tu étais au calme, il pouvait te dépecer, sans aucun doute. Joy comprit que c’était un mec dangereux, mais pas méchant. Entre les lignes, dans les comportements étonnants de Carvey, qui n’avaient rien à voir avec l’ailleurs, dans Dreamland. En face de son Roi, il se métamorphosait comme un gamin. Signe des hommes à la fois dangereux, et éminent respectés.

Carvey avait passé un marché avec Deus, et Joy fit la moue en se souvenant du Roi du Ciel. Un beau connard moulé à la louche comme on en faisait plus, celui-là. Un marché passé avec lui ne l’étonnait pas, mais l’inquiétude palpable des marchands ne prédisaient rien de bon. Carvey avait un côté un peu casse-cou qui pouvait parfois peser sur les gens qui le côtoyaient, et cette règle se vérifiait même dans son royaume natal.

Finalement, Carvey révéla la raison véritable de sa venue, le sujet Deus ayant été clos dans un grand éclat de rire. Si le marchand avait botté en touche, Joy continuait de réfléchir à un moyen pour l’aider dans son fameux « plan B » pour entuber Deus, et il ne voyait pas comment faire, pour l’heure, à moins de prendre encore confiance en son pouvoir, et en ses capacités. Durant l’échange, il lui revint en mémoire les mots de Carvey, sur la façon dont on pouvait défier Maghior. Oui, il avait trouvé un moyen éventuel, une ruse terrible et possiblement efficace. Mais il avait vu Maghior à l’heure, et il lui faudrait une régulation du défi en béton armé, en plus d’une stratégie de base des plus efficaces. S’il réussissait, il se laisserait battre facilement par Carvey. Ou pas. Peut-être que cette idée de défi, pensée jusqu’à la dernière formule, choquerait son ami marchand. Battre Maghior était un moyen pour lui de se prouver quelque chose, peut-être même tuer le père, comme on disait parfois. Se prouver qu’il en était capable, d’abattre celui qu’il admirait. Joy médita longuement, et si dit que finalement, cette idée de défi se modelait sur une autre nécessité : prévoir des coups d’avance. Pour cela, il lui vint l’idée nette, claire et évidente qu’il faudrait retourner à Mathematica pour obtenir une technique essentielle à son bagage de mathématicien. Il avait trop longtemps laissé ses formules isolées, dans la facilité et dans l’usage quotidien. Il fallait maintenant passer à la vitesse supérieure, Carvey mine de rien le lui montrait distinctement. Le matheux savait donc qui aller voir, après Rokhan, et quoi travailler pour être encore plus efficace, incisif. Décisif.

Tiré de ses pensées par Materia, la jeune créature ressemblant à une renarde apparut à côté de Joy, qui tressaillit très légèrement, surpris par son apparition. Elle lui parla à l’oreille tandis que les deux marchands faisaient leurs comptes.

- Joy Killamanjiro ?
- C’est moi...que me veux-tu ? S’il te faut à boire, je t’offre un verre mais faudrait renégocier votre salaire moi j’dis…
- Amusant ! Non, tu as bien conclu un accord stipulant que tu servirais les intérêts de Maghior ?
- Oui, contre des informations sur la Boussole d’Or.
- Et Maghior a bien ajouté l’accord en l’étendant à tous les habitants de Rokhan ?
- Oui, et donc que qu’…oh.
- Tu piges vite.

Joy ferma les yeux, les plissa en faisant une grimace et les rouvrit en se pinçant. Comment faire passer un accord sans trop faire attention. Concentré sur son objectif, il avait tout accepté sans vraiment écouter ce que disait Maghior. Il était devenu un petit soldat de Rokhan, et pour l’heure uniquement pour des prunes. Le matheux se passa une main sur le visage pour camoufler sa douleur de s’être fait enflé et de le découvrir aussi rapidement.

- Ok, j’ai compris. Que dois-je faire ?
- J’ai planqué un objet, un objet particulier dont j’ai besoin maintenant. Il faut que tu me le retrouves.
- Hum, rien d’impossible. Quel genre d’objet ?
- Une photo de moi, enduite d’un vernis particulier de Mojoland.
- Je vois le genre. Affaire privée, silence, discrétion et tout ?
- Non, je veux juste que Maghior n’en entende pas parler. Cette photo est planquée dans le Mojoland, à l’époque où je...je tentais diverses choses pour que Maghior trouve chaussure à son pied. Je m’occupais de lui trouver une épouse pour faire alliance, et en passant par des recrues de Mojoland, l’idée un peu folle m’est venue de poser...en petite tenue, et de poser un charme...si rien ne marchait bien sûr ! Je ne ressens rien pour lui, je ne voulais que dépanner ! Pour ce …. !
- Bien sûr, oui, n’importe qui aurait fait ça !
- Je te rappelle que tu es un soldat de Rokhan, tu dois m’obéir ! J’ai pas le temps pour aller la chercher, et si je propose un cadeau à Maghior, cet enfoiré ne l’ouvrira jamais, il va me rire au nez !
- Et moi ça marcherait ?
- En liant mon objet à un défi particulier que tu demanderais, oui. Et je lèverai une partie de tes obligations en son nom. De toute façon il t’aura oublié demain.
- Charmant ! Bon...bon...euh, bon...ai-je le choix en fait ?
- Non, ah et j’oubliais ! L’objet est cacheté dans une enveloppe marquée Inventaire après décès.
- Inventaire après décès ?
- Quand une personne décède, on dresse l’inventaire de ses possessions, on les publie dans un journal d’enchères si personne n’hérite des possessions. Un truc de marchand expérimenté. Maghior en prend de temps en temps, il ouvrirait sûrement celle là.
- Quoi donc ?

La tête du Roi revint entre les deux, au moment où il entendit son nom. Materia disparut et revint à sa place sans rien dire, en souriant poliment à son Roi. Joy lui fit un clin d’oeil, manière de donner son accord...à l’accord. Quoi, comment ça un autre mot ? Boarf. Intéressez-vous plutôt à ce que les deux marchands disaient pendant ce temps !

Ni Maghior ni moi ne faisons attention à Materia et Joy qui s'étaient un peu isolés. On était beaucoup trop occupé à se regarder en chiens de faïence. Ils étaient en train de parler de leurs petits trucs alors que j'observais le moindre mouvement de Maghior. Je constatais qu'il jouait avec mes nerfs en faisant exprès d'avoir des mouvements d'yeux vers un côté ou un autre pour que je les suive. Il finit par rompre le silence en s'affalant un peu sur sa chaise en souriant.

- Tu sais que ce que tu viens de dire est con. Par ce que si 'jai pas envie de te les vendre, je te les vends pas.
- Tu crois ? Même si je te fais une offre si extravagante que tu pourras pas la refuser ?
- Tu comptes faire ça ?
- Non ! J'réserve d'autre projets à ce truc extravagant.
- et je suppose que tu veux pas non plus me dire ce que c'est ce truc extravagant.
- Nan !
- Allez fais pas ta putes dis-moi ce que c'est !
- Nan c'est mort par ce que t'es incapable de tenir ta langue !
- Genre !
- Ouais ! Tu te souviens du secret que je t'avais confié ? Tu l'as balancé à tout le monde !
- Même pas vrais ! Hey bibi ! Tu m'as déjà entendu dire que carvey a pissé au lit jusqu'à 14 ans ?
- j'ai pas souvenir nan.
- Tu vois ?!

Je regarde Maghior d'un air blasé et il me sourit d'un air moqueur. Je bois mon verre avant de changer la conversation.

- T'y tiens tant que ça à ce truc ?
- Nan pas vraiment . Pourquoi ?
- Bah pourquoi tu veux me le vendre chère.
- Par ce que toi tu semble y tenir. T'as oublié les bases du commerce mon bon Carvey ?
- Nan.
- Et mon petit doigt me dit que ça va servir ton plan B.
- ça semble évident ouais.
- Mais tu pourrais faire sans ?
- Je pense.
- Mais ce sera plus compliqué je suppose. Hmmmm donc t'y tiens pas mal ! Hmmmm ! Ça va te coûter chère !
- Ok dans ce cas... Je veux pas te l'acheter.
- Ah ?
- Je veux juste te le louer. C'est quoi ton prix pour une utilisation ?
- Tu te sens déjà vaincu ?
- Nan. Juste que j'ai besoin de ce truc qu'une fois. Toi t'achètes es serviette hygiénique même si t'en as pas besoin ?
- C'est censé dit comme ça.
- Et j'ai pas besoin des deux tout compte fait.
- Olah, tu veux que je vienne t'aider à négocier avec Deus ?
- Nan tu me traînerais dans les pattes.
- Un peu de respect je suis ton roi.
- t'es roi que quand ça t'arrange.
- Du coup tu veux le sceau de départ
- Voilà.
- Pour pouvoir fuir au cas où ça tourne en eau de boudin.
- On peut rien te cacher.
- Malin.
- N'est ce pas ?!
- Mais ça va te coûter un bras du coup.
- Balances ton prix.
- Hmmmm tu veux payer comment ? En EV ? En nature, en troque ?
- Balances ton prix !

Je ne lui réponds pas par ce que je sais qu'il va essayé d'utiliser ma réponse pour orienter sa réponse concernant le prix qu'il compte fixer. Mais bon, j'ai déjà trop causé, il sait ce que je compte faire de cet objet, il sait donc qu'il est plus ou moins capital à l'exécution de mon plan B. Par ce qu'en effet, cet objet me servira d’échappatoire au cas où mon plan B marche pas si bien que prévu ou au contraire marche si bien que Deus veut me mettre à mort. Je lui ai dis tout ça à Maghior par ce que bon, il allait me tanner toute la journée jusqu'à ce que je lui balance tout de toute façon.

-500 000 EV.
- Tu t'fous d'ma gueule là ?!
- Pas du tout.
- 100 000 !
- Argh ! Tu m'assassines là Carvey ! J'ai des frais tu sais.
- C'est ça ouais ! On sait tous que tu fais payer types charges par le contribuable !
- 450 000.
- C'est le prix que j'y mettrais si je l'achetais définitivement. C'est pas si rare comme objet.
- Bah t'as qu'à t'en trouver ailleurs.
- Pas envie.
- Pas le temps plutôt. T'as 9 mois pour arnaquer Deus c'est ça ? C'est court ! Et t'as pas de temps à perdre à dégoter un objet de ce genre par tes propres moyens. Et le temps... c'est de l'argent.
- 200 000.
- Une grosse montée. C'est que je dois toucher au but hein ?! 350 000 !
- 300 000 et tu me permets un test en plus de mon unique utilisation ! Pas envie de me retrouver en rad au dernier moment.
- malin ! Je te fais ça pour 350 000 EV !
- 300 000 c'est mon dernier prix !
- Vendu !

Lui et moi nous serrons va main, je compte mes doigts, il en fait de même je remarque. T'as qu'à me traiter de voleur saleté d'arnaqueur ?! Il explose de rire en me tendant son sceau royal.

- Mon bon carvey tu t'es fais arnaquer.
- En effet ! Rien que si j'achetais ça vaudrait difficilement 100 000 EV.
- Alors pourquoi ?
- Tu sais que tu dis pas que des conneries mon roi ? C'est le prix que je met à une échappatoire au cas où mon plan B deviendrait dangereux.
- C'est un bon prix du coup dit comme ça en effet.

En effet. Avoir un moyen de se sauver vite fait bien fait après avoir arnaqué Deus, ça vaut bien 300 000 EV si vous voulez mon point de vue. Je lui tends alors une bourse bien pleine d'EV. Tout ce que j'ai gagné durant la celestiafest en obtenant shura puis en va revendant au collectionneur puis en vendant le rubix bet à Amy Thyai reine des couleurs était parti en fumée. Ou plutôt dans les poches de Maghior qui me regardait avec un grand sourire satisfait. Il me fait servir un autre verre. Il me doit bien ça ! Je me laisse arnaquer bien volontairement ! J'observe un peu le sceau royal. Le mécanisme est caché mais assez simple. D'une pression sur l'objet il s'active et on doit se retrouver téléporté vers va position de son sceau jumeau. Je testerai ça plus tard. Maghior qui regardait autour de lui en adressant parfois un coucou à un passant descendit son verre. Je lui tends ma pipe et il commence à tirer un peu de death weed à va pipe avant de souffler un peu de fumée en forme de tête de mort. Il regarde le ciel d'un air un peu béat. Comme s'il contemplait sa mort ou qu'il profitait de l'instant présent, posé à un bar dans son royaume avec une personne qu'il estime. Enfin, je crois qu'il m'estime. J'ai cru comprendre que Maghior est du genre amour vache. Et vu comment il est capable d'être vache avec moi, je crois qu'il m'apprécie. Il me redonne ma pipe et je tire à mon tour dessus. J'ai une petite vision d'une mort possible mais il me sort de ma rêverie morbide.

- Tu sais où tu pourrais aller pour obtenir du soutien par rapport à Deus ?
- Hmmm j'ai plein d'idées, vu le nombre d'ennemis qu'il s'est fait ?
- Tu compte t'allier à Voltera ? Elle semble pas avoir kiffé du tout.
- Je préfère m'allier aux bonnes personnes. Une alliance qui sert utilement mon plan est mieux qu'une alliance puissante. Puis qu'est ce que je peux apporter à une puissance comem ves élémentaires. Nan ! Faut que je trouve des alliances viables.
- Les wordsmen ?
- C'est une idée. Ils sont déjà plus subtiles que Voltera. Mais selon moi ils doivent être trop emportés par l'émotion. Tu sais comment son les poètes.
- Je pense qu'elle peut cacher son jeu. Puis tu sais, elle est très bonne joueuse d'échecs. Un jeu très agressif mais pas dénué de tactique.
- Je pensais à un partenariat un peu plus risqué... plus chiant surtout.
- Ah ?!
- Si je te dis « le roi le plus chiant du monde ». ça t'évoque quoi à part toi ?
- Je vois que deux personnes qui répondent à té description et seulement un pourrait servir tes intérêts. Si je comprends ce que t'as en tête, c'est risqué. Ça peut très facilement se retourner contre toi.
- Je sais.
- Putain ! Aller causer affaires avec Law ! Faut vraiment en avoir ! Moi ça fait depuis au moins un siècle que je l'évite depuis qu'il a réussit à prouver que j'étais pour quelque chose dans certaines affaires. Il veut me coller un max de procès au cul !
- Ouais... mais Il est le seul seigneur qui est capable de me protéger réellement de Deus... à part le seigneur obscure. Ou les élémentaires.
- Ou Athia ! Tu sais qu'elle parle beaucoup de toi hein p'tit coquin ?! héhéhé
- Pas envie de la mêler à ce genre d'embrouilles.
- en parlant de justicity et d'histoires de cul... Tu devrais emmener ton ami voyageur. Il s'est foutu de sacrés casseroles au cul avec les wordsmen quand on parle d'eux aussi.
- Comment ça ?

Là, Maghior m'expliqua les tenants et aboutissants de l'affaire de Joy et de ses démêlé avec va justice de wordsmen. Et en effet, ce que disait Maghior était vrais. Si une personne dans Dreamland pouvait aider Joy dans cette situation, c'était bel et bien Law Legato. J'ai nommé le roi des lourds ! Je vois d'ailleurs Maghior sen aller voir Materia pour la taquiner. Je les regarde tous les deux avec un sourire en coin. Ils forment tellement un beau couple qui s'ignore ! Un couple qui joue au chat et à la souris.Je m'interroge n'empêche. Je me demande si Maghior s'est tapé Materia juste histoire qu'elle lui foute un peu va paix et aussi pour s'amuser ou s'il la laisse vraiment mariner à fond juste pour l'emmerder et s'amuser, auquel cas c'est un peu cruel. Mais Maghior est quelqu'un d'un brin cruel. Aussi cruel qu'un gamin qui s'amuse à écraser des insectes. En ce sens, il ressemble à Deus. Un Deus moins blasé qui a su garder goût à la vie mais qui reste toujours aussi égoïste et ne pense qu'à son petit plaisir. Sincèrement, ça m'étonnerait pas d’apprendre que dans le passé, quand Rokhan était un royaume puissant et influant, que Maghior ai fait et défait d'autres royaumes, causé des guerres etc. pour son propre intérêt et profit.Je finis par me relever, la pipe au bec, je m'approche de Joy afin de lui glisser quelques mots.

- Je restes quelques nuits ici. Puis je pars pour Justicity. Je pense que ça pourrait être intéressant pour toi de venir. Après fais comme tu veux... m'enfin si j'étais toi et que je voudrais refoutre un jour les pieds à wordsmen, je sais ce que je ferais.

On appelle ça de la persuasion. Et nond e la manipulation mauvaises langues. Pourquoi je tiens tant à ce qu'il vienne ? Il pourrait m'être utile. Mais il y a aussi que j'ai envie de l'aider. J'ai un peu l'impression qu'il m'aide plus que je ne l'aide. Faut bien que je lui rende la pareille. Joy acceptera-t-il la proposition ?! Vous le saurez dans un prochain RP !

» Bienvenue chez les arnaqueurs [PV Joy]
» Duel chez les Babys !
» Rencontre chez les météors
» Duel chez les Babys !
» Rencontre chez les météors [PV Liam]