Equipe N°3: Humars et Sphinx

Henri venait de rentrer de son petit boulot (il travaillait à Mac Donald's) où il n'avait pas été très efficace. Il repensait à son combat de la veille mais, même en imaginant toutes les actions possibles, il ne parvenait pas à voir comment il aurait pu gagner. Il avait utilisé trop d'énergie spirituelle dans les premiers combats, n'ayant plus beaucoup de réserves pour le dernier. C'est pourquoi il avait perdu.

Pourtant, il n'était pas non plus triste, ou quoi que ce soit. Mais il savait qu'après ce qu'il lui avait fait, Mega allait lui en vouloir à mort. Et il voulait s'assurer qu'à leur prochaine rencontre, ce soit l'illusionniste qui meurt.

De ce qu'il avait pu voir, il serait certainement victorieux d'un affrontement où les deux Voyageurs se battraient à fond. Mais ce qui le préoccupait le plus, c'était son attitude. Il avait découvert une autre facette de lui, ce soir-là : facette qui ne s'exprimait que très rarement à Dreamland, puisqu'il était la plupart du temps tout seul.

Il s'était montré arrogant, vantard, grotesque (ayant montré ses fesses à Ares en réaction de son doigt d'honneur), pédagogue (avec Humars) et plein d'empathie, ou même stupide (avec Mega) et finalement retors. Une belle palette d'adjectifs, bien trop pour qualifier un seul individu.

L'idée était dérangeante, Henri n'ayant plus l'impression d'être entièrement lui-même dans le monde des songes. S'il n'avait plus peur des papillons dans la vie réelle, d'autres modifications d'ordre morale et mentale avaient également lieu chez lui, mais à Dreamland.

Le jeune homme se décida enfin à se coucher, tentant de mettre de l'ordre dans ses pensées. Tout ça, c'était la faute d'Acherontia et des blessures qu'elle lui avait infligées. Henri espérait de tout cœur retrouvait son intégrité mentale. Il finit par s'endormir, sur la pensée réconfortante d'avoir toutefois été finaliste.

♦DREAMLAND : Village des Hunters♦

Près des majestueuses arènes du Village des Hunters, il n'y avait pas grand monde. En effet, presque tout le village et des spectateurs venus de tout Dreamland se massaient dans les tribunes, afin d'assister aux Voyageurs assez stup... fous pour se confronter aux plus redoutables créatures que l'on pouvait trouver à Dreamland.

Aux plus redoutables ? Pas forcément. Certaines créatures étaient exceptionnellement faibles, mais rapporteraient moins de points aux candidats. Enfin, outre l'agitation qui régnait dans les tribunes, il y avait une certaine agitation dans une petite pièce, au bout d'un couloir qui se trouvait près des loges des participants du tournoi.

- Comment ça, seulement par équipe?! vociférait une voix que nous ne connaissons que trop bien.

- Vous devez être incroyablement débile. Article 746, second paragraphe du Code des tournois de Dreamland : Lors d'un tournoi, seul un groupe de Voyageurs (dont l'appartenance générique a été prouvée) est autorisé à combattre des monstres. Vous êtes le Voyageur qui se fait appeler Sphinx, n°2198 de la ligue M. Lui, c'est Humars, n°856 de la ligue B. Vous avez publiquement déclaré que vous acceptiez de devenir son maître. De plus, vous êtes tous les deux sans coéquipiers. Soit vous combattez ensemble, soit vous ne combattez pas.

Sphinx écouta la Hunter chargée de l'organisation du tournoi avec une patience étonnante. Il était conscient que toute sa rage ne pourrait changer ce fait, aussi décida-t-il de faire avec.

- Très bien! (Se tournant vers Humars.) Apparemment, on va faire équipe. Je veux que tu fasse preuve d'un meilleur niveau de combat que lors de notre affrontement. Tu t'occuperas du menu fretin, et moi des champions catégorie poids lourd. Okay ?

N'attendant même pas sa réponse, Sphinx s'éloigna et franchit la porte menant à l'arène. Cette dernière était bien plus grande que la précédente, l'espace vide que n'occupait pas Sphinx et Humars en disant long sur la taille de certaines créatures. Pourtant, l'homme masqué ne comptait pas se démonter, et donner le meilleur de lui-même afin de décourager quiconque de lui chercher des noises.

Il écouta avec un désintérêt croissant l'organisateur énoncer leur nom ainsi que leur numéro, ne lui accordant de l'intention qu'à l'annonce de la créature qu'ils allaient affronter.

* Deux points seulement? Un ogre de Champiland, royaume de la première zone ? Humars ne devrait pas avoir trop de mal. *

- Occupe-toi de celui-là, Humars ! Montre-moi ce que tu vaux !

Sphinx préférait garder ses forces pour le prochain, aussi s'éloigna-t-il du monstre, se plaçant de telle manière à ce que ce soit Humars qui se retrouve sur le chemin de l'Ogre, lorsque ce dernier fonça dans leur direction.

L'homme au masque comptait garder sa force prodigieuse pour des combats plus difficiles.

Spoiler:

Le combat d'Humars contre l'Ogre fut un brin extravagant, mais eut le but escompté. Le jeune invocateur avait fait preuve de talents insoupçonnés, notamment celui de creuser des tunnels. L'homme au masque à gaz rangea cette information dans un recoin de sa tête, pensant qu'elle s'avérerait utile.

Le commentateur fit son office, tandis que la foule applaudissait la performance du jeune homme : cette fois-ci, c'était un formidable bovidé en acier trempé qui foulait de ses sabots le sable de l'arène. Enfin, sable... c'était plutôt de la terre mais passons. Il valait quatre points, et semblait bien plus puissant et résistant que Sphinx. Qu'allait-il donc faire ?

L'homme masqué avait initialement prévu de s'occuper des adversaires coriaces. Il alla donc se placer entre le taureau et son partenaire, afin de focaliser ce dernier sur lui. Tout en faisant cela, il donna des indications à Humars :

- C'est un gros morceau que nous avons là. Il faut que tu creuse une tranchée profonde de quatre mètres, et longue de six mètres. Tu peux faire ça ? En attendant, je m'occupe de le distraire, et de l'amener dans le trou une fois que tu auras fini.

C'était un peu long et, pendant que l'homme masqué parlait, le taureau s'était mis à charger. Le Sphinx eut à peine le temps de bondir sur le côté, échappant de justesse à des cornes qui l'aurait empalé sans peine. Le Morpheur enleva alors son tee-shirt, pris d'une autre idée. Il tendit son tee-shirt devant lui, attendant que le taureau se retourne et repasse à l'attaque. Il avait vu, dans un documentaire, que les taureaux n'étaient pas attirés par le rouge, mais par le mouvement. C'est pourquoi il agita son tee-shirt à a manière des toreros, attendant un second passage de la bête.

Les naseaux fulminants, celle-ci fonça dans la direction de cet homme qui osait la défier. Sphinx contempla en déglutissant ces quelques tonnes de musculature métallique, qui menaçait de lui fondre dessus en quelques secondes. Le taureau n'était plus qu'à quelques mètres, percutant le voile blanc qu'était devenu feu le tee-shirt du jeune adulte.

- Olé ! scandèrent quelques personnes dans la foule.

Rassuré sur l'efficacité de son idée -et sur la bêtise de la bête d'acier, qui n'avait pas vraiment de plomb dans la tête-, Sphinx s'apprêta à continuer ce petit manège, jusqu'à ce qu'Humars ait fini le piège. Il n'aurait plus, alors, qu'à se placer devant le trou en le dissimulant à la vision du taureau grâce à son tee-shirt, et à soulever ce dernier lorsque le taureau fondrait sur lui, dans un « Olé » final, qui s'achèverait par la chute de la bête dans le piège.

En espérant que le taureau, une fois dans le trou, ne pourrait plus remonter. Il faudrait ensuite trouver un moyen de détruire la créature.

Spoiler:

Les dimensions du trou étaient parfaites. Juste assez pour que le taureau devienne incapable de se déplacer, et donc d'esquiver la prochaine attaque de Sphinx. C'était la première fois que le Voyageur au masque à gaz avait la possibilité de réaliser sa plus puissante attaque. Pour la simple et bonne raison qu'elle était très facilement esquivable. En effet, le Sphinx comptait utilisait sa formidable force pour se propulser dans les airs, très haut, avant de retomber sur le taureau, son poing transformé en solide trompe en avant, afin d'éventrer le taureau.

L'énergie potentielle produit par sa chute, s’additionnant à sa force herculéenne devrait lui conférer assez de puissance pour éventrer la bête, acier ou pas acier. De plus, si la frappe était suffisamment puissante, notre Voyageur traverserait la couche d'acier comme s'il s'agissait de beurre et ne ressentirait pas de choc.

Mais si la frappe n'était pas suffisamment puissante... Sphinx préférait ne pas y penser.

- Bon, je vais donner tout ce que j'ai dans une attaque risquée. Si je n'y arrive pas... Bonne chance!

Prenant appui sur ses jambes, et décuplant les forces de celles-ci, Sphinx se propulsa dans les airs à une vitesse fulgurante. Il monta, mètre après mètre, puis sa vitesse diminua petit à petit et il se laissa basculer en avant, tombant à présent vers le sol, le poing droit en avant.

Il transforma ce dernier en une solide trompe osseuse de papillon, puis se prépara mentalement à l'impact, concentrant toute sa force dans l'extrémité de la trompe. Le secret était de réduire la surface d'impact. Vous êtes vous déjà demandé comment les maîtres en arts-martiaux arrivent à casser des briques avec le tranchant de leur main ? En fait, seul l'os, juste en dessous de l'auriculaire, entre en contact avec la brique. Or, toute la force du karatéka est concentré dans ce même os, ce qui va lui permettre de passer à travers la brique.

Si vous voulez, c'est le même principe qu'une aiguille, mais à plus grande échelle. Prenez un stylo et une aiguille, et tentez de les enfoncer dans une viande épaisse. Vous devrez fournir plus de force pour enfoncer le stylo, car la surface d'impact, c'est à dire la pointe du stylo, est plus grande que la surface d'impact de l'aiguille.

Ainsi, grâce à cette trompe qui a une surface d'impact bien moindre à celle de son poing, Sphinx peut espérer traverser le corps métallique du taureau, avec suffisamment de force. Sauf qu'il peut tout aussi bien mal viser, et tomber à quelques centimètres du taureau, ou n'avoir pas mis suffisamment de force. Réussira-t-il à transpercer le taureau ?

Encore quelques mètres et nous le saurons peut-être.

Spoiler:

voici la bête:

Le bras de Sphinx transperce l'acier comme si ce n'était que du beurre. Un sourire, dissimulé par son masque, s'épanouit sur ses lèvres alors qu'il réalise qu'il a vaincu la bête. Enfin, pas encore...

Pétrifié par la stupeur, il s'étonne de voir que la bête est encore capable de ruer. Il est projeté en arrière, entre la roche et la bête, et voit avec horreur que la créature le charge. Et il n'y a pas assez de d'espace pour un dernier « Olé ! ». Se roulant en boule, le Sphinx attend que ce train, cette locomotive d'acier munie de cornes, le percute avec une violence titanesque.

Cela ne rate pas. Il se prend l'une des pattes dans les côtes, et a l'impression qu'on vient de lui envoyer un coup de barre de fer. Puis, un bruit sourd se fait entendre alors que la créature s'écroule sur le sol, enfin morte. Sphinx se relève enfin, tâtant ses côtes douloureuses. Il n'a rien de cassé grâce à sa morphologie particulière, mais il souffre le martyre.

Enfin, l'homme masqué est plutôt résistant à la douleur, et il parvient à se déplacer sans trop de mal, tentant de remonter du trou dans lequel il s'est lui-même mis. Pendant ce temps, l'arbitre indique l'arrivée d'une nouvelle créature : une chimère. Le Spphinx, qui est à présent remonté, voit la chimère fondre sur Humars, et il s'engage ensuite entre les deux une lutte acharnée.

Humars réussit à se mettre sur le dos du monstre, et tente d'arracher sa queue. Pendant ce temps, la créature essaie de le déloger, et finit par se rouler par terre. Enfin, se rouler... elle s'y prit mal et la tête de chêvre en fut sonnée pour le coup.

Humars semblait absolument vouloir tuer le serpent, craignant sans doute que le venin soit mortel à son ancien maître. Sauf que le pouvoir corrosif du sang de Sphinx avait évolué, depuis. Si les crochets du serpent se plantait dans sa chair, ils se dissoudraient instantanément, ainsi que le venin, et s'évaporeraient alors. Il ne resterait plus qu'à Sphinx d'éviter de respirer les vapeurs toxiques... or, n'avait-il pas un masque à gaz ?

En tout cas, l'invocateur vient enfin de réussir à trancher la queue de la chimère, même s'il se fait violemment mordre par la tête de lion. Humars parvient à faire lâcher prise au monstre et il est temps que Sphinx vienne l'aider. Le Voyageur masqué s'approche en courant, et se jette sur la tête léonine comme un rugbyman sur un ballon de rugby. Utilisant sa force herculéenne, il oblige la tête à se tourner violemment sur le côté, lui brisant ainsi la nuque.

Mais la créature n'est peut-être pas encore morte, aussi le Sphinx enfonce-t-il la trompe qu'est devenu son poing droit dans la gorge du monstre et y injecte quelques millilitres de son sang. Ainsi, le sang corrosif va se répandre dans ses entrailles et les dissoudre, tuant le monstre s'il n'était pas encore mort. Quant à la tête de chèvre, sonnée ou pas, si le corps et les organes vitaux étaient atteints, il allait également mourir.

Une fois ceci-fait, le Sphinx se tourne vers Humars.

- Bien joué ! Je ne t'aide pas à te relever, mais l'envie y est.

Les mains dénudés, le morpheur préfère éviter handicaper son allié en lui offrant une main secourable.

[HDJ : Bref, n'hésitez pas à dire si quoi que ce soit gêne.]

Spoiler:

Pourquoi ? Bordel, pourquoi ce taureau a-t-il explosé ?! Voilà ce que se disait mentalement Sphinx, alors que Humars l'enterrait. Et non, il ne se demandait pas pourquoi Humars le sauver. L'invocateur le considérait comme son maître, il était donc normal qu'il soit prêt à donner sa vie pour lui.

Le Sphinx s'extirpa de la terre, se frottant vigoureusement le corps afin de se débarrasser des résidus brunâtres ; l'homme au masque à gaz n'aimait pas beaucoup se salir. Ensuite, il retransforma sa main droite, afin que la trompe laisse place à une authentique main.. Puis, il observa Humars avec curiosité, alors que celui-ci lui demandait de ne pas intervenir sauf s'il lui demandait.

- T'as pas entendu la volaille ? Il vaut cinq points, c'est un chevalier cristallin. Même si nous étions deux Majors, ça serait chaud. Et tu veux y aller tout seul ? Couillon prétentieux !

Si ça continuait, Humars n'allait pas être assez en forme pour s'occuper du menu fretin et le Sphinx allait devoir se salir les mains. En tout cas, l'invocateur crocodilien faisait mine de ne pas avoir entendu la réponse de son maître temporaire et continua d'avancer à l'encontre de la créature, qui ne semblait pas réellement s'en soucier. Faut dire que le rouquin n'en imposait pas vraiment, étant salement amoché. Entre ses brûlure et ses blessures, il avait tout de l'appât, e le chevalier cristallin ne comptait pas se laisser perturber, préférant garder l'homme au masque à gaz dans son champ de vision.

Toutefois, quand le jeune homme fut à portée, le chevalier lui porta une estocade vive et précise que l'invocateur esquiva de peu, se déplaçant à toute vitesse dans son dos. Sauf que, lorsque vous êtes un char d'assaut sur pattes, vous ne vous souciez pas tellement des moucherons qui vous tournent autour. Aussi, le chevalier ne se préoccupa d'Humars qui, dans son dos, s'évertua à lui porter un coup d'une violence terrifiante.

Si elles n'étaient pas nécessairement les plus résistantes dans le monde réel, certaines matières devenaient presque indestructibles dans celui des rêves. C'était le cas, par exemple, de l'or, du diamant ou encore, de l'adamantium. Le cristal, bien que légèrement moins résistant, était également l'un des métaux les plus solides, et le sang du Sphinx n'était, en aucune mesure, capable de l'entamer.

Aussi, lorsque le Sphinx entendit un épouvantable craquement, il fit une grimace de compassion derrière son masque. L'invocateur devait s'être brisé la main. Cependant, son acte ne fut pas si stupide que l'on pourrait le croire. En effet, focalisé qu'était le chevalier sur Sphinx, il prenait véritablement Humars de haut et avait sous-estimé la force physique que peut conférer la fusion avec un caïman.

Chancelant, le chevalier bascula dans la direction de Sphinx, l'épée en avant. Ce dernier, ignorant les invectives d'Humars, se concentra : il n'avait pas le droit à l'erreur. Se jetant lui aussi sur le chevalier, il tenta d'attraper la poignée de l'épée de cristal. Son idée était simple : se servir de l'arme de la créature contre elle. Le Sphinx doutait de pouvoir entamer l'impressionnante armure du chevalier avec ses poings seuls. Mais avec une épée trop classe aussi brillante... C'était possible.

Puis le Sphinx avec une épée, vous imaginez ? Surtout en cristal... Se raccrochant à cette image de lui avec une épée en cristal trop classe, le Voyageur au masque à gaz mobilisa sa force herculéenne afin de tenter d'arracher la lame à la solide poigne du chevalier. Mais, pour la première fois depuis son arrivée à Dreamland, le Sphinx était tenu en échec. Son adversaire tenait son arme avec une force tout aussi impressionnante que celle du morpheur. Ce n'était pas un duel de volonté mais un véritable bras de fer qui se jouait entre les deux êtres.

- JE VEUX CETTE EPEE !!! hurla le Sphinx, puisant dans ce cri l'énergie dont il avait besoin.

Au prix d'un ultime effort, il s'empara de la lame avec sa main droite, et parvint à repousser le chevalier avec sa main gauche. Puis, il prit l'épée à deux mains, la souleva haut et, mobilisant une nouvelle fois sa force herculéenne, porta un phénoménal coup ascendant, comme s'il avait eu une hache et non une épée dans la main.

Une nuage de sable très dense se souleva, dissimulant la scène aux spectateurs. Quand il se dissipa, tout le monde put constater qu'il y avait une fissure de plusieurs mètres de profondeur qui partait des pieds du Sphinx aux gradins en face de lui, que le morpheur tenait entre ses mains la garde d'une épée... sans la lame, qui s'était brisée et, surtout, que le chevalier cristallin était indemne car la faille se trouvait à plusieurs mètres de lui.

Sphinx avait raté son coup, alors que la créature n'était qu'à un mètre de lui, incapable d'esquiver. Même un aveugle aurait pu faire mieux, même...

- Même ma grand-mère pourrait faire mieux ! s'exclama une voix dans le public.

Le Sphinx repéra l'homme qui avait prononcé ses paroles, ajusta son tir et lui lança la garde de l'épée, devenue inutile. L'homme se la prit en plein dans la tête, et fut assommé pour le compte (Sphinx n'ayant mis que très peu de force).

- Désolé, j'ai mal visé. D'autres commentaires ?

Certains applaudirent, mais plus personne ne fit de commentaire désobligeant. Le Sphinx ne serait pas disqualifié pour cet acte, car il pouvait déclarer avoir mal visé. Le Voyageur masqué avait beaucoup moins de difficulté à lancer des objets qu'à manier une épée, et était beaucoup plus précis dans cet art.

Le chevalier cristallin, quant à lui, était plus que déterminé à affronter le Sphinx. Il avait été légèrement saisi de stupeur, lorsqu'il avait constaté la faille que la force de son adversaire avait produite. Il faut dire que Sphinx y avait mis le maximum de force qu'il était capable de produire. Enfin bref, le chevalier et Sphinx étaient à présent désarmés, et le Voyageur insectoïde n'avait pas vraiment envie de se frotter à son adversaire.

Il décida donc d'esquiver les attaques de son adversaire. Sphinx n'était pas bien vif et agile, mais son adversaire ne l'était pas plus. C'étaient des combattants de même type, bien que l'homme masqué soit légèrement plus vif et plus agile, ce qui lui permit de rester à distance du chevalier. Mais qu'avait en tête notre homme ? Pourquoi se contenter d'esquiver ?

En fait, le morpheur ramassait au fur et à mesure des éclats de cristal. Se penchant pour cela, il n'esquivait généralement qu'à la dernière seconde le gantelet cristallin qui fendait l'air, à l'endroit où sa tête s’était tenu. Quelquefois, il prenait les coups et faisait un petit vol d'un mètre ou deux. Mais il ne se décourageait pas et s'économisait du mieux qu'il pouvait.

Il finit par avoir suffisamment de morceaux pour faire ce qu'il projetait de faire : les lancer sur le chevalier. Passant cette fois-ci à l'attaque, il se baissa alors que le bras droit du chevalier passait au-dessus de lui, frôlant la chair tendre de son dos, et envoya son poing droit percutant son abdomen, décuplant sa force afin que ses os ne se cassent pas.

La douleur fut tout de même vive, et l'armure ne présentait pas la moindre craquelure mais le chevalier fut projeté en arrière, perdant l'équilibre. C'est ce que souhaitait Sphinx qui, avec sa main gauche, envoya les éclats de cristal dans la direction du chevalier avec toute la force dont il était capable.

Notre homme était beaucoup plus précis, ayant passé ses deux ans à Dreamland à balancer des objets insolites sur des gens. Les éclats fendirent l'air et certains se plantèrent là où devrait se trouver le cœur, traversant l'armure avec une facilité déconcertante, alors que d'autres se plantaient dans le heaume, et certaines continuaient leur course, frôlant le chevalier.

Le Sphinx espérait avoir tué son adversaire avec cette attaque. Sinon, il serait vraiment dans la merde parce qu'il n'avait pas de plan C. C'était un char d'assaut, le bordel !

[HDJ: Bon, c'est un monstre puissant mais, comme pour le taureau, je suis parti du principe qu'une bonne stratégie peut permettre de triompher. Toutefois, si le fait que je parvienne à lui arracher son arme, ou que les éclats traversent son armure dérange, MP moi. Je suis parti du principe que le cristal était capable de faire des dégâts au cristal.]

Spoiler:

- Bordel, mais faut vraiment que tu te mettes dans la tête que nous sommes pas dans un manga !! Dans DBZ, Sangoku se prend l'attaque de Piccolo et crève, boulet ! Et à Dreamland, il n'y a pas de dragon balls...

Bref, le Sphinx appréciait moyennement les initiatives de son allié. Tout allait de mal en pis. Le chevalier se servait éhontément de son bouclier et faisait voler en miettes le plan du Sphinx, et Humars se jetait dans la gueule du loup. D'ailleurs, si le Voyageur masqué n'intervenait pas de suite, le chevalier allait réussir à dégager son bras pour envoyer son bouclier dans la gueule du mioche.

Il fonça donc sur le chevalier, et tenta de lui arracher son bouclier afin de l'empêcher de réaliser son attaque. Pendant ce temps, Humars se transformait complètement afin d'avoir suffisamment de forces pour le maintenir immobile. Un nouveau bras de fer s'engagea entre Sphinx et le chevalier, mais ce dernier avait déjà fort à faire avec Humars, qui profitait de son manque d'agilité pour l'empêcher de se dégager. Ainsi, Sphinx finit avec le bouclier en main.

Une idée germa dans son esprit : il avait déjà tenté d'atteindre le chevalier avec sa propre épée, pourquoi ne pas faire de même avec son bouclier. Ce dernier, légèrement rond comme celui de Captain America, était légèrement tranchant sur les bords. Le Sphinx le prit donc comme il aurait pris dans sa main un frisbee, et se rapprocha du chevalier. Il ne restait plus beaucoup de temps avant que ce dernier ne se libère, et Humars avait un mal de chien à l'empêcher de trop se déplacer.

- Bon, on a pas le choix, hein ? J'vais essayer de pas le louper, mais fais-toi plus petit que tu ne l'es, Humars. Et si je te tues, peut-être que ça te fera comprendre que Dreamland n'est pas un PUTAIN DE SHONEN!!!

Alors qu'il se mettait à gueuler les derniers mots, le Sphinx arma son tir et envoya le frisbee bouclier de toutes ses forces, visant le cou du chevalier. Il espérait que cela suffirait à lui trancher la tête. Si Sphinx se loupait, le projectile pouvait très bien traverser le torse du chevalier, puis celui d'Humars et les tuer tous les deux. Ou juste partir en direction des tribunes.

Mais Sphinx était assez doué pour balancer des trucs. Croisons les doigts.

[HDJ: N'hésitez pas à demander de modifier si ça gêne.]

Spoiler:

Le bouclier fendit l'air, à toute vitesse, dans une trajectoire parfaite. Le temps sembla s'arrêter, même le public retenait son souffle : les Voyageurs allaient-ils enfin en finir avec ce prodigieux adversaire ? Seul le chevalier semblait être encore capable de bouger, alors que le temps semblait s'être arrêté. Poussant sur ses jambes, ils parvint à se dégager suffisamment de l'étreinte d'Humars pour faire un pas de côté, ne perdant que son bras dans l'attaque du Sphinx, qui observait la scène sans que l'on puisse dire ce qu'il ressentait. Est-ce que derrière son masque se cachait de la stupeur, du désespoir ou de l'excitation ? Nul ne pouvait le savoir.

Quoi qu'il en soit, son attaque avait échoué et il y avait de quoi en désespérer plus d'un. Bien sûr, il lui avait tout de même pris un bras, ce qui n'était pas rien. Mais il avait gaspillé beaucoup de forces durant ce combat. Et il en gaspillerait encore pas mal, certainement, avant que lui ou le chevalier ne gise sur le sable de l'arène.

Mais Sphinx n'était pas homme à se laisser abattre et, bien qu'on ne puisse lire l'expression de son visage, il suffisait d'observer sa posture pour comprendre qu'il était loin d'abandonner. Le centre de gravité de son corps bien abaissé sur ses appuis, les points serrés, il attendait ce qui serait la dernière attaque de son adversaire.

Car le chevalier n'était plus immobilisé par Humars. Dans un élan de colère dû à la perte de son bras, il venait de se le libérer et de récupérer son bouclier qui s'était planté dans l'un des murs de l'arène. Fou de rage, il fonça sur Sphinx avec la ferme intention de le tuer, bouclier en avant. L'homme masqué se contenta d'observer l'être se ruer sur lui, avec calme. Il avait l'impression de voir une caricature de lui lors de son combat contre Ares. Et c'était très déplaisant.

Il arrêta le bouclier à deux mains, rajoutant très peu de force pour cela, mais l'augmentant peu à peu. La créature ne pouvait pas atteindre Sphinx à moins de lâcher son bouclier. Et, compte tenu de ce qui était arrivé la dernière fois qu'elle avait perdu son bouclier, elle ne voulait pas le lâcher. Ils étaient donc tous deux dans une position égale car Sphinx ne pouvait pas lâcher le bouclier, sous risque de prendre cher, et son adversaire de même.

Heureusement, il y avait un troisième facteur à prendre en compte avant de conclure sur une quelconque égalité. Il était jeune, roux et un peu trop idéaliste.

- Prépare-toi !

L'allié de Sphinx se jeta sur le chevalier qui, malgré son incapacité à mouvoir son bras encore valide, lui donna du fil à retordre. Rien qu'avec ses jambes et son corps, qui était tout de même recouvert par une armure en cristal bien trop solide pour les dents d'Humars -comme l'apprit ce dernier à ses dépens, le chevalier parvint à casser le deuxième poignet du jeune homme.

Mais finalement, le mioche parvint à lui faire une clé de bras plutôt solide, immobilisant complètement le bras tenant le bouclier. Sphinx en profita pour arracher ce dernier et, agrippant l'épaule du chevalier afin de le maintenir au sol, il donna un coup horizontal avec le bouclier afin de trancher la tête du monstre.

Cette dernière tomba au sol et roula, poussant un ultime cri d'une pureté cristalline.

- Enfin ! Humars, je te conseille d'aller sur le côté et de tenter de te reposer et d'éviter tout affrontement avec notre prochain adversaire. Je m'en occuperais seul... ou échouerais en essayant.

[HDJ : Il m'a trop saoulé, Seiya ! Enfin, si ça pose problème, n'hésite pas à me MP, Axel, je modifierais. Et sinon, j'ai imbriqué mes actions dans celles d'Hum' afin de justifier le fait qu'il parvienne à faire une clé de bras au chevalier, par exemple. Cela donne plus de réalisme, je pense.]

Spoiler:

Spoiler:

S'il y avait une chose dans laquelle Sphinx était nul, c'était bien les arts-martiaux. Le jeune homme n'avait jamais eu la patience de les apprendre et, dans la réalité, était un piètre combattant, à peine capable de se défendre avec ses poings lorsqu'on l'agressait. Pourtant, à Dreamland, il avait continuellement été forcé de se battre contre des adversaires bien plus doués d'un point de vue technique dans l'art du combat (Liam, pour n'en citer qu'un) et n'avait pas abandonné pour autant.

Sauf que lorsqu'il fut en face du kangourou spécialisé dans les arts-martiaux, et que ce dernier le salua, le jeune homme eut un flash-back et se revit tel qu'il était à neuf ans. Il était de nouveau ce petit garçon grassouillet, qui se rendait au Karaté tous les mercredis après-midi et qui était obligé de se battre contre des adversaires plus petit, de deux ans, mais qui perdait quand même.

Il se trouvait donc à nouveau sur le tatami, en face d'un adversaire lilliputien qui était pourtant, Henri le savait, capable de l'étaler d'un seul enchaînement. Notre mioche à bourrelets se lança pourtant vers son adversaire plus petit et lui décocha un coup de poing. Mais ce dernier manquait de volonté et l'adversaire l'esquiva facilement d'un pas de côté, avant de bondir dans les airs et de lui envoyer un coup de pied dans la face.

Henri le gras se retrouva au sol, momentanément sonné. Pourtant, l'arbitre ne sonnait pas la fin de la rencontre. Qu'est-ce qu'il attendait ?! Henri avait peur ; il n'était qu'un petit garçon de neuf ans qui voulait retrouver les bras de sa maman. Sauf que cette dernière n'était pas là. En réalité, il n'y avait que lui, le tatami et l'autre enfant. Ce dernier, avec un code d'honneur très fair-play, attendait que le petit garçon se relève pour reprendre le combat.

Henri se releva et repartit à l'attaque. Le poing droit mis en arrière afin d'augmenter sa force de frappe, il était évident qu'il allait porter un direct du droit. Aussi, son adversaire juvénile se déporta sur la gauche, fit de nouveau un bond exceptionnel pour un gamin de cet âge, et se retrouva derrière Henri. Un poing frappa ce dernier dans la tête, tandis qu'une espèce de queue soyeuse, sortie d'on ne sait où, balaya les jambes du morpheur.

Le garçon, au sol, ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Il fut même tenté de traiter son adversaire de tricheur parce qu'il avait une queue... Une queue... Soudain, Henri cessa de mélanger rêve et réalité. Il n'était plus le garçon grassouillet, et ce depuis plusieurs années. Il n'était même pas le Henri adulte, qui évitait les combats et les ennuis comme la peste. Non, il était Sphinx. Et un kangourou, même aussi doué que ce dernier, n'allait pas le maltraiter longtemps.

Encore choqué que ses souvenirs aient pu influencer sa réalité personnelle, comme s'il n'avait été qu'un simple rêveur ; le Sphinx se releva et fondit en direction du kangourou, le poing droit ramené en arrière. La créature, qui commençait à trouver son adversaire bien stupide, s'apprêta à opérer la même manœuvre qu'il y a quelques secondes, afin d'éviter le poing et de frapper gratuitement son adversaire.

Sauf que ce n'était plus Henri, le gamin grassouillet qui se battait. C'était Sphinx, et la prise d'élan avec son poing droit n'était qu'une feinte. Il se retourna alors que le kangourou bondissait derrière lui, et il lui attrapa le poing droit qu'il s'apprêtait à lui envoyer dans la tempe de la main gauche, ainsi que la queue de la main droite. Il décupla sa force dans les deux bras pour projeter violemment le kangourou à terre, qui tentait de se débattre en bougeant ses pattes et son bras encore utilisable dans toutes les directions. Sans succès.

Le cousin de Grand Gourou ne comprenait pas pourquoi son adversaire ne le laissait pas se relever, et employait une technique aussi peu honorable. Mais le Sphinx ne pratiquait pas les arts-martiaux, et n'avait pas le sens de l'honneur que ces arts étaient sensé inculquer. Il souleva une seconde fois la boule de poils, et la projeta une nouvelle fois au sol sans la lâcher. Durant ses actes, la créature ne cessait de gémir, et cela aurait pu attendrir n'importe qui d'autre que Sphinx (même moi, l'auteur de ces lignes). Mais le Voyageur se montra intraitable, et ne s'arrêta que lorsqu'il ne resta qu'une masse informe de chair, d'os et de poils ensanglantés. Il s'était servi de la créature comme marteau cinq fois, en déployant son pouvoir afin que la créature percute le sol violemment.

Il lâcha le tas informe, et resta debout. Sa respiration était saccadée, mais il était encore capable de tenir debout et de se battre. En temps normal, une créature valant trois points ne lui aurait pas demandé une telle quantité d'utilisations de son pouvoir pour être battu.

Mais le Sphinx arrivait au bout de ses forces.

« Allez ! s'encouragea mentalement le Sphinx. Tu peux encore en battre un. Rien qu'un...

Mais le morpheur savait, en son for intérieur, qu'il avait peu de chances de venir à bout du prochain adversaire. Et, dans le cas où il y arriverait, il finirait dans un état semblable à celui d'Humars.

[HDJ : Si quoi que ce soit gêne, MP !]

Spoiler:

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