Dream Land Infinity RPG
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 Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir

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Drasur
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Drasur


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MessageSujet: Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir   Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir I_icon_minitimeDim 26 Mar - 13:25


De la musique festive aux inspirations médiévales flottait dans la cité, portée par une douce brise caressant doucement le visage de notre héros. Les rires et les chants se mêlaient aux applaudissements des badauds face aux spectacles de danse des natifs du royaume. Les rues étaient pleines de vie, rêveurs, créatures et même voyageurs se laissaient tous porter par l'ambiance joviale embaumant les environs. Des stands se trouvaient devant quasiment chaque maison, vendant un peu de tout, principalement des boissons, aux visiteurs de tous horizon. Le carnaval annuel battait son plein, comme chaque année. Les rues étaient moins bondées que les années précédentes cependant, les festivités ayant été repoussées suite à quelques soucis avec des royaumes voisins, soucis incluant notamment une guerre ouverte. La paix étant revenue et les tensions s'étant apaisées, le carnaval était enfin lancé, avec plus d'un mois de retard. Il y avait certes moins de rêveurs, tout carnaval ayant déjà cessé depuis quelques temps dans le monde réel, mais cela n'empêchait pas l'afflux de créatures oniriques venant d'un peu partout pour célébrer.

C'est ainsi que Drasur, seul voyageur actuel du royaume, se tenait assis sur le toit d'une résidence à l'architecture baroque typique, s'élevant à deux étages du sol. Il observait l'artère principale de la ville sous ses pieds, distrait par les différents spectacles de rue se jouant quelques mètres plus bas. Des cracheurs de feu, des mimes venant tout droit du royaume des clowns, des illusionnistes ... Tout type d'artiste était de passage pour profiter de l'attrait du festival pour y gagner un peu d'essence de vie, amenant plus de visiteurs dans la cité par leur renommée, dans un cercle vertueux constant. L'invocateur affichait un sourire en coin naïf en voyant ce que le monde des rêves avait à offrir, lui qui avait l'habitude d'arpenter les terres oniriques en combattant pour sauver sa peau ou, comme il y a quelques nuits dans la troisième zone, à fuir pour sa vie. À ses côtés se trouvait une jeune femme aux cheveux châtains, Ana Demetria la fameuse créature en charge de la garde du royaume, plongée dans ses pensées. Le jeune homme l'arracha subitement de ses rêveries.

« Tu devrais pas bosser toi ? Autant que moi je glande c'est normal, mais toi ça m'étonne un peu.
- Je ... J'ai le périmètre bien en vu là donc je pense que ... Ça ira pour l'instant...
- Ouais enfin si le vieux nous voit, on est dans la merde. Il va encore m'engueuler pendant deux heures là ... Il soupira alors fortement, son sourire s'accentuant, avant d'enchaîner, 'fin cela dit il doit être au palais, à choisir sa tenue pour son discours de tout à l'heure.
- Tu as peut être raison ... Je devrais descendre voir si mes hommes n'ont pas besoin d'aide ou ... Elle marmonna alors, ses mots à peine perceptibles, ou on peut boire un verre je sais pas comme tu veux ...
- J'suis chaud pour un verre allez, par contre toi t'as pas le droit de trop boire ! Faut que tu sois opérationnelle pour le défilé de minuit. »

D'un geste rapide, les deux sautèrent alors du toit pour atterrir sur la rue pavée. La chute avait réveillée une douleur assez prononcée dans le genou du jeune homme mais il ne s'en plaignit pas, son orgueil beaucoup trop grand pour lui faire admettre ça devant une jeune femme. Les mains dans les poches de sa veste de cuir, ses lunettes aviateurs bien vissées sur le visage, il s'enfonçait dans la foule à la recherche de quelque chose à boire. Derrière lui, Ana le suivait de près, alternant entre des regards furtifs vers le jeune homme, des regards vers le sol accompagnés d'un rougissement de ses joues ainsi que des regards autour d'elle, jaugeant les passants pour tenter de repérer une menace potentielle.

En effet, bien que la présence d'Ana soit normale, celle de Drasur n'était pas si habituelle que ça. Après avoir passé plus d'un an cloîtré dans ce royaume, il mettait un point d'honneur au fait de ne revenir qu'en de rares occasions. Cette nuit et les suivantes étaient de ces rares occasions cependant, Personæ lui ayant ordonné de rester dans le coin jusqu'à la fin du festival. En effet, bien que la garde de la cité soit plutôt efficace pour endiguer les potentiels fauteurs de trouble que la première zone à l'habitude d'envoyer à Maskaria, ce festival était une tout autre affaire. Attirant des visiteurs d'un peu partout dans Dreamland, il fallait que la garde soit constamment aux aguets pour éviter tout incident. Le royaume n'étant absolument pas un royaume guerrier, il n'y avait pas plus d'une quinzaine de gardes, ce qui était loin d'être suffisant au cas où un voyageur expérimenté ou même une créature cauchemar un minimum coriace ne décide de casser l'ambiance. La présence de l'invocateur n'était donc clairement pas de trop, juste au cas où.

La discussion qui poussa le bordelais à accepter était principalement composée d'ordres, qu'il refusait, puis les mêmes ordres étaient répétés plus fort avant qu'il ne les refuse à nouveau, encore et encore pendant une bonne heure. Le jeune homme avait cependant réussi à s'en sortir avec la promesse d'un nouveau masque que Personæ lui forgerait spécialement si il faisait bien son boulot. C'était suffisant pour Drasur qui, afin d'être à Dreamland le plus longtemps possible ces prochaines nuit, a pris des mesures plus que drastiques. Il s'est débrouillé pour se procurer des somnifères sans ordonnance préalable de manière moyennement licite, a pris soin de faire une nuit blanche la veille et a bien prévenu son colocataire que si il le réveillait il se vengerait en ne payant pas le loyer les prochains mois. Ainsi il était sûr de pouvoir rester le plus longtemps possible endormi ces prochaines nuits, en particulier celle ci, la première nuit lançant les festivités principales comme le fameux défilé de minuit précédé d'un discours du seigneur des lieux.

C'est ainsi que le jeune homme avançait difficilement dans la foule, prenant soin d'éviter les danseurs et autres ménestrels. Après quelques minutes de marche, il tomba enfin sur l'objet de sa quête : un stand plus que modeste tenu par une vieille dame au masque de chat. Après quelques négociations, la vendeuse ayant la fâcheuse habitude de répondre par la négative à toutes les requêtes de l'invocateur, il réussit enfin à se faire servir deux pintes bien fraîches. Il pris soin de mettre la note sur le dos du palais et s'adossa contre un mur, accompagné de la charmante Ana. Ils n'eurent même pas le temps de prendre plus de deux gorgées de leur boisson qu'un des soldats de la garde arriva en trombe, haletant et suant.

« Lieutenant !! Lieutenant Demetria vous êtes là ! Ah, vous aussi voyageur ... Souffla-t-il visiblement déçu, avant de continuer, on a une bagarre qui a éclatée et je peux pas la gérer seul, les autres sont éparpillés dans la ville et ...
- Bah bravo, t'es vachement brave toi dis moi, ricana Drasur en prenant une autre gorgée.
- Très bien on arrive dans ce cas, lança le lieutenant soudainement plus confiante que jamais. Drasur tu nous accompagne ?
- Allez, un peu d'action ça peut pas faire de mal, c'est certainement des mecs bourrés de toutes façons. »

Le voyageur pris d'abord soin de terminer sa boisson d'une longue traite et emboîta le pas au soldat. Il était difficile de se déplacer rapidement dans une telle foule mais le petit groupe ne serait bientôt plus loin du lieu de la bagarre. Drasur affichait un large sourire, ses dernières nuits beaucoup trop calmes commençaient à un peu l'ennuyer et il ne pouvait rêver mieux qu'un peu d'action. C'était peut être l'alcool qui commençait à lui monter au cerveau, ou son envie de se défouler avec les progrès qu'il avait fait dernièrement, dans tous les cas il le sentait au fond de ses tripes : cette nuit allait être mémorable.
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Vladimir Icarus
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MessageSujet: Re: Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir   Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir I_icon_minitimeDim 26 Mar - 15:51



♢ Masque ou œillères ? ♢

« Moi je veux celui-là !
- Tu es sûr ? Tu ne veux pas plutôt le joli masque de grenouille ?
- Je suis plus un bébé, hein. Je veux Mermoud ! »

Ethel se tint droit, plaquant ses poings contre ses flancs comme il avait déjà vu faire Vladimir lorsqu'il soutenait sa propre décision. Il fixa le masque qui présentait le visage de l'actuel numéro 1 de la ligue B, déterminé à l'emmener avec lui. Le Great-Rider s'esclaffa devant le comportement du petit garçon, qui décontenançait leur interlocuteur.

« T'arriveras pas à lui faire changer d'avis, expliqua-t-il à l'intention de la créature.
- Au moins, avec Mermoud il a un vrai modèle. Pas comme toi, piqua Grani qui virevoltait un peu plus loin dans la boutique, manifestement très intéressé par les petits masques adaptés à sa taille.
- Vous savez, jeune homme, répondit l'intéressé, je suis un Physionomiste. Mon rôle est de fournir aux visiteurs un masque qui se rapproche au mieux de leur vrai visage. Si vous ne me laissez pas faire mon travail...
- C'est un petit, c'est pas si grave. Qu'est-ce que t'as prévu pour moi, le masqué ?
- Pas très compliqué pour vous. »

Le type sortit un masque de cheval de sa poche, et le lui tendit. Vlad se mit à rire, l'empoigna et l'enfonça sur sa tête. Se retournant vers Ethel, il écarta les bras comme un pimp et invectiva l'enfant.

« J'ai l'air de quoi Ethel ? Pas vrai que je ressemble à Jimmy ?
- Hé hé hé ! »

Le petit garçon ne put s'empêcher de rire, partant d'un franc éclat auquel se joignit l'Invocateur de Chevaux. C'est à ce moment que les filles jaillirent depuis l'autre côté de la boutique, complètement métamorphosées par l'intervention de la femme du Physionomiste. Elles arboraient toutes les deux une longue robe vénitienne, de dorures pour Luaine, flamboyante pour Maureen. Un loup blanc ornait l'arrête de leur nez, ne dévoilant que le bas de leur visage et leurs yeux clairs. Cet air de mystère s'accompagnait de coiffures revisitées, qui leur donnait des allures de duchesses. Devant le silence du petit et du grand garçon, elles échangèrent un regard un peu gêné. L'épouse du Physionomiste, rayonnante sous son propre masque, s'avança.

« Ne sont-elles pas magnifiques ?
- Vous êtes très jolies les filles, lança Vlad d'une voix étouffée sous sa tête de cheval, dressant les pouces vers le haut.
- Oui c'est vrai... Dit timidement Ethel qui rosit des joues, comme s'il était amoureux des grandes.
- Tu crois que ça plairait à Maahes ? Glissa Luaine à sa cousine en doutant des compliments de ses compagnons de route.
- J'en suis sûre, répondit la rousse avec un sourire entendu sur les lèvres.
- Edouard, je pensais que tu en aurais fini avec ces messieurs ! S'indigna la femme en désignant les concernés.
- Ils ne sont pas très coopératifs, ma douce Bellia.
- As-tu vraiment été sérieux en donnant cette pièce à ce délicieux jeune homme ? S'enquit-elle en tirant sur la tête du Great-Rider pour lui ôter son masque ridicule.
- Aïe !
- Ma foi oui. C'est un Invocateur de créatures de cette espèce étrange, non ?
- Personae va finir par nous réprimander si tu continues à n'en faire qu'à ta tête. Tu n'as même pas sorti les vêtements ! Si je n'étais pas là, ajouta-t-elle en tournant les talons, tout s'effondrerait dans cette maison ! »

Le Physionomiste haussa les épaules et retourna derrière son comptoir, ignorant purement et simplement les Voyageurs. Vladimir se frotta la nuque endolorie par la geste de la créature, quand Grani surgit de son coin avec un petit masque de catcheur sur les naseaux.

« Ça c'est parfait ! La réplique d'El Caballero, le Démembreur ! Digne du Cheval Cauchemar que je suis !
- Que t'étais, précisa Vlad en le taquinant du bout du doigt. Au fait Luaine, ta copine elle arrive bientôt ?
- Je sais pas, quand je me suis endormie j'ai pensé à elle et je suis bien arrivée à Maskaria, mais je ne l'ai pas trouvée. Elle devait pourtant pas être loin.
- Ça aurait été plus simple de penser à Drasur. D'ailleurs, c'est lui qui nous a invité !
- Vlad, Drasur a sûrement beaucoup de choses à faire pour son Seigneur, expliqua Grani en s'admirant dans un miroir. C'est le premier jour du festival, il faut que tout soit parfait, et comme c'est le seul Voyageur de son Royaume, il a des responsabilités ! On le retrouvera quand il aura un moment de libre à nous accorder, t'en fais pas.
- Mouais. »

A ce moment, la Physionomiste fit son retour, les bras chargés de vêtements folkloriques et de masques en tout genre.

« On va commencer avec vous mon chéri ! Déclara-t-elle en s'approchant du Great-Rider. On s'occupera de ce bout de chou juste après, conclut-elle en touchant le nez d'Ethel avec le bout de son index. »

***

« Je suis vachement serré dans ce costume... Rouspéta Vlad en s'agitant.
- Tu es très élégant, affirma Maureen, qui se tenait à son bras comme la coutume le voulait selon la femme masquée. On dirait un mousquetaire !
- C'est quoi un mousquetaire ? »

Le petit groupe venait de quitter le bureau des Physionomistes, s'aventurant dans les premières artères bondées de Maskaria. Ethel avait finalement obtenu gain de cause, puisqu'il arborait fièrement son masque de Mermoud Al Keffar tout en tenant le bras de Luaine. La gentille dame lui avait même donné des vêtements au style oriental, ce qui faisait du petit garçon une réplique miniature du numéro 1 de la Baby. Vlad, de son côté, était engoncé dans un pourpoint de velours flamboyant, cerné d'arabesques dorées, un fleuret factice à la ceinture. La Physionomiste lui avait fait enfiler un pantalon de toile blanc, qui s'enfonçait dans une paire de bottes assorties au pourpoint. Un masque entièrement blanc lui couvrait l'intégralité du visage, affichant une expression de joie béate. Et sur le haut de son crâne, avait été placé un chapeau à large bord duquel pendait une énorme plume couleur sang. Un tableau somme toute atypique.

« Cette ville est superbe ! S'émerveilla Maureen devant le style Renaissance de l'architecture. On se croirait presque à Venise, il ne manque que les canaux et les gondoles !
- Tous ces gens masqués sont mystérieux... Souligna Luaine. Certains me font froid dans le dos, ajouta-t-elle en s'écartant, entraînant le petit garçon avec elle pour laisser passer un énorme bonhomme au masque inexpressif.
- On va où maintenant ? S'enquit Vlad qui tirait sur le bas de son pourpoint.
- Blanche m'avait dit de la chercher près de la Place aux Moqueurs si je la trouvais pas tout de suite.
- Mais c'est qui au fait cette fille, Luaine ? Demanda Grani d'une voix grave, endossant pleinement le rôle du catcheur dont il avait emprunté l'esthétique.
- C'est une Husky trop mignonne du Royaume des Chiens ! On l'a croisée pendant l'aube du Kitsune, et après ce qui s'est passé elle a préféré s'éloigner de Canin-ville. On l'a recroisée, avec Maureen et Ethel, une de ces nuits où vous étiez pas avec nous, tous les deux.
- Ah, quand j'étais avec Diavolo dans le royaume des technologies...
- Diavolo Mayor n'est pas un individu que vous voudriez rencontrer, les filles, prévint Grani.
- Nan, dis pas de bêtises, il a beaucoup souffert et donc il est des fois un peu bizarre. C'était pas lui le problème. Et c'est pas la question. »

A ce moment, des bruits anormaux jaillirent loin au-devant d'eux. Un brouhaha accompagna ces éclats de voix et d'impact, les visiteurs et les locaux de Maskaria semblant se demander ce qui pouvait bien se passer alors que des cris d'engueulade commençaient à se faire entendre. La foule masquant même le champ de vision de l'Invocateur de Chevaux, ils ne purent toutefois pas distinguer de quoi il s'agissait.

« Je crois que c'est la direction de la Place aux Moqueurs... Souligna Luaine.
- Puisque c'est sur le chemin, on va bien finir par voir ce que c'est. »
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MessageSujet: Re: Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir   Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir I_icon_minitimeLun 27 Mar - 12:16


Le petit groupe s'approchait doucement du lieu de la bagarre, ne se trouvant désormais qu'à une rue de la place que le garde avait lâchement fui quelques minutes plus tôt. Ce dernier menait la marche, suivis de près par Ana visiblement extrêmement motivée à faire son travail, Drasur lui, trottinait quelques mètres derrière, faisant office de voiture balai. Il était motivé au début de sa course il est vrai, mais son excitation fit rapidement place à sa paresse légendaire. En effet, après avoir bousculé une bonne dizaine de visiteurs, dont certains l'ayant très mal pris, il en avait marre de courir. Il se contentait ainsi de garder le lieutenant vaguement en vue, déployant un minimum d'effort. Cela lui rappelait les cours d'athlétisme qu'il détestait tant à l'époque où il fréquentait encore les bancs scolaires. Il se débrouillait pour être entre les derniers, essoufflés à la recherche de leur ventoline et le groupe de filles courant au ralenti pour pouvoir continuer de jacasser entre elles. Cette place était parfaite pour lui, il passait deux heures à reluquer la chute de rein des beautés devant lui, tout en évitant de gaspiller trop d'énergie inutilement ni en se ramassant la pire note de la classe.

Cette philosophie décrivait parfaitement notre héros qui, même si sa mentalité a évoluée depuis sa transition en tant que voyageur, reste toujours partisan du moindre effort. C'est ainsi que par réflexe pur, il gardait les yeux sur l'arrière train, pour ne pas dire autre chose, d'Ana tout en trottinant à peine. Un événement vint cependant le tirer de sa nostalgie, alors qu'une créature à la musculature plus que décente, arborant le masque d'un brun aux cheveux mi-longs portant des lunettes de soleil, le dépassa en courant dans le sens inverse au sien. La créature arriva au niveau du jeune homme qui, par simple mémoire musculaire, tendit sa jambe gauche dans un croche patte honteux qui envoya le fuyard percuter les pavés avec une violence rare. Légèrement embarrassé par son geste qu'il tenait également de ses heures à martyriser les premiers de la classe dans la cour de récré, le bordelais s'arrêta pour vérifier l'état de celui qu'il avait lui même envoyé au sol. La créature se tenait la cheville, visiblement en grande souffrance, avant de s'arrêter net en voyant Drasur devant elle. Elle ôta alors son masque, révélant sa mine plus que patibulaire, et jetait des regards réguliers entre le masque et le visage du voyageur, avant de lui lancer.

« Ce ... Mais c'est toi ?!
- Attend ... Mais ce masque c'est moi ?!
- C'est toi le voyageur aux masques ?
- Ouaip' c'est moi, il décolla alors son index de son front en guise de salutation avant de continuer, où t'as eu ce masque ?
- Je ... L'ai acheté ? Lança la créature à moitié sûre d'elle
- Ah bah tiens, on m'a pas prévenu que des masques à mon effigie seraient vendus. Sûrement pour éviter de me verser des royalties, saleté de radins ... Attendez ... Le perfecto en cuir, les cicatrices sur le visage ... Le pin's "la bande à Joe" ... Mais vous êtes ...
- Euuuh c'est pas ce que vous croyez monsieur vraiment je-
- Un biker c'est ça ! Haha bah écoutez j'suis désolé de vous avoir fait tomber, j'ai pas fait exprès, passez une bonne soirée et profitez du festival ! »

Visiblement soulagé, le loubard se releva et pris ses jambes à son cou, laissant son masque sur le sol. Drasur quant à lui, dans son infinie  bêtise, était plutôt content de lui. Non seulement n'avait il absolument pas compris qui était l'homme qu'il venait de poliment saluer, mais il se réjouissait qu'il soit parti en laissant son masque. Son ego était tellement immense à ce moment précis, ne s'imaginant absolument pas plus tôt que quiconque ne crée voir ne vende des masques à son effigie, que rien d'autre n'importait. Pour lui, l'étonnement de la créature en voyant sa ressemblance avec le masque était dû au fait qu'il croise une célébrité en chair et en os, loin de comprendre que la créature à l'allure de voyou ne le recherchait pour autre chose. Pas mal de temps s'était écoulé depuis sa nuit à Justicity et tout ce dont il se souvenait de cette aventure était d'un cheval exhibitionniste, l'amour de sa vie et d'un voyageur qu'il considère désormais comme son pote. Sa mémoire sélective avait effacée tout le reste, des informations qui lui auraient pourtant été bien utiles il y a quelques secondes.

Il se contenta ainsi de ramasser le masque présentant son propre visage, plaça ses lunettes de soleil dans la poche avant de son blouson et enfila le dit masque. Ce dernier était une copie conforme de son visage, les lunettes de soleil qu'il avait porté pendant plus d'un an jusqu'à il y a quelques nuits étant dessinée dessus à la perfection. Il était heureux, bien que légèrement mal à l'aise. Il ne l'était pas par rapport au fait qu'il portait un masque représentant son propre faciès non, mais n'avait pas vraiment l'habitude de porter des masques normaux. Ceux qu'il invoque se greffent à son visage comme une seconde peau alors que celui ci était un masque plutôt basique, limitant sa vision et les mouvements de son visage. Mais tout cela importait très peu finalement, après tout il avait un masque de lui même, rien ne pourrait le rendre plus heureux.

Il repris alors sa course, jetant un dernier coup d’œil au loubard s'engouffrant dans la foule, un talkie-walkie à la main. Toujours aussi naïf, ou un peu con on peut le dire, il pensait que la pauvre créature utilisait l'appareil pour retrouver ses amis et faire la fête jusqu'au petit matin. Sans y penser plus que ça, il repris alors sa route. Il n'avait aucune idée d'où se trouvaient Ana et son collègue, il se contentait ainsi de courir tout droit en espérant tomber sur eux. Ce qui, par chance, arriva après quelques minutes de course. Un attroupement s'était formé sur la place aux Moqueurs, un des points centraux de la cité. Jouant des coudes pour passer la masse de badauds agglutinés les uns aux autres, Drasur réussit enfin à rejoindre la fameuse scène de crime. En son centre, Ana réconfortait une créature entre le chien et la femme alors qu'un peu plus loin, le soldat de plus tôt discutait avec un vieil homme visiblement très agacé, un stand renversé à ses pieds. Loin d'être la meilleure personne pour réconforter une inconnue, en sachant très bien qu'il ne résisterait pas à faire une blague au Husky en la traitant de chienne avant de partir dans un long rire gras, il se dirigea vers le soldat pour comprendre la situation.

« Alors il se passe quoi ? Lança-t-il d'une voix enjouée, son masque cachant son enthousiasme.
- Vous ... Portez un masque de vous même ? Vraiment ? Ahlala ... Le soldat soupira aussi fortement que possible, avant de se tourner vers le vieil homme et de continuer, donc pour votre disposition, vous me disiez qu'un homme vous a forcé à faire un masque et qu'il a refusé de payer c'est ça ?
- Oui exactement, ce masque même, celui que porte le voyageur. Le vieil homme tendit alors le doigt vers le visage du jeune homme, dépité au possible.
- ... Vous m'expliquez ?
- Je ... Euh ... C'est pas le même, ça c'est un masque que j'ai invoqué moi, parce que je suis invocateur haha vous le savez ça donc voilà je l'ai invoqué c'est le mien.
- Vous invoquez un masque à VOTRE effigie ? Deus m'en soit témoin je vous déteste du plus profond de mon cœur.
- Ça c'est pas gentil, j'vais le dire à Personæ. Il m'aime lui au moins. En plus c'est pas moi qui ai fuis alors qu'il y avait un seul suspect donc hein ...
- ... Donc monsieur, continuez.
- Un homme m'a forcé à dessiner ce visage sur un masque vierge, il avait une photo avec lui, elle avait l'air déchirée d'un magazine. Puis je lui ai demandé de payer et il a renversé mon stand, la jeune créature là bas est intervenue et le voyou a pris la fuite par là bas.
- Là d'où vous venez voyageur. Vous pouvez m'expliquer ? On a vous a perdu sur le chemin.
- Je euh je vais voir Ana hein, elle a sûrement besoin d'aide et elle me fera pas la morale au moins ELLE !
- Un masque de son propre visage j'y crois pas ... Bon monsieur on va continuer, alors ... »

Drasur avait des sentiments partagés alors qu'il s'éloignait du peintre de masque et du garde. Il était agacé par ce dernier, mais avait un peu honte également, parce qu'il réalisait à peine qu'il avait laissé filer le suspect en lui souhaitant en plus de passer une bonne soirée. Le pire dans tout ça étant qu'il portait la preuve même de son incompétence sur le visage. Sans compter que son manque clair de réparti lors de sa dernière conversation l'avait fait passer pour quelqu'un d'encore plus stupide que ce que pensait le garde de lui, autant dire que c'était beaucoup. Ne sachant pas vraiment comment réagir, comme l'enfant qu'il était intérieurement, il préféra fuir et aller se réfugier chez le lieutenant, elle au moins ne se permettrait pas de le critiquer. Alors qu'il traînait les pieds sur le sol, un projectile vint le frapper en plein visage avec une vitesse folle. Après quelques secondes pour reprendre ses esprits et remettre son masque droit pour voir devant lui, il s'égosilla en constatant ce qui l'avait percuté et qui virevoltait devant lui :

« Grani ! T'es venu ça fait plaisir ! Les autres sont avec toi ? »
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MessageSujet: Re: Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir   Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir I_icon_minitimeDim 9 Avr - 10:53



Vladimir s'arrêta un instant en découvrant les fameux Moqueurs. Cernant l'orée d'une place rectangulaire, ces gargouilles étranges jalonnaient les bâtisses de haut en bas, défigurant l'architecture de manière erratique et désordonnée. Chacune des statues arborait un visage déformé par le rire, les traits à la fois crispés et détendus. Certains avaient les mains plaquées sur la tête, comme s'ils ne pouvaient se contenir. Les tressaillements qui leur parcouraient les zygomatiques et les autres muscles du faciès étaient figés dans la pierre. Ils décrivaient des vagues immobiles qui semblaient pourtant se mouvoir dès lors que l'on posait son regard sur l'une ou l'autre des créatures ainsi représentées. Le Great-Rider fut profondément touché, en intuition, par la découverte de ces sculptures fascinantes. Tandis que Maureen et Ethel continuaient d'avancer, il resta un instant immobile à l'entrée de la place, contemplant les Moqueurs.

« Qu'est-ce que tu as, Vladimir ? S'enquit Maureen.
-Ils se moquent, c'est pour ça qu'on les appelle les Moqueurs.
- Eh ben, ta logique imparable m'étonnera toujours, persifla Grani. »

L'Irlandaise posa un regard curieux sur son mousquetaire de compagnon, avant de porter ses yeux dans la direction des gargouilles qui accaparaient ainsi son attention. Elle émit un sourire.

« Je ne te savais pas touché par l'art, souligna-t-elle en lui donnant l'impulsion du bras pour continuer d'avancer.
- Je m'y connais pas trop, répondit l'Invocateur de Chevaux en la suivant dans son mouvement. Mais des fois j'aime bien regarder les peintures et les sculptures. Les Moqueurs sont un peu bizarre, ils font peur et en même temps, ils donnent envie de se marrer avec eux.
- Je sais deux ou trois choses sur les sculpteurs qui ont façonné ces gargouilles, si ça t'intéresse, proposa Grani.
- Je suis curieuse d'en savoir plus moi aussi.
- T'es pas un si mauvais Guide que ça finalement.
- Je ne relèverai pas. Bon, alors la première chose à savoir, c'est que les pères des Moqueurs ne sont pas des natifs de Maskaria. D'après ce que je sais, ces sculpteurs seraient venus du Royaume des Statues pour se mettre au service de Personae lorsque la cité a commencé à prendre une vraie ampleur. La Place aux Moqueurs n'est pas la seule qu'ils ont décorée, je crois qu'il y a aussi la Place aux Pleureurs et la Rue des Sans-Visages. Ils seraient aussi arrivés avec une matière première un peu hors du commun... De la terre glaise du Royaume des Pierres Divines. Avant de continuer, je tiens à dire que cette histoire tient un peu de la légende, je suis pas sûr qu'on puisse vérifier ça sans en parler directement avec le Seigneur des Masques.
- J'ai trop envie de savoir la suite. Ces Royaumes, on va aller les visiter un jour !
- Peut-être plus tôt que tu l'imagines, étant donné qu'ils sont situés dans la Deuxième Zone. »

A ce moment, ils furent alertés par un cri de stupeur provenant de Luaine, toujours à quelques mètres devant eux. Ils virent la petite blonde courir avec Ethel dans la direction d'une foule un peu compacte et tenter de s'y frayer un chemin. Réagissant immédiatement, ils accélèrent le pas à leur tour. Ils traversèrent le rassemblement de badauds et Grani percuta malencontreusement le masque de quelqu'un qui se trouvait là, poussant un juron. Vladimir perçut les traits dessinés dessus et s'arrêta subitement, la mine un peu surprise, laissant Maureen rejoindre sa cousine et le petit garçon.

« Hein ? Maugréa Grani en remuant les naseaux sous son masque de catcheur, rendant sa voix plus profonde pour coller au rôle qu'il souhaitait se donner. Comment connais-tu mon nom, toi qui... Heu attends... Les tonalités produites par ses cordes vocales s'envolèrent sous la surprise.
- Drasur ! S'exclama Vladimir en souriant après avoir reconnu sa voix. Il s'approcha, retira son chapeau à plume en guise de salut et posa sa main libre sur l'épaule du Voyageur aux masques. Ha ha ha ! Énorme, t'as choisi ton propre masque ! »

A ce moment, les filles et Ethel s'approchaient en compagnie de la femelle canine en pleurs ainsi que d'une autre créature aux allures timorées. Luaine tenait la Husky dans ses bras, la mine colérique.

« ...je suis vraiment furieuse qu'il t'ait fait mal aux pattes, Blanche ! Il va pas s'en sortir comme ça ce goujat.
- Tu sais c'est pas si grave, répondit la femelle canine humanoïde en sanglotant et en se laissant caresser l'arrière des oreilles par la Voyageuse. On a déjà vu toutes les trois quelque chose de bien pire arriver. Et puis j'ai pas si mal, se força-t-elle à sourire. C'est le garçon dont vous m'aviez parlé lorsqu'on s'est rencontrées à Canin-Ville ? Demanda-t-elle en posant des yeux interrogatif sur Vladimir et sa tignasse rouge découverte.
- Qu'est-ce qui se passe ? Demandèrent le Great-Rider et son Guide à l'unisson, le premier à l'intention de Drasur et le second à l'intention des filles.
- Oh, salut Drasur ! Lança Luaine en découvrant le Voyageur à côté de Vladimir et en affichant une mine très surprise de découvrir un tel masque sur son visage. »

Salutation à laquelle se joignirent le sourire de Maureen et la main tendue de la réplique miniature de Mermoud al Keffar qui voulait faire le grand en serrant celle de l'Invocateur masqué. Vladimir fronça les sourcils en posant ses yeux sur le bout des pattes de la chienne, dont le poil était un peu rougi par le sang, comme si quelqu'un lui avait piétiné les pieds. Il en allait de même sur ses mains, qui semblaient avoir été malmenées. Son regard passa de la Husky à l'autre créature qui les accompagnait, et qu'il ne connaissait absolument pas.
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MessageSujet: Re: Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir   Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir I_icon_minitimeJeu 4 Mai - 17:06

Drasur ne pu s'empêcher de lâcher un rire semi nerveux alors que Vladimir surgit de la foule pour le saluer. Ce rire provenait de sentiments relativement contraires que ressentait le bordelais, entre le plaisir de retrouver le voyageur qui avait partagé une de ses premières aventure et une légère honte de porter un masque se représentant lui même. Son propre avis quant à ce masque changeait pas mal, surtout depuis les petites piques envoyées par le garde quelques minutes plus tôt. Mais la réaction de l'invocateur chevalin qui semblait plutôt amusé par la situation permis à Drasur de se sentir un peu plus à l'aise. Il se contenta ainsi de rire lui aussi, avant de répondre à son comparse.

« Haha ouais, c'est une longue histoire ce masque. Enfin pas vraiment, juste pas très intéressante, bien vos tenues ! Vous êtes bien dans le thème du festival ! »

Un flash de lumière vint alors l'aveugler alors qu'il constata l'arrivée de Luaine sur les lieux. La jeune voyageuse se dirigea rapidement vers la créature canine au sol, alors qu'Ana tentait de la consoler comme elle le pouvait en lui caressant le dos. Le regard de cette dernière qui il y a encore quelques secondes semblait maîtriser la situation se perdait désormais sur le sol, alors qu'elle réalisait à peine le nombre de personnes braquant leurs regards sur elle. Sa timidité maladive refaisait surface et cela se voyait bien. En temps normal, Drasur l'aurait réconfortée comme il le pouvait en attirant l'attention sur lui comme il sait si bien le faire mais à ce moment précis, il n'avait d'yeux que pour Luaine. Heureusement pour la lieutenant, le soldat qui avait enfin terminé de récupérer la déposition du sculpteur de masques s'occupa de disperser la foule. Les quelques badauds curieux s'éloignèrent doucement et le cercle entourant le petit groupe disparut en quelques secondes, alors que le soldat éloignait les passants de la husky pour qu'elle puisse récupérer.

Drasur quant à lui fut tiré de force de ses rêveries par l'intervention simultanée et incroyablement synchronisée du Great Rider et de son guide, les deux se demandant à juste titre ce qu'il se passait. Le bordelais tenta de leur répondre mais fut coupé dans son élan par la salutation de l'irlandaise aux cheveux blonds. Il perdit alors toute confiance en lui et tenta de la saluer en levant sa main et en tentant de balbutier comme il le pouvait un "sa..s..salut" discret. Ayant repris du poil de la bête, Ana intervint rapidement pour le sortir de l'embarras.

« Je ... Je me présente, Lieutenant Demetria de la garde civile de Maskaria, à votre service ! Je tiens à m'excuser personnellement pour vos blessures mademoiselle, la garde aurait dû être présente pour empêcher cela. Néanmoins je peux vous proposer des soins immédiats pour vos blessures à l'infirmerie du château, si cela peut me permettre de me racheter de mes fautes ! »

La jeune femme se baissa alors en signe d'excuse, son visage montrait clairement qu'elle se sentait profondément mal au sujet de l'état de la Husky et que ses excuses étaient sincères. Devant une telle démonstration d'humilité, Drasur ne pu s'empêcher de sourire, la gentillesse pure de la créature avait don de le remettre sur terre. Il retira ainsi son masque et leva sa main devant Ethel en réponse à sa main tendue, en attente d'un bon vieux high-five. Le bordelais n'avait pas beaucoup de qualités mais il savait y faire avec les jeunes. Il répondit à la salutation discrète de Maureen par un clin d’œil complice avant de leur lancer, d'abord à l'attention du jeune voyageur qui frappait dans sa main puis aux autres.

« C'est donc toi le voyageur le plus fort des baby ? J'aurais du m'en douter j'ai toujours su que t'étais balèze haha ! Ça me fait plaisir de tous vous voir en tous cas, vous avez l'air de bien vous porter ! Il posa alors sa main sur l'épaule de la Husky avant de continuer, quant à toi, t'inquiètes pas on va faire de cette affaire notre priorité. Par contre je pense que ce serais sage de suivre Ana à l'infirmerie, ça a pas l'air grave mais je suis pas sûr que tu puisses marcher et danser toute la nuit sans quelques bandages.

- Ou-Oui ! Et puis nous ferons aussi vite que possible, vous devriez être de retour pour le défilé de minuit.  

- A la bonne heure ! Si ça vous va, nous on peut un peu se balader en attendant. Et on se rejoint tous sur la place du jeté de masque un peu avant minuit ?

- Si ça leur va ça me va, on se revoit plus tard alors D-Drasur ... »

__

Pendant ce temps, sur un toit surplombant la rue dans laquelle se trouvaient nos héros, deux créatures les observaient. Les deux se ressemblaient énormément, des visages patibulaires, des cicatrices un peu partout, certaines couvertes par des tatouages divers. Ils portaient tout deux un épais blouson de cuir, l'un d'eux avait une chaîne de vélo qui pendait d'un côté de son pantalon alors que l'autre jouait avec un couteau papillon qu'il faisait virevolter entre ses doigts. Ce dernier avait d'ailleurs une particularité qui le différenciait de son compère, un large bandage faisait le tour de son crâne, couvrant sa tempe et le haut de son visage. Il lança alors la conversation à son camarade tout en continuant de jouer avec son arme.

« Préviens les autres, les cibles prioritaires sont ensemble. L'insomniaque a l'air de se séparer, ça va rendre les choses plus simples.

- On peut pas juste les attaquer là tout de suite ?

- On a échoués une fois, pas une deuxième fois. On est déjà passés pas loin là, c'était l'idée de qui de faire un masque du gars qu'on recherche sérieux ?

- J'crois que c'est le voyageur qui l'a demandé ... Il m'a l'air malade ce gars là aussi, on est sûrs qu'il est de notre côté ?

- Quoi qu'il arrive il est pas du côté du masqué et ça, ça fait de lui un allié. Il est comme moi, il veut se venger de ce putain de gamin qui m'a foutu une commotion.

- Ha ha ha se faire avoir par un coffre, ça me fera toujours marrer.

- Ta gueule ! C'était par surprise ... Bon, ça dit quoi à la radio ?

- Les autres sont prêts, le plan est parfait. On kidnappe l'insomniaque et qui que ce soit avec elle, on les fait venir, l'invocateur amène Jimmy, on bute Jimmy, on récupère le code, on les bute tous les deux.

- ... Ouais le plan qu'on a élaboré au préalable, pourquoi tu t'es senti obligé de le répéter ? On le connait tous les deux, tu te crois dans une putain de scène d'exposition ?

- Désolé je voulais juste être sûr ... J'espère que le voyageur réussira à chopper l'insomniaque quand même.

- Vu son classement, il devrait pas avoir de mal, surtout si il la maîtrise avant qu'elle mette son masque. Allez on bouge avant que tu te sentes obligé de raconter le reste de ta vie. »

Les deux loubards disparurent alors du toit en se jetant dans la ruelle entre les bâtiments. Nos héros se trouvaient encore dans la rue en contrebas, ignorant totalement ce qu'il se tramait autour d'eux et à leur propos, dans une ironie dramatique des plus sadiques. Drasur arborait encore son sourire benêt, ignorant totalement que la nuit allait apporter son lot de surprises, certaines beaucoup plus désagréables que d'autres. Et lui qui pensait pouvoir souffler un peu en profitant du festival ...


Dernière édition par Drasur le Lun 8 Mai - 2:00, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir   Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir I_icon_minitimeDim 7 Mai - 12:50



« C'est une bonne idée ! Affirma Luaine en souriant à Blanche et au lieutenant de la garde civile après que cette dernière ait proposé d'emmener la Husky se faire soigner. Merci Ana, t'es adorable !
- On se voit tout à l'heure alors, lança Vladimir d'un ton joyeux. »

Les deux groupes se séparèrent alors, Drasur ouvrant la marche pour guider celui de Vladimir à travers les rues de Maskaria.

« Ana est très mignonne, clama Luaine en se mettant devant l'Invocateur des Masques en marchant à reculons. C'est ta copine ? Demanda-t-elle d'un air malicieux.
- Il n'a peut-être pas envie de répondre, avança Maureen en levant les yeux au ciel.
- Roh, c'est juste que je sais pas comment je la remercierai pour avoir pris soin de Blanche. Tu sais ce qui lui ferait plaisir, Drasur ? »

Vladimir, toujours mal à l'aise dans son costume, gesticulait de temps en temps pour tenter de tirer sur les manches de sa tunique ou réajuster sa ceinture.

« Rah, on est peut-être bien dans le thème mais je crois que la Physionomiste a choisi une taille un poil trop basse pour moi...
- Moi j'aime bien mon masque, fit Grani, qui avait reprit sa voix de catcheur.
- Qu'est-ce que tu nous racontes de beau depuis la dernière fois ? Demanda finalement l'Invocateur de Chevaux à Drasur. On a tellement de choses à te dire, et pas tant que ça en même temps... T'as entendu parler de l'Aube du Kitsune ? »

Ils commencèrent ainsi à échanger sur les diverses aventures -et mésaventures- qu'ils avaient eues depuis leur première rencontre, et arpentèrent les rues de Maskaria sous la direction du masqué, qui connaissait bien évidemment les lieux comme sa poche. Chaque rue avait un nom, parfois drôle et amusant, parfois étrange. Tout autour, les gens semblaient s'amuser et profiter pleinement du festival, ce qui donnait du baume au cœur à Vladimir, heureux de pouvoir baigner dans une atmosphère si joviale, tellement différente des événements du Kitsune. Et la suite de la nuit aurait pu se continuer dans la même ambiance de fête si une type tout de noir vêtu ne les avait alors approchés.

Le gars avait revêtu l'habit complet du médecin de peste, le masque en bec d'aigle allongé caractéristique arrachant un petit froncement de sourcils à Ethel lorsqu'il le vit arriver. Il se planta tout simplement là, devant le groupe, d'abord sans mot dire. Par réflexe, Vladimir se positionna devant le petit garçon et les Irlandaises. Puis, toujours sans un mot, le médecin de peste leva le bras et leur tendit un rouleau de papier. Lorsque le Great-Rider s'en empara, il s'inclina en signe de respect, rebroussa chemin et partit en sens inverse, daignant enfin lâcher quelques mots d'une voix relativement jeune, mais terriblement mollassonne.

« Je ne suis qu'un messager... »

Le groupe l'observa partir sans rien dire, Vlad échangeant un regard incrédule avec Drasur. Lorsqu'il disparut de leur champ de vision, le jeune homme déroula le papier, et lut à haute voix ce qui y était inscrit.



On ti1 l'1somniaK é vot copine la claibarde. Rendé-vou avan 11h o batiman rouj 2 l'avenu Mask-Marbre si vou voulé lé revoir en 1 seul morco.
Joe é sa Band



« Mon dieu mais Blanche est en danger ! S'affola Luaine en retirant une touffe de poils canins accrochée au papier en guise de preuve.
- Quelle écriture de cochon ! Et quelle orthographe ! S'indigna Maureen en attrapant le message.
- Joe et sa Bande ? C'est qui ? Fit Vlad en se grattant l'arrière du crâne d'un air un peu bête.
- Me dis pas que t'as déjà oublié les gars qui vous ont fait chier à Justicity, Drasur et toi ? Fit Grani en frappant la tempe de son Rider par-dessus le masque.
- Ha, je me souviens bien de quelques gars chiants...
- Mais c'est pas vrai...
- Ça signifie que Joe la Débrouille a réussi à s'enfuir lui aussi et que les gardes-juges de Justicity n'ont pas rattrapé tout le monde... Réfléchit Maureen à haute voix en se tenant le menton. Après tout, Jimmy aussi a bien trouvé sa voie de sortie...
- ... Mais attends, se mit à gueuler Vlad qui commençait à percuter ce qui se déroulait, fronçant les sourcils. Ça veut dire que ces mecs-là nous ont suivi jusqu'ici ?
- J'pense plutôt qu'ils nous ont préparé un piège depuis plusieurs semaines, et si tu veux mon avis ce fameux bâtiment rouge de l'avenue Masque-Marbre, c'est là qu'ils comptent nous le tendre !
- Vlad, faut faire quelque chose pour Blanche et pour Ana ! Fit Luaine en se postant devant le Great-Rider, les poings fichés sur les hanches.
- Bien compris ! Faut juste que je botte le cul à ce Joe une bonne fois pour toute, c'est ça ? »

Le jeune homme leva les bras vers le ciel en haussant le ton à chaque syllabe, attirant l'attention des passants alentour.

« J'imagine que c'est une solution, annonça Maureen en souriant à son intention. Mais on fonce dans leur piège en faisant ça.
- J'en ai rien à foutre ! Ils se prennent pour qui à enlever des gens ! Vos amies à Drasur et à vous deux, en plus ! Ils vont pas s'en sortir comme ça ces fumiers, je vais leur exploser la tronche et défoncer leur bâtiment ! Drasur, c'est par où l'avenue Masque-Machin ? »

Suivant le guide, le groupe se mit à courir à travers les rues, devant parfois se frayer un chemin par la force des bras pour écarter la foule. Finalement arrivés à bon port, Vlad repéra immédiatement le grand bâtiment rouge qui dominait l'allée, et poussa un cri de fureur en fonçant directement dans sa direction, prenant quelques dizaines de mètres d'avance non sans effrayer les visiteurs du coin. Hilare, Ethel se mit à courir dans son sillage en utilisant son pouvoir pour créer un clone de matière visqueuse.

En arrivant en face de l'entrée, le Great-Rider défonça littéralement la porte d'entrée d'un coup de pied, dans un fracas épouvantable. Tournant la tête à droite et à gauche, il cligna des yeux pour s'habituer à la pénombre qui régnait à l'intérieur. Il perçut finalement le mouvement d'une dizaine de silhouettes, dont une bien plus impressionnante que les autres. Quelqu'un alluma une lampe à huile et le colosse s'avança, un masque de soudeur sur le visage. Il dominait Vladimir de quelques têtes, alors même que le garçon frôlait déjà le double mètre. Relevant son masque en s'arrêtant à quelques pas, il arbora un sourire satisfait et enclencha une arme lourde à la mécanique plutôt atypique.

Chef de la Bande à Joe:

« Huk huk huk... Se mit-il à ricaner d'une voix rauque de baryton. Droit dans la gueule du loup.  J'avais envie de te rencontrer depuis que mes gars m'ont raconté que Jimmy avait été absorbé par un Invocateur...  Faut l'faire pour dompter un débile pareil. C'est toi, le Great-Rider, c'est ça ? Où est le champion de Maskaria ?
- C'est toi Joe ? Les filles, elles sont où, gros porc ?
- Ailleurs. Mais chaque chose en son temps, gamin. D'abord, invoque Jimmy. Il braqua le canon de son étrange sulfateuse mécanique en direction du garçon alors que ses hommes l'encerclaient, et son expression moqueuse s'illumina d'un sourire carnassier. Tout de suite. »

Au sourire narquois du colosse répondit l'expression à la fois combative et amusée de Vlad, qui retira son masque, son chapeau, et les jeta parterre en se mettant dans une posture de combat.
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MessageSujet: Re: Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir   Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir I_icon_minitimeLun 8 Mai - 1:54


Comme proposé par le lieutenant, le groupe se sépara, cette dernière escortant la Husky vers le château pour lui administrer les premiers soins. Il est vrai que sa vie ne semblait pas en danger mais il valait mieux prévenir que guérir, et guérir aussi dans le doute. Alors qu'elle s'éloignait doucement, un bras sur l'épaule de la créature canine, elle tourna furtivement la tête pour lancer un regard déterminé à Drasur. Il y répondit d'un clin d’œil rapide, connaissant sa timidité maladive, il aimait la voir aussi sûre d'elle. Etant l'une des créatures les plus profondément gentille qu'il ai eu la chance de rencontrer depuis son arrivée dans ce monde, il remerciait intérieurement le destin qu'elle fasse partie de ce royaume. Sans elle, lui et Personæ en serait certainement arrivés aux mains plus d'une fois, très certainement au désavantage du voyageur d'ailleurs. Elle disparut ainsi dans la foule, alors que le garde qui s'occupait de prendre la déposition du vendeur un peu plus tôt s'en allait en sens inverse, afin de reprendre ses patrouilles. A moins qu'il ne se dirige droit vers un bar où terminer la soirée, le bordelais ne le connaissait pas très bien mais il pouvait deviner que son sens du devoir n'était pas le plus aiguisé de Maskaria.

Ainsi il guida le petit groupe dans les rues de la cité, ne sachant pas réellement où les emmener. En piètre guide touristique qu'il était, la seule chose le sauvant de l’embarras étant l'activité en ville, fourmillant de personnes venus d'un peu partout. Luaine, confirmant encore une fois son tempérament plus qu'espiègle, posa la question piège à Drasur, celle qu'il ne voulait surtout pas qu'on lui pose, surtout pas provenant de l'irlandaise. Il fit mine de ne pas avoir entendu, esquivant la question en montrant des cracheurs de feu non loin à Ethel. Il n'était pas certain que sa tactique d'esquive ne soit la meilleure possible mais de son point de vue, ça avait l'air de plutôt bien marcher. Elle enchaîna en demandant ce que la lieutenant apprécierait comme cadeau et même si il n'avait pas vraiment de réponse à donner, il essaya de répondre du mieux qu'il pouvait.

« Alors je sais qu'elle aime les fleurs, par contre je serais incapable de te dire lesquelles ... Sinon elle a une bonne descente, si tu lui offres un verre plus tard elle appréciera ! De toutes manières, je pense que rien que le fait d'aider soit suffisant pour son bonheur ! »

En donnant ces réponses plutôt génériques il se rendait compte qu'il ne la connaissait pas tant que ça au final. Lorsqu'ils sont tous les deux, il occupe une grosse majorité du temps de parole sans vraiment la laisser parler, ce qui pourrait expliquer le fait qu'il ne sache pas ce genre de choses. Elle qui l'avait accompagné depuis ses débuts, lui ayant appris les bases de ce monde, que le seigneur lui avait vaguement résumé lors de sa première arrivée. Il sentait une pointe de culpabilité et se promit qu'il se rachèterait dès que possible.

« Rah, on est peut-être bien dans le thème mais je crois que la Physionomiste a choisi une taille un poil trop basse pour moi...
- Moi j'aime bien mon masque.
-  Vous êtes passés à la boutique de la rue du Masque hydratant ? Haha c'est normal, ils taillent vachement petit là bas !
- Qu'est-ce que tu nous racontes de beau depuis la dernière fois ?Lança le roux. On a tellement de choses à te dire, et pas tant que ça en même temps... T'as entendu parler de l'Aube du Kitsune ?
- Ah le Kitsune, cette grande déception ... Je mourrais d'envie d'y aller mais Personæ me l'a interdit, justement à cause de mon fiasco à Justicity ! Par contre j'ai cru comprendre que c'était un beau bordel, j'ai aussi vu ton nom dans pas mal d'articles, tu commences à devenir une célébrité hahaa ! »

Le duo se mit alors à échanger leurs aventures depuis le temps, leur rencontre à Justicity étant l'une des premières sortie du royaume de Drasur, autant dire qu'il avait pas mal de choses à raconter. Il expliqua rapidement qu'il avait failli se faire bouffer par une tribu de sauvages, leur déconseillant Eden Island au passage, leur parla de Kendal son camarade de toujours avec qui il avait décidé de monter un groupe, sa chasse au Griffon ... En grand bavard qu'il était et surtout sachant qu'il mourrait d'envie de raconter ses aventures mais n'en était pas vraiment capable dans la vie réelle, il profitait de la situation pour déblatérer sans s'arrêter absolument tout ce qui lui était arrivé, passant sous silence les moments un peu humiliants bien entendu.

Cette séquence nostalgique fut interrompue par l'arrivée d'une personne aussi bizarre que son déguisement. Il n'était pas rare de croiser des habitants de Maskaria portant des masques de docteur peste, mais aucun d'entre eux ne portait l'accoutrement complet. Etant un des masques ayant le plus marqué l'histoire, pas vraiment de la manière la plus positive qu'il soit d'ailleurs, les habitants du royaume essayaient d'éviter d'évoquer cette période trop souvent. Par réflexe, Drasur serra son poing, prêt à envoyer le bourre pif de sa vie, mais Vladimir s'interposa à une vitesse folle. A ce moment, le bordelais sentit quelque chose chez son comparse, il avait l'impression qu'une certaine aura l'entourait, quelque chose de plus puissant que la dernière qu'il l'avait croisé. Il comprit ainsi que l'invocateur équestre n'avait pas chômé depuis leur rencontre et avait pris pas mal de galon. Après la lecture du message par Vlad', Drasur tenta de s'avancer le poing serré, prêt à déchaîner toute la colère apportée par cette note directement dans la tempe du plague doctor. Ethel l'attrapa par le bas de la veste pour le stopper dans son élan, Drasur tourna alors sa tête vers le garçon et se calme comme il pouvait. Un enfant venait de lui donner une leçon de sagesse sans s'en rendre compte, le bordelais esquissa un sourire en se disant que ce gamin irait loin, puis il se tourna vers le groupe pour écouter leur conversation. Il savait exactement pourquoi ils étaient là, pourquoi ils ne les avaient pas lâchés : le code. Il fulminait, sachant pertinemment que tout était de sa faute. Il avait agi bêtement à Justicity en donnant le mauvais code, il n'avait pas compris à temps qui était le mec se baladant avec un masque de lui ... C'était son incompétence qui avait mené son amie et une innocente à être en danger. Serrant les dents, sur le point d'exploser, il répondit à son compère d'une voix sérieuse, tranchant complètement avec son attitude habituellement je-m'en-foutiste.

« Je sais où c'est. J'suis d'accord avec Vlad', il est temps d'en finir avec leurs conneries. Suivez moi. »

Il se mit alors à courir de toutes ses forces, uniquement poussé par sa colère, ignorant complètement quiconque se trouve sur son chemin. Il cherchait du regard des gardes faisant éventuellement leur patrouille dans le coin mais n'en trouvait aucun, ils étaient seuls dans cette galère. Personæ dans son infinie radinerie avait refusé d'investir dans un quelconque moyen de communication entre les différents gardes, ce qui aurait été extrêmement utile dans l'immédiat. Après quelques minutes, ils arrivèrent enfin au niveau du bâtiment en question, le roux ne demanda pas son reste et s'élança à toute vitesse à l'intérieur, passant par la porte de devant. Malgré sa haine profonde et son envie d'entrer dans le bâtiment le plus vite possible pour casser un maximum de bouches à la seconde, Drasur décida de la jouer plus finement. Il lança alors aux filles :

« Restez ici, vous seriez en danger à l'intérieur. Vous inquiétez pas, on va régler ça et d'ici 20 minutes on en rigolera tous autour d'un verre. Si vous voyez un garde passer expliquez lui la situation, ça peut pas faire de mal. À tout de suite ! »

Il prononça sa dernière phrase avec une voix plus enjouée, sa rapprochant plus de son ton habituel. Il ne voulait pas passer pour le psychopathe avide de combat qu'il savait être au fond. Il s’éloigna rapidement en faisant le tour du bâtiment, sachant que son homologue attirait l'attention vers l'avant du bâtiment, lui passerait par derrière. Il aperçut une fenêtre donnant sur l'intérieur du bâtiment, barricadée avec des planches. Il invoqua son masque d'Oni, pris un peu d'élan et traversa la barricade, atterrissant grâce à une petite roulade bien placée à l'intérieur de la bâtisse. De la lumière de l'extérieur entra par le trou, éclairant un peu la pièce. Drasur y aperçut une dizaine de loubards, dans le même style que ceux de Justicity, ainsi qu'un colosse avec une grosse arme en face de son camarade. L'un des sbires assez proche se jeta sur lui, faisant tournoyer une chaîne. D'un geste vif, il envoya sa lame sur la chaîne qui s'enroula dessus, tira de toutes ses forces, ce qui eu comme effet d'amener le loubard à son niveau, avant de lui asséner un coup de pied chassé sur le torse, l'envoyant au tapis sur le coup. Le reste de l'assemblée avait observé la scène sans bouger, puis plusieurs silhouettes s'avancèrent doucement vers notre héros, l'encerclant petit à petit. Sûr de lui et l'arme bien ancrée dans sa main, il lança alors à l'attention de celui qui semblait être le chef.

« C'est toi Joe ? Bon alors ça va être très simple, tu nous les as brisés deux fois déjà, il y aura pas de troisième.
- T'es sûr de toi ? Je connais un vieil ami à toi qui ne serais pas vraiment d'accord avec ça huk huk ...
- J'en ai rien à foutre de ta vie, elles sont où ?
- Toujours les mêmes question ... Vous me décevez les garçons, vraiment. Les filles sont en sécurité, enfin pour le moment. Le vieil ami que tu t'es fait pendant la guerre prend soin d'elles ... Il se tourna alors à nouveau vers Vladimir, levant à nouveau son arme vers lui. Par contre il me semble t'avoir demandé quelque chose Great Rider, Jimmy, tout de suite
- La guerre ... Nan, t'es pas allé le chercher lui espèce d'enfoiré ! »

Les sbires qui entouraient doucement l'invocateur se jetèrent alors sur lui, toutes armes dehors. Le plus proche s'élança en avant un couteau papillon à la main. Drasur bloqua l'attaque grâce à son arme de peu, il était complètement secoué par ce que venait de lui annoncer Joe. Il n'y avait qu'une seule personne qu'il ne voulait plus jamais croiser à Dreamland et à en croire le chef de la bande, il était avec eux maintenant. Ce voyageur était dangereux, beaucoup trop. Pourtant l'invocateur était certain de s'être assuré qu'il ne reviendrait pas de si tôt, ça n'avait pas été suffisant visiblement ... Les coups pleuvaient sur notre héros, les bloquant et les esquivant de peu, véritablement perdu dans ses pensées, complètement terrifié à l'idée de revoir celui qui avait hanté un bon nombre de ses nuits. Un bon gros coup de genou le frappant au plexus solaire et l'envoyant voler quelques mètres derrière le sorti de son état quasi végétatif. Il essuya de l'arrière de sa main les gouttes de sang qui perlaient de sa bouche avant d'esquisser un sourire : il était temps de casser des gueules.
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MessageSujet: Re: Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir   Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir I_icon_minitimeLun 8 Mai - 9:56



Drasur surgit d'une fenêtre, laissant une colonne de lumière entrer par l'encadrement, percer la pénombre à peine chassée par la lampe à huile. Cette fois, il portait un masque de samouraï, ainsi qu'un sabre dont il se servit pour neutraliser le loubard qui l'attaqua. L'arrivée tout aussi fracassante de l'Invocateur des Masques démarra une courte discussion avec le gros, qui à l'issue de cet échange reporta son attention sur Vladimir. A ce moment, ses hommes se jetèrent sur le masqué.

« Elvis, beugla Joe en enclenchant une manivelle qui fit produire un son de mise en marche de bobine électrique à son arme. Tu vas pouvoir te venger !  Huk, Huk, huk. Fais faire un tour au champion de Maskaria jusqu'à son copain ! Moi, je m'occupe du dompteur de Horseman.
- Avec plaisir, boss ! »

Une silhouette un peu plus grande que les autres jaillit de la mezzanine, se joignant aux hommes pour assaillir Drasur. Un bandage autour du crâne, la mine renfrognée, il dégaina quelque chose de sous sa veste alors que ses acolytes fusaient sur le masqué. Lorsqu'il jeta ce truc au sol, il y eut une explosion de lumière, suivie d'un fracas monumental, exactement comme lors de l'évasion de Jimmy à Justicity. Avant même que Vladimir n'ait le temps de recouvrir son sens de la vue, il sentit une puissante décharge électrique le frapper en plein thorax. La tension lui parcourut l'intégralité du corps alors qu'il se sentait décoller du sol, et voler à travers la porte défoncée. Il traversa la rue, défonça le mur du bâtiment d'en face, pour finalement atterrir sur une table à manger qu'il brisa en mille morceaux.

Bordel... !

♪ Electro Joe ♪

Il ouvrit les paupières, se débattit sous les décombres et prit appui sur ses coudes pour se redresser. Depuis l'avenue, il pouvait percevoir des cris de terreur et des bruits de cavalcade. Et par la brèche qu'il venait d'ouvrir en traversant la pierre, l'énorme silhouette du colosse et de son arme se découpait dans la lumière.

« Huk, huk. Je crois que vous avez pas bien compris à qui vous aviez affaire. Si tu veux pas gentiment invoquer Jimmy, je te forcerai à le faire.
- C'était quoi ce truc ? Fit Vlad en se relevant, s'époussetant d'un geste énergique. Qu'est-ce que t'as fait de Drasur ?
- Il est en balade avec Elvis et les autres. Mais à ta place, je me préoccuperais plutôt de mon sort. »

Le gros se départit alors de son sourire et fronça les sourcils, levant la tête vers les étages. Visiblement, quelque chose le contrariait.

« Qu'est-ce qu'ils fabriquent, ces abrutis ?
- De quoi tu parles, le gros ? »

Des bruits étouffés se firent alors entendre à l'étage du bâtiment éventré, qui semblaient se rapprocher progressivement sous la forme d'impacts et de chocs sonores. Le plafond en vint à se lézarder, jusqu'à se fendre et céder non loin de la position de Vlad. Deux corps s'effondrèrent lourdement à travers, soulevant un nuage de poussière à l'impact. Juste après, deux petites silhouettes se glissèrent par l'ouverture du plafond et se réceptionna souplement.

« Tu vas bien Vlad ? »

Le Great-Rider sourit en reconnaissant le petit Ethel sous son déguisement de Mermoud, ses pseudopodes noirs et visqueux lui jaillissant du dos, ainsi que son clone d'ombre. De son côté, Joe la Débrouille poussa un grognement en avisant les corps inanimés de ses hommes.

« J'ai vu ces méchants entrer dans l'immeuble d'en face, je me suis dit qu'ils allaient te tendre un piège !
- Merci du coup de main mon pote, répondit le jeune homme en lui tendant son poing pour un petit tcheck. »

Un autre bruit de batterie électrique se fit entendre. Cette fois, l'Invocateur de Chevaux sut à quoi s'attendre. Par réflexe, il se positionna entre Joe et l'enfant, prenant couvrant ce dernier de ses bras. La décharge électrique qui lui percuta le dos fut un peu plus violente que la précédente, et lui arracha un cri. Serrant fort le petit pour lui éviter de prendre les impacts à sa place, il se sentit de nouveau arraché du sol. Ils traversèrent tout deux la cloison du fond, volant un instant au-dessus de la grande rue qui se trouvait de l'autre côté. A la réception, le jeune homme roula sur lui-même, protégeant le petit plutôt que lui-même. Le contact des pavés lacéra ses vêtements et l'entailla par endroits. Une fois qu'ils furent stabilisés, il ouvrit les bras pour laisser sortir le garçon.

« Merci pour ton aide, Ethel, fit-il alors que le petit se relevait, mais là je veux que tu coures rejoindre les filles.
- Mais je peux t'aider ! Tu m'as entraîné !
- Je sais bien, c'est pour ça que là, je sais aussi que tu peux pas te battre contre ce gars-là. »

Le jeune homme soupira, se mettant en tailleur sur les pavés et se frottant le crâne d'une mine endolorie. Il avait les joues un peu noircies et les cheveux dressés sous l'effet de l'électricité statique. Les deux décharges avaient mis ses muscles à rude épreuve, et il se doutait que Joe la Débrouille en avait encore sous le capot. D'ailleurs, le colosse enjamba l'ouverture nouvellement créée dans le bâtiment pour les rejoindre dans la rue. A sa vue, les badauds qui s'étaient rassemblés autour du Great-Rider et du petit gars poussèrent des cris et s'éparpillèrent. Vlad fronça les sourcils. Son adversaire semblait plus fort que prévu, et plus dangereux aussi.

« Allez, tire-toi Ethel ! Cria-t-il soudainement en bondissant sous ses pieds, plaçant son bras en opposition entre le gamin et la trajectoire de l'arme. »

Devant le changement de ton du Voyageur qui l'avait pris sous son aile, Ethel sembla comprendre la gravité de la situation. Il resta un instant statique, avant de tourner les talons et de prendre ses jambes à son cou. Vladimir, en position de combat, avisait son ennemi, ses yeux passant de son visage à son arme. Il put alors remarquer que la sulfateuse était parcourue d'arcs électriques et que son canon crépitait d'une énergie bleutée.

« Je plaisante pas, Great-Rider.
- J'ai compris.
- Tu veux toujours pas invoquer Jimmy ?
- Pourquoi tu veux le voir ?
- Il a un code qui m'appartient. Et je veux le butter.
- C'est possible, de tuer des invocations ?
- Tout est possible.
- Ecoute mon gros, je comprends pas tout, mais si tu comptes faire du mal à l'un des miens, tu vas le regretter. Jimmy est ce qu'il est, mais maintenant il est de ma famille. Blanche et Ana, je les connais pas bien, mais c'est les amies de mes amis. Alors je suis sûr d'une chose, c'est que je vais te botter le cul. »

Le colosse enclencha une nouvelle fois son arme, la réplique du jeune homme lui redonnant le sourire. Son visage carnassier s'agita de spasmes alors qu'il se remit à rire.

« Tu vas rien faire du tout, gamin. T'es même pas en mesure de te protéger toi-même... T'as pas le niveau ! VISE UN PEU LA CLASSE ! »

Il appuya sur sa gâchette. Vlad s'apprêta à esquiver l'assaut, mais alors qu'il avait pour la première fois un visuel sur les éclairs qui jaillissaient de l'arme lourde, il n'en fut pas la cible. Le rayon se divisa en une multitude d'arcs électriques, qui fusèrent dans toutes les directions à travers la rue. Il ciblait les visiteurs et les participants du festival qui s'éloignaient. Le sang de Vlad ne fit qu'un tour alors qu'il bondissait en arrière et tendait le bras en direction des plus proches.

« Ch'gvo, Ride Over Here ! »
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MessageSujet: Re: Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir   Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir I_icon_minitimeSam 13 Mai - 6:49


Les paupières lourdes, les muscles en manque clair d'oxygène, une douleur lancinante liant l'arrière de son crâne à sa nuque, une sensation de brûlure aux poignets, le noir complet. Toutes ces sensations, les sentiments qu'elles suscitaient à notre héros, il connaissait tout cela. Émergeant doucement de l'inconscience pour la énième fois depuis qu'il est voyageur, tombant dans les pommes pratiquement chaque nuit, certains commençant même à accuser le narrateur de manquer d'originalité. Mais revenons en à notre sujet, il reconnut quasi immédiatement sa situation, il était attaché, un bandeau sur les yeux. Comment pouvait il être familier avec cette situation ? Avec son ancienne petite copine, Drasur entra dans un tout nouveau monde de perversité et de vices, qu'il appréciait d'ailleurs pour la plupart. Il n'était donc pas rare qu'elle n'organise son kidnapping avant qu'il ne se réveille menotté au radiateur d'une chambre d'hôtel miteuse dans les landes, avant de partir pour une nuit folle. Bien entendu, sa situation actuelle n'était absolument pas la même, mais il n'avait pas besoin de paniquer pour comprendre comment il en était arrivé là. Des cliquetis et un bruit de chaise qui bouge à moitié dissimulé révéla au bordelais qu'il n'était pas seul et que son ravisseur était sûrement là, à l'observer. N'étant pas bailloné, erreur de débutant, son ex n'oubliait jamais ce détail, il tenta d'ouvrir le dialogue avec son gardien de prison de fortune.

« Hé ! Hé ! Hého ! Nan mais c'est bon je t'entends respirer fait pas genre. Je sais que t'es là. Oh répond au moins. Hé. Hé. Hého. Oh. Oh. Hé. Bon ok, si tu veux pas parler, je vais chanter alors. Tu connais "Benoît tourne toi" ? Tout le monde l'a oublié mais pas moi, allez c'est parti ! »

Comme un sale gosse ne supportant pas qu'on ne lui réponde pas, il se mit alors à chanter, comme il l'avait annoncé. Les trois minutes vingt-neuf, l'intégralité de la chanson, en changeant de voix pendant les dialogues et en faisant les chœurs aussi. Il avait perdu son tempérament un peu plus tôt, devant les événements qui se déroulaient et sur lesquels ils n'avait absolument aucun contrôle. Mais il avait suffit d'une défaite cuisante, de quelques coups de pieds dans les côtes de la part des sbires de Joe, un coup sur la tête qui se traduirait certainement en un traumatisme crânien sévère et il était de nouveau lui même. Le sale gosse immature qui prenait un malin plaisir à faire chier les gens, même dans ce genre de situation de crise. Avant Dreamland, il était cette personne tous les jours et la vie était beaucoup plus simple pour lui, puis il y a eu la guerre, les combats, tout ce sérieux qui le bridait. Ainsi il se sentait bien, attaché, une possible hémorragie interne, à chanter jusqu'à s'en casser la voix. Puis, alors qu'il s'apprêtait à enchaîner sur Boris et sa fameuse soirée disco, le ravisseur craqua et lui enleva son bandeau des yeux pour le confronter.

« Mais bordel tu la fermes jamais ta grande gueule ?!
- Nan sinon j'mennuie, t'as pris cher dis donc, c'est quoi ce gros bandage ?
- Attends ... Tu te souviens pas de moi ? Sur les toits de Justicity ?! J'arrive pas à fermer l'oeil correctement depuis des semaines à cause de toi !
- Nan tu me dis rien ... Ah mais attend si, Jimmy t'as pissé dessus nan ? Hahaaaaa merde, victime, la septicémie que t'as du te chopper hahaaa.
- FERME TA GRANDE GUEULE ! Il lui colla alors deux coups de poings directement sur le visage.
- Ah putain t'es susceptible ... C'est qui qui t'as appris à frapper ? Ton petit copain ? Hahaa
- Ferme, il lui colla un autre crochet, ta, un uppercut cette fois, GUEULE ! Il termina avec un coup de genou. Il arma son bras pour continuer mais fut stoppé dans son élan par une voix provenant de l'autre côté de la pièce.
- Elvis ! Ton boss le veut vivant. »

Drasur était plutôt mal en point, crachant une quantité de sang plutôt impressionnante sur le sol. Il leva les yeux pour observer de qui provenait le dernier ordre, il connaissait cette voix il en était sûr. Puis, il le vit arriver, il savait que c'était lui, le voyageur qui l'avait vaincu aussi facilement lors de ses débuts, qui avait tué son partenaire d'entrainement : Candy. Un rictus apparut sur le visage du bordelais alors que l'autre voyageur s'installait devant lui. Il portait une blouse de médecin, la même que lors de leur dernière rencontre. Ses cheveux blonds à la limite du platine se confondant avec le teint pâle de sa peau. Il avait des piercings un peu partout sur le visage, deux saphirs brut à la place des yeux. Il semblait calme, même si les veines apparaissant sur son front à intervalle régulier trahissait sa colère enfouie. Drasur commençait à comprendre que la situation n'allait pas tarder à tourner au vinaigre et qu'il allait sûrement devoir encaisser plus violent que les coups d'Elvis si il n'agissait pas. Il scanna la salle sombre dans laquelle il se trouvait, elle était en vieux bois, le seul accès à l'endroit étant une trappe où était accrochée une échelle. Faisant fonctionner ses méninges pour une fois, il réussit à en déduire qu'il se trouvait dans un clocher, certainement de l'Eglise de la mascarade trônant au centre de la ville. Il tenta ainsi d’échafauder une ébauche de plan, alors que ses geôliers lui adressaient la parole.

« Bah voilà, pour te la fermer ta grande gueule il suffit d'amener le gentil monsieur ici présent haha !
- ... Tu t'en souviens Candy, la promesse que je t'ai faite cette fameuse nuit ?
- ...
- Que si j'revoyais encore une fois ta gueule, j'viendrais m'occuper de toi dans le monde réel. Tu t'en souviens nan ? Bien sûr que oui, comment oublier alors que j'te cassais la gueule devant chez toi hein, comment oublier ça.
- Tu ne feras absolument rien, ou les filles y passent. Ça m'a pris du temps de me remettre de la disgrâce dans laquelle tu m'a plongé de force, mais je suis pas revenu les mains vides. Donc tu vas suivre Joe, il a besoin de toi vivant. Et si tu m'approches, quel que soit le monde, elles meurent. Voilà le nouveau deal.
- Hm pas mal comme plan, diabolique à souhait j'aime bien. Et si j'me libère et que j'vous casse la gueule ?
- Haha tu peux rien faire, on connaît ton pouvoir, si tes mains sont liées t'es inoffensif !
- C'est vrai, c'est vrai que c'était le cas, quand je squattais les tréfonds de la baby.
- Attend, quoi ? »

Un nuage de fumée épaisse éclata alors à une dizaine de centimètres au dessus du visage de Drasur. Son masque de Steampunk en surgit et se colla droit sur son visage alors qu'Elvis se ruait sur lui pour tenter de l'arrêter. Malheureusement pour lui, il était trop lent. Son bras droit devenant artificiel, il brisa les liens entre ses poignets. Une gerbe de vapeur s'échappa alors de sa jambe gauche métallique, percutant directement le thorax du sbire encore dans son élan. L'invocateur enchaîna directement avec une attaque sur le voyageur, que ce dernier bloqua en croisant les avants bras. Le coup ne lui avait pas vraiment fait de dégâts mais la puissance employée le fit tout de même valdinguer quelques mètres en arrière, lui faisant traverser le mur de bois pourri. Ignorant complètement le sbire au sol, Drasur se lança par le trou crée lors de sa précédente attaque et atterris sur le toit d'un immeuble quelques mètres plus bas. Sur le bâtiment d'en face se trouvait son ennemi juré. Les deux se jaugeaient, se fixaient, sachant pertinemment qu'au moins l'un d'entre eux se réveillerait sans souvenir de ce monde. Le bordelais eu une pensée pour Vladimir qu'il n'espérait pas trop en galère contre le boss, puis il se souvint de la sensation qu'il avait eu en le voyant s'interposer avec le messager un peu plus tôt. Il esquissa un sourire en coin, rassuré, se disant que quoi qu'il arrive, même si lui n'arrivait pas à bout de son adversaire, le Great Rider lui, trouverait les filles.
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MessageSujet: Re: Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir   Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir I_icon_minitimeSam 13 Mai - 19:44



Ch'gvo mordait dans des vêtements, décalait une créature ou un Voyageur de la trajectoire des éclairs bleus, ou tirait l'un d'entre eux dans une direction opposée sous l'impulsion du bras de Vladimir, sans jamais trouver de répit. Sous les rires égosillés de Joe la Débrouille, c'est tout une partie de Maskaria qui céda à la panique. C'est que la Bande à Joe avait préparé son coup avec minutie. Des bobines Tesla avaient été disposées sur les toits à intervalles réguliers, attirant les décharges d'énergie de la sulfateuse et divisant les arcs dans tous les sens, au rythme d'ondes dubstep aléatoires.

A plusieurs reprises, Vlad avait dû faire opposition avec son propre corps pour encaisser les décharges à la place d'une malheureuse victime qui n'avait rien demandé. A chaque fois, ses muscles, ses vaisseaux sanguins et ses os subissaient une tension électrique bien trop élevée pour leur bonne tenue. Pas un moment, le jeune homme n'avait pensé à attaquer. Il y avait trop de monde à protéger, trop d'ouvertures, et pas assez de temps pour riposter. Joe jouait de l'attitude de son adversaire, cherchant à l'affaiblir avant de lui porter le coup fatal.

Arriva le moment où Vladimir posa un genou à terre. La grande place où ils se trouvaient était déserte. Le jeune homme avait finalement trouvé un endroit où il pourrait se battre sans craindre pour la sécurité d'autrui. Mais était-il seulement encore en mesure de se battre ? Ses vêtements étaient déchirés, la moindre parcelle de sa peau recouverte d'une suie noire, marque des impacts énergétiques, et sa chevelure déjà habituellement désordonnée se dressait sur son crâne à la manière d'une chaîne d'aiguilles rouges.

« Huk huk. T'as pris cher, Great-Rider, fit le colosse en s'approchant lentement. Tu ne tiens même plus debout. »

Vladimir releva la tête vers lui, émettant un petit rire amusé.

« J'ai dit quelque chose de drôle ?
- Nan... »

L'Invocateur de Chevaux se releva, entreprenant calmement d'épousseter ses vêtements. Lorsqu'il eut finit, il adressa un regard empli de malice à l'intention de son adversaire.

« C'est à mon tour de cogner, maintenant.
- Huk huk huk. Quel prétentieux. »

Il enclencha sa machine, qui émit son petit bruit caractéristique de bobine se mettant en marche. Vlad n'attendit pas. D'un bond, il arriva à hauteur de la mâchoire du loubard, et lui décocha une violente droite. Le gros perdit l'équilibre sous le choc, cracha une dent, et fit quelques pas sur le côté pour ne pas tomber. Son coup partit, et l'éclair vint frapper au pif le mur d'une bâtisse.

« Urgh...
- J'ai pas fini ! »

En un clin d'oeil, il fut dans le dos de son adversaire, et se retournait pour lui flanquer un chassé aérien du tonnerre. Sa jambe frappa net dans la nuque du géant, dont le torse bascula en avant. Les yeux écarquillés, Joe toussa et cracha un peu de salive. Vladimir se réceptionna derrière lui, poings serrés. Le chef de bande se rattrapa en deux pas, poussant un grognement et secouant la tête. Il en faudrait bien plus pour le faire tomber.

« Tu frappes comme une fillette ! Beugla-t-il en se retournant, appuyant sur une nouvelle gâchette. Teslucioles à Tête Chercheuse ! »

De petites lucioles mécaniques bleues jaillirent du canon, fusant à toute vitesse sur le jeune homme. Surpris par cette attaque différente, Vladimir bondit en arrière, mais les lucioles suivirent sa trajectoire. Il pesta, esquissa un mouvement de côté in extremis pour les laisser passer par là où il se trouvait quelques instants plus tôt, mais ne put empêcher certaines d'entre elles de s'accrocher à sa veste déchirée. Une cage électrique apparut alors sur son flanc pendant un bref instant, au cours duquel plusieurs dizaines de volts pulsèrent à travers les veines du garçon. Il grogna, sentit ses genoux céder sous lui, mais n'eut pas l'occasion de toucher le sol. Sans qu'il s'en rende compte, et dans une agilité étonnante pour un individu de cette masse corporelle, Joe la Débrouille était passé derrière lui. Sa sulfateuse atypique à bout de bras, il avait dégainé une énorme clef à molette, qu'il abattit sans vergogne sur l'arrière du crâne du Great-Rider.

Le choc fut d'une violence rare. Vladimir s'affala tête la première dans les pavés. Du sang jaillit de son crâne, et la douleur qui lui parcourut la tête lui fit voir le cosmos. Dans un moment de lucidité, il força sur ses bras pour se redresser, et éviter un deuxième coup fulgurant, qui fendit cette fois la pierre. Dans le même temps, Joe braqua l'extrémité de son canon à quelques millimètres de son nez. La turbine se fit entendre. D'un bond, Vlad évita sa décharge électrique à l'ultime seconde.

« Pooka ! Invoqua-t-il le visage en sang. Bouffonneries en Troupeau !
- A tes ordres, Vlad ! On a affaire à un autre gros aujourd'hui les frangins ! »

Le poney moucheté à mèche rebelle apparut dans un pouf devant son Rider, et commença à s'envoler de manière erratique. A chaque changement de trajectoire, il se dédoubla, et chacun de ses doubles reproduisit la manoeuvre. Il y eut bientôt une trentaine de Pooka dans les airs, tournoyant autour du colosse. Jaillissant de toute part, ils fusèrent sur lui, et le frappèrent sans répit de mille et une charges. Le colosse n'eut pour seule solution que de se couvrir le visage, croisa les bras et pointant sa sulfateuse vers le ciel. Perçant le nuage de son invocation, Vladimir surgit dans les airs et écrasa son poing sous son menton découvert. Il y eut un bruit de craquement, les Pooka se dispersèrent et disparurent.

Le Great-Rider atterrit à quelques pas de son adversaire, le visage rouge mais sérieux. En face, Joe abaissa les bras et dévoila son faciès enfoncé par le bas, du sang plein la bouche. Lui aussi était sérieux.

Tout autour de la place, les habitants et les visiteurs qui s'étaient réfugiés dans les bâtiments observaient ce combat d'une violence rare en silence et dans l'appréhension, priant pour que son issue n'engendre pas trop de dégâts.
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MessageSujet: Re: Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir   Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir I_icon_minitimeDim 14 Mai - 13:04

Cela faisait déjà quelques minutes que les deux voyageurs se faisaient face, trônant chacun sur leur bâtiment respectifs, se fixant sans bouger un cil, un gouffre d'un peu moins de deux mètres les séparant. Drasur n'avait aucune idée de ce qu'il se passait dans l'esprit de son adversaire, si il attendait une ouverture, préparait un piège ou simplement commençait à avoir peur. À vrai dire il n'en avait pas grand chose à faire, tout ce qui lui importait était d'apprécier ce délicieux suspens, un mélange de peur et d'excitation lui tordant les boyaux. Il n'était plus motivé par le sauvetage d'Ana, ni par la vengeance de son ancien ami tué par les mains de son rival mortel non, la seule chose qui l'obsédait était de se dépasser lui même. À Dreamland, Candy avait eu un net avantage lors de leur précédente rencontre, mais ce ne fut pas le cas dans la réalité. Après l'avoir stalké sur les réseaux sociaux, le bordelais lui avait collé une bonne dérouillée, un peu pour se venger, un peu pour se rassurer lui même. Sa fierté et son ego purent ainsi se remettre de sa défaite totale dans le monde onirique. Mais la donne n'était plus la même, loin de là. Il s'était amélioré, avait découvert énormément de choses sur ce monde et même si cette connaissance semble infime par rapport à tout ce que les royaumes oniriques avaient à offrir, elle séparait le voyageur rookie qu'il était de celui qu'il est aujourd'hui d'une infinité. Il le savait, ils n'étaient peut être pas sur un pied d'égalité, mais il avait sa chance et comptait bien la saisir.

Son masque de Steampunk toujours sur le visage, il serra son poing de métal et esquissa un sourire en coin qui changea immédiatement l'expression de son adversaire. Il n'en pouvait plus d'attendre, il fallait qu'il sache si il en était capable ou non et il venait tout juste d'annoncer le début des hostilités à l'autre. Il recula son poing, fléchis les genoux et s'élança à toute vitesse vers son ennemi juré, une gerbe de vapeur s'échappant de son pied synthétique. Poussé avec force par son membre mécanique il traversa la distance le séparant de l'autre voyageur en un peu plus d'une seconde, lui balançant directement un coup de poing chromé. La puissance de ce coup n'était égalée que par sa brutalité, son seul défaut étant sa lenteur relative. Le corps entier du voyageur avait bénéficié d'une impulsion plus que louable mais le bras de métal était lent, trop au goût de Drasur. Pourtant, contre toute attente, le coup atteint sa cible. À la base, il pensait débuter sa charge sur une attaque lourde sans vraiment penser qu'il toucherait sa cible, pourtant les faits étaient là, il sentait les côtes de Candy se briser sous son poing alors que ce dernier ne bougeait pas d'un pouce. Plutôt surpris, le bordelais enchaîna sur un crochet du gauche droit vers le visage de son adversaire qui encore une fois, encaissa sans broncher. Quelque chose n'allait pas et il le savait, mais l'occasion était trop belle pour passer à côté. Il fit alors pleuvoir les coups sur Candy, l'assaillant de toutes parts dans un torrent d'attaques. L'autre voyageur semblait bien subir les dégâts de toutes ces attaques, ne pouvant s'empêcher d'émettre des grognements de douleur, du sang commençant à perler un peu partout sur lui. Mais Drasur ne s'arrêtait pas, poussé par une avalanche de sentiments se contredisant les uns les autres, se mêlant en une bouillie d'où la colère et la rancoeur avaient le dessus, le poussant à frapper sans s'arrêter tant qu'il le pouvait.

Après quelques minutes de sauvagerie intense, il stoppa enfin son assaut, complètement essoufflé et ayant atteint sa limite. Candy était au sol, le visage boursouflé, saignant abondamment, à la limite de l'inconscience. Reprenant doucement son souffle, Drasur révoqua son masque et s'éloigna du corps gisant de son rival. Un vacarme dans les faubourgs à quelques centaine de mètres attira son attention. Une sorte de boule mécanique sur un toit alentour semblait s'agiter, comme un générateur s'activant peu à peu. Pessimiste au possible, il compris que ça ne sentait pas bon pour Vladimir et qu'il allait peut être devoir courir à sa rescousse, ou au moins à celle des civils. Toute cette histoire ne sentait pas bon et s'accélérait un peu trop vite, les rouages du plan de la bande à Joe, quel qu'il soit, avaient l'air bien trop huilées pour que tout ça se termine bien. Le cas de Candy acceptant sans condition de se faire tabasser était plutôt louche aussi et il sentait que tout cela n'allait pas tarder à venir le hanter un peu plus tard, pourtant il ne pouvait pas se permettre de ne pas réagir face aux hurlements et bruits sourds au loin. Ainsi, déterminé à agir, il décida d'achever son rival histoire d'en finir avant d'aller voir ce qui causait tout ce bordel. Bien évidemment, le plan ne se déroula pas comme prévu. Se retournant, Drasur pu constater les conséquences de son inattention, alors qu'une vulgaire tâche de sang l'attendais. Candy avait donc profité des quelques secondes que lui avait accordé l'invocateur pour se volatiliser sans laisser de traces, si l'on exclut la flaque d'hémoglobine bien entendu.

Balayant du regard la rue en contrebas et les toits alentours sans apercevoir le moindre signe de sa cible, Drasur décida de laisser tomber pour le moment pour se concentrer sur le bordel au loin. Malheureusement, la distance plus que raisonnable le força à faire un choix cornélien. Il pourrait y aller à pieds au risque de ne pas arriver à temps et laisser la situation s'empirer, ou enfiler un masque lui permettant d'y arriver plus vite mais qui pourrait s'avérer dangereux pour tout le monde. Les explosions continuaient à l'autre bout de la cité, chacune d'entre elle résonnant dans son esprit alors qu'il pesait le pour et le contre. Puis il pris la solution de facilité, au risque de perdre le contrôle, il trouverait bien une solution plus tard. Il tendit ainsi la main et invoqua son masque de Griffon avant de l'enfiler. Une paire d'ailes impressionnante apparut dans son dos alors qu'il se jetait du toit, prenant son envol en direction du bazar très certainement causé par la bande à Joe. Le stress commençait à monter en lui, ce qui était la pire des choses pouvant lui arriver. Son bras gauche se couvrant peu à peu de fourrure sombre, alors que des griffes poussaient à la place de ses doigts. S'élançant dans le ciel de la cité, il craignait déjà le pire des scénarios alors que sa transformation en bête sauvage s'intensifiait plus rapidement que jamais.





Edit Joël : Drasur n'a pas le même résultat de lancé de dès car il a fait des test en faisant un edit. Le chiffre de base qui a été tiré était le 9.
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MessageSujet: Re: Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir   Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir I_icon_minitimeSam 20 Mai - 12:10



Vlad et Joe la Débrouille s'échangeaient des coups sans regarder à la dépense. Le Great-Rider courait tout autour du colosse, enchaînant les frappes au visage et à l'abdomen, chassant les jambes et les articulations dès qu'une ouverture se présentait. Par intermittence, Pooka s'écrasait sur la masse corporelle de Joe, seul ou dédoublé, puis disparaissait en alternance pour laisser Vladimir faire appel à Alesia et gonfler ses membres afin de frapper plus fort.

En face, le chef de bande jouait de la clef à molette avec sa main droite, touchant rarement mais réexpédiant le jeune homme à plusieurs mètres à chaque fois que le métal de son outil atteignait sa cible. De son bras gauche, il braquait sa sulfateuse en direction de l'Invocateur, dégageant ses arcs électriques et des lucioles mécaniques souvent esquivés, mais rebondissant sur les bobines disposées tout autour de la place, ce qui contraignait le garçon à avoir des yeux dans le dos. A plusieurs reprises, il se fit avoir par surprise.

Ils semblaient faire jeu égal, et accumulaient chacun les blessures à un rythme alarmant. Ce ballet dangereux et mortel dura de longues minutes, à tel point que les spectateurs cachés dans les bâtisses se demandèrent si l'un d'entre eux ne finirait pas par tomber d'épuisement. Jusqu'à ce qu'après une mandale distribuée en pleine tempe du colosse, Vlad s'écarte de quelques mètres et s'immobilise. De son côté, Joe braqua sa sulfateuse dans sa direction, et s'arrêta également. La fatigue pouvait se voir dans leurs yeux et dans leur attitude. Du sang ruisselait sur leurs visages respectifs, leurs vêtements étaient déchirés, et leur souffle court.

« J'en ai marre de toi, Great-Rider, lança le gros de sa voix profonde et pantelante. Quand est-ce que tu vas tomber et ne plus te relever ?
- Je suis toujours debout... Aah... Et j'ai bien l'intention de rester comme ça, gros porc. Rétorqua l'intéressé d'un air résolu.
- Non, je vais en finir une bonne fois pour toute, en une seule attaque ! VISE UN PEU LA CLASSE ! »

D'un geste brusque, il leva a sulfateuse d'un seul bras vers le ciel, et enclencha l'agaçant bruit de générateur électrique caractéristique de l'appareil. Il se mit à ricaner, apparemment sûr de lui. Quelque chose émergea du canon, des tiges mécaniques qui semblèrent s'ouvrir comme les pétales d'une fleur. Puis, des dizaines d'éclairs en jaillirent en même temps, se dirigeant de tous les côtés à travers la place pour frapper les bobines Tesla située en hauteur sur les toits. Vladimir se remit en garde, fronça les sourcils.

« Huk huk huk... »

Le colosse ne cessait de ricaner d'un air de plus en plus menaçant. Progressivement, les minces éclairs prirent de l'ampleur, et en quelques secondes se changèrent en véritables lances électriques reliant la sulfateuse aux bobines, comme une toile bleutée couvrant la place. Depuis les bâtiments, il y eut des cris de terreur. Vlad pesta, et voulut foncer vers Joe la Débrouille. Mais à peine eut-il esquissé un mouvement qu'un arc se dégagea de la lance la plus proche et le frappa au torse. Il cracha un peu de salive, s'arrêta un bref instant avant de repartir, mais un nouvel arc le frappa au niveau du plexus. Cette fois-ci, il roula sur les pavés, et se réceptionna sur un genou, le bras replié sur l'abdomen. Il ne pourrait pas franchir la distance qui le séparait de son adversaire.

Soudain, le chef de bande sembla enclencher un nouveau levier sur son appareil, et les tiges au bout du canon se redressèrent. Les lances bleues se détachèrent alors des bobines Tesla pour se réunir en une seule colonne d'énergie pointant vers le ciel, tandis que par un processus mécanique étrange, la sulfateuse se déploya autour du bras de son possesseur. La colonne d'électricité fut comme une extension de son bras, prête à s'abattre sur Vladimir et la place désertée.

« J'pensais pas devoir en arriver là, mais tu me laisses pas le choix, Great-Rider.
- Qu'est-ce que tu prépares enfoiré ?
- Je vais te tuer, voilà ce que je vais faire. Tes invocations seront libres et je pourrai mettre la main sur Jimmy. Dans le processus, ce quartier va disparaître. On peut rien contre les dommages collatéraux, huk huk. Meurs ! »

C'est l'instinct de Vladimir qui le fit bouger, plus qu'autre chose, alors que le colosse esquissait un large mouvement pour abaisser son bras. Il se releva et courut droit vers lui.

« Lame Tesla ! Beugla Joe la Débrouille.
- Jimmy Horseman... La Volonté du D ! Répondit le cri de Vladimir en écho. »

Jaillissant d'un nuage auréolé de lumière, la silhouette dénudée de l'homme-cheval apparut devant le chef de bande. Un large sourire édenté et rougi par le sang apparut d'abord sur le visage de celui-ci en découvrant celui pour qui il s'était déplacé et avait échafaudé ce plan. Mais il suspendit subitement son mouvement, laissant la colonne d'énergie fendre les airs en diagonale. Son expression changea, elle devint vide, obnubilée par ce qui se passait en face de lui. Et pour cause.

Jimmy était en train de se trémousser du bassin, agitant les bras de haut en bas pour désigner son sexe tournoyant. Une aura magique émergeait de lui, captant bien malgré lui l'attention de Joe la Débrouille.

« Comme on s'retrouve ! Foutre. Lança l'hybride en secouant sa tête de cheval. Tu voulais m'voir ? Mais tu sais pas de quoi j'suis capable ! J'suis un vrai dingue putain ! Catin sens ma volonté ! La volonté du D ! La volonté du Dick ! Suck on it ! Suck on it ! »

Jimmy fit littéralement n'importe quoi, et son pouvoir unique en son genre fonctionna. De derrière lui, Vladimir jaillit poing serré, et frappa de toutes ses forces contre la machine désormais agrippée au bras du colosse. Il la dévia de sa trajectoire initiale, faisant entrer en contact une bobine Tesla et la colonne électrique. La surtension fit griller le bras-sulfateuse, qui explosa littéralement. Subissant l'onde de choc, Joe, Vladimir et Jimmy s'envolèrent chacun dans une direction, allant s'encastrer dans des bâtiments différents. Dans le ciel, les arcs électriques se dissipèrent.

« Gnh... Fit Vlad en se redressant parmi les gravats et en se massant l'arrière du crâne. C'est pas ça que j'voulais faire... »

Rouvrant les yeux malgré sa grimace endolorie, il aperçut Jimmy traverser la place en courant, visiblement déjà remis de son impact. Arrivé au niveau de Joe la Débrouille, il se mit à lui uriner dessus en lui adressant un doigt d'honneur. Le chef de bande était vaincu, les yeux révulsés dans l'inconscience, le bras brûlé par la détonation.
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Drasur
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MessageSujet: Re: Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir   Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir I_icon_minitimeDim 4 Juin - 6:11


Son esprit s'embrouillait, s'enfumait, comme si des centaines de personnes lui chuchotaient quelque chose de différent. Il tentait bien de se concentrer comme il le pouvait, gardant tant bien que mal en tête son objectif principal : aider le Great-Rider. De la fourrure noirâtre poussait peu à peu sur ses bras alors que ses chaussures semblaient soudainement trop petites pour lui, à mesure que ses muscles gonflaient pour rapprocher son apparence du monstre dont il tirait son pouvoir. Ce pari était dangereux et il le savait pertinemment, mais toute cette situation allait beaucoup trop vite pour qu'il puisse se permettre de rester sur le côté. Une colère sourdre résonnait au fond de lui, faisant écho à sa culpabilité grandissante, tout cette merde était de sa faute après tout. Alors il fendait les cieux de la cité, essayant tant bien que mal de garder son calme. Mais il est compliqué de contrôler ses propres sentiments, surtout pour quelqu'un au sang aussi chaud. Il sentait son anatomie changer, évoluer, son propre génome se faisant manipuler par des pouvoirs qu'il comprenait à peine, violant son intégrité d'être humain. À mesure que son organisme s'éloignait de son état normal, son esprit devenait de plus en plus confus, les chuchotements tourbillonnant de plus en plus violemment au sein même de son âme. Alors il se répétait une unique phrase : aider Vladimir pour son combat, aider Vladimir pour son combat, aider Vladimir pour son combat ...

Refouler tout ces nouveaux instincts prenant le contrôle de sa conscience était un réel défi, le forçant à concentrer tous ses efforts mentaux dans la répétition de cette même phrase. Son corps était en pilote automatique, il ne prêtait plus aucune attention à ce qui l'entourait. Il utilisait simplement cette unique phrase comme ligne directrice de toutes ses futures actions, comme une boussole le guidant hors d'une tempête. Puis, dans un claquement, alors qu'il s'approchait rapidement de sa destination, l'endroit d'où les explosions et autres hurlements provenaient, un éclair le frappa. Un des arcs électriques reliant les bobines sur les toits le frappa en plein torse avec une force et une rapidité non négligeable, l'envoyant chuter sur un toit environnant. Le choc électrique ayant parcouru tout son être le paralysa quelques secondes, lui permettant de ne pas sentir la douleur liée à sa chute d'un peu plus d'une dizaine de mètres droit sur les pierres froides du bâtiment.  Bien que la douleur ai été absente, les dégâts sur son corps eux, étaient bien là.

Il se retrouva ainsi allongé sur un toit plat de la cité, à moins d'une cinquantaine de mètres de l'endroit qu'il souhaitait rejoindre, au bord de l'inconscience. L'ayant pris par surprise totale, l'éclair l'aurait envoyé au tapis en temps normal, ce n'était pas sa propre force qui le tenait hors d'un coma forcé, c'était le monstre terré en lui. Ce coup par surprise qui, d'ailleurs, ne lui était même pas particulièrement destiné, accéléra sa transformation encore plus rapidement qu'auparavant, lui arrachant par la même occasion une grande partie de raison qu'il lui restait. Ses deux jambes se changèrent entièrement, ses cuisses ayant doublées de volume se couvrirent de fourrure de lion alors que des plumes noires apparaissaient désormais en dessous de ses genoux. Le bas de son jean se déchira d'ailleurs littéralement, alors que ses pieds étaient désormais d'énormes serres sombres. Son bras droit se révélait être intégralement couvert de fourrure, ne laissant plus une once de peau visible. Sa main droite quant à elle ressemblait à un mélange de main et de patte de lion, des griffes d'un peu plus d'un centimètres sortant du bout de ses doigts, alors que ses ongles se détachaient doucement pour tomber au sol. Son bras gauche quant à lui semblait à la moitié de sa transformation, alors que son dos se voûtait.

Par pur instinct animal, il se releva, son esprit remarquant à peine la transformation d'un peu plus de la moitié de son corps. Sa respiration était rapide et difficile, alors que les battements lourds de son cœur émettaient un bruit sourd se perdant en écho. Le peu de raison qui lui restait, continuait de répéter la même phrase qu'auparavant en boucle, plus par réflexe pur qu'autre chose : Vladimir ... Combat ... D'un battement d'aile faisant s'élever un nuage de poussière autour de lui, il s'élança dans les airs. Il maîtrisait désormais parfaitement son vol, laissant son instinct animal prendre le dessus, atteignant sa destination grâce à quelques coups d'ailes seulement. Il atterrit lourdement sur la place qu'il visait depuis tout ce temps, sans prêter attention aux dégâts provoqués par un combat qui s'avérait plus titanesque qu'il n'aurait pu l'imaginer auparavant. Il tournait la tête partout autour de lui, comme un animal sauvage cherchant sa proie. Sa vision floutée lui permis de voir une silhouette au dessus d'un corps inerte, avant qu'il ne croise le regard du Great-Rider. Comme un choc, il eu un vague souvenir lui permettant de faire le lien entre le prénom résonnant dans son esprit depuis plusieurs minutes et l'homme aux cheveux roux. Sa respiration se faisait de plus en plus difficile, des sifflements graves s'échappant de son bec, alors qu'une brise faisait légèrement virevolter son épaisse crinière.

Il ne fallut alors pas plus de quelques secondes à la chimère pour qu'une impulsion sauvage ne le pousse à agir. Il lâcha un long hurlement, mélange grave et profond d'un rugissement et d'un glatissement, résonnant entre les bâtiments environnants. Vladimir, combattre, ces seuls mots suffirent pour que le peu de conscience restant à la bête ne le pousse à se laisser sombrer dans sa propre bestialité. D'un battement d'ailes, il pris alors son envol, avant de descendre en piqué vers le roux. Profitant de sa vitesse plutôt grande, il lança sa serre droite vers sa proie. Ne se préoccupant pas de savoir si l'attaque avait touchée ou non, le griffon ne perdit pas son élan et repartir de plus belle vers les cieux. De là haut, il se laissa tomber à nouveau vers le sol cette fois, une fois à quelques centimètres des pavés, il pris un appui rapide sur le sol avant de laisser ses ailes claquer violemment derrière lui, l'envoyant droit vers le roux en parallèle au sol, lui envoyant un coup de griffe de la main droite. La bête enchaîna sur un coup de bec en direct du haut du corps du Great-rider avant de s'envoler à nouveau.

Il cessa ses attaques quelques secondes, se perchant sur le rebord d'un toit. Ses yeux perçants ne quittaient pas Vladimir, la bête était obsédée par lui et n'avait aucun autre but que de le vaincre dans l'immédiat. Peut être qu'aucune de ses attaques n'avait atteint sa cible, peut être que des contres attaques de la part de l'invocateur l'avait blessé, il n'y faisait pas attention. Levant ses ailes vers le ciel, il lâcha un autre hurlement tout aussi grave que le précédent, annonçant son offensive prochaine. Quoi qu'il arrive, il continuerait d'attaquer, sans appliquer aucune tactique, il allait juste frapper le plus possible sa proie, profitant de ses aptitudes physiques, ignorant les coups qu'il pourrait bien recevoir et ce, jusqu'à ce que le sang d'un tierce ne coule dans son bec. Ce n'était plus Drasur, le voyageur aux masques, ou même le chômeur longue durée dans la vraie vie non, c'était désormais une chimère de griffon affamée.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir   Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir I_icon_minitimeSam 10 Juin - 9:44



Vladimir s'extirpa des décombres du bâtiment dans lequel il venait de s'encastrer, jetant un coup d’œil à ses occupants. Ces derniers l'observaient avec le sourire, heureux de l'avoir vu triompher de cet adversaire coriace en préservant l'arrondissement d'une destruction annoncée. Le Great-Rider traversa la place en titubant, se tenant le nez entre deux doigts: il était bel et bien cassé. Le flot de sang et la dureté des coups de clef à molette de la Débrouille auraient dû suffire à l'en convaincre. Il s'approcha du Horseman, qui achevait d'égoutter son appendice au-dessus du corps inconscient du chef de bande, et posa sa main sur son épaule.

« Merci de ton aide, Jimmy.
- Pas d'quoi pute, répondit l'hybride en secouant sa tête de cheval dans sa direction.
- On est d'accord, c'est lui qui se trouvait dans le Cube avec toi à Justicity ?
- Exactement. Il m'a filé un code et m'a parlé de l'emplacement d'un trésor-à-bite.
- Et maintenant il veut le récupérer. Il est débile ou quoi ? Il peut pas juste aller chercher le trésor ?
- Ch'ais pas moi, Vlad-Rider. Mais si tu veux on peut aller le chercher nous. Chibre mou.
- J'en parlerai à Drasur, il est avec nous depuis le début dans cette aventure. D'ailleurs j'espère que qu'il va bien. Il faut qu'on le trouve, il est parti avec l'autre loubard là. Elvet. Elis. Je sais plus. »

Le jeune forain se tourna en direction des quelques habitants qui commençaient à pointer la tête depuis les fenêtres et les hauteurs des bâtiments encadrant la place et qui commençaient à gueuler un peu partout.

« Appelez la Garde ! Joe la Débrouille a été vaincu ! Justicity doit être mise au courant pour qu'ils le récupèrent ! »

Vladimir se gratta la tête, un peu surpris que son adversaire ait tout de même une certaine forme de notoriété. S'il ne l'avait pas croisé lors de sa rencontre avec Jimmy, il n'en aurait tout simplement jamais entendu parler. De toute manière, le Great-Rider n'était pas du genre à lire le Dream Mag. Et alors qu'il observait les habitants se héler les uns les autres, il relâcha son attention. Le coup de serre qui lui parvint le long de la colonne vertébrale l'arracha à sa passivité.

Il hurla de douleur, et sous l'impact, vola contre le mur le plus proche, au bord du trou béant qui s'était ouvert sous l'impact de Joe la Débrouille. Jimmy poussa un juron et leva la tête vers le ciel en avisant la créature qui venait d'assaillir son Rider. Vlad se retourna, afficha une grimace de souffrance et porta sa main à son dos avant de la mettre à hauteur de ses yeux. Elles étaient pleine de sang. Il adressa un regard à ce nouvel adversaire, en lequel il ne reconnut bien évidemment pas Drasur. Tout son corps le faisait souffrir, il était parcouru de courbatures, d'entailles et d'hématomes, les marques de son âpre combat contre le chef de bande.

« Qu'est-ce que c'est que ce truc ? Fit-il entre ses dents alors que le griffon fondait de nouveau sur le sol, prenant appui sur les pavés pour fuser droit sur lui. Encore un coup de la bande à Joe ? »

Le jeune homme n'avait plus du tout la force de se lancer dans un autre affrontement. Il se contenta d'accueillir l'attaque de la créature, plaçant ses mains au niveau du bec et de la serre qui arrivaient sur son corps. Les deux furent transpercées. Le bec perfora littéralement la paume gauche du rouquin, tandis que les longues serres se plantèrent dans chacun des doigts de sa main droite. Ces blessures arrachèrent un nouveau hurlement à Vladimir, qui fut emporté avec son adversaire dans l'élan de ce dernier. Il rencontrèrent tous les deux un autre mur, qui se brisa lui aussi sous la violence de l'impact. Le Great-Rider se retrouvait sous le prédateur, les mains toujours transpercées par les attributs volatiles de ce dernier.

« Gnnh... Grogna-t-il. La Volonté du D, Jimmy ! »

L'hybride bondit par-derrière la bête, se réceptionnant dans un salto devant elle et s'agitant dans tous les sens, projetant son aura magique dans sa direction afin de captiver son attention. Vlad tenta de profiter de ce moment d'accalmie pour s'extirper de la prise saignante de son adversaire, mais le moindre mouvement provoquait en lui une douleur sans nom. Au bout d'un moment, une goutte de sueur se mit à perler sur le front du Horseman.

« Ça marche moins bien sur les bêtes... Chiure. J'vais pas tenir longtemps, Vlad-Rider !
- Bordel... Raah ! »

Le garçon tenta tant bien que mal de se dégager, mais en vain. Arriva le moment où Jimmy céda et tomba à genoux visiblement vidé de son pouvoir. Plongeant ses yeux dans ceux du griffon, Vladimir sentit que la bête voulait le tuer. Il décida donc de renvoyer Jimmy pour faire appel à Alesia, espérant que la force de la jument lui permettrait de s'arracher. Mais alors qu'il s'apprêtait à prononcer le nom de la Muse Gauloise, une manifestation sombre, visqueuse et violette apparut entre les deux ailes du griffon.

Elle se matérialisa sous la forme d'un enfant, et deux longues extensions de matière sombre jaillirent de part et d'autre pour enserrer les ailes de la bête, l'immobilisant. La silhouette d'Ethel dans son costume de Mermoud apparut devant l'ouverture du bâtiment, et sa petite voix s'éleva.

« Gnnh... Il est costaud ! Faites vite ! »

Dans leurs robes de duchesses, les filles apparurent à leur tour dans le trou du bâtiment. Un automate de taille humaine apparut devant le griffon, invocation de Maureen, s'empara des mains de Vladimir et les retira d'un coup sec du bec et des serres. Le garçon poussa un cri lorsque les bouts de chair se séparèrent de ses doigts et de sa paume. L'automate le tira vers lui, l'éloignant du danger. La voix de Grani s'éleva alors qu'il s'approchait en virevoltant.

« Vlad, c'est Drasur, on l'a vu se transformer sur les toits ! Merde, Drasur, tu nous reconnais vraiment plus ? »

Luaine contourna l'animal et s'avança lentement vers lui, la main en avant dans une véritable volonté d'apaisement. Elle lui sourit, ses deux billes océan fixant les pupilles volatiles du griffon.

« Concentre-toi sur le son de ma voix, Drasur. Ecoute mes Mots. Calme. Calme. Calme. Calme. »

Ses doigts effleuraient presque le bec, tandis qu'elle utilisait son Contrôle des Mots pour atténuer la rage bestiale qui animait l'Invocateur des Masques encore retenu par le double visqueux d'Ethel.
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MessageSujet: Re: Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir   Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir I_icon_minitimeMer 14 Juin - 2:31


Le vide absolu, les ténèbres l'absorbant en son sein alors qu'il flottait sans vraiment le choisir au milieu du néant. Qu'est ce qu'il faisait là ? Il n'en avait aucune idée, il n'avait pas vraiment le luxe d'avoir de réels trains de pensées lui parcourir l'esprit. Sa pauvre psyché fragile n'avait même pas le luxe de lui permettre de se demander si il était encore vivant ou non, à flotter dans l'espace infini. Seule une sorte de naïveté enfantine le parcourait, gardant sa conscience à peine éveillée, comme si il se trouvait dans un état de semi sommeil. Des sensations étranges lui parcouraient le corps à intervalles réguliers, alternant entre des frissons accompagnés d'un froid extrême ou des fourmillements violents lui coupant toute sensation du membre touché. Tout autour de lui avait l'air de bouger, comme si il se trouvait dans une boîte qu'un de ces sauvages de livreurs de la Poste balancerait un peu partout. Alors que lui, pas du tout, nu comme un ver, il semblait comme en stase, ne se déplaçant que de quelques centimètres en flottant gentiment, comme si la gravité ne souhaitait pas se donner la peine d'agir sur lui.

Des bruits sourds s'étouffaient au loin, alors qu'un sourire niais s'affichait sur le visage du voyageur. Il n'avait ni la capacité mentale nécessaire pour se demander où il se trouvait, comme votre serviteur le narrateur, ni le jugement pour trouver une quelconque solution à ce bordel en activant un minimum ses neurones. Il se sentait juste bercé par le vide, un fin voile de tranquillité l'emmitouflant dans une sorte de béatitude aussi niaise que fade, tranchant complètement avec les avalanches de sentiments négatifs qui déferlaient en lui quelques minutes plus tôt. Bah, il n'en avait rien à faire au final, il n'avait aucun souvenir de tout cela. Tout ce qu'il voulait c'était continuer de flotter dans cette sorte de métaphore de l'utérus légèrement méta, en laissant les événements couler. Alors oui, pour apporter un tantinet plus de clarté à la situation, vous avez sûrement deviné que Drasur n'était pas vraiment conscient dans l'immédiat. Alors que son corps s'avançait de plus en plus vers la transformation d'un griffon complet et que son instinct bestial s'occupait du combat contre le Great-Rider, l'invocateur se complaisait dans cette sorte de coma artificiel. Il s'enfonçait dans les méandres de son esprit, perdant peu à peu sa conscience, sans même s'en rendre compte.

Des bruits sourds retentissaient au loin, se dispersant dans l'infini de son âme, ne résonnant nul part. Si Drasur avait eu la capacité de tendre l'oreille, il aurait perçu des hurlements, des voix qu'il connaît bien, des bruits de combat. Mais non, rien de tout ça ne l'atteignait. Jusqu'à un timbre de voix précis, cristallin, calme, qui lui traversa l'abdomen comme une flèche, le sortant de son état comateux. Cette voix, elle lui était familière, elle semblait liée à une ribambelle d'émotions qui se déclenchaient toutes à la fois, foutant un bordel monstre dans son esprit déjà bien fatigué. Le nom de la personne à qui appartenait cette voix lui échappait, le rendant fou, il savait qu'il connaissait son identité, mais n'arrivait pas à visualiser son visage autrement que par une image floue, comme un reflet sur le fil brisé de l'eau. Pourtant, elle l'apaisait, pour une raison qui lui échappait, ses mots résonnaient au ralenti, le mettant en confiance totale. Il ressentait des ondes foncièrement positives, presque maternelles, émaner de cette voix aussi limpide que pure. Un simple mot vint alors apparaître en lettres clairs devant ses yeux : "Maman ?". Ça avait du sens au final, tout ce qu'il ressentait depuis ces dernières minutes, s'apparentant pour lui à des heures, lui donnait clairement une impression de maternité, comme si il avait rejoint à nouveau le ventre l'ayant vu naître, comme si il était à nouveau un simple embryon.

Toute cette histoire commençant à se diriger un peu trop vers un délire psychologique sans réelle signification autre que symbolique, il était temps de s'en éloigner. La situation ne tarda d'ailleurs pas à évoluer, alors que les ténèbres tapissant son esprit prirent soudainement une teinte bordeaux. De larges gouttes d'hémoglobine se mirent à couler sur les parois du vide sidéral entourant notre héros, faisant naître en lui une frayeur sans pareil. À son incompréhension et sa terreur se mêlant en lui, formant une boule incandescente de stress dans son bas ventre, vint se rajouter un choc palpable alors que des litres de sang s'échappaient de sa bouche. Le goût métallique du liquide poisseux lui donnait l'impression de remplir le moindre centimètre de son être, jusqu'à qu'une lumière éblouissante ne l'extirpe de son sommeil végétatif.

À l'instar d'un nouveau né, il ouvrit les yeux pour immédiatement se faire brûler la rétine par les lumières environnantes. Tout cela alors que son masque de griffon partit en cendres, se laissant porter par le vent. Le masque n'était pas détruit, loin de là, il avait simplement une manière plus théâtrale de disparaître que les autres. La disparition de l'invocation révéla ainsi son visage blafard, comme un pestiféré en fin de vie. Ses yeux révulsés semblaient se remettre doucement en place, alors qu'un souffle profond en accord avec une tachycardie relativement forte gonflaient son torse et son bas ventre à intervalles réguliers. Quelques gouttes de sang coulaient de ses lèvres privées de toute couleur, faisant persister son dégoût déjà ressenti un peu plus tôt au plus profond de son âme. Ses ailes disparaissant purement et simplement, il n'eut plus d'attache par l'arrière et s'écroula ainsi sur ses genoux. Ses pupilles s'habituant peu à peu à la lumière, il leva les têtes pour deviner les contours du visage de l'irlandaise blondinette, faisant un lien direct entre la voix qu'il pensait salvatrice et la jeune voyageuse. Si il en avait la force, un rictus se dessinerait sur son visage en réalisant avoir confondu la voix de Luaine avec celle de sa propre mère, s'enfonçant dans un complexe d’Œdipe des plus tortueux. Mais il n'avait pas le temps de sourire devant l'ironie de la situation, car sa transformation s'inversait déjà.

Il sentait le moindre de ses muscles bouger de manière anormale, se restructurant complètement pour atteindre un résultat à peu près humain, alors que ses os rapetissaient en tirant lentement sur ses nerfs, la fourrure et les plumes se détachant une à une de son épiderme, mettant ses vaisseaux sanguins à vif. Il ne put s'empêcher de lâcher un hurlement rauque, alors que par pur réflexe il enlaça de ses deux bras les jambes de la blonde devant lui, collant son visage sur son genou en recherche de réconfort au martyr qu'il subissait. Ses hurlement continuaient de résonner entre les bâtiments alentours quelques longues secondes, s'apparentant pour lui à des minutes, alors que ses ongles froissaient la robe de la contrôleuse des mots. Sa "dé-transformation" terminée, il se laissa chuter sur le dos, laissant s'échapper un soupir de soulagement.

Il tourna la tête frénétiquement alors que quelques bribes de souvenir l'assaillaient, il se souvenait s'être fait attaquer dans les airs puis ... Non, il n'avait pas perdu tant de contrôle que ça, il n'osait y croire. Pourtant tout était là, le sang dans sa bouche, les mains sanguinolentes du Great-Rider quelques mètres plus loin, sans compter les flashs de souvenirs flous lui apparaissant de manière subliminale devant les yeux. Il avait bien souffert mais ne possédait pas de réelles blessures, mis à part la légère coupure laissée par le choc électrique l'ayant frappé plus tôt. Il rassembla ainsi ses forces pour se lever, son visage indiquant clairement sa détermination, avant de s'avancer vers Vlad. Une fois arrivé devant lui, il se stoppa quelques secondes, avant de le prendre dans ses bras et le serrer aussi fort qu'il le pouvait. Son visage se voyant recouverts de mèches de cheveux roux, il se mit alors à parler.

« Putain mec j'suis désolé, j'suis vraiment putain de désolé ... J'ai voulu t'aider et j'pensais pouvoir contrôler ce putain de masque ... Putain de merde j'suis désolé ... »

Il lâcha alors son comparse en espérant sincèrement que ses excuses plus que sincères ne soient acceptés par le voyageur. Jetant un rapide coup d’œil autour de lui, il aperçut le corps inerte de Joe se faire transporter par deux gardes, un autre s'occupant de sécuriser la zone en éloignant les civils un peu trop curieux. Puis, un long filet de sueur froide commençait à couler le long de son dos, alors qu'il aperçut les regards des badauds le dévisageant. Malgré leur visage cachés par des masques, l'invocateur parvenait à discerner leurs émotions. Il avait ressenti beaucoup de choses depuis qu'il était devenu l'unique voyageur de Maskaria, du mépris pour son manque de sérieux, des rires souvent sincères de ceux prenant la peine de le connaître, souvent les piliers de bar des nombreux rades dans la vieille ville, souvent de l'indifférence. Pourtant, c'était la première fois qu'il ressentait cette sensation horrible qui le traversait de part en part : c'était de la peur à son égard.

Il voyait les plus jeunes aux fenêtres semblant terrifiés du monstre qu'il était quelques minutes plus tôt et qu'ils considéraient sûrement qu'il était toujours, mais cela ne s'arrêtait pas aux enfants, loin de là. Beaucoup d'autres semblaient le craindre, le dévisageant avec un mépris palpable. C'était donc ça qu'il était devenu, un voyageur sauvage méprisé par le peuple qu'il s'était démené à protéger lors de la guerre ? Ce conflit qui ne le concernait en rien et dans lequel il s'est plongé cœur et âme, des événements qui l'ont changés, des souvenirs qui le rongeront jusqu'à la fin de sa vie, tout ça était pour eux et c'est ainsi qu'ils le dévisageaient désormais ? Il se sentait honteux, énervé, triste, ne parvenant pas à contrôler ses émotions. Il croisa le regard de Luaine puis celui d'Ethel en tentant de fuir ceux des badauds, sentant une colère monstrueuse teintée de regret monter en lui. Il s'apprêta à s'adresser à eux, à leur expliquer, à se dédouaner de tout ce dont ils avaient été témoins, mais en fut empêché alors qu'un grand coup de poing derrière la nuque le plongea dans l'inconscience.

Une créature grande, très grande, aux allures d'armoire à glace était la responsable de cette attaque surprise à la puissance démesurée. Le crâne de Drasur frappa violemment les pavés froids alors que la cape dorée de la créature virevoltait au vent. Une grâce sans égale émanait de cet homme, son accoutrement rappelant l'uniforme d'un pape, tour d'or vêtu, contrastant avec sa tunique de couleur bordeaux aux allures royales. Son visage était caché par un masque blanc, alors qu'une couronne sertie de diverses pierres précieuses trônait sur sa tignasse brune. Dans une démarche aussi gracieuse que possible, il s'approcha des irlandaises et du jeune garçon, ignorant totalement le Great-Rider au sol, avant d'effectuer une courbette et de leur adresser la parole.

« Je tiens à m'excuser personnellement pour les troubles que vous auraient causés mon voyageur mesdames, jeune homme. Oh, mais où sont donc mes manières, je me présente, Personæ, seigneur de ces lieux. Il effectua une seconde courbette avant de se tourner vers deux des gardes en claquant des doigts avant de continuer, nous allons transporter ces deux jeunes hommes à l'infirmerie du palais de toute urgence, vous pouvez, si vous le souhaitez bien entendu, nous accompagner afin de tarir votre soif et noyer votre déception à l'égard de ces deux voyageurs à l'aide de menus boissons offertes gracieusement par mes soins. Je vous invite donc à me suivre dans la plus grande des hâtes, je ne peux me permettre d'arriver en retard à mon discours pour le défilé. »

Le seigneur s'éloigna ainsi, sans bien sûr oublier d'effectuer une troisième courbette à l'attention des jeunes femmes, tout en les invitant à les suivre. Des gardes se dirigèrent vers Vladimir pour lui prodiguer les premiers soins nécessaires à ce qu'il ne perde pas tout son sang avant d'arriver à l'infirmerie, avant de lui proposer de s'installer sur une civière. Aucun choix ne fut bien évidemment donné à Drasur qui fut chargé comme du bétail sur la civière, toujours inconscient. Le seigneur avait beau jouer beaucoup trop de son rôle de monarque, bien à fond dans son rôle, il fallait tout de même avouer qu'il avait du punch le vieillard.
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MessageSujet: Re: Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir   Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir I_icon_minitimeSam 24 Juin - 9:57



« Ha ha ! Ouille... »

Vlad afficha une grimace de douleur lorsque Drasur vint l'étreindre, s'effondrant sur les hématomes et les plaies du combat contre Joe la Débrouille.

« L'essentiel c'est que tu sois plus dans cet état, t'inquiète pas. Dit-il dans un sourire. »

C'est à ce moment que l'Invocateur de Masques se prit une terrible frappe paternaliste dans la nuque. En levant les yeux, le Great-Rider découvrit la présence du grand homme masqué qui se présenta aux filles et à Ethel. Après s'être excusé et avoir ordonné qu'on transporte les blessés au palais, le fameux Personae ouvrit la marche. Vlad se laissa faire par les gardes et fut entraîné sur sa civière à la suite du Seigneur. Il perdit connaissance juste alors que le groupe quittait la place. Jimmy Horseman disparut dans un nuage de fumée et une posture indécente.

***

« KOOÂ ? »

Les murs de l'infirmerie royale tremblèrent presque sous le cri de l'Invocateur de Chevaux. Certains malades se réveillèrent et poussèrent, au choix, des insultes ou des gémissements. Grani décocha un splendide coup de sabot sur le bandage crânien de son Rider pour le faire taire, ce qui eut un effet plutôt radical. Vladimir collapsa une demi-seconde supplémentaire, une bulle de morve jaillissant un instant de sa narine droite, avant d'éclater lorsqu'il reprit ses esprits.

« Personne ne sait où sont passées Ana et Blanche ?
- Puisque je te le dis ! »

Le jeune homme glissa un coup d’œil furieux en direction du lit de Drasur, qui se trouvait juste à côté du sien.

« T'inquiète pas mon pote, on va les retrouver, toutes les deux ! Je vais pas te laisser chercher ta copine tout seul.
- Pour l'instant, t'es surtout bon à la casse. Drasur aussi. Les filles l'ont bien compris, elles sont en train d'attendre avec Ethel dans les cuisines. Alors ferme-la un peu et prépare-toi à assister au discours de Personae et au défilé !
- Le papy masqué ? D'abord pourquoi il est pas à la recherche d'Ana ? C'est pas son soldat ?
- T'inquiète pas qu'il a déjà tout mis en oeuvre pour la retrouver. La plupart des loubards de la bande à Joe présents en ville ont été capturés par la garde et les renforts en provenance de Justicity. Par contre, il semblerait que celui qui se faisait appeler Elvis ait disparu sans laisser de trace. A mon avis, ils va reformer ce qui reste de la bande à Joe pour aller choper le trésor et s'évanouir dans la nature. Même chose pour un Voyageur qui était apparemment de mèche avec Joe la Débrouille, qui est lui aussi introuvable.
- Un Voyageur ? J'ai vu aucun Voyageur avec ces connards.
- Moi non plus en fait, mais c'est peut-être lui qui tient les filles. »

Vladimir s'agita dans son lit, coléreux de ne pas avoir pu sauver les deux captives. Comme la nuit du Kitsune lui avait déjà montré, il n'était pas assez fort pour tout faire. Il avait pu arrêter Joe la Débrouille, sans parvenir à récupérer Ana et Blanche. Son arrivée dans la Deuxième Zone et les événements de Félina, en compagnie de Maahes, confirmait ce constat terrible: il manquait de force.

Je vais devoir trouver un moyen de protéger tout le monde à l'avenir.

Vlad attrapa Grani au vol, le contact du petit Guide volant contre le pansement de sa paume lui arrachant une grimace.

« T'es mon Guide, pas vrai ?
- Malheureusement oui ! Lâche-moi !
- Est-ce que je vais avoir besoin de ressortir le Choixpeau d'Âne pour m'aider ou est-ce que je peux faire confiance à tes connaissances ?
- Le Choixpeau d'Âne ! Cet imposteur ! T'as vu ce que ça a donné à Albiana !
- Dis-moi où on va devoir chercher les filles ! »

Il y eut un moment de silence. Grani sembla réfléchir, observa Drasur, avant de reporter son attention sur son Rider.

« Je suis désolé Vlad, mais j'en ai aucune idée. Je ne suis pas dans la tête de la bande à Joe. Mais t'es pas tout seul sur le coup ! »

Vladimir glissa à son tour un regard à Drasur, resta un instant silencieux lui aussi, et sourit en plaçant Grani sur le haut de son propre crâne.

« T'as raison. Drasur, on va voir ce défilé et écouter le papy masqué. Ensuite, je te ferai totalement confiance pour retrouver la trace des filles. »

Son sourire s'étira jusqu'aux oreilles, dévoilant toutes ses dents alors qu'il se redressait sur son lit et s'asseyait sur le bord. La mine ensoleillée, il tendit la main à son compagnon pour l'inviter à se lever à son tour, direction le défilé.
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MessageSujet: Re: Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir   Le roux, le masqué et le loubard | Feat Vladimir I_icon_minitimeDim 2 Juil - 3:39


La douce lumière d'une bougie à moitié consumée sur le mur de l'infirmerie accueillait l'invocateur dans son réveil douloureux. Il ne put s'empêcher de laisser s'échapper un râle de douleur tout en ouvrant ses paupières, alors qu'il tentait de lever la tête. Personæ avait un bon direct du droit, c'était un fait indéniable et Drasur savait qu'il n'avait d'autre choix que de serrer les dents face au picotement provenant de l'arrière de sa nuque, du moins jusqu'à la fin de la nuit. Passant sa paume sur l'arrière de son crâne, il sentit la bosse du pansement qui l'empêcherait de se vider de son sang jusqu'à l'aube, un bandage placé sans grande attention. Il grinça des dents, réalisant à peine qu'Ana était toujours portée disparue. Il avait espéré, pendant les quelques secondes de transition entre son réveil et l'ouverture de ses yeux, qu'il entendrait la voix fluette de la créature résonner dans la pièce dans un vacarme épouvantable qu'elle aurait provoquée en ouvrant la porte à la va vite. Mais non, elle n'était pas là, comme en témoignait son bandage négligemment appliqué, formant une bosse de tissu suintant l'hémoglobine. Les médecins du palais n'en étaient pas réellement, ils se débrouillaient plus qu'autre chose face aux rares blessures des membres de la garde dont le boulot n'est d'habitude guère plus passionnant que des rondes vides. Drasur avait ainsi prit l'habitude qu'Ana, dans son infinie gentillesse, ne lui refasse ses bandages avant son réveil, dans le seul but qu'il se sente mieux. Une puissante nostalgie l'engloutit subitement, alors qu'il s'empêchait de penser au pire : et si elle était ... Non, il ne valait mieux pas y penser.

Il décida ainsi de diriger son attention vers son camarade, même si il ne savait pas encore lui même si ce dernier l'avait pardonné pour le fameux événement sur la place. Voir tous ces bandages, ces blessures, sur ce voyageur qu'il appellerait volontiers son ami, éveillait en lui une colère incontrôlable envers lui même et sa propre faiblesse d'esprit. Si il avait un mental plus fort, il aurait pu résister au masque, il en était persuadé, tout en se disant qu'après tout, il existait des forces contre lesquelles un simple homme n'avait aucune chance. Cela faisait une contradiction de plus pour le chômeur à tendances dépressives qu'il était, une de plus parmi des centaines d'autres. Se torturant l'esprit et par pur lâcheté, il décida de prêter d'avantage attention à la discussion entre le Great-rider et son guide. Grani semblait bien renseignée, évoquant même la présence d'un voyageur accompagnant la bande à Joe. Devant l'interrogation de Vladimir concernant ce fameux voyageur, Drasur décida de lui apporter le peu de détails qu'il avait.

« Ouais, il se fait appeler Candy. On a un passif lui et moi, ça m'étonnerait pas qu'il se soit allié à eux dans le seul de but de me briser d'ailleurs. J'ai eu affaire à lui quand on a été séparés ... Je pensais l'avoir eu mais il s'est barré visiblement, il a dû s'enfuir avec le reste de la bande du coup. »

L'invocateur équestre continua alors sa discussion avec le pégase de traie, remettant en cause son état de guide. Cette querelle presque enfantine allégea de beaucoup l'atmosphère, que notre héros polluait par son stress et ses idées noires, les reproches qu'il se faisait intérieurement face à toute cette situation devenant presque palpable. Au final, le sourire de Vladimir alors qu'il affirma avoir confiance en l'invocateur de masque fit disparaître toutes les craintes et les doutes du bordelais. Il envoya sa main serrer celle de son comparse, avant d'esquisser un sourire plus discret et de lui envoyer.

« T'inquiètes pas mon pote, on va les retrouver ! Partez devant pour le défilé, je vous rejoins, j'ai d'abord une petite chose à régler. »

Il se leva rapidement, un léger vertige provenant probablement de sa blessure à la nuque lui faisant perdre l'équilibre quelques secondes. Il s'élança vers le couloir avant de s'arrêter quelques secondes dans la réserve de l'infirmerie. Il enfourna un scalpel dans la poche de sa veste de cuir et se dirigea rapidement vers l'entrée du palais. Ses yeux reflétaient sa détermination d'acier alors qu'il descendait les marches quatre à quatre. Il avait un objectif en tête et ne comptait pas s'en éloigner, surtout après ce que son homologue lui avait dit. Il avait acquis la confiance d'un voyageur pour qui il avait une bonne dose de respect et ça, il ne comptait certainement pas le gâcher. Il se stoppa devant l'un des gardes de la porte, sachant pertinemment que ce dernier possédait l'information qu'il recherchait.

« Tu te souviens de ton fils que j'ai sauvé de la noyade l'été dernier ? J'ai besoin que tu me rendes la pareille maintenant.
- Te laisser sortir en douce du palais pendant près d'un an c'est pas suffisant pour m'acquitter de ma dette voyageur ?
- Ecoute, là c'est urgent j'ai pas le temps de négocier. Les mecs de la bande à Joe que vous avez capturés, ils ont donné quoi que ce soit comme information concernant Ana ?
- Malheureusement non ... On va rechercher tout le royaume mais on les trouvera bien. On va continuer d'interroger celui qu'on pense le plus haut dans leur hiérarchie, on le garde au premier étage et-...
- C'est tout ce qu'il me fallait comme info, merci. »

Plus motivé que jamais, il s'élança à nouveau dans les escaliers, s'arrêtant cette fois au premier étage. Il savait exactement où se trouvait le prisonnier à interroger, une salle sombre en bout de couloir sans fenêtre. Drasur connaissait bien cette salle, s'y étant retrouvé un soir alors qu'il était à peine devenu voyageur et qu'il ne pensait pas pouvoir entrer en état d'ébriété dans le monde onirique : grosse erreur. Rond comme une queue de pelle après être passé dans une taverne de la cité et avoir perdu pas mal de paris avec les piliers de bar, il avait foutu un bordel monstre. Pour le stopper et surtout par pur plaisir sadique de le punir, Personæ l'avait enfermé dans cette salle pour qu'il reste calme le reste de la nuit. En dehors de ces occasions "exceptionnelles", la chambre n'était pas vraiment utilisée, et il savait qu'aujourd'hui était une occasion exceptionnelle. Arrivé devant la porte, il l'ouvrit d'un coup, laissant la lumière inonder les yeux du prisonnier s'étant désormais habitué à l'obscurité. Aucun garde n'était présent, c'était à prévoir, une grande partie d'entre eux formant certainement la garde personnelle du seigneur à l'heure actuelle. Il dégaina son scalpel et ferma la porte derrière lui, espérant qu'elle suffirait à étouffer les hurlements que le loubard n'allait pas tarder à lâcher.

« Je vous souhaite à tous la bienvenue cette nuit à Maskaria ! La fière cité des masques est heureuse de vous accueillir pour ce festival d'anthologie ! J'espère que les activités et autres spectacles de rue ont suffit à ouvrir votre appétit pour le spectacle car désormais, vous allez en avoir plein les yeux, parole de Personæ ! Un immense défilé de plusieurs kilomètres de long, organisé par les habitants de cette luxuriante et florissante cité, vous fera oublier tout ce que vous pensiez savoir à propos des défilés de carnaval ! Habitants de Maskaria, voyageurs, curieux de royaumes voisins ou fêtards de zones reculées, rêveurs assoiffés de fête, cette nuit d'anthologie est la vôtre ! ... »

Le discours du seigneur, retransmis par hauts-parleurs dans toute la ville, résonnait au loin. Mais nos deux protagonistes n'avaient clairement pas le loisir de tendre l'oreille pour entendre clairement les propos insipides et démagogues du seigneur, ils avaient d'autres chats à fouetter. Drasur chuchotait une phrase en boucle "Où sont les filles ? Où sont les filles ?", alors qu'il entaillait doucement la peau du prisonnier avec son scalper. Ses gestes étaient lents, calculés, il procédait de manière méthodique. Il avait vu un reportage il y a quelques années, relatant un supplice dit des milles coupures, utilisé pour torturer lentement les condamnés. Il ne s'y était jamais essayé mais semblait pourtant s'en sortir avec brio, taillant des segments de quelques centimètres un peu partout sur le loubard attaché à une chaise de bois. Au vu des hurlements de sa pauvre victime, la torture se révélait pas mal efficace.

« Nous avons ce soir subi une attaque et je tiens à personnellement m'excuser pour ceux d'entre vous ayant étés importunés par ces événements. Les responsables ont été maîtrisés et emprisonnés par la garde de la cité, fleuron des polices armées de la première zone de notre beau pays. Malgré tout cela, les festivités ne se sont pas arrêtées, en effet, Maskaria ne se laissera pas avoir par la dictature de la peur ! Quoi qu'il arrive, ce royaume restera en fête, ses habitants vivront leurs vies comme ils l'entendent et ce, jusqu'à la fin des temps. Nous sommes un royaume pacifiste et si certains prennent ça comme de la faiblesse, nous leur répondrons avec la puissance de nos rires ! La force de notre art reconnu partout dans Dreamland ! Le sourire de nos enfants ! Jamais ! Jamais la barbarie ne l'emportera sur la liberté ! »

Un véritable tonnerre d'applaudissements vint agrémenter la déclaration du seigneur. Si Drasur avait été présent au discours, il aurait certainement fait un lien entre cette démagogie et cette récupération d’événements tragiques et ce qu'il s'est passé dans le monde réel, mais il n'en était rien. Il continuait de trancher, ne dépassant jamais les quatre centimètres de plaie, sous les pleurs et supplications de sa victime. Il n'était plus lui même, comme en transe, laissant sa bestialité prendre le dessus sur sa raison, dans un parallèle effrayant avec ce qu'il lui était arrivé plus tôt dans la nuit. Il n'éprouvait pas de plaisir à faire cela, mais il y était forcé et il le savait. Au bout de plusieurs minutes, le loubard se décida enfin à répondre. Il indiqua à l'invocateur où les filles étaient menées et quand elles s'y trouveraient, évoquant une base d'opération de leur gang à Kazinopolis. Un sourire en coin s'afficha sur le visage de notre héros, alors qu'il empoigna le scalpel dans son poing et qu'il l'enfonça dans la gorge de sa victime, convulsant de douleur. Après quelques secondes, les tremblements avaient disparus, à l'instar des cris, le silence pesant avait repris ses droits. Drasur laissa tomber le scalpel au sol, s'essuya rapidement les mains et quitta la salle, laissant une flaque d'hémoglobine et un cadavre derrière lui.

« Je vous remercie ainsi tous de nous avoir rejoints ce soir et vais cesser de retarder le début des festivités avec mon charabia. Je n'ai qu'un seul mot pour finir : amusez vous, profitez de la vie car chaque instant est précieux. Ne laissez pas la colère envahir votre cœur car il vous poussera à faire des choses qui vous hanteront pour toujours, laissez la bonne humeur vous envelopper ! Et si un jour vous ne trouvez plus la joie, revenez nous voir à Maskaria, nous en avons toujours à revendre ! Bonne fin de soirée à vous et surtout, bon défilé ! »

D'un pas décidé, il courrait aussi vite que possible en direction de la place du jeté de masque, point de départ du grand défilé de minuit. Il avait entendu la fin du discours de son seigneur à travers les hauts-parleurs, ne pouvant s'empêcher de sourire devant l'ironie de la situation. Mais il préférait ne pas y penser plus que ça, avec un peu de chance retrouver les autres lui ferait oublier tout ça et il n'y repenserait pas, avec beaucoup de chance ... Il dévala les rues désormais pratiquement vides, la plupart des visiteurs du festival se trouvant actuellement sur la place, à applaudir le discours du seigneur masqué. L'invocateur ne pouvait s'empêcher de penser que ce dernier devait se gargariser, appréciant ces applaudissements de tout son être. Enfin, avait il vraiment le choix ? Cette question ne trouverait jamais de réponse, Drasur ayant enfin atteint la place. Un orchestre symphonique remplaçait le seigneur sur sa scène, accompagnant le début du défilé d'une mélodie enjouée. Le bordelais repéra rapidement Vladimir et le tira avec lui, l'éloignant de quelques mètres des filles et d'Ethel. Grani quant à elle virevoltait autour des deux voyageurs, certainement à l'affût des informations qui allaient être données.

« Alors écoutez, j'ai plus d'infos concernant les filles. Elles vont être amenées à Kazinopolis dans une des planques de la bande. D'après le gars que j'ai interrogé, ça leur prendra deux jours de voyage, sans compter le temps d’appeler d'autres membres pour se renforcer après leur fiasco de cette nuit. On a aucune idée de leur trajectoire donc le seul endroit où on pourra les rejoindre, ce sera à Kazino' ... Faudra qu'on prenne notre mal en patience pour deux nuits, le temps de se préparer aussi. »

L'information était donnée, celle qui avait coûtée une bonne partie de l'âme de Drasur. Des traces de sang toujours visibles sur ses mains, il tentait tant bien que mal de les cacher du regard perçant de Grani. Il ne regrettait pas son interrogatoire, loin de là, c'était le seul moyen qu'il avait pour sauver Blanche et Ana. Mais il préférait ne pas en parler Vladimir, son âme était trop pure pour cautionner une telle chose. Ou peut être pas, il avait sûrement les épaules et le mental pour supporter une telle chose, mais le bordelais se refusait à entacher l'esprit si lumineux de son homologue. Il porterait le fardeau des souvenirs de cette séance de torture seul, comme une punition face à sa culpabilité des événements de ce soir. Pour l'instant, il profita du défilé avec le petit groupe, se vidant la tête comme il le pouvait, buvant à outrance comme il savait si bien le faire. Cette fin de nuit était plus qu'agréable, bien qu'un goût amer de défaite restait bien ancré dans sa bouche. Il feignait l'insouciance pour le moment mais savait qu'il allait devoir se préparer pour la nuit qui les attendait deux jours plus tard et cette préparation débuterait dès son réveil.
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